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Dépendances et spiritualités
4. La spiritualité rend-t-elle dépendant ?

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Type : Dossier
Thème : Les dépendances
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 134  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Dépendances et spiritualités
  2. Cause première des dépendances : manque de spiritualité
  3. La spiritualité rend-t-elle dépendant ?
  4. Le mimétisme sectaire ou le légalisme institutionnalisé
  5. Le Libérateur

Reportons-nous en nos temps modernes et essayons d'approfondir ce qu'est la spiritualité. L'apôtre Paul dit aux Corinthiens que l'homme a été créé charnel. Nous lisons dans la Bible : « Il est semé corps naturel, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel » (1 Corinthiens 15/44). L'homme, selon l'apôtre Paul, est psychique, donc naturel ou charnel. Or, le naturel ne peut saisir le spirituel. En revanche, il peut saisir la contrefaçon du spirituel - qui est en fait du « naturel spiritualisé ». Il s'agit donc de fausse spiritualité. Car nous croyons que la vraie spiritualité libère tandis que sa contrefaçon asservit. Ainsi, l'homme devient dépendant d'une spiritualité qui n'est pas centrée sur le Christ libérateur. Car la Bible, sur ce point, est formelle : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8/32). Il n'y a pas de confusion possible entre la vérité et l'erreur, entre le vrai et le faux, même si les deux sont d'apparence semblable. L'action de l'Esprit du Dieu créateur, Sauveur et Seigneur est unique et ne saurait être diluée avec l'esprit de l'homme. Dans tous les cas, l'oeuvre de Dieu guérit et cette guérison se manifeste par le fruit de l'Esprit. Cela veut dire que le malade devient, par la grâce de Dieu, bien portant...

1 - Rendre le bien portant malade

Rien de tel avec les sectes et autres mouvements parareligieux (Nouvel Age en particulier). Car quoi de plus facile que de rendre un individu dépendant d'un mouvement religieux ou non : il faut le « pathologiser » ! Il suffit de faire croire que l'interlocuteur, en apparence bien portant, est en réalité malade. Autrement dit, une personne qui se croit sans problèmes majeurs « découvre » subitement qu'elle est pleine d'inhibitions. Cette technique est utilisée à la quasi perfection par la Scientologie. Le futur adepte s'entend dire qu'il possède des potentiels inexplorés et inexploités et que cela viendrait du fait que ses problèmes personnels le bloqueraient. Seule une « thérapie » scientologique pourrait le guérir et lui rendre toutes ses facultés psychiques.

La dépendance est une « pathologisation »de l'individu. On fait croire à l'individu bien portant qu'il est malade, qu'il a un problème psychologique. La dépendance commence à partir du moment où l'on croit qu'on a vraiment un problème, physique ou psychique. La « pathologisation » est une fausse culpabilité qui touche la personne au plus profond d'elle-même. D'un coup, elle apprend qu'elle a en elle des problèmes très graves et qu'humainement, elle est inguérissable.

La dépendance est d'abord une maladie de l'âme. Cette maladie a une cause principale : le péché, qui est un véritable cancer spirituel de l'âme. En effet, le péché « ronge » l'âme, détruit la vie intérieure et modifie notre comportement tant moral que spirituel. Lorsque l'âme est malade, on passe par tous les états d'âme ! Ce fut le drame des romantiques du XIXe siècle où les débordements de l'âme étaient la manifestation extérieure d'une pathologie spirituelle.

Un excès de spiritualité crée une dépendance

Tous les malades de l'âme sont des dépendants de spiritualités, bonnes ou mauvaises. Un malade de l'âme viendra aussi bien dans une église évangélique que dans une secte ! Un malade de l'âme est un chercheur, un homme ou une femme qui est en quête de la vérité. Tous ces gens sont-ils déjà « prédestinés » à être des dépendants de spiritualités ? Sans pour autant généraliser la question, il est clair cependant qu'une recherche spirituelle n'est pas facile et que le risque de se tromper est réel. Le psalmiste le disait fort bien : « Comme une biche soupire après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! » (Psaume 42/1). Le mot hébreu ici employé signifie « désirer ardemment ». Nul ne peut mettre en doute aujourd'hui que beaucoup d'hommes cherchent de tout leur coeur une solution à leurs problèmes existentiels, qui sont en fait des problèmes de l'âme.

Ensuite, la dépendance est mentale. Si notre mental est déstabilisé, nos facultés psychiques et intellectuelles ne répondent plus. Les sectes, et les fausses spiritualités le savent bien : plus un individu perd ses repères, plus il devient fragile, et donc dépendant. Le mental est notre faculté de réflexion liée à notre résistance psychique. Celui qui a du mental est capable de résister à de fortes pressions psychologiques. De nos jours, les sportifs de haut niveau sont entraînés aussi bien sur le plan physique que mental. L'un et l'autre sont considérés comme indispensables pour le sportif en quête d'exploit.

Cependant, les capacités psychiques humaines sont, qu'on le veuille ou non, fragiles. L'homme tient, tient, puis un jour, il craquera. Alors, les vannes de son être intérieur s'ouvriront et ce sera le débordement des sentiments négatifs, avec à la clef un état mélancolique, voire dépressif.

Rendre dépendante une personne est le résultat de techniques très élaborées, où les sectes sont passées maîtres. La dépendance sectaire est le fruit d'un discours qui fait le lien entre le religieux et le psy-chique. La fausse spiritualité a toujours un aspect séduisant : elle met en valeur les buts prétendument altruistes de la spiritualité sectaire (« changer ou transformer la planète »), de même que l'épanouissement des facultés de l'homme (« amour et puissance »). Cette technique revêt de plus en plus un caractère individuel alors qu'autrefois, la manipulation des foules avait les faveurs des sectaires, notamment aux Etats-Unis.

L'homme tient, tient, puis un jour, il craquera

Ces propos doivent nous interpeller. La Bible nous dit que nous devons rendre témoignage à quiconque. Aussitôt, la question se pose : comment devons-nous apporter le message salvateur à nos proches, à nos voisins, aux gens que nous pouvons rencontrer ? Que penser de ce verset, que Saint Augustin aimait citer, et qui fut à la base de conversions forcées de l'Eglise catholique romaine :
« Et le maître dit au serviteur : va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d'entrer, afin que ma maison soit remplie » (Luc 14/23) ? Et Paul à Timothée : « ...prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant » (2 Timothée 4/2). Le verbe « éphistèmi » signifie « se porter vers », « se mettre dessus » ou « insister ». Le texte de Paul est clair : au temps opportun, il faut savoir passer à la vitesse supérieure, « insister ». Mais où est la limite ? Doit-on absolument faire « craquer » notre vis-à-vis ? C'est là précisément qu'interviennent les émotions.

2 - Privilégier l'émotion par rapport à la raison ?

Rares sont les gens qui s'engagent dans une secte après avoir longuement réfléchi ! Très souvent, hélas, les futures victimes sont happées par les mouvements sectaires après une crise existentielle. Un chagrin d'amour, un échec, un deuil, une maladie, etc., constituent des causes de rupture avec l'entourage familial ou professionnel et d'intégration à un mouvement sectaire. Nous avons des exemples concrets qui démontrent qu'une spiritualité mal intentionnée, ou tout simplement farfelue, peut opérer en l'homme des choix parfois aberrants.

La méthode pour créer une dépendance est de privilégier l'émotion (ou les sentiments) par rapport à la raison. En d'autres termes, c'est exalter le coeur et annihiler l'intelligence. Plus exactement, la dépendance commence avec un coeur meurtri. A partir de ce moment-là, l'intelligence marque le pas et l'endoctrinement peut se faire sur un terrain déjà préparé. Pire, le sectaire, le proclamateur de la fausse spiritualité, va accentuer l'aspect « cardiaque » (du grec « kardia », coeur) afin de mieux atteindre son objectif qui est de créer un état de passivité. Car le but ultime de la dépendance n'est que de rendre passif un individu, de faire de lui un être soumis et corvéable à merci.

Tous les témoignages d'anciens sectaires sont unanimes : ils ont cru de tout leur coeur qu'ils avaient trouvé la vérité. Ils n'ont pas réfléchi : ils « sentaient » que c'était le bon chemin. Pourquoi cette attirance ? Tous les anciens adeptes le confirmeront : l'attirance repose sur un point spécifique, important, et ce point-là était depuis un moment déjà l'objet de leur préoccupation. Ainsi, telle adepte a été séduite par l'Instinctothérapie de Guy-Claude Burger ! La nourriture saine et végétarienne a été l'amorce de sa dépendance qui a duré sept ans. Une autre personne, souffrant de troubles de la personnalité, sera attirée par les promesses mirobolantes de la Scientologie. La dépendance spirituelle commence avec la publicité que font les sectes, et, plus encore, les mouvements du Nouvel Age.

Dans tous les cas, le recruteur fera appel aux sentiments, très rarement à l'intelligence, sauf s'il s'agit d'un mouvement ésotérique, comme certains groupements ésotériques, rosicruciens en particulier. Le coeur est à la fois le point fort et le point faible de l'homme. Par le coeur, il peut accomplir des choses admirables ; mais le coeur peut aussi nous trahir, l'excès de sentiment risque de faire l'effet contraire et l'homme devient volage, insaisissable... et son coeur se ferme. Changement d'attitude et de comportement. Le nouvel adepte se bloque, reste insensible aux arguments extérieurs, convaincu qu'il ne se trompe pas. L'effet de dépendance est accentué par le blocage psychologique de la personne.

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