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Réincarnation ou résurrection ?
9. Qu'est-ce que la résurrection change pour moi, aujourd'hui ?

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Religions et Croyances
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 2001  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Réincarnation ou résurrection ?
  2. Je crois... la résurrection du corps
  3. Les attraits de la réincarnation
  4. Des chiffres surprenants
  5. Quand un moine bouddhiste devient chrétien...
  6. La résurrection : réflexions à partir de 1 Corinthiens 15
  7. Plus fort que la mort
  8. Qu'est-ce que la résurrection change pour moi, aujourd'hui ?

Les Corinthiens étaient prêts à croire que Jésus était ressuscité, mais ils ne pensaient pas que ce soit possible pour eux. Paul montre l'incohérence de cette position. Est-ce que les chrétiens d'aujourd'hui sont plus cohérents ? Est-ce que les chrétiens évangéliques qui confessent les grands symboles de foi (1) sans restriction mentale sont toujours cohérents ? Ce n'est évidemment pas certain, j'en vois l'indice dans une constatation « de terrain ». L'affirmation selon laquelle Jésus est encore un homme trouble incontestablement. Cette idée simple qui veut qu'après son ascension « dans le ciel » Jésus « reste un homme » ne va pas de soi. Pour beaucoup, Jésus montant au ciel laisse son humanité ici-bas. Ceux-là, sans le savoir, rejoignent les bataillons des « hérétiques » de tous les temps qui considèrent que le Fils de Dieu a « adopté » la condition humaine pour un temps, plus ou moins long...

Résurrection spirituelle ?

Il n'est donc pas surprenant qu'un certain nombre de croyants puissent croire à la résurrection sans que cela concerne leur corps actuel. Il se pourrait qu'ils imaginent une résurrection spirituelle, et pourquoi pas une résurrection semblable pour Jésus (2) ? Du temps de Paul, Hyménée et Philétos (3) prétendaient que la résurrection avait déjà eu lieu, probablement donc qu'elle était, pour eux, spirituelle. Il faut bien dire que Paul lui-même, dans certains de ses écrits, pouvait encourager cette compréhension. N'est-ce pas ce qu'il écrit aux Colossiens (2.12) : « Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts. » ? Écrire : vous avez été ressuscités c'est faire de la résurrection un événement passé. Cette affirmation forte de la participation du croyant à la mort et à la résurrection du Christ pourrait donc laisser entendre que tout est déjà accompli et qu'il n'y a plus rien à attendre. Éphésiens 2.6 est susceptible d'être interprété dans le même sens : « alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ - c'est par grâce que vous êtes sauvés, avec lui, il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux, en Jésus Christ. »

L'expression déterminante dans ces textes est bien évidemment « en Christ ». Cette communion salutaire dissout-elle toute perspective temporelle ? En d'autres mots n'y a-t-il plus rien à attendre ? En d'autres mots encore, le corps a-t-il quelque chose à attendre de ce salut ? D'autres textes de Paul répondent oui ! Il suffit d'aller voir dans l'épître aux Romains, par exemple :

« La création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l'enfantement. Elle n'est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l'adoption, la délivrance pour notre corps. » (8.23) La dimension temporelle du salut corporel est bien là, ce qui est d'autant plus significatif que quelques versets plus loin nous retrouvons l'affirmation que tout est déjà donné: « ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés ».

Paul, indéniablement, n'évacue pas le lien entre le corps actuel et le corps sauvé. En d'autres mots il ne croit pas que le salut soit tout spirituel, le corps passant pour pertes et profits. Nous touchons ici au coeur de notre sujet, quelles sont les conséquences pratiques de l'espérance de la résurrection sur notre quotidien ?

La résurrection dans le quotidien

La manière dont nous parlons des réalités dernières dit quelque chose sur ce que nous croyons des réalités actuelles, exprime quelque chose de notre conception de l'homme en particulier, de l'image que nous pouvons avoir de nous-mêmes. Paul, pour évoquer la nouvelle création, le corps nouveau, part de ce qu'il connaît de la création actuelle. Il compare et, ce faisant, reste dans des approximations. Quand il décrit le corps ressuscité comme incorruptible, glorieux, plein de force, spirituel, il laisse encore du champ à l'imagination !

Je suis mon corps

Cette imagination vient aussi interférer et troubler quand on pense à la destruction complète du corps humain par le feu, par exemple. Quel lien peut subsister dans ce cas entre mon corps d'aujourd'hui et celui qui ressusciterait ? Une minute de réflexion suffit à régler la question : entre le corps brûlé et le corps entièrement décomposé depuis des siècles, il n'y a pas de différence (sinon symbolique). Cela concerne la personne que je suis – si le mot de personne est adapté. Je suis esprit et corps, homme extérieur et homme intérieur, ce sont des distinctions que fait le Nouveau Testament. Je ne suis pas tout intériorité, pur esprit, le fait « d'être corporel » me permet d'être dans la relation aux autres et à la création. Par rapport aux autres parce que ce n'est que par mon corps que j'existe pour eux. Par rapport à la création car bien évidemment je suis dans le cycle de la vie terrestre.

Pratiquement donc, croire à la résurrection c'est dire, pour l'avenir, que je demeurerai un sujet en relation, que je ne serai pas avalé dans le grand tout ! Croire à la résurrection implique pour le présent, que bien que sauvé je demeure d'ici-bas, concerné par la création et les autres. Ce qui arrive à la création me touche, il suffit de voir l'émoi provoqué par des problèmes comme celui de « la vache folle ». Et il serait bien hardi de prétendre que cela ne touche qu'un corps qui n'est pas moi ! D'autre part, il apparaît que mon comportement dans la création et mon attitude envers les autres ne sont pas indifférents aux yeux du Créateur ! C'est sans doute parce qu'ils n'avaient pas une claire vision de ces choses, et en particulier de la création, que les Corinthiens se comportaient étrangement. Le début de la première lettre que leur adresse Paul l'indique. Leur spiritualité désincarnée les conduisait à des comportements aberrants. Un seul exemple le montre : au chapitre 6 dans le paragraphe sur la débauche, il fait la distinction entre le ventre et le corps ! Distinction tout à fait intéressante pour notre sujet. Le ventre est destiné à la destruction mais le corps est pour le Seigneur ! Et il ajoute que « Dieu qui a ressuscité le Seigneur nous ressuscitera aussi par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » Ce passage mériterait un traitement plus complet que celui que lui inflige cette citation, mais il permet de dire qu'en raison de la résurrection, à cause de la destinée du corps, le chrétien ne peut – sauf à renier sa vocation – fréquenter les prostituées. Voilà une conséquence bien concrète de la foi en la résurrection : pas de débauche.

Corps et esprit indissociables

Croire à la résurrection de la chair, c'est dire, me semble-t-il, qu'il n'y a pas d'un côté un esprit éternel qui habite momentanément un corps, et de l'autre un corps simple vaisseau d'esprits passagers ! Il y a union entre les deux, l'un ne va pas sans l'autre. Cela limite évidemment les possibilités des cinéastes chrétiens (4) mais tant pis.


1 Le symbole des apôtres par exemple, qui dit : je crois à la résurrection de la chair. 2 Christophe Paya a répondu par avance à cette question dans son article sous le titre : le précédent du Christ. 3 2 Tm 2.17-18 4 cf. l'article de Philippe De Pol, page précédente.

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