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Regards chrétiens sur l'Islam
2. Obstacles au témoignage

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Religions et Croyances
Source : Construire Ensemble   
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Obstacles au témoignage
  2. Pour mieux connaître, il faut apprendre!
  3. Foi et pratiques musulmanes (et bibliographie)
Le christianisme vu par l'Islam
L'islam s'est fait, dès le début, une idée du christianisme, par rapport auquel il s'est déterminé. Jésus (Isa) est reconnu comme un des "envoyés de Dieu" après Noé, Abraham, Moïse et David, et avant Mouhammad. Le message transmis à Moïse pour le peuple juif, celui donné pour le peuple chrétien, et enfin le message transmis par Mouhammad sont un seul et même message dont le Coran est la forme ultime et parfaite.
Pour un musulman, un chrétien éclairé devrait se convertir à l'islam. De toute façon, par delà le christianisme et le judaïsme, l'islam se veut la restauration de la pure religion d'Abraham.
Tiré de la série : Connaître l'islam édité et diffusé par la Commission "Eglise-Islam" de la Fédération Protestante de France.

Il faut reconnaître que de nos jours les chrétiens ont souvent beaucoup de difficultés à cerner la pensée musulmane, ce qui, pourtant, est indispensable afin de mieux communiquer l'Evangile. Après deux siècles de travail missionnaire et de rapports culturels, en particulier avec le monde arabe et musulman, on ne parle de nos jours que de quelques centaines de conversions parmi les musulmans alors que le travail missionnaire, que ce soit en Afrique noire, en Asie ou en Amérique latine, parmi des peuples d'autres confessions que musulmane, a été plus fructueux. Cette constatation doit nous pousser à nous interroger : y aurait-il un problème de transmission de l'Evangile ou plutôt une autosuffisance du musulman qui se considérerait comme le seul détenteur de la vérité pensant qu'en dehors de l'islam il n'a besoin de rien d'autre ?

Et pourtant, les progrès de la civilisation occidentale dans les domaines économique, scientifique et industriel fascinent un grand nombre de musulmans. Mais malgré cette attirance, les musulmans émettent beaucoup de réserves, parfois même une certaine hostilité envers ce qui se cache derrière ces progrès : c'est ce que les intellectuels musulmans appellent "l'invasion idéologique" que les occidentaux chercheraient à introduire et à établir dans les pays musulmans.

Les musulmans sont donc prêts à s'inspirer du modèle occidental, mais pas dans tous les domaines : suivre dans les domaines scientifique et technologique, oui, mais pas dans les domaines culturel ou social et encore moins religieux. Et si l'on s'en réfère aux statistiques, l'on constate que la majorité des étudiants musulmans venus étudier en Europe, ont choisi plutôt les filières scientifiques et techniques, et peu nombreux sont ceux qui font des études de lettres ou de sciences humaines. C'est un des éléments qui nous permet de penser que le musulman accepte en partie seulement la civilisation occidentale.

Approfondissons encore notre réflexion et parlons des difficultés que l'islam a par rapport au christianisme. Ces difficultés ont trait à deux aspects: le premier est d'ordre théologique, le second est d'ordre socio-politique.

L'aspect théologique

1- la première difficulté concerne la personne de Jésus-Christ. Les musulmans, en effet, n'arrivent pas à saisir la place que Jésus occupe dans la foi chrétienne. Dans un sens, ils reconnaissent le christianisme comme une religion monothéiste, cela, parce que le Coran le considère et l'affirme ainsi; Cependant, ils n'arrivent pas à comprendre le dogme trinitaire, expliqué avec plus ou moins de clarté par les chrétiens eux-mêmes.

Par ailleurs, les musulmans considèrent que Jésus ne peut pas avoir été crucifié : celui qui est mort est une autre personne. Jésus n'est pas mort parce qu'il ne devait pas mourir. Certes dans l'islam, les prophètes ne sont pas éternels et beaucoup de prophètes ont été tués. Quant à Jésus, les musulmans nous disent qu'il ne devait pas mourir de cette façon, aussi humiliante, et scandaleuse que l'était la croix.

Si Jésus est le prophète de Dieu par excellence, il est aussi son messager. Or tuer Jésus, ce serait en quelque sorte défier Dieu, le rendre impuissant et incapable de défendre son envoyé; ce serait mettre Dieu en situation d'échec.

De plus, ajoute le musulman, Jésus ne doit pas mourir parce qu'il est un homme juste, et le fait que Dieu le charge de l'injustice du monde, (pour le pardon du péché) serait une injustice de la part de Dieu, envers son illustre prophète. Et il est scandaleux de rendre Dieu injuste. Il est également absurde de parler de ce sacrifice comme d'un acte d'amour.
Il faut préciser que dans l'islam, l'homme est responsable devant Dieu de ses oeuvres, et personne ne doit payer pour les fautes de l'autre. L'idée que l'homme peut être sauvé par un sacrifice est totalement étrangère à la pensée coranique. Il faut rappeler que dans l'islam, l'homme n'est pas mauvais ; il ne porte pas sur lui le poids du péché originel, le péché n'est pas enraciné en lui. L'homme a une nature bonne et à la fois une nature mauvaise, et c'est sa foi en Dieu qui va le détourner du mal. Il n'est asservi ni à ses traits héréditaires ni à son milieu, et d'ailleurs il voit la vision chrétienne du péché originel comme une vision incohérente avec la justice de Dieu et avec la responsabilité humaine. Après tout, nous disent les musulmans, pour quelle raison Jésus devait-il mourir ? Si Dieu voulait vraiment sauver le monde eh bien qu'Il le fasse ! Dieu est tout puissant. Pourquoi fallait-il sacrifier son envoyé, son fils pour cela ? Le sacrifice du Christ est donc inutile aux yeux des musulmans, car l'homme n'étant pas déchu, il n'avait pas besoin d'être racheté.

2- La deuxième difficulté porte sur la Bible. Les musulmans croient en un Evangile révélé à Jésus de même que la Thora a été révélée à Moïse. Mais cette parole, cet Evangile a été falsifié; Certes il est difficile aux musulmans de le prouver, ou de démontrer quels sont les passages falsifiés, mais parfois ils affirment cela en se référant à certains passages de l'Evangile lui-même. Pour eux, si l'Evangile est vraiment d'inspiration divine, il ne doit contenir aucune contradiction. Et pour démontrer cela, les musulmans apportent plusieurs arguments tels les deux récits de la généalogie de Jésus rapportés dans les Evangiles de Matthieu et de Luc. A partir de David, Matthieu parle de 26 générations quand Luc en cite 41. Par ailleurs, pourquoi quatre Evangiles, et pas un seul ? Telles sont les questions que posent les musulmans. De plus, les quatre Evangiles sont attribués, à Matthieu, Luc, Marc ou Jean et aucun d'eux à Jésus. Or, puisque Jésus est l'envoyé de Dieu, c'est lui qui aurait dû laisser un écrit, comme les autres prophètes l'ont fait avant lui.

L'aspect socio-politique

Bien que les problèmes d'ordre social et politique ne soient pas en rapport direct avec la foi chrétienne, le musulman s'y réfère néanmoins pour juger l'occident qui se dit chrétien. Car pour un musulman, l'occident c'est le christianisme, et le christianisme c'est l'occident. Aussi, le musulman refuse de prendre l'un et l'autre comme référence religieuse et morale.

Tous les problèmes d'ordre social et moral sont provoqués par les nouvelles idéologies ; depuis le communisme jusqu'au principe de la laïcité qui mettent en oeuvre la séparation des 2 pouvoirs (religieux et politique). Dans l'islam au contraire, les deux doivent faire un tout complémentaire et l'analyse du musulman repose sur une logique que chacun de nous peut aisément comprendre : si Dieu a révélé une vérité, celle-ci est absolue, elle est donc valable pour tous. Si elle est valable pour tous elle doit être appliquée à tous; dans le cas contraire, c'est qu'on refuse à Dieu sa souveraineté, on remet en cause la vérité qu'il a révélée. Or l'enseignement du Coran et de la tradition prophétique, c'est-à-dire les lois d'ordre social, économique, familial, politique et militaire, ont été données pour être appliquées. Et parce que ces ordres ont Dieu pour origine, ils sont valables jusqu'à nos jours et ne peuvent être appliqués que si la religion est au centre du pouvoir.

En voyant l'état moral de notre monde occidental actuel, le musulman nous dit : telles sont les conséquences de la séparation des deux pouvoirs, tels sont les fruits de la laïcité, les conséquences de votre liberté qui ont entraîné une décadence morale qui va en s'accélérant : alcoolisme, drogue, suicide, matérialisme, homosexualité, sans parler du racisme et de la xénophobie. Tout cela dans des pays "chrétiens" qui proclament haut et fort les slogans de la liberté et des droits de l'Homme.

Un autre sujet révolte aussi les musulmans. Il concerne l'injustice internationale, pratiquée par les pays occidentaux "chrétiens" à propos de la question palestinienne. Alors que les résolutions de l'ONU ont été votées par deux fois en 1948 pour un état palestinien et en 1967 pour le retrait israélien des territoires occupés, ni les occidentaux, ni l'ONU n'ont rien fait de concret pour empêcher Israël de continuer les implantations des colonies dans le territoire palestinien et de violer ainsi le droit international. En revanche, lorsqu'il s'agit d'un pays arabe ou musulman, comme l'Irak, par exemple, les occidentaux, sous la bannière des Nations Unies, sont prêts à faire appliquer les plus lourdes sanctions, pas seulement contre un régime, mais contre tout un peuple. Alors, disent les musulmans, s'il y a une loi internationale, cette loi doit être appliquée à tous et sans exception. Le fait qu'elle soit partiale n'est qu'une preuve de la volonté délibérée des pays "chrétiens" de nuire à l'islam.

Jamil CHABOUH, Responsable G.B.U.des relations auprès des étudiants arabes et musulmans, Membre de la Commission Eglise-Islam

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