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Actes 23:1-5 (Annotée Neuchâtel)

   1 Paul fixant ses regards sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour. 2 Mais le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche. 3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Toi aussi, tu sièges pour me juger selon la loi, et, transgressant la loi, tu or- donnes qu'on me frappe ? 4 Et ceux qui étaient près lui dirent : Tu injuries le souverain sacrificateur de Dieu ? 5 Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, qu'il fût souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras point mal contre un chef de ton peuple.

Références croisées

23:1 Ac 23:6, Ac 6:15, Ac 22:5, Pr 28:1, Ac 22:1, Ac 24:16, 1Co 4:4, 2Co 1:12, 2Co 4:2, 2Tm 1:3, He 13:18, 1P 3:16
Réciproques : Gn 17:1, Es 58:4, Jr 37:18, Mt 10:17, Mc 13:9, Lc 1:6, Ac 1:16, Ac 5:27, Ac 25:8, Ac 28:17, Rm 2:15, Ga 2:11, 1Tm 1:5
23:2 Ac 24:1, 1R 22:24, Jr 20:2, Mi 5:1, Mt 26:67, Jn 18:22
Réciproques : 2Ch 18:23, Jb 16:10, Es 58:4, Jr 37:15, Mc 13:9, Mc 14:65, Lc 6:29, 1Co 4:11
23:3 Mt 23:27-28, Lv 19:35, Ps 58:1-2, Ps 82:1-2, Ps 94:20, Ec 3:16, Am 5:7, Mi 3:8-11, Dt 25:1-2, Jn 7:51, Jn 18:24
Réciproques : Ex 22:28, Nb 20:10, Dt 16:19, 2Ch 18:23, Jb 34:18, Jr 37:15, Mt 26:67, Lc 9:55, Lc 11:44, Jn 18:22
23:4 Réciproques : Jn 18:22
23:5 Ac 24:17, Ex 22:28, Ec 10:20, 2P 2:10, Jud 1:8-9
Réciproques : Ex 34:29, 2S 15:3, 2S 16:9, 2S 19:6, Jb 34:18, Ps 138:1, Jn 18:22, Tt 3:2

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Actes 23
  • 23.1 Paul fixant ses regards sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour. Chapitre 23.
    Paul se trouve pour la première fois devant le sanhédrin, où avaient comparu son Maître et plus tard les autres apôtres. Il porte sur cette assemblée un regard ferme et sans crainte, attestant sa bonne conscience. (1Timothée 1.5,19 ; Hébreux 13.18 ; 1Pierre 3.16)
    Et c'est devant Dieu, ou pour Dieu, à son service, qu'il s'est conduit, en suivant toujours les inspirations de cette bonne conscience. (Actes 24.16)
    - Le verbe que nous traduisons par se conduire désigne d'ordinaire la conduite d'un citoyen dans l'Etat ou dans la cité. Paul l'applique à l'activité qu'il a déployée comme apôtre dans la cité de Dieu, qui est l'Eglise. (Comparer Philippiens 1.27)
    - Par cette entrée en matière, il réfutait déjà les fausses accusations portées contre lui, (Actes 21.28) et il lui eût été facile d'en démontrer la fausseté, s'il n'avait été brusquement interrompu. (Actes 24.14-16 ; Philippiens 3.6)
    - On s'étonne de voir l'apôtre prendre la parole dans cette séance du sanhédrin, sans y avoir été invité par le président. Il faut supposer que Luc, pressé d'en venir aux faits principaux, a passé sous silence les formalités de l'ouverture de la séance, qui lui importaient assez peu.
    Paul ne salue pas les membres du sanhédrin du titre respectueux de "pères" (Actes 7.2 ; 22.1) il n'emploie pas la formule solennelle par laquelle Pierre ouvre son discours. (Actes 4.9)
    On en a conclu qu'il n'attendait pas de jugement équitable de cette assemblée, ou qu'il ne voulait pas, en présence du tribun, paraître dans une attitude trop humble. Son assurance et la brusquerie de son début ont probablement provoqué l'ordre d'Ananias. (Voir la note suivante.)
  • 23.2 Mais le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche. Ananias, que l'historien Josèphe dépeint comme un homme ambitieux, cupide et cruel (Ant. XX, 9, 2-4), avait été élevé à la dignité de souverain sacrificateur par Hérode, prince de Chalcis, vers l'an 47.
    Quatre ans plus tard, il avait été envoyé à Rome, lié de chaînes, par Quadratus, gouverneur de Syrie, pour répondre de violences commises par des zélotes envers des Samaritains. (Josèphe, Ant. XX, 6, 2.) Il fut acquitté et réinstallé dans sa charge. Déposé vers la fin du gouvernement de Félix, il garda une grande influence, due à ses richesses.
    Dès les premiers temps de la guerre des Juifs contre les Romains, Ananias périt, assassiné par des sicaires. (Josèphe, Guerre des Juifs II, 17, 9.)
    Tel fut l'homme qui se trouvait alors à la tête de la théocratie juive.
    Irrité de l'assurance avec laquelle Paul, ancien pharisien, devenu apostat, en appelait à sa bonne conscience, malgré les accusations portées contre lui, Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui, probablement des huissiers, (Marc 14.65,Jean 18.22) de le frapper sur la bouche. Il voulait non seulement l'outrager, mais le punir des paroles que cette bouche venait de prononcer.
    Que dut penser le tribun militaire, présent à la séance, (verset 10) lui qui n'avait pas osé frapper un citoyen romain ? (Actes 22.26 et suivants)
  • 23.3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Toi aussi, tu sièges pour me juger selon la loi, et, transgressant la loi, tu or- donnes qu'on me frappe ? Quand on compare les paroles de Paul avec la conduite de Jésus, (Jean 18.23) on trouve celle-ci plus calme et plus exempte de toute vivacité de tempérament. Mais il ne faut pas exagérer la différence.
    Les mots sévères : Dieu te frappera, ne sont ni une imprécation ni un vœu, mais bien l'annonce prophétique du juste jugement de Dieu.
    De semblables déclarations se trouvent à chaque page dans les discours des prophètes, des apôtres et du Sauveur lui-même.
    Quant à l'épithète de muraille blanchie appliquée à Ananias, (comparez Matthieu 23.27) l'apôtre l'explique et la Justifie immédiatement, en prouvant l'hypocrisie du grand prêtre par le contraste criant qu'il y avait entre sa prétention de siéger pour juger selon la loi, au moment même où il transgressait la loi. (Comparer verset 5, note.)
  • 23.4 Et ceux qui étaient près lui dirent : Tu injuries le souverain sacrificateur de Dieu ? Souverain sacrificateur de Dieu ; ce mot devait faire ressortir la sainteté de la charge que Paul paraissait ne pas respecter. Mais quel contraste avec le caractère de l'homme !
  • 23.5 Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, qu'il fût souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras point mal contre un chef de ton peuple. La réponse de Paul est, au premier abord, difficile à comprendre. Aussi a-t-elle tourmenté les interprètes, qui, à leur tour, l'ont tourmentée par des explications fausses.
    La plupart estiment impossible de prendre à la lettre ce mot : Je ne savais pas, et d'admettre que Paul ignorait que celui qui venait d'ordonner de le frapper fût le souverain sacrificateur.
    Comment le disciple de Gamaliel, l'ancien délégué du sanhédrin à Damas, aurait-il ignoré la dignité dont était revêtu le président de cette assemblée ?
    Mais alors que signifie ce mot : Je ne savais pas ?
    Les théologiens de l'école de Tubingue n'hésitent pas à voir dans ces paroles un mensonge. Seulement, pour ne pas l'attribuer à l'apôtre Paul, ils le placent sous la plume de l'historien des Actes, qui n'aurait consigné ici, comme ailleurs, qu'un récit de son invention.
    Selon d'autres (Bengel, Olshausen, Neander), ces mots signifieraient : Je ne considérais pas, en sorte que l'apôtre s'excuserait en désavouant ses paroles.
    "Paul embarrassé, se repentant de sa passion, ne cherche qu'une excuse." Neander.
    Mais quel rôle on fait jouer à cet apôtre de Jésus-Christ, qui représente ici pour la dernière fois au milieu de son peuple la sainte cause de l'Evangile !
    "Nous nous attendions à voir ici un apôtre, revêtu de la puissance du Saint-Esprit, dans la dignité sacrée d'un prophète de Dieu, et l'on nous montre un Paul descendant, en présence du sanhédrin juif et du tribun romain, jusqu'à la passion, au désaveu de ses paroles, à l'embarras, au mensonge !" Baumgarten.
    On comprend donc que d'autres exégètes, Augustin, Calvin, Meyer, Stier, Ebrard, n'aient vu dans ce mot de Paul : Je ne savais pas, qu'une sévère ironie à l'adresse de cet Ananias en qui il était impossible de reconnaître un souverain sacrificateur.
    S'il l'était en vérité, Paul aurait respecté à son égard le précepte de l'Ecriture qu'il cite avec vénération. (Exode 22.28) Mais il n'est pas même nécessaire d'admettre l'ironie pour interpréter dans ce sens la parole de l'apôtre.
    Comme Baumgarten, nous le traduisons ainsi, avec tout le sérieux qu'y mettait Paul : "Je ne savais pas qu'il fût pontife, car, par sa violence, Il se montre, non pas un pontife, mais un tyran." C'est là, au fond, la pensée de Jésus, qui ne reconnaissait pas pour des serviteurs de Dieu ceux qui, alors, "s'étaient assis sur la chaire de Moïse." (Matthieu 23.2)
    Il faut remarquer que le mot souverain sacrificateur est sans article, parce qu'il est considéré comme un simple attribut, et un attribut que Paul ne veut pas reconnaître à un tel homme. Aussi aucune réclamation ne s'élève plus dans une assemblée où Ananias était haï, et Paul peut profiter de ce silence pour porter sa défense sur un autre point.
    - Mentionnons enfin l'explication d'après laquelle Paul ne se serait pas rendu compte d'où partait l'ordre de le frapper et l'aurait attribué à un membre quelconque du sanhédrin. (Chrysostome, Zöckler, Blass.)
    Son ignorance est mise par quelques-uns sur le compte de sa mauvaise vue. "Il n'est pas si facile, dit M. Barde, même à une vue exercée, de discerner, une assemblée d'une cinquantaine de membres, d'où vient de partir une interjection. Et c'est à peu près impossible à une vue mauvaise comme l'était celle de Paul."
    Plusieurs préféreront recourir à cette supposition, assez vraisemblable en elle même, parce qu'elle permet de laisser aux mots : Je ne savais pas, leur sens premier et naturel.
    On peut invoquer en sa faveur le début de l'apostrophe de Paul : Toi aussi ; l'apôtre paraît prendre Ananias pour un juge quelconque.
    D'autre part, on peut lui opposer la réponse de Paul : Je ne savais pas qu'il fut souverain sacrificateur.
    Si l'apôtre avait ignoré de qui provenait l'ordre de le frapper, il aurait dit plutôt : Je ne savais pas que le souverain sacrificateur avait parlé.
    Malgré cette difficulté, nous tenons la dernière explication pour préférable.