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Esther 9-10 (Annotée Neuchâtel)

   1 Au douzième mois, qui est le mois d'Adar, le treizième jour du mois, jour où l'ordre du roi et son édit devaient s'exécuter, où les ennemis des Juifs avaient espéré se rendre maîtres d'eux et où les choses changèrent en ce que ce furent les Juifs qui se rendirent maîtres de leurs ennemis, 2 les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes, dans toutes les provinces du roi Assuérus, pour mettre la main sur ceux qui cherchaient leur perte. Personne ne s'opposa à eux, car la terreur qu'ils inspirèrent s'empara de tous les peuples. 3 Et tous les princes des provinces et les satrapes et les gouverneurs et les intendants du roi soutenaient les Juifs, car la crainte de Mardochée s'était emparée d'eux. 4 Car Mardochée était grand dans la maison du roi et sa réputation se répandait dans toutes les provinces ; car cet homme, Mardochée, allait grandissant. 5 Et les Juifs frappèrent tous leurs ennemis à coups d'épée, les égorgeant et les détruisant, et ils traitèrent leurs ennemis selon leur bon plaisir. 6 A Suse, la forteresse, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes, 7 ainsi que Parschandatha, Dalphon, Aspatha, 8 Poratha, Adalia, Aridatha, 9 Parmaschtha, Arisaï, Aridaï et Vayezatha, 10 les dix fils d'Haman, fils d'Hammédatha, l'ennemi des Juifs. Mais ils ne touchèrent pas au butin. 11 Ce jour-là le nombre des tués à Suse, la forteresse, vint à la connaissance du roi, 12 et le roi dit à la reine Esther : A Suse, la forteresse, les Juifs ont tué et fait périr cinq cents hommes et les dix fils d'Haman ; qu'auront-ils fait dans le reste des provinces du roi ? Quelle est la demande ? Elle te sera accordée. Et que désires-tu encore ? Cela sera fait. 13 Esther répondit : Si le roi le trouve bon, qu'il soit permis, encore demain, aux Juifs qui sont à Suse de faire ce qui avait été décrété pour aujourd'hui, et qu'on pende au bois les dix fils d'Haman. 14 Le roi ordonna qu'il fût fait ainsi et l'édit fut publié à Suse, et les dix fils d'Haman furent pendus. 15 Les Juifs qui étaient à Suse se rassemblèrent encore le quatorzième jour du mois d'Adar, et ils tuèrent à Suse trois cents hommes, mais ils ne touchèrent pas au butin. 16 Et les autres Juifs dans les provinces du roi s'étant assemblés défendirent leur vie, se délivrèrent de leurs ennemis et tuèrent soixante quinze mille d'entre ceux qui les haïssaient, mais ils ne touchèrent pas au butin. 17 C'était le treizième jour du mois d'Adar ; on se reposa le quatorze, dont on fit un jour de festin et de joie, 18 tandis que les Juifs qui étaient à Suse s'étaient rassemblés le treize et le quatorze, et se reposèrent le quinze, dont ils firent un jour de festin et de joie. 19 C'est pourquoi les Juifs de la campagne qui habitent des villes ouvertes font du quatorzième jour du mois d'Adar un jour de festin et de joie, où chacun envoie des présents à son ami.
   20 Et Mardochée écrivit toutes ces choses et il envoya des lettres à tous les Juifs qui étaient dans toutes les provinces du roi Assuérus, à ceux qui étaient près et à ceux qui étaient éloignés, 21 leur prescrivant de célébrer chaque année le quatorzième et le quinzième jour du mois d'Adar, 22 comme étant les jours où les Juifs s'étaient délivrés de leurs ennemis, et le mois où leur tristesse avait été changée en joie et leur détresse en jour de fête ; et de faire de ces jours des jours de festin et de joie où l'on s'enverrait des présents les uns aux autres et où l'on ferait des dons aux pauvres. 23 Et les Juifs ont adopté comme règle ce qu'ils avaient fait une première fois et ce que Mardochée leur avait prescrit. 24 Car Haman, fils d'Hammédatha, l'Agaguite, l'ennemi de tous les Juifs, avait comploté contre les Juifs pour les faire périr et avait jeté le Pur, c'est-à-dire le sort, pour les attaquer et les faire périr. 25 Et quand [Esther] vint auprès du roi celui-ci ordonna par écrit que le funeste complot d'Haman contre les Juifs retombât sur sa tête et que lui et ses fils fussent pendus au bois. 26 C'est pourquoi on a appelé ces jours Purim, du nom de Pur. C'est pourquoi, d'après toutes les paroles de cette lettre, d'après ce qu'ils ont vu à ce sujet et ce qui leur est arrivé, 27 les Juifs ont institué et transmis comme règle inviolable pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui s'attacheraient à eux, de célébrer chaque année ces deux jours selon le mode et le temps prescrits. 28 Et ces jours-là sont commémorés et célébrés de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville ; et ces jours de Purim ne cesseront point d'être célébrés chez les Juifs et le souvenir ne s'en éteindra pas chez leurs descendants. 29 Et la reine Esther, fille d'Abihaïl, et le Juif Mardochée écrivirent avec insistance pour donner autorité à cette seconde lettre relative aux Purim. 30 Et des lettres furent envoyées à tous les Juifs des cent vingt-sept provinces du royaume d'Assuérus, paroles de paix et de fidélit 31 pour confirmer ces jours de Purim à leur date précise, comme le Juif Mardochée et la reine Esther les avaient établis, et comme ils avaient établi pour eux et leur postérité des ordonnances de jeûne et de lamentations. 32 Et l'ordre d'Esther confirma l'établissement des Purim, et cela fut mis par écrit.

Esther 10

   1 Et le roi Assuérus mit un tribut sur le pays et les îles de la mer. 2 Et tous les faits de sa puissance et de sa force, tout ce qui concerne la grandeur de Mardochée, à laquelle le roi l'éleva, tout cela n'est-il pas écrit dans le livre des chroniques des rois des Mèdes et des Perses ? 3 Car Mardochée le Juif était le premier après le roi Assuérus ; il fut grand parmi les Juifs, aimé de la multitude de ses frères, et rechercha le bien de son peuple et parla pour la paix de toute sa race.

Références croisées

9:1 Est 3:7, Est 3:13, Est 8:12, Ac 12:11, Dt 32:36, 2S 22:41, Ps 30:11, Es 14:1-2, Es 60:14-16, Ap 11:18
Réciproques : Gn 49:28, Esd 6:15, Est 9:17, Est 9:18, Pr 11:11, Ph 1:12
9:2 Est 9:10, Est 9:16, Est 8:11, Dt 2:30, Js 11:20, Ps 71:13, Ps 71:24, Es 8:9, Est 8:17, Gn 35:5, Ex 23:27, Js 2:9
Réciproques : Est 9:15
9:3 Est 3:12, Est 8:9, Esd 8:36, Dn 3:2, Dn 6:1-2, Est 3:2-6, Est 8:5
Réciproques : Est 6:11
9:4 Ps 18:43, Js 6:27, 1S 2:30, 1Ch 14:17, So 3:19, Mt 4:24, 2S 3:1, 1Ch 11:9, Ps 1:3, Pr 4:18, Es 9:7
Réciproques : Ex 11:3, 2R 5:1, Est 10:2, Dn 8:8
9:5 Ps 18:34-40, Ps 18:47, Ps 18:48, Ps 20:7-8, Ps 149:6-9, 2Th 1:6, Jr 18:21
Réciproques : Est 3:7, Jb 27:14, Ps 129:5, Es 22:25
9:6 Est 3:15
Réciproques : Pr 12:7
9:7 Réciproques : Dt 25:19, Est 5:11
9:10 Est 5:11, Ex 20:5, Jb 18:18-19, Jb 27:13-15, Ps 21:10, Ps 109:12-13, Est 3:1, Est 7:4, Est 7:6, Ex 17:16, Est 9:15-16, Est 8:11, Gn 14:23, Rm 12:17, Ph 4:8
Réciproques : Gn 34:27, 2S 21:6, Est 3:13, Est 9:2, Est 9:24, Dn 6:24, Am 6:9
9:11 Est 9:11
Réciproques : Est 9:18, Dn 8:2
9:12 Est 5:6, Est 7:2
Réciproques : Est 1:2, Est 4:6, Est 5:3, Est 5:11, Ac 23:19
9:13 Est 8:11, Dt 21:23, 2S 21:6, 2S 21:9, Ga 3:13
Réciproques : Est 5:11, Est 9:15, Est 9:18, Est 9:25
9:14 Réciproques : Nb 24:20, 2S 21:6, Esd 7:13, Est 9:25, Pr 12:7, Ec 6:3, Ga 3:13
9:15 Est 9:2, Est 9:13, Est 8:11, Ps 118:7-12, Est 9:10, Est 9:16, 1Th 5:22, He 13:5
Réciproques : Gn 14:23, Esd 6:15, Est 9:18, Ec 6:3, Dn 8:2
9:16 Est 9:2, Est 8:11, Est 8:11, Lv 26:7-8
Réciproques : Gn 14:23, Gn 34:27, Est 9:10, Est 9:15
9:17 Est 9:1, Est 9:18, Est 9:21, Est 3:12, Est 8:9
Réciproques : Esd 6:15, Est 3:7, Est 8:16, Est 8:17
9:18 Est 9:1, Est 9:11, Est 9:13, Est 9:15
Réciproques : Est 9:17
9:19 Est 9:22, Est 8:17, Dt 16:11, Dt 16:14, Ne 8:10-12, Ps 118:11-16, Lc 11:41, Ap 11:10
Réciproques : Jg 5:7, 1S 25:8, Esd 6:15, Ec 11:2
9:20 Ex 17:14, Dt 31:19-22, 1Ch 16:12, Ps 124:1-3, Ps 145:4-12, 2Co 1:10-11, Est 1:1, Est 1:22, Est 3:12, Est 8:9
Réciproques : 2Ch 30:5, Est 9:26, Est 9:29, Jr 29:1
9:21 Réciproques : 2Ch 30:5, Esd 6:15, Est 3:7, Est 9:17
9:22 Est 3:12-13, Ex 13:3-8, Ps 103:2, Es 12:1-2, Es 14:3, Ps 30:11, Mt 5:4, Jn 16:20-22, Est 9:19, Ne 8:10-12, Lc 11:41, Ac 2:44-46, Ga 2:10
Réciproques : Jg 3:11, Est 2:18, Est 8:17, Jb 27:23, Ec 11:2, Es 61:3, Jr 31:13, Za 8:19
9:24 Est 9:10, Est 3:5-13, Est 3:7
Réciproques : 2S 21:5, Es 22:25
9:25 Est 9:13-14, Est 7:5-10, Est 8:1-14, Ps 7:16, Ps 109:17-18, Ps 140:9, Ps 141:10, Mt 21:44
Réciproques : Jg 9:24, 2S 21:5, Est 7:9, Jb 5:13, Ps 146:9, Pr 11:16, Pr 19:21, Es 22:25, Dn 6:24, Mi 2:1, Lc 6:38
9:26 Nb 16:40, Ez 39:11, Est 9:20
9:27 Dt 5:3, Dt 29:14-15, Js 9:15, 1S 30:25, 2S 21:1-2, Est 8:17, Es 56:3, Es 56:6, Za 2:11, Za 8:23
Réciproques : Est 3:12, Est 9:31, Ps 78:7
9:28 Ex 12:17, Ps 78:5-7, Ps 103:2, Ex 13:8-9, Js 4:7, Za 6:14
Réciproques : Ps 78:6, Ps 78:7
9:29 Est 3:15, Est 9:20, Est 8:10
9:30 Est 1:1, Est 8:9, Es 39:8, Za 8:19
Réciproques : Dt 2:26, 2R 20:19
9:31 Est 9:27, Est 4:3, Est 4:16, Jon 3:2-9
9:1 Est 1:1, Est 8:9, Lc 2:1, Gn 10:5, Ps 72:10, Es 24:15, Dn 11:18
9:2 1R 11:41, 1R 22:39, Est 8:15, Est 9:4, Ps 18:35, Dn 2:48, Est 2:23, Est 6:1, 1R 14:19
Réciproques : Jr 51:28, Dn 5:7
9:3 Gn 41:44, 1S 23:17, 2Ch 28:7, Dn 5:16, Dn 5:29, Est 3:2, Rm 14:18, Ne 2:10, Ps 122:6-9, Rm 9:2-3, Rm 10:1
Réciproques : Gn 41:41, Gn 41:42, Gn 49:28, 2R 5:1, Est 2:5, Jb 36:7, Pr 22:11, Es 22:23, Es 49:23, Dn 5:7

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Esther 9
  • Note de section ou de chapitre
    Délivrance des Juifs. La fête de Purim instituée.
  • 9.1 1 à 19 Les Juifs frappent leurs ennemis.
  • 9.3 Le peuple perse craint le peuple juif (verset 2); les autorités perses craignent l'autorité suprême (Mardochée) et soutiennent les Juifs. D'autant plus grande fut la folie de ceux qui, néanmoins, dans leur haine, se prévalurent du premier édit.
  • 9.7 7 à 10 La terminaison datha de beaucoup de ces noms signifie donné ce qui rappelle notre Déodat, Dieu donné. Parschandatha signifie : donné à la prière; Poratha (Pordatha) : donné par le sort Aridatha : donné par Hari ou Vichnou.
    Ne touchèrent pas au butin : malgré l'autorisation du roi (8.11). Il ne s'agissait pour eux que de se défendre.
  • 9.12 Voir 5.6 et 7.2.
  • 9.13 Le caractère d'Esther ne permet pas de penser qu'il y ait chez elle désir de vengeance. Sa demande s'explique si l'on admet que, dans certains quartiers de la capitale, des dispositions menaçantes continuaient à se manifester.
    Qu'on pende au bois les dix fils d'Haman : quoique déjà morts; il s'agit de triompher pleinement en les livrant à une plus grande ignominie. Voir Hérodote VI, 30; VII, 238; ce dernier passage se rapporte au fameux Léonidas, dont Xerxès fit suspendre à une croix le corps qui avait été trouvé parmi les morts après le combat des Thermopyles.
  • 9.15 Ne touchèrent pas au butin. Voir verset 10.
  • 9.16 Se délivrèrent de leurs ennemis, littéralement : se reposèrent ou se procurèrent du repos de leurs ennemis. Nous retrouvons aux versets 17 et 18 cette notion de repos. Les Juifs de la campagne eurent du relâche de leurs inquiétudes le 14 Adar, et ceux de Suse le 15 Adar.
  • 9.19 Des présents : des portions aux pauvres gens (verset 22), qui ne peuvent se réjouir en faisant eux-mêmes un festin (Néhémie 8.10).
  • 9.20 20 à 28 Une lettre de Mardochée à tous ses compatriotes institue officiellement la fête de Purim.
    Toutes ces choses : non pas le livre d'Esther depuis 1.1 jusqu'à 9.19, mais les événements qui viennent de se passer, et en particulier la délivrance des Juifs, à Suse, le 15, dans le reste de l'empire le 14 Adar. Mardochée n'était ni de la tribu royale, ni de la tribu sacerdotale, mais sa haute position à la cour lui donnait de fait toute autorité sur ses compatriotes. Toutefois le Talmud de Jérusalem rapporte qu'en Palestine la fête de Purim ne s'introduisit pas sans la sérieuse opposition de 85 Anciens et de 30 prophètes, qui sans doute y voyaient une innovation extra-légale. Cependant 2Maccabées 15.37 semble prouver que vers le milieu du deuxième siècle avant J-C elle se célébrait généralement, et Josèphe l'affirme pour son temps (Antiquités XI, 6, 13).
  • 9.23 Les Juifs n'auraient peut-être pas, sans la lettre de Mardochée, continué ce qu'ils avaient spontanément fait une première fois (versets 17 et 18).
  • 9.24 24 et 25 Courte récapitulation de l'occasion de cette fête.
    De tous les Juifs. Cela concerne donc la nation dans sa totalité.
  • 9.25 [Esther]. D'autres traduisent : Et quand la chose parvint au roi.
  • 9.26 Début du verset : Justification du nom de Purim donné à cette fête. Voir 3.7.
    Fin du verset : Solidité de cette institution.
    Les Juifs ont deux puissants motifs pour célébrer cette fête dans tous les temps : la lettre de Mardochée et leurs propres souvenirs.
  • 9.27 Tous ceux qui s'attacheraient à eux : les prosélytes.
  • 9.29 29 à 32 Seconde lettre, d'Esther et de Mardochée, insistant sur le côté sérieux de cette fête (verset 31), lequel risquait d'être laissé dans l'ombre. Le contenu de cette seconde circulaire est résumé versets 30 à 32. Esther est ici nommée la première. Et en effet il est souvent parlé dans le Talmud du jeûne de Purim sous le nom de jeûne d'Esther.
    Fille d'Abihaïl : 2.15.
    Avec insistance. Ils sentaient que la chose plairait moins généralement.
  • 9.30 Et des lettres : 127 exemplaires de cette seconde lettre.
    Paix. Pas de lettres sans des souhaits de paix et de prospérité.
    Fidélité. Exhortation à célébrer cette fête d'une manière digne des faits qu'elle devait commémorer; or il y avait eu des jeûnes et des pleurs (4.3) avant les réjouissances.
  • 9.31 Pour confirmer. Ce n'était pas quelque chose de nouveau que ces jours de jeûne; voir 4.16.
    Leur date précise, respective, probablement un jour de jeûne d'abord, le 13 Adar, et les réjouissances ensuite.
  • Esther 10

  • Note de section ou de chapitre
    Eloge et puissance de Mardochée.
  • 10.1 Mardochée, naguère si méprisé, fut le grand-vizir d'un roi sans égal par ses richesses et l'étendue de son empire. Tout l'argent du monde civilisé passait par les mains de ce Juif! Notre livre finit comme il a commencé, par la description de la gloire du grand roi perse; mais ce n'est là, on le sent, que le cadre brillant destiné à mettre en relief deux figures juives.
  • 10.2 Formule usuelle des livres des Rois et des Chroniques.
    Mèdes : nommés avant les Perses, contrairement à 1.3, etc., parce qu'ici il est question d'un livre antique et considérable qui commençait par l'histoire des Mèdes dont la puissance a précédé celle des Perses. Il a déjà été fait allusion à cet ouvrage 2.23 et 6.1.
  • 10.3 Car. Que personne ne s'étonne que Mardochée figure dans ce livre!
    Parmi les Juifs, et non pas seulement parmi les Perses.
    Le bien de son peuple. Il ne se rechercha pas lui-même.
    Sa race : non pas sa famille, mais sa nation tout entière.
    Conclusion :
    Arrivés au terme de notre étude du livre d'Esther, étude que nous avons abordée sans parti pris, comme on peut le voir à notre Introduction, résumons les résultats auxquels nous avons été conduits.
    Le fait le plus difficile à justifier, à savoir le massacre de 75000 personnes par les Juifs et la manière en laquelle Esther revient à la charge et demande une nouvelle exécution dans la ville de Suze (9.13), nous a paru perdre tout caractère odieux à mesure que nous avons pesé les expressions du texte. Par ces lettres, lisons-nous (8.11), le roi accordait aux Juifs.... de se rassembler et de défendre leur vie, d'exterminer, d'égorger et de détruire tous gens armés, de tout peuple et de toute province, qui les attaqueraient.
    Et les autres Juifs, dans les provinces du roi, s'étant assemblés, défendirent leur vie (9.16).
    Sans doute nous lisons aussi que les Juifs frappèrent tous leurs ennemis à coups d'épées, les égorgeant et les détruisant, et qu'ils traitèrent leurs ennemis selon leur bon plaisir (9.5). Mais pour peu que l'on traite notre narration avec les égards élémentaires auxquels a droit toute composition sérieuse, on doit admettre que le bon plaisir selon lequel les Juifs traitèrent leurs ennemis fut subordonné aux conditions clairement énoncées 8.11 et 9.16. Les Juifs n'attaquèrent pas : ils se défendirent. La récidive du 14 Adar elle-même fut, pensons-nous, un moyen préventif : il s'agissait de réduire à néant les derniers ferments d'hostilité et d'annihiler le premier édit jusque dans ses dernières conséquences.
    Quant au chiffre de 75000 personnes tuées, les Septante ne parlent que de 15000, soit qu'ils aient eu sous les yeux un autre texte, soit, ce qui est plus probable, qu'ils aient voulu diminuer la défaveur qui pouvait rejaillir d'un pareil massacre sur les Juifs aux yeux des Gentils. Mais il n'y a rien dans ce total de 75000 personnes qui dépasse les proportions que prennent en Orient des événements analogues. Puis il ne faut pas perdre de vue l'immensité de l'empire.
    Mais du moment que les Juifs n'ont couru sus qu'à ceux qui les attaquaient, il a dû, semble-t-il, y avoir un certain nombre d'entre eux de tués. Or il n'est point fait mention de Juifs tués, pas même de blessés. C'est là un point sur lequel l'auteur n'a pas cru devoir instruire ses lecteurs, à supposer qu'il fût à même de le faire. Il importe peu au but qu'il se proposait et qui était uniquement de montrer comment son peuple avait échappé en bloc à la mort. La nation a été sauvée; cela suffit.
    Quant à l'art avec lequel est présentée la succession des faits, il suppose un œil ouvert sur la sagesse et les soins de la Providence, mais ne dépasse point ce que nous trouvons sous ce rapport dans maints chapitres de l'Ancien Testament. Un roman d'ailleurs n'aurait pas pu donner naissance, quelque bien composé qu'il fût, à une fête nationale, célébrée à Jérusalem même, dans le centre religieux de la nation et à une date très précise de l'année.
    On a supposé que la fête de Purim est une imitation juive des réjouissances que, sous le nom de Fourdi, les Perses célébraient, les derniers jours de chaque année, par des festins et des cadeaux qu'on faisait aux indigents. On cherche à étayer cette hypothèse par la considération que le texte grec de notre livre donne à la fête de Purim le nom de Phrouraï, une fois même celui de Phourdia, qui se rapproche singulièrement du nom de la fête perse. D'autres ont pensé à une fête babylonienne. Mais est-il croyable que les Juifs des siècles qui ont précédé notre ère, les Juifs du temps des Maccabées, si fermés à toute influence étrangère, aient emprunté aux païens une de leurs fêtes?
    Une dernière remarque : Le livre d'Esther présente dans les Septante et la Vulgate un certain nombre de morceaux qui ne se trouvent pas dans le texte hébreu. Plusieurs modernes prétendent qu'ils renferment plus d'éléments religieux que tout le reste du livre. Il nous est impossible de partager cette opinion. Ils nous semblent éminemment propres au contraire à faire sentir par contraste la sobriété de notre récit. Voici, par exemple, comment se trouve paraphrasé dans les Septante le récit de la première entrevue d'Esther et d'Assuérus au verset 2 du chapitre 5 :
    Esther prit deux de ses suivantes et s'appuyait sur l'une, comme ne pouvant soutenir son corps à cause de son extrême délicatesse; l'autre suivait sa maîtresse, portant sa robe qui traînait à terre. Et cependant, ayant une couleur vermeille sur le teint, et les yeux pleins d'agrément et d'éclat, elle cachait la tristesse de son âme qui était pénétrée de frayeur... Et ayant passé de suite par toutes les portes, elle se présenta devant le roi au lieu où il était assis sur son trône avec une magnificence royale, étant tout brillant d'or et de pierres précieuses. Et il était terrible à voir. Aussitôt qu'il eut levé la tête et qu'il l'eut aperçue, la fureur dont il était saisi paraissant au dehors, par ses yeux étincelants, la reine tomba comme évanouie, et la couleur de son teint se changeant en pâleur, elle laissa tomber sa tête sur la fille qui la soutenait. En même temps Dieu changea le cœur du roi et lui inspira de la douceur. Il se leva tout d'un coup de son trône, craignant pour Esther, et la soutenant entre ses bras jusqu'à ce qu'elle fût revenue à elle, il la caressait, en lui disant : Qu'avez-vous, Esther? Je suis votre frère! Ne craignez point, approchez-vous donc et touchez mon sceptre! Et voyant qu'elle demeurait toujours dans le silence, il prit son sceptre d'or et le lui mit sur le col et l'embrassa et lui dit : Pourquoi ne me parlez-vous point? Esther lui répondit : Seigneur, vous m'avez paru comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé, par la crainte de votre gloire. Car, Seigneur, vous êtes admirable et votre visage est plein de grâces. En disant ces paroles elle tomba encore et elle pensa s'évanouir...
    Le nom de Dieu figure, il est vrai, dans cette scène de mélodrame. Il suffit cependant d'une faible dose de sens historique pour reconnaître ici une amplification romanesque qui contraste avec cette phrase toute simple :
    Et quand le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux, et le roi tendit à Esther le sceptre d'or qu'il avait à la main; et Esther s'approcha et toucha le bout du sceptre.
    Jusque dans des livres tels que le nôtre, qui font pressentir le prochain silence de la prophétie, il est impossible de ne pas reconnaître la discipline de l'Esprit qui a fait des Israélites et même des Juifs un peuple à part.