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Genèse 1:3-5 (Annotée Neuchâtel)

   3 Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. 4 Et Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. 5 Et Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Et il y eut un soir et il y eut un matin ; ce fut un jour.

Références croisées

1:3 Ps 33:6, Ps 33:9, Ps 148:5, Mt 8:3, Jn 11:43, Jb 36:30, Jb 38:19, Ps 97:11, Ps 104:2, Ps 118:27, Es 45:7, Es 60:19, Jn 1:5, Jn 1:9, Jn 3:19, 2Co 4:6, Ep 5:8, Ep 5:14, 1Tm 6:16, 1Jn 1:5, 1Jn 2:8
Réciproques : Gn 1:14, Jb 25:3, Ps 74:16, Jon 2:10, Mc 1:41, Mc 5:41, Lc 5:13, Lc 5:25, Jn 11:44
1:4 Gn 1:10, Gn 1:12, Gn 1:18, Gn 1:25, Gn 1:31, Ec 2:13, Ec 11:7
Réciproques : Gn 2:4, Jb 38:19, Ps 104:20, Jn 9:5
1:5 Gn 8:22, Ps 19:2, Ps 74:16, Ps 104:20, Es 45:7, Jr 33:20, 1Co 3:13, Ep 5:13, 1Th 5:5, Gn 1:8, Gn 1:13, Gn 1:19, Gn 1:23, Gn 1:31
Réciproques : Ex 27:21, Jb 2:13, Jb 38:12, Dn 8:14, Mc 14:30

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Genèse 1
  • 1.3 3-5. Le premier jour.
    Tandis que dans toutes les autres cosmogonies le monde est une émanation de l'être ou de la pensée de la divinité, dans le récit de la Genèse il est le produit d'un acte de la volonté de Dieu. C'est ce qu'indique l'expression : Dieu dit, qui revient huit fois dans ce morceau.
    Comme c'est la parole qui dans l'homme est la manifestation extérieure de la volonté, l'auteur de notre récit a employé cette image pour définir l'activité créatrice comme un acte de la volonté divine. A cette idée s'ajoute celle de la facilité avec laquelle Dieu exécute l'acte créateur : Il parle et la chose est, il commande et elle existe, Psaumes 33.9, dans ce même psaume, verset 6, la parole est également jointe à l'Esprit comme instruments de l'œuvre créatrice. D'après l'intuition de notre récit, l'Esprit de Dieu planant sur la face de l'abîme sera l'agent tout-puissant qui exécutera au fur et à mesure les ordres énoncés par la parole créatrice.
    Que la lumière soit. L'auteur ne peut penser à la lumière solaire qui ne paraît qu'au quatrième jour. Cette lumière, dont l'apparition succède à. l'époque de ténèbres par laquelle la terre vient de passer, n'est point présentée d'ailleurs comme provenant d'un corps extérieur à la terre. Il s'agit donc d'une lumière diffuse avec laquelle les aurores boréales présentent peut-être une analogie éloignée. Cette lumière était une condition de l'œuvre qui allait suivre.
  • 1.4 Littéralement : Et Dieu vit la lumière, qu'elle était bonne. L'expression : Dieu vit, accentue fortement le caractère d'indépendance de la chose créée, non vis-à-vis de la volonté divine, mais vis-à-vis de l'être divin; la matière existe réellement, puisqu'elle est l'objet de l'aperception divine.
    Le jugement que Dieu prononce sur le résultat de son activité créatrice suppose que la causalité divine n'est pas seule à produire les êtres qui se succèdent, mais que les causes secondes ont aussi leur rôle dans cette œuvre. Une fois l'œuvre achevée, Dieu constate que les forces mises en jeu ont bien réalisé sa pensée.
    Etait bonne. La bonté de cette première œuvre n'est pas de nature morale; elle consiste dans la parfaite adaptation de la lumière au but que Dieu se propose d'atteindre par son moyen. Dieu ne prononce pas le même jugement sur les ténèbres, qui ne sont là que comme condition négative des œuvres qui vont s'accomplir tandis que la lumière en est un facteur positif.
    Et Dieu sépara. Ce que Dieu avait en vue n'était pas un mélange de lumière et d'obscurité, qui n'aurait produit qu'un demi-jour permanent. Au lieu de cela, il établit une alternance régulière de la lumière et de l'obscurité, qui permette à l'une d'être pleinement lumière et à l'autre d'être pleinement obscurité. Zacharie 14.6-7, qui décrit le moment où l'ordre de choses actuel est sur le point de faire place à un monde renouvelé par la venue de l'Eternel, nous montre le mélange se substituant à l'alternance : un jour qui n'est ni jour ni nuit, et au soir duquel brille la lumière du matin. A cette crise succède le temps où il n'y a plus de nuit et où la lumière seule demeure à toujours (Apocalypse 21.23-25). C'est le terme vers lequel tend la création, l'antipode du chaos primitif.
  • 1.5 Et Dieu appela. Une fois l'alternance de l'obscurité et de la lumière établie, Dieu donne un nom à chacun de ces deux espaces de temps, ce qui signifie qu'ils doivent se succéder désormais d'une manière régulière et irrévocable. L'auteur ne veut donc pas dire que Dieu créa les mots hébreux jour et nuit, mais qu'il fixa d'une manière stable les notions qui en Hébreu, sont exprimées par les mots employés ici.
    Et il y eut un soir et il y eut un matin. Quelques interprètes ont pensé que le soir désigne ici tout l'espace éclairé qui s'achève avec le soir, et le matin, tout l'espace de temps ténébreux qui s'achève avec le matin; la journée s'étendrait ainsi de matin à matin. Mais il est difficile de comprendre comment le mot soir pourrait désigner ce que nous appelons le jour, et le mot matin ce que nous appelons la nuit; autant vaudrait dire que le mot la mort peut désigner la vie, parce que la vie aboutit à la mort. D'ailleurs il est constant que les Juifs faisaient commencer leur jour de vingt-quatre heures entre les deux soirs, c'est-à-dire au moment où le jour faisait place à la nuit, et que par conséquent la première moitié du jour de vingt-quatre heures était la nuit et la seconde le jour. D'après cela, nous entendons par le soir la nuit chaotique qui a précédé l'apparition de la lumière, et par le matin l'apparition de la lumière avec le jour qui l'a suivie. Quoique cette nuit ne corresponde pas exactement à la notion de soir, puisqu'elle n'a pas été précédée d'une période éclairée, elle reçoit cependant ce nom par analogie avec les soirs suivants.
    Ces expressions de soir et de matin sont empruntées à la même image générale sur laquelle repose toute cette narration, celle d'une semaine de travail humain, où l'œuvre de chaque jour est suivie du repos de la nuit. Appliqué au travail divin, ce symbole du soir et du matin désigne à chaque fois le développement paisible de l'œuvre précédente et le commencement de l'œuvre nouvelle.
    Ce fut un jour. On peut traduire aussi : Ce fut le premier jour. L'adjectif cardinal étant souvent pris dans le sens de l'adjectif ordinal quand il s'agit du jour de la semaine ou du mois. L'auteur a-t-il voulu parler d'un jour de vingt-quatre heures ou d'une période d'une durée incalculable?
    Il paraît bien en raison des six jours de travail, des six nuits de repos qui les séparent et du jour de sabbat qui les termine, que l'auteur a eu devant les yeux comme type une semaine de travail humain; mais il ne peut avoir oublié que l'ouvrier, ici, c'est Dieu même, et qu'un tel ouvrier n'a pas besoin de dormir toutes les douze heures, ni de se reposer tous les sept jours; or avec la notion de l'ouvrier grandit nécessairement celle de jour de travail.
    Comme dans la vision prophétique Daniel voit des semaines qui ne sont pas des semaines de jours, mais des semaines d'années, ainsi, pour l'auteur de la Genèse, nos jours de vingt-quatre heures ne sont que l'image des grandes journées du travail divin. Ces journées, dans sa pensée, ne sauraient être équivalentes aux jours de vingt-quatre heures, d'abord parce que la nuit qui les précède et qui est pour lui le premier soir est par sa nature même d'une durée incalculable; ensuite parce que le soleil qui, par son lever et son coucher, détermine nos nuits et nos jours de douze heures, n'existait pas encore, ou du moins n'exerçait pas encore son influence périodique sur notre terre. Les trois premiers jours étant par conséquent indépendants de la mesure des vingt-quatre heures, les autres doivent l'être aussi, puisque la semaine créatrice ne peut comprendre que des jours de même nature.
    Enfin dans ce récit même (comme dans toute la Bible) le mot jour est employé d'une manière très élastique; il désigne : 1° le jour de vingt-quatre heures (verset 14); 2° la partie éclairée de ce jour, comprenant douze heures (verset 18); 3° toute la période de la création (2.4).
    Nous trouvons de même, dans un passage des Nombres 3.1, le terme de jour appliqué aux six semaines du séjour de Moïse sur le Sinaï. Un jour peut donc désigner une durée indéfinie ayant pour contenu une œuvre unique.
    Nous concluons qu'en employant l'image de la semaine, l'auteur n'a pas été dirigé par une idée de durée, mais plutôt par la notion d'une œuvre accomplie graduellement, avec des intervalles de travail et de repos et aboutissant à un état stable et permanent qui en est le terme. De plus il est bien manifeste que ce cadre a été choisi dans le but de faire ressortir la sainteté du sabbat.