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Jean 1:1-2 (Annotée Neuchâtel)

   1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement avec Dieu.

Références croisées

1:1 Jn 1:2, Gn 1:1, Pr 8:22-31, Ep 3:9, Col 1:17, He 1:10, He 7:3, He 13:8, Ap 1:2, Ap 1:8, Ap 1:11, Ap 2:8, Ap 21:6, Ap 22:13, Jn 1:14, 1Jn 1:1-2, 1Jn 5:7, Ap 19:13, Jn 1:18, Jn 16:28, Jn 17:5, Pr 8:22-30, 1Jn 1:2, Jn 10:30-33, Jn 20:28, Ps 45:6, Es 7:14, Es 9:6, Es 40:9-11, Mt 1:23, Rm 9:5, Ph 2:6, 1Tm 3:16, Tt 2:13, He 1:8-13, 2P 1:1, 1Jn 5:7, 1Jn 5:20
Réciproques : Ex 40:24, 2R 19:15, Ps 27:1, Ps 33:6, Pr 8:21, Pr 8:30, Es 43:13, Es 44:8, Es 45:5, Es 60:2, Jr 27:5, Jr 32:17, Dn 2:11, Mi 5:2, Za 13:7, Jn 1:15, Jn 3:12, Jn 8:58, Jn 14:10, Ac 10:24, Ac 17:24, 2Co 8:9, Col 1:18, Col 2:2, 2Th 2:13, He 6:1, 1P 1:25, Ap 1:4, Ap 4:11
1:2 Réciproques : Pr 8:22, Es 7:14, Es 9:6, Es 43:13, Jr 20:9, Za 13:7, Jn 1:1, Jn 1:15, Jn 8:58, Jn 10:30, Ph 2:6, 1Tm 3:16, 1Jn 1:1, 1Jn 1:2

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 1
  • 1.1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Prologue.
    Chapitre 1.
    1 à 18 La Parole.
    Tandis que les autres évangélistes commencent leur narration avec la venue de Jésus-Christ en ce monde, ou son entrée dans son ministère, Jean remonte, d'un vol d'aigle, au delà du temps, pour saisir le Sauveur dans son éternelle préexistence, puis il nous montre en Jésus de Nazareth la Parole faite chair. (verset 14) C'est le sujet du "prologue" de son évangile. (versets 1-18)
    Ce morceau se divise naturellement en trois parties :
    Dans la première, (versets 1-5) l'auteur, s'élevant à l'origine de toutes choses, nous présente la Parole en elle-même et dans sa relation primordiale avec Dieu ; puis il nous décrit ses rapports avec le monde en général et son action sur l'humanité rebelle.
    Dans la seconde partie, (versets 6-13) l'auteur caractérise l'accueil que les hommes, et spécialement le peuple élu ont fait à la Parole, quand, annoncée par Jean Baptiste, elle est apparue en Jésus-Christ. Repoussée par le peuple qui aurait de la recevoir, elle a donné à ceux qui l'ont reçue, et qui, par la foi, sont nés de Dieu, le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
    Cette expérience des croyants est exposée dans la troisième partie : la Parole faite chair a habité parmi ceux qui ont cru en elle.
    - Il faut remarquer en outre que la dernière pensée de la première partie (verset 5) devient le thème de la seconde partie, (versets 6-13) et de même la pensée finale de la seconde partie (verset 13) est développée dans la troisième partie. (versets 14-18) Jean nous élève ainsi comme dans une spirale. Nous ne croyons pas que le prologue suive un plan historique. Le verset 5 nous montre déjà en termes généraux Jésus apparu en chair et rejeté par les hommes qui l'ont fait mourir.
    Et la seconde partie (versets 6-13) n'a pas pour sujet, comme on l'a prétendu, le rôle du Christ préexistant sous l'ancienne Alliance, en effet elle débute par le témoignage de Jean Baptiste, (verset 6) qui, de même que dans les synoptiques, (Marc 1.1) ouvre l'histoire évangélique ; on ne saurait, sans arbitraire, prendre ici Jean-Baptiste pour le représentant des prophètes. Et de plus cette seconde partie se termine par l'affirmation que "la Parole a donné à ceux qui l'ont reçue le pouvoir de devenir enfants de Dieu lesquels ne sont point nés de la volonté de la chair, mais de Dieu," ces derniers mots nous transportent sur le terrain de la nouvelle Alliance.
    - Les premiers mots de l'évangile de Jean : Au commencement était la Parole rappellent les premiers mots de la Genèse et il ne s'agit point d'un simple rapprochement dans les termes, mais d'une analogie profonde. Si la Genèse raconte la création de l'univers, l'évangile retrace la création nouvelle d'un monde moral. Dans son prologue, Jean remonte à l'origine de toutes choses pour nous montrer l'Auteur de cette double création. En effet, si les mots : au commencement ne reportent pas la pensée au delà de la première création, Jean ne dit pourtant pas que la Parole elle-même fut alors créée, mais qu'elle était au moment où toutes choses furent créées, qu'elle est antérieure à toute la création, Par conséquent au temps lui même ; (Proverbes 8.23 ; Jean 17.5 ; Ephésiens 1.4) or c'est là désigner l'éternité.
    Si la pensée de l'éternité n'était pas impliquée dans les termes mêmes dont se sert l'évangéliste, elle se présenterait comme une conséquence de la nature divine attribuée à la Parole. Et, du reste, cette idée de la préexistence éternelle du Fils de Dieu n'est point une spéculation métaphysique de l'apôtre, mais une vérité religieuse clairement enseignée dans tout le Nouveau Testament (Colossiens 1.17 ; 1Jean 1.1 ; Apocalypse 3.14 ; comparez Michée 5.1), et qui ressort de mainte déclaration de Jésus lui-même, dans notre évangile. (Jean 6.62 ; 8.58 ; 17.5,24)
    La Parole : il faut laisser à ce mot son sens premier, ordinaire. Rattachant sa pensée au commencement de la Genèse (note précédente), Jean affirme (verset 3) que toute la création a été opérée par la Parole, expression de la volonté et de la puissance de Dieu.
    Le terme de Parole, non moins que celui de au commencement, sert à rappeler le récit génésiaque ; il fait allusion à ce : et Dieu dit huit fois répété, qui est comme le refrain de ce magnifique poème. Tous ces dire de Dieu, Jean les rassemble comme en une Parole unique, vivante, douée d'intelligence et d'activité, de laquelle émane chacun de ces ordres particuliers. Au fond de ces paroles divines parlées, il découvre la parole divine parlante. Mais, tandis que celles là retentissent dans le temps, celle-ci existe au-dessus et en dehors du temps. Godet.
    Comment Jean fut-il amené à concevoir comme une personne cette Parole éternelle, par laquelle ont eu lieu la création et toutes les révélations divines ?
    L'Ancien Testament, compris à la lumière des enseignements de son Maître, lui fournit cette idée. Plusieurs de ses données conduisent en effet à la notion de la Parole que nous trouvons dans notre évangile.
    1° Dans une série de passages, la Parole de l'Eternel est l'objet de personnifications plus ou moins poétiques : c'est par elle que les cieux ont été faits, (Psaumes 33.6) c'est elle que Dieu envoie à ceux qui sont dans l'angoisse, et "elle les guérit ;" (Psaumes 107.20) c'est elle que Dieu envoie sur la terre, et "elle court avec vitesse ;" (Psaumes 147.15) c'est elle qui, "sortant de la bouche de Dieu, exécute son bon plaisir et amène à bien la chose pour laquelle il l'a envoyée." (Esaïe 55.11)
    Dans les livres des prophètes, la Parole de l'Eternel est présentée comme l'organe des révélations divines : Jérémie 1.4,11 ; Esaïe 2.3 ; Ezéchiel 1.3.
    Depuis l'exil, les docteurs juifs considèrent ces actions attribuées à la Parole divine comme l'œuvre d'un agent permanent et personnel qu'ils nomment la Memra (Parole) de Jéhovah.
    2° Dans Proverbes 8 et Proverbes 9, la Sagesse divine se présente aux hommes, parlant, agissant comme un être personnel : "L'Eternel m'a possédée dès le commencement, avant ses œuvres ; j'ai été établie dès l'éternité, avant les origines de la terre." (Proverbes 8.22,23) "Lorsqu'il disposait les cieux, j'étais là." (Proverbes 8.27 ; comparez surtout Proverbes 8.28-31) La même notion de la sagesse personnifiée s'est conservée et développée plus tard chez les Juifs comme on le voit par divers passages des livres apocryphes. (Ecclésiastique 1 : 1-10 ; 24 : 1 et suivants Voir surtout Sapience 7 :7 et Sapience 10 et 11.)
    3° Deux vérités, en apparence contradictoires, sont enseignées dans toute l'écriture : d'une part, Dieu, le Dieu invisible, inaccessible, ne s'est jamais manifesté aux hommes. "Personne ne vit jamais Dieu ;" (verset 18) nul homme ne peut le voir et vivre. (Exode 33.20 comparez 1Timothée 6.16) D'autre part, la Bible raconte à toutes les époques de l'histoire d'Israël diverses théophanies ou apparitions de Dieu à ses serviteurs. Comment se concilie cette contradiction ? Par la manifestation d'un être mystérieux qui est appelé "l'ange de l'Eternel.," (Genèse 22.15) ou "l'ange de sa face," (Esaïe 63.9) ou encore "l'ange de l'alliance" (Malachie 3.1) et qui, non seulement se révèle aux hommes de la part de Dieu, mais qui reçoit très fréquemment le nom sacré et exclusif de Jéhova, l'Eternel. Ainsi l'ange de l'Eternel apparaît à Agar dans le désert et lui adresse la parole, (Genèse 16.7) et à Genèse 16.13
  • Agar "appela le nom de l'Eternel qui lui parlait : Tu es le Dieu qui me voit." Cette même révélation divine par l'ange qui s'appelle l'Eternel est souvent rapportée dans l'Ecriture. (Genèse 19.1, 22.15,16 ; 31.11-13 ; 32.24-30 ; comparez Osée 12.4,5 ; Exode 3.2-5 ; 4.5 ; 14.19-24 ; Jude 6.11-14, etc.)
    Mon nom est en lui, dit l'Eternel en parlant de l'ange qu'il envoyait devant Israël, (Exode 23.20,21) c'est-à-dire qu'il était la manifestation de l'essence divine elle-même.
    Enfin, le dernier des prophètes annonce en ces termes l'apparition définitive sur notre terre de ce grand révélateur de Dieu : "Voici, je vais envoyer mon messager ; il préparera la voie devant moi et aussitôt entrera dans son temple le Seigneur (Adonaï) que vous cherchez, l'ange de l'alliance que vous désirez." (Malachie 3.1)
    Les deux vérités contradictoires que nous venons de signaler sont ainsi conciliées, et notre évangéliste, qui est pénétré de toutes deux, nous en montre le sublime accord dans ces paroles : "Personne ne vit jamais Dieu, le Fils unique qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l'a fait connaître." (verset 18, comparez Jean 5.37-39 ; 6.45)
    Nous savons maintenant pourquoi Jean appelle la Parole Celui par qui le Dieu invisible s'est toujours manifesté au monde, soit dans la création, soit dans ses révélations successives, soit enfin dans la rédemption de notre humanité. Et l'on conçoit quelle vive lumière ce fait projette sur toutes les Ecritures, qui nous apparaissent ainsi dans leur pleine harmonie.
    Jean a donc tiré de l'Ancien Testament son idée de la Parole (grec Logos). Si, de ce que ce mot était alors usité dans les écoles de la philosophie alexandrine et se trouve souvent dans les écrits de Philon, on veut inférer que Jean l'a emprunté à ce philosophe, il n'y a pas lieu de le nier absolument. Mais s'il l'a fait, c'est pour rectifier les notions fausses que ce terme recouvrait et pour mettre la vérité divine à la place des spéculations métaphysiques de son époque.
    C'est ainsi que Paul empruntait à la philosophie de son temps ce grand mot de sagesse, dont elle était si fière, afin d'en montrer la folie, ajoutant avec une sainte hardiesse : "Mais nous prêchons une sagesse entre les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce siècle, mais une sagesse de Dieu." (1Corinthiens 2.6)
    Avec Dieu ; la préposition que nous traduisons ainsi ne signifie pas seulement que la Parole était auprès de Dieu, dans sa société ; elle nous la présente dans un mouvement constant vers lui, réalisant avec lui la communion vivante et intime de l'amour. Cette nuance se retrouve au verset 18 "le Fils unique qui est dans le sein du Père." Jean emploie la même préposition dans sa première épître, (1Jean 1.2) en parlant de "la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée." (Comparer 2Corinthiens 5.8) Par cette seconde sentence, l'évangéliste établit une distinction entre la Parole éternelle et Dieu et cela au moment de déclarer que cette Parole était Dieu.
    La Parole était Dieu ; il n'y a rien à expliquer dans cette déclaration solennelle, il n'y a qu'à la recevoir dans toute la plénitude de sa signification ; elle attribue à la Parole tous les caractères et toutes les perfections de l'essence divine.
    - Il est vrai qu'ici le mot Dieu n'a pas l'article, dont il est habituellement précédé ; cette omission s'imposait, soit parce que le mot joue dans la phrase le rôle d'attribut, soit surtout parce qu'en l'écrivant avec l'article, Jean aurait identifié la Parole et Dieu, et effacé la distinction qu'il venait de faire en disant : "La Parole était avec Dieu."
    - Il y a quelque chose de majestueux dans la progression des trois sentences de ce verset, dont la première enseigne la préexistence éternelle de la Parole, la seconde son rapport unique avec Dieu, la troisième sa divinité. La même solennité se retrouve dans ce terme trois fois répété : la Parole, et la Parole, et la Parole.
  • 1.2 Elle était au commencement avec Dieu. Grec : celle-là, cette même Parole, était... Jean répète dans ce verset ce qu'il a dit de la préexistence éternelle de la Parole et de son rapport avec Dieu : il prépare ainsi ce qu'il va exposer (verset 3) du rôle de la Parole dans la création du monde.
    Pour avoir cette puissance créatrice qui n'appartient qu'à Dieu, il fallait que la Parole possédât réellement tous les attributs divins qui lui sont conférés dès la première ligne de l'évangile.