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Jean 6:56-68 (Annotée Neuchâtel)

56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. 57 Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, vivra lui aussi par moi. 58 C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n'en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne, et qui sont morts : celui qui mange ce pain vivra éternellement. 59 Il dit ces choses, enseignant dans la synagogue, à Capernaüm.
   60 Plusieurs donc de ses disciples, l'ayant entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui peut l'écouter ? 61 Mais Jésus connaissant en lui- même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : Ceci vous scandalise ? 62 Et si vous voyez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? 63 C'est l'Esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. 64 Mais il y en a quelques-uns d'entre vous qui ne croient point. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il disait : C'est à cause de cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, à moins que cela ne lui soit donné par le Père. 66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils ne marchaient plus avec lui. 67 Jésus dit donc aux douze : Voulez-vous, tous aussi, vous en aller ? 68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ;

Références croisées

6:56 Lm 3:24, Jn 14:20, Jn 14:23, Jn 15:4-5, Jn 17:21-23, Ps 90:1, Ps 91:1, Ps 91:9, 2Co 6:16, Ep 3:17, 1Jn 3:24, 1Jn 4:12, 1Jn 4:15, 1Jn 4:16, Ap 3:20
Réciproques : Dt 32:14, Ps 31:2, Jn 14:19, Jn 17:23, Jn 17:26, Rm 8:10, Rm 16:7, 2Co 12:2, 2Co 13:5, Col 1:27, Col 3:11, 1Jn 2:5
6:57 Ps 18:46, Jr 10:10, 1Th 1:9, He 9:14, Jn 5:26, Jn 17:21, Jn 11:25-26, Jn 14:6, Jn 14:19, 1Co 15:22, 2Co 13:4, Ga 2:20, Col 3:3-4, 1Jn 4:9
Réciproques : Lc 20:38, Jn 6:69, Jn 10:36, Jn 17:3, Rm 5:10, 1Co 15:45, 2Co 5:15, Col 3:11, 1P 2:4
6:58 Jn 6:32, Jn 6:34, Jn 6:41, Jn 6:47-51
Réciproques : Ex 16:15, Jn 4:14, Jn 6:27, Jn 6:50, Rm 10:6, Ep 4:9, 1Jn 2:17
6:59 Jn 6:24, Jn 18:20, Ps 40:9-10, Pr 1:20-23, Pr 8:1-3, Lc 4:31
Réciproques : Mt 4:13, Mc 1:21
6:60 Jn 6:66, Jn 8:31, Jn 6:41-42, Jn 8:43, Mt 11:6, He 5:11, 2P 3:16
Réciproques : Mt 24:10, Mc 6:3, Mc 10:24, Lc 7:23, Lc 9:58, Jn 3:4, Jn 3:9, Jn 7:36, Jn 10:6, Jn 14:22, Ac 17:20
6:61 Jn 6:64, Jn 2:24-25, Jn 21:17, He 4:13, Ap 2:23
Réciproques : Mt 9:4, Mt 11:6, Mt 13:21, Mt 13:57, Mt 24:10, Mc 6:3, Jn 3:7
6:62 Jn 3:13, Jn 16:28, Jn 17:4-5, Jn 17:11, Mc 16:19, Lc 24:51, Ac 1:9, Ep 4:8-10, 1P 3:22
Réciproques : Lc 9:51, Jn 16:5, Ac 1:2, Ep 4:9, 1Tm 3:16, He 9:24
6:63 Gn 2:7, Rm 8:2, 1Co 15:45, 2Co 3:6, Ga 5:25, 1P 3:18, Rm 2:25, Rm 3:1-2, 1Co 11:27-29, Ga 5:6, Ga 6:15, 1Tm 4:8, He 13:9, 1P 3:21, Jn 6:68, Jn 12:49-50, Dt 32:47, Ps 19:7-10, Ps 119:50, Ps 119:93, Ps 119:130, Rm 10:8-10, Rm 10:17, 1Co 2:9-14, 2Co 3:6-8, 1Th 2:13, He 4:12, Jc 1:18, 1P 1:23
Réciproques : Pr 16:22, Es 55:11, Jr 23:29, Ez 47:9, Mt 4:4, Mc 2:11, Lc 4:32, Lc 24:32, Jn 4:41, Jn 6:54, Ac 5:20, Ac 7:38, Ac 10:22, Ac 11:14, Rm 4:17, 1Co 12:13, 1Co 13:3, 2Co 3:17, 2Co 5:16, Ep 2:5, Ph 2:16, Col 2:13, Jc 1:21
6:64 Jn 6:36, Jn 6:61, Jn 5:42, Jn 8:23, Jn 8:38-47, Jn 8:55, Jn 10:26, Jn 13:10, Jn 13:18-21, Jn 6:70-71, Jn 2:24-25, Jn 13:11, Ps 139:2-4, Ac 15:18, Rm 8:29, 2Tm 2:19, He 4:13
Réciproques : Mt 9:4, Mc 2:8, Mc 3:19, Jn 6:26, Jn 6:43, 1Co 11:27
6:65 Jn 6:37, Jn 6:44, Jn 6:45, Jn 10:16, Jn 10:26, Jn 10:27, Jn 12:37-41, Ep 2:8-9, Ph 1:29, 1Tm 1:14, 2Tm 2:25, Tt 3:3-7, He 12:2, Jc 1:16-18
Réciproques : Jn 6:35, Jn 8:47, Ph 2:13
6:66 Jn 6:60, Jn 8:31, So 1:6, Mt 12:40-45, Mt 13:20-21, Mt 19:22, Mt 21:8-11, Mt 27:20-25, Lc 9:62, 2Tm 1:15, 2Tm 4:10, He 10:38, 2P 2:20-22, 1Jn 2:19
Réciproques : Lv 11:29, Js 23:12, Rt 1:14, 2S 15:15, 2S 15:21, 2S 20:2, 2R 5:11, 2Ch 10:16, Jb 23:12, Ps 80:18, Es 8:15, Es 43:22, Ez 18:24, Mt 11:6, Mt 24:10, Jn 5:35, Jn 6:41, Jn 20:24, Rm 2:7
6:67 Js 24:15-22, Rt 1:11-18, 2S 15:19-20, Lc 14:25-33
Réciproques : Dt 4:4, 2R 2:2, 1Ch 12:18, Ps 62:5, Ct 1:7, Mt 24:10, Lc 22:28, Jn 20:6, Jn 20:24
6:68 Ps 73:25, Jn 6:40, Jn 6:63, Jn 5:24, Jn 5:39, Jn 5:40, Ac 4:12, Ac 5:20, Ac 7:38, 1Jn 5:11-13
Réciproques : Js 24:15, 2R 2:2, 1Ch 12:18, Ps 133:3, Pr 4:13, Pr 16:22, Jr 18:14, Mt 14:28, Mt 19:16, Mt 22:42, Lc 22:28, Jn 4:42, Jn 6:27, Jn 10:28, Jn 12:50, Jn 14:4, Jn 14:6, Jn 15:4, Jn 17:8, Ac 8:37, Ac 10:22, Ac 11:14, Rm 6:23, 1Co 15:45, Ga 2:16, Ph 2:16, Tt 1:2, Jc 1:21, 1P 2:7, 1Jn 2:25

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 6
  • 6.56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Ces paroles profondes (versets 56,57) expliquent comment manger la chair de Jésus et boire son sang procure la vie. (verset 55)
    En effet, le croyant qui se nourrit ainsi demeure en Christ et Christ en lui ; il vit avec Christ dans une communion habituelle et permanente. Christ est le centre de sa vie, dominant ses pensées, ses affections, sa volonté, tous les motifs de sa conduite.
    Cette manière d'exprimer une vraie communion avec Jésus est particulière aux écrits de notre évangéliste. (Jean 15.4 et suivants ; Jean 17.23 ; 1Jean 3.24 ; 4.13,16)
  • 6.57 Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, vivra lui aussi par moi. La source souveraine de la vie, (grec) le Père vivant, communique incessamment la vie au Fils, qui vit par le Père, qui trouve dans le Père le principe de sa vie et de tout son être, et, du Fils, cette vie se répand sur quiconque est en communion avec lui.
    "Le croyant, lui aussi, en se nourrissant de Jésus, trouve en lui la même source et garantie de vie que celle que Jésus trouve lui-même dans sa relation avec le Père." Godet.
    Les mots : qui m'a envoyé, rappellent la mission du Fils, qui est de répandre ainsi la vie au sein de notre humanité.
    - Jusqu'ici Jésus avait dit : "manger ma chair et boire mon sang ;" voici maintenant un terme plus direct encore : Celui qui me mange, exprimant, d'une part, l'union du croyant avec la personne entière du Sauveur et affirmant, d'autre part, une communion habituelle et permanente avec lui. (Verbe au présent.)
  • 6.58 C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n'en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne, et qui sont morts : celui qui mange ce pain vivra éternellement. Grec : Non comme les pères mangèrent et moururent, celui qui mangera...
    Jésus, en revenant à la première image qu'il a employée, celle du pain, résume et conclut tout ce discours. (versets 49-51)
    - Depuis l'époque des Pères de l'Eglise jusqu'à nos jours, on a souvent agité la question de savoir si, dans la dernière partie de ce discours, Jésus avait eu en vue la sainte cène.
    A l'époque de la réformation, cette question a été vivement débattue entre catholiques et protestants, d'une part, et entre réformés et luthériens d'autre part. Il faut faire ici une distinction : si l'on entend par la cène le rite cérémoniel de la communion, que Jésus institua plus tard, on devra répondre : Non, Jésus ne parle certainement pas de cet acte symbolique.
    D'abord, c'eût été une anticipation sans exemple dans ses instructions ; ensuite, jamais aucune Eglise chrétienne n'a professé l'absolue nécessité de la cène pour avoir la vie dans le Sauveur, et c'est là ce qu'enseignerait expressément Jésus, en disant : "Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n'avez point la vie."
    Enfin on ne retrouve point, dans ce discours les termes mêmes qu'employa plus tard le Sauveur en instituant la cène. Mais si de l'acte cérémoniel et visible, on s'élève à ce qui est l'idée, l'essence de la cène, oui, on la retrouve tout entière dans ce discours.
    Dans les paroles qu'il prononça à Capernaüm, comme dans le sacrement qu'il institua plus tard à Jérusalem, Jésus ne révèle pas autre chose que la nécessité d'entrer et de rester dans une communion vivante avec lui.
    Nous avons du faire la même observation sur le rapport de l'entretien de Jésus avec Nicodème et du baptême que Jésus ordonna à ses disciples de pratiquer. (Jean 3.5, note.)
    On peut même avec Stier et Luthardt, dire que notre évangéliste, nous ayant conservé l'entretien avec Nicodème et le discours de Capernaüm, n'a pas jugé nécessaire de raconter l'institution du baptême et de la cène ; les symboles visibles importaient peu à l'auteur de "l'évangile de l'esprit," il lui suffisait d'avoir rapporté des discours du Sauveur qui en révèlent l'essence la plus intime.
    De même encore il pouvait omettre la lutte de Gethsémané, après nous avoir fait connaître une scène analogue. (Jean 12.20 et suivants)
  • 6.59 Il dit ces choses, enseignant dans la synagogue, à Capernaüm. En faisant cette remarque, l'évangéliste ne paraît avoir d'autre but que d'indiquer au lecteur le lieu des discussions qui précèdent.
    Dans la synagogue de Capernaüm, ces discours eurent une grande solennité ; et comme la ville était populeuse, Jésus eut sans doute un nombreux auditoire.
    - Maintenant l'évangéliste va raconter les effets divers du discours qui précède.
  • 6.60 Plusieurs donc de ses disciples, l'ayant entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui peut l'écouter ? 60 à 71 La crise de la foi parmi les disciples.
    Jusqu'ici, Jésus avait discuté avec les Juifs, plus ou moins opposés à son enseignement. (verset 41) Maintenant il a quitté la synagogue, suivi de ses disciples, et ce sont plusieurs de ceux-ci qui entrent en scène. Une crise de la foi se produit parmi eux.
    Par ces disciples, il ne faut pas entendre les apôtres, (verset 67) mais ceux qui, en grand nombre, le suivaient de lieu en lieu pour écouter sa parole et être témoins de ses œuvres. Nous savons, par Luc, qu'un jour Jésus put choisir soixante et dix d'entre eux pour les envoyer en mission. (Luc 10.1)
    Pour plusieurs, la fin du discours qui précède paraît avoir dépassé la mesure de leur intelligence et de leur force.
    Leur observation : Cette parole est dure, ne signifie pas seulement qu'elle leur paraît difficile à comprendre, mais plutôt impossible à accepter : qui peut l'écouter et la mettre en pratique ?
    Il ne faudrait pas en conclure cependant que ces disciples avaient pris les dernières paroles de Jésus dans un sens aussi littéral et matériel que les Juifs ; mais ils trouvaient une pierre d'achoppement dans la pensée que leur Maître dût souffrir et mourir pour la vie du monde (verset 51) et qu'eux-mêmes dussent s'approprier les fruits de sa mort par une communion mystérieuse avec lui. Cela les scandalisait. (verset 61)
    Cette perspective fut toujours une cause de scandale pour les Juifs, (Jean 12.33,34 ; 1Corinthiens 1.23 ; Galates 5.11) et même pour les apôtres, avant qu'ils eussent reçu l'Esprit divin. (Matthieu 16.21-23) Il n'en est pas autrement de nos jours pour bien des personnes.
  • 6.61 Mais Jésus connaissant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : Ceci vous scandalise ? Jésus connut en lui-même les secrets murmures des disciples ; (comparez Jean 2.24,25) il vit aussitôt qu'ils avaient pour cause une défaillance de leur foi : Ceci vous scandalise ? c'est là, pour vous, une occasion de chute et de défection ? (verset 66)
  • 6.62 Et si vous voyez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? Et si (grec si donc) vous voyez...La phrase demeure suspendue.
    Il faut sous-entendre : Que sera ce ? ou : que direz vous alors ? Jésus renvoie donc ses auditeurs scandalisés de ses déclarations précédentes, (versets 52-58) au temps où il sera retourné dans la gloire qu'il possédait avant son incarnation. (Jean 17.5)
    Cette parole est assez claire en elle-même ; mais dans quel sens est-elle appliquée à ceux qui l'écoutent ?
    Jésus veut-il dire qu'alors ils se scandaliseront bien davantage, ou qu'alors ils cesseront de se scandaliser ? telle est la question oui divise les interprètes.
    Les uns, considérant que Jésus ne peut remonter au ciel qu'en passant par une humiliation profonde et par la mort dont il vient de parler, (verset 51) pensent qu'il veut dire à ses auditeurs : Là vous trouverez de bien plus fortes raisons de vous scandaliser. Et l'on ne peut nier que le si donc soit favorable à cette interprétation. (Ainsi Lücke, Olshausen, de Wette, Meyer, Weiss)
    D'autres, s'attachant exclusivement à l'idée de l'ascension et de la glorification de Christ, ici annoncée, estiment qu'il ouvre aux yeux de ses auditeurs la perspective d'un temps où il leur sera plus facile de comprendre le sens spirituel de ses paroles, de croire en lui, en un mot, de ne plus se scandaliser. (Ainsi Calvin, Stier, Ebrard, Luthardt, Godet, Keil, Holtzmann.)
    Ces derniers commentateurs ont pour eux la raison que l'achèvement de l'œuvre de Christ et son retour dans la gloire auront, en effet, cet heureux résultat pour un grand nombre des disciples de Jésus qui, jusqu'alors n'avaient pas cru en lui.
    Mais en sera-t-il de même pour les hommes qui dans la situation présente, ne trouvaient dans les paroles de Jésus qu'une occasion de scandale et de chute ? Leur sera-t-il plus facile de comprendre et d'embrasser la personne de Christ dans sa spiritualité, quand il sera séparé d'eux et qu'ils devront marcher par la foi et non par la vue ? Jésus pouvait-il donner cet encouragement, cette promesse, à des auditeurs qui ont vu ses miracles, entendu ses paroles, et qui, malgré tout cela, vont l'abandonner ? (verset 66)
    Nous avons peine à le croire. Et ne pouvant admettre en plein ni la première interprétation, ni la seconde, nous laissons la conclusion en suspens, comme l'a fait Jésus. En n'achevant pas sa phrase et en s'exprimant de cette manière énigmatique, il donnait un sérieux avertissement à ses auditeurs.
  • 6.63 C'est l'Esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. Ce verset aussi a été l'objet d'interprétations diverses. Jésus parle à des auditeurs qui se scandalisent de son discours. (versets 52-58) Il voudrait dissiper leurs préjugés ; il énonce, à cet effet, trois propositions :
    C'est l'Esprit qui vivifie, le Saint-Esprit de Dieu, dont Jésus était rempli sans mesure (Jean 3.34) et qui, par sa parole, régénère les âmes et communique la vie. (Jean 3.5,Romains 8.2 ; 1Corinthiens 2.4)
    Les paroles que je vous ai dites il y a un instant (versets 52-58) sont Esprit et vie (grec sont Esprit et sont vie ; cette double affirmation acquiert une grande énergie par la répétition du verbe), elles portent avec elles l'Esprit divin et communiquent la vie. Mais, pour cela, il faut que l'âme soit ouverte à la lumière et à la puissance vivifiante de l'Esprit, car sans lui
    La chair ne sert de rien. Même la chair de Christ, qu'il devait donner pour la vie du monde, (verset 51) toute sa personne et toute son œuvre, qu'il s'agit de s'approprier par la foi, (versets 53,54) ne peut vivifier que par l'Esprit, qui seul fait comprendre l'incarnation et le sacrifice de Jésus-Christ et notre union avec lui. (Jean 16.14)
    A ceux qui s'arrêtent à l'extérieur et ne connaissent Christ que selon la chair, (2Corinthiens 5.16) Christ lui-même ne sert de rien.
    - On sait le rôle que cette parole joua dans les controverses sur la cène et en particulier dans la discussion de Luther et de Zwingle à Marbourg.
    Zwingle répétait souvent les mots : La chair ne sert de rien, et Luther répondait : Jésus ne dit pas : ma chair, mais la chair, et il entend par chair la disposition charnelle du cœur corrompu de l'homme qui le porte à prendre les paroles de Christ dans un sens grossièrement littéral. (2Corinthiens 3.6) Zwingle, dans sa conception de la cène, méconnaissait le sens profond des paroles de Jésus ; (versets 53-57) Luther, de son côté, en prenant le mot chair dans un sens tout différent de celui qu'il a dans les versets précédents, méconnaissait l'évidence du contexte.
  • 6.64 Mais il y en a quelques-uns d'entre vous qui ne croient point. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Puisque les paroles que je vous dis sont esprit et vie, ce n'est pas en elles qu'est la raison du scandale qu'elles vous causent, mais cette raison est dans votre incrédulité. Jésus adoucit cette accusation, en réduisant à quelques-uns le nombre de ceux qui refusaient de croire en lui, de le recevoir tel qu'il venait de se présenter à eux dans ce discours. Et pourtant, voir verset 66.
    Par cette observation, l'évangéliste explique (car) la déclaration qui précède ; il nous avertit que Jésus ne fut pas surpris par cette crise que subit la foi de ses disciples, qu'il s'y attendait, que, d'avance, il l'avait aperçue dans leurs cœurs. (Comparer Jean 2.24)
    Bien plus, il savait dès le commencement qui sont ceux qui ne croient pas et qui est celui qui le livrera. En grec, ces verbes sont au présent, sauf le dernier, qui est au futur.
    Que signifie le mot : dès le commencement ?
    La plupart des interprètes entendent par là le temps où Jésus entra dans son ministère et commença à rassembler des disciples (comme 15 : 27 ; 16 : 4), mais ce sens ne saurait s'appliquer à ses auditeurs galiléens qui, maintenant, ne croient pas.
    Jésus ne les connaissait pas encore à cette époque. Il serait donc plus vrai de dire, avec de Wette, Tholuck, Luthardt, Keil, que cette expression désigne le moment où chaque disciple fut mis en contact avec Jésus et s'attacha à lui ; dès lors, Jésus le pénétra tout entier.
    Mais ne peut-on pas, en tenant compte des verbes au présent, penser, avec Lange et Weiss, que cette parole signifie : "Dès que les premiers germes de l'incrédulité naissaient dans le cœur d'un disciple, dès ce moment déjà Jésus le connaissait jusqu'au fond ?"
    Dans ce cas, l'observation de l'évangéliste, concernant Judas, ne se rapporterait pas au moment où Jésus l'admit au nombre des douze, mais au temps où l'avarice et l'hypocrisie de ce disciple prirent racine ans son cœur. (Comparer verset 70, note, et Jean 13.11)
    Si l'on interprète ainsi la remarque de l'évangéliste, on ne se heurte pas à cette pensée inacceptable que Jésus aurait appelé Judas à l'apostolat en sachant qu'il l'engageait dans une voie au terme de laquelle se trouvaient son crime et sa ruine ! Au reste, il faut bien avouer qu'il y a dans la destinée de Judas un mystère insondable. (Voir Jean 12.4 ; 17.12)
  • 6.65 Et il disait : C'est à cause de cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, à moins que cela ne lui soit donné par le Père. Voir versets 37,44, notes.
    Ce mot à cause de cela se rapporte à la déclaration de Jésus, verset 64 "Quelques-uns de vous ne croient pas." C'est à cause de cela, pour les rendre attentifs à ce fait, que Jésus leur a tenu le langage dont il les fait se souvenir maintenant.
    Il en est qui ne croient point, parce que, tout en suivant Jésus pour entendre sa parole, ils n'ont point ouvert leur cœur à l'action de la grâce divine qui seule rend la foi possible.
  • 6.66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils ne marchaient plus avec lui. L'expression grecque que nous rendons par dès ce moment peut signifier également à cause de cela, c'est-à-dire à cause de ce discours (versets 51-65) qui heurtait toutes les fausses espérances messianiques et tous les préjugés charnels de ces disciples.
    Plusieurs d'entre eux, les mêmes qui venaient de murmurer contre la parole de Jésus, se retirèrent (grec s'en allèrent en arrière) et cessèrent tout à fait de le suivre.
    Ce verbe à l'imparfait : ils ne marchaient plus avec lui, peint le changement que cette rupture amena dans leur existence : au lieu d'accompagner Jésus dans ses voyages et de partager sa vie errante, ils reprirent leurs occupations sédentaires.
  • 6.67 Jésus dit donc aux douze : Voulez-vous, tous aussi, vous en aller ? L'abandon d'un grand nombre de ses disciples causa au Sauveur une profonde tristesse ; mais il savait aussi qu'une épuration devait se faire parmi ceux qui s'étaient attachés à lui, et il tenait moins au nombre qu'à la foi sincère et au dévouement absolu de ceux qui devaient le suivre dans ses humiliations.
    C'est pourquoi il pose, même aux douze apôtres qu'il avait choisis, cette sérieuse et solennelle question : Voulez-vous, vous aussi, vous en aller ?
    Jésus veut les éprouver et provoquer en eux une pleine décision, car il réclame un peuple de franche volonté. Il les connaissait assez pour savoir que tous, sauf Judas, (verset 70) lui resteraient fidèles, et leur réponse ne faisait pour lui l'objet d'aucun doute, mais il voulait l'entendre de leur bouche, car la belle profession de Pierre devait contribuer à l'affermissement de leur foi.
  • 6.68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ; Ces paroles sont un cri de l'âme, Pierre les prononce avec une pleine persuasion, un saint enthousiasme, un ardent amour pour son Maître.
    Chaque mot, examiné de près, produit cette impression. Et d'abord, cette exclamation douloureuse, à la simple pensée de quitter Jésus : A qui irons-nous ? L'avenir, sans Jésus, paraît affreux à son disciple.
    Ensuite, Pierre a déjà fait l'expérience que les paroles de son Maître sont des paroles de vie éternelle, qui renferment et qui communiquent à l'âme la vie impérissable du ciel.
    Il confirme la déclaration de Jésus qu'il venait d'entendre : "Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie." (verset 63) Cette affirmation de la vérité objective des paroles de Jésus est faite avec une certitude intime fondée sur une expérience personnelle : Nous, quoi que d'autres puissent penser ou faire, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.
    Les deux verbes au parfait indiquent un fait accompli et permanent.
    Il faut remarquer encore l'ordre de ces mots : c'est en croyant que les disciples sont arrivés à connaître, telle est la voie divine de l'expérience, nul ne connaît Jésus, si ce n'est par la foi qui est la confiance du cœur. (Comparer Jean 8.32 ; 1Jean 4.16)
    - Selon le texte reçu, Pierre aurait dit : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." Ces mots, empruntés à Matthieu 16.16, ont été introduits ici dans l'intention bénévole de mettre en harmonie les deux récits.
    Selon le vrai texte (Sin., B, C, D), ces titres du Sauveur sont tous résumés dans celui-ci : le Saint de Dieu, "Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde," (Jean 10.36) l'ayant "marqué de son sceau." (verset 27, comparez 1Jean 2.20 ; Marc 1.24 ; Luc 5.8)
    Il est probable que cette confession de Pierre est la même que celle qui eut lieu, d'après les synoptiques, à Césarée de Philippe (Matthieu 16.13 suivants ; Marc 8.27 et suivants ; Luc 9.18 et suivants)
    Un intervalle de quelques semaines sépare donc cette scène finale du discours prononcé à Capernaüm. Pendant ce temps se produisirent les défections mentionnées au verset 66. (Comparer Luc 9.23 et suivants, verset 43 et suivants)