Lueur.org - Un éclairage sur la foi

Luc 15:11-24 (Annotée Neuchâtel)

   11 Et il dit : Un homme avait deux fils ; 12 et le plus jeune dit à, leur père : Père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir. Et il leur partagea son bien. 13 Et peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout amassé, partit pour un pays éloigné, et là il dissipa son bien en vivant dans la dissolution. 14 Et quand il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là, et lui-même commença à être dans l'indigence. 15 Et étant allé, il s'attacha à l'un des habitants de ce pays-là, qui l'envoya dans ses champs pour paître des pourceaux. 16 Et il désirait se remplir le ventre des gousses que les pourceaux mangeaient, mais personne ne lui en donnait. 17 Etant donc rentré en lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi ici je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi ! 19 Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils : traite-moi comme l'un de tes mercenaires. 20 Et s'étant levé, il vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et il courut se jeter à son cou, et l'embrassa. 21 Mais le fils lui dit : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi ! Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. 22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez une robe, la plus belle, et l'en revêtez, et mettez à sa main un anneau, et des souliers à ses pieds ; 23 et amenez le veau gras, tuez-le et mangeons et réjouissons-nous ; 24 parce que mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

Références croisées

15:11 Mt 21:23-31
Réciproques : 2S 12:1, Jr 35:16, Mt 21:28, Lc 15:25
15:12 Dt 21:16-17, Ps 16:5-6, Ps 17:14, Mc 12:44
Réciproques : Ex 17:2, Pr 19:26, Pr 28:19, Ec 11:9, Lc 15:25, Lc 21:4
15:13 2Ch 33:1-10, Jb 21:13-15, Jb 22:17-18, Ps 10:4-6, Ps 73:27, Pr 27:8, Es 1:4, Es 30:11, Jr 2:5, Jr 2:13, Jr 2:17-19, Jr 2:31, Mi 6:3, Ep 2:13, Ep 2:17, Lc 15:30, Lc 16:1, Lc 16:19, Pr 5:8-14, Pr 6:26, Pr 18:9, Pr 21:17, Pr 21:20, Pr 23:19-22, Pr 28:7, Pr 29:3, Ec 11:9-10, Es 22:13, Es 56:12, Am 6:3-7, Rm 13:13-14, 1P 4:3-4, 2P 2:13
Réciproques : Ps 119:9, Pr 19:4, Pr 23:20, Os 2:8, Mc 12:1, Lc 15:15, Jn 6:12, 1Tm 5:6, Jc 4:3
15:14 2Ch 33:11, Ez 16:27, Os 2:9-14, Am 8:9-12
Réciproques : Ps 107:12, Pr 18:9, Pr 21:20, Es 57:17, Os 2:6
15:15 Lc 15:13, Ex 10:3, 2Ch 28:22, Es 1:5, Es 1:9, Es 1:10-13, Es 57:17, Jr 5:3, Jr 8:4-6, Jr 31:18-19, 2Tm 2:25-26, Ap 2:21-22, Lc 8:32-34, Ez 16:52, Ez 16:63, Na 3:6, Ml 2:9, Rm 1:24-26, Rm 6:22, 1Co 6:9-11, Ep 2:2-3, Ep 4:17-19, Ep 5:11-12, Col 3:5-7, Tt 3:3
Réciproques : Lv 11:7, Dt 14:8, Dt 23:16, Ps 32:3, Es 55:2, Mt 8:30
15:16 Es 44:20, Es 55:2, Lm 4:5, Os 12:1, Rm 6:19-21, Ps 73:22, Ps 142:4, Es 57:3, Jon 2:2-8
Réciproques : Dt 14:8, 2Ch 33:12, Jb 30:4, Ps 32:3, Ps 68:13, Pr 27:7, Jr 3:1, Ml 3:7, Mt 8:30
15:17 Lc 8:35, Lc 16:23, Ps 73:20, Ec 9:3, Jr 31:19, Ez 18:28, Ac 2:37, Ac 16:29, Ac 16:30, Ac 26:11-19, Ep 2:4-5, Ep 5:14, Tt 3:4-6, Jc 1:16-18, Lc 15:18-19, Lm 1:7
Réciproques : Dt 30:1, 1R 8:47, 2R 7:4, 2Ch 6:37, Jb 36:9, Ps 32:5, Ps 50:22, Ps 73:28, Ps 119:59, Pr 21:29, Pr 27:7, Ec 7:14, Es 29:24, Es 46:8, Jr 8:6, Ez 18:14, Os 2:7, Ag 1:5, Ag 2:18, Mt 21:29, Mc 14:72, Ac 12:11, Rm 2:4, Rm 6:21, Rm 10:3, 2Co 7:9, 2Tm 1:7, 2Tm 2:26
15:18 1R 20:30-31, 2R 7:3-4, 2Ch 33:12-13, 2Ch 33:19, Ps 32:5, Ps 116:3-7, Jr 31:6-9, Jr 50:4-5, Lm 3:18-22, Lm 3:29, Lm 3:40, Os 2:6-7, Os 14:1-3, Jon 2:4, Jon 3:9, Lc 11:2, Es 63:16, Jr 3:19, Jr 31:20, Mt 6:9, Mt 6:14, Mt 7:11, Lc 18:13, Lv 26:40-41, 1R 8:47-48, Jb 33:27-28, Jb 36:8-10, Ps 25:11, Ps 32:3-5, Ps 51:3-5, Pr 23:13, Mt 3:6, 1Jn 1:8-10, Lc 15:21, Dn 4:26
Réciproques : Ex 32:30, Dt 32:6, 1S 7:6, 1Ch 21:8, 2Ch 6:37, 2Ch 12:7, Jb 40:4, Jb 42:6, Ps 126:6, Pr 5:13, Pr 21:29, Pr 28:13, Ec 7:14, Es 65:24, Jr 3:13, Jr 14:20, Lm 1:20, Lm 3:42, Ez 18:28, Dn 9:15, Mi 7:9, Za 1:3, Mt 15:27, Mt 21:29, Lc 15:17, Lc 20:4, Lc 23:41, 1Co 11:31, 2Th 3:14
15:19 Lc 5:8, Lc 7:6-7, Gn 32:10, Jb 42:6, 1Co 15:9, 1Tm 1:13-16, Js 9:24-25, Ps 84:10, Mt 15:26-27, Jc 4:8-10, 1P 5:6
Réciproques : Lv 26:40, 1Ch 21:8, 2Ch 6:37, Jb 40:4, Lm 1:20, Lm 3:29, Lm 3:42, Dn 9:15, Mi 7:9, Mt 8:8, Lc 15:17, Lc 15:21, Lc 23:41
15:20 Dt 30:2-4, Jb 33:27-28, Ps 86:5, Ps 86:15, Ps 103:10-13, Es 49:15, Es 55:6-9, Es 57:18, Jr 31:20, Ez 16:6-8, Os 11:8, Mi 7:18-19, Ac 2:39, Ep 2:13, Ep 2:17, Gn 33:4, Gn 45:14, Gn 46:29, Ac 20:37
Réciproques : Gn 21:16, Gn 45:15, Jg 10:16, 2S 14:33, Ps 32:5, Ct 1:2, Ct 6:12, Es 30:18, Es 57:15, Jr 31:18, Lm 3:32, Ez 33:11, Os 14:8, Jl 2:18, Jon 3:10, Mc 8:2, Lc 23:43, Jn 1:38, Phm 1:12, Jc 1:5
15:21 Lc 15:18-19, Jr 3:13, Ez 16:63, Rm 2:4, Ps 51:4, Ps 143:2, 1Co 8:12
Réciproques : 2S 12:13, Esd 9:6, Ps 32:5, Ps 51:17, Ps 103:13, Dn 4:26, Dn 9:15, Os 14:2, Za 1:3, Mt 6:9, Mt 8:8
15:22 Ps 45:13, Ps 132:9, Ps 132:16, Es 61:10, Ez 16:9-13, Za 3:3-5, Mt 22:11-12, Rm 3:22, Rm 13:14, Ga 3:27, Ep 4:22-24, Ap 3:4-5, Ap 3:18, Ap 6:11, Ap 7:9, Ap 7:13, Ap 7:14, Ap 19:8, Gn 41:42, Est 3:10, Est 8:2, Rm 8:15, Ga 4:5-6, Ep 1:13-14, Ap 2:17, Dt 33:25, Ps 18:33, Ct 7:1, Ez 16:10, Ep 6:15
Réciproques : Gn 27:15, Gn 38:18, Ex 12:11, Js 9:5, 1S 18:4, 1R 2:42, 2R 25:29, Est 6:8, Ps 30:11, Ps 68:13, Ps 103:13, Ps 104:31, Ct 1:5, Es 3:21, Es 61:3, Jr 2:25, Ez 18:23, Za 1:3, Za 3:4, Lc 15:30, Ac 16:34, Ga 6:1, Jc 2:2
15:23 Gn 18:7, Ps 63:5, Pr 9:2, Es 25:6, Es 65:13-14, Mt 22:2-14
Réciproques : Ex 24:11, Dt 28:63, 1S 28:24, Pr 23:15, Ct 3:11, Es 53:10, Es 55:2, Jr 31:4, Mi 7:18, So 3:17, Mt 18:13, Mt 26:29, Lc 15:5, Lc 15:27, Lc 15:30, Jn 15:11, Ac 15:3, 1Co 10:27
15:24 Lc 15:32, Mc 8:22, Jn 5:21, Jn 5:24, Jn 5:25, Jn 11:25, Rm 6:11, Rm 6:13, Rm 8:2, 2Co 5:14-15, Ep 2:1, Ep 2:5, Ep 5:14, Col 2:13, 1Tm 5:6, Jud 1:12, Ap 3:1, Lc 15:4, Lc 15:8, Lc 19:10, Gn 45:28, Jr 31:15-17, Ez 34:4, Ez 34:16, Mt 18:11-13, Lc 15:7, Lc 15:9, Lc 10:19, Es 35:10, Es 66:11, Jr 31:12-14, Rm 12:15, 1Co 12:26
Réciproques : Ex 24:11, Dt 28:63, Pr 23:15, Ct 3:11, Es 53:10, Es 55:7, Jr 31:20, Mi 7:18, So 3:17, Mt 18:13, Lc 15:5, Lc 15:6, Ac 15:3, Phm 1:11, 1Jn 3:14

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 15
  • 15.11 Et il dit : Un homme avait deux fils ; 11 à 32 Parabole de l'enfant prodigue.
    Les deux paraboles qui précèdent suffisaient, semble-t-il, pour confondre les murmures des pharisiens, (verset 2) d'autant plus que Jésus en avait lui-même clairement indiqué la signification. (versets 7,10)
    Mais il avait à cœur de peindre dans leur profondeur, leur complexité et leurs tragiques alternatives, ces rapports de l'homme avec Dieu qui constituent toute la religion. Il le fait dans un tableau saisissant emprunté à la vie de tous les jours. Il montre comment l'homme se perd par le péché, comment il se retrouve par la repentance, et quelle est la miséricorde infinie de Dieu qui le reçoit et le sauve. Il met enfin l'homme de la légalité dans une opposition frappante avec le pécheur repentant.
    "De là cette troisième parabole, également parfaite par la finesse de l'observation psychologique, par la vérité pittoresque de l'exposé des divers états de l'âme et de ses impressions, et par une vue profonde et touchante de l'amour divin ; c'est la perle parmi les enseignements de Jésus et, entre les paraboles, la plus belle et la plus saisissante." Meyer.
    Jésus peint ainsi au vif les deux portions de son auditoire : les péagers et les pécheurs repentants qui viennent à lui, et les pharisiens qui en murmurent. (versets 1,2)
    Ces deux fils, la description de leur vie et de leur caractère, sont le sujet des deux parties de la parabole.
    - Plusieurs Pères de l'Eglise ont voulu voir dans l'aîné le peuple juif et dans le plus jeune les païens. Les théologiens de l'école de Tubingue se sont empressés de saisir cette interprétation, pour en appuyer leurs idées sur l'époque tardive de la rédaction des évangiles et sur les tendances qu'ils attribuent spécialement à celui de Luc.
    C'est là méconnaître absolument la situation. Jésus n'avait d'autre but que de répondre aux besoins divers de son auditoire.
  • 15.12 et le plus jeune dit à, leur père : Père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir. Et il leur partagea son bien. Le plus jeune est dans l'âge des passions, particulièrement exposé aux séductions du monde.
    La part du bien qui devait un jour lui échoir en héritage était, d'après le droit mosaïque, (Deutéronome 21.17) la moitié de ce qui revenait au fils aîné, soit le tiers de la fortune paternelle. Il demande à son père de lui remettre, par avance, en argent, l'équivalent de ce tiers. Le verset suivant va dire quelle était son intention.
    Il leur partagea son bien, c'est-à-dire que le père fit la part de l'un et de l'autre, qu'il remit au fils cadet la sienne et conserva par devers lui celle du fils aîné. (verset 31)
    Le père n'avait aucune obligation à faire ce partage ; il aurait pu s'y refuser et contraindre ainsi son fils de rester auprès de lui. Il ne le fait pas, car cette contrainte n'aurait en rien changé les sentiments de ce fils. Dieu de même respecte la liberté de l'homme et lui laisse toute sa responsabilité ; car il sait que la confiance et l'amour doivent être libres.
    C'est par les expériences de la vie, si bien décrites dans cette histoire, que l'homme est ramené à Dieu. Aucun autre moyen n'y suffirait.
  • 15.13 Et peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout amassé, partit pour un pays éloigné, et là il dissipa son bien en vivant dans la dissolution. Tel était le but du jeune homme en demandant sa part de biens. Le manque d'amour pour son père, la passion de l'indépendance, lui rendent intolérable la discipline de la maison paternelle et lui ôtent tout sentiment du bonheur dont il aurait pu y jouir.
    Impatient de posséder sa liberté (peu de jours après), il part, sans songer au chagrin qu'il va causer à son père. Le pays éloigné où il se rend est l'image de l'état de l'homme sans Dieu. L'éloignement de Dieu est l'essence même du péché. Tout ce qui va suivre n'est que l'inévitable conséquence du départ de l'enfant prodigue.
    Son histoire, au sens propre, est celle d'une foule de jeunes fils de famille qui, vivant dans la dissolution, arrivent promptement à dissiper leur fortune. Au sens figuré, elle est celle de l'homme sans Dieu, qui se voit promptement privé par d'amères déceptions, par le dégoût, par le remords, de ce bonheur imaginaire qu'il demandait aux jouissances plus ou moins grossières du monde.
    - Le mot grec que nous traduisons par : vivre dans la dissolution, est un adverbe qui signifie l'opposé de salutairement ; or, l'opposé du salut, c'est la ruine. Le substantif, qui est formé de la même racine, se trouve dans Ephésiens 5.18 ; 1.6 ; 1Pierre 4.4.
  • 15.14 Et quand il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là, et lui-même commença à être dans l'indigence. Grec : et lui-même (indépendamment de la famine) commença à manquer (de tout).
    Ce mot : il commença, marque un moment terrible dans l'expérience du jeune insensé. Il voit qu'il n'a plus aucune ressource, et autour de lui règne une grande famine qui lui ôte tout espoir.
    Il n'est pas d'état plus affreux que celui d'une âme sans Dieu, vide de toute paix et de toute espérance, remplie d'agitation et d'amertume, et à laquelle le monde, dont elle a épuisé les jouissances, n'a plus rien à offrir. N'avoir rien en soi, rien au ciel, rien sur la terre, c'est le désespoir.
    Le jeune homme de la parabole reconnaîtrait-il maintenant sa folie ? Songera-t-il à revenir à son père ? Non, pas encore. Il faut qu'il descende encore plus bas dans l'abîme où l'a conduit son péché et qu'il en savoure toutes les amertumes.
  • 15.15 Et étant allé, il s'attacha à l'un des habitants de ce pays-là, qui l'envoya dans ses champs pour paître des pourceaux. Ce jeune homme riche et libre dans la maison paternelle, le voilà dans l'indigence et la servitude ; ce fils d'une famille honorable, le voilà faisant paître des pourceaux, ce qui, outre l'abjection du métier, était un objet d'horreur pour un Juif.
    Le verbe de l'original : il s'attacha (littér. il se colla), que nos versions affaiblissent en le traduisant par : il se mit au service de, relève encore ce qu'il y avait d'abject dans cette dépendance à l'égard d'un maître païen.
    Il y a, dans le monde moral, des suites du péché plus dégradantes encore.
  • 15.16 Et il désirait se remplir le ventre des gousses que les pourceaux mangeaient, mais personne ne lui en donnait. Se remplir le ventre est la leçon du texte reçu avec A et la plupart des majuscules Sin., B, D lisent se rassasier, ce qui parait une correction.
    Quand, après avoir fait paître les pourceaux toute la journée, il les ramenait le soir au logis on les nourrissait ensuite de gousses (espèce de fèves grossières, servant à l'alimentation des animaux) ; mais à lui, personne ne lui en donnait.
    Le mépris qu'on lui témoigne ainsi en l'oubliant, la faim qui le dévore et que rien n'apaise, tel est le dernier degré d'un abaissement, d'une souffrance à laquelle on ne saurait rien ajouter.
  • 15.17 Etant donc rentré en lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi ici je meurs de faim ! Etant donc rentré en lui-même, tel est le premier pas vers le relèvement. Jusqu'alors, il avait vécu hors de lui-même, entraîné par le tourbillon des passions, du monde extérieur.
    Maintenant, il revient à lui ; il voit toute l'horreur de sa situation et il découvre dans son cœur un abîme de maux, sur lesquels il avait volontairement fermé les yeux.
    Dès ce moment, une pensée qu'il avait tenue éloignée vient émouvoir son cœur profondément malheureux : son père, la maison de son père. Là, il s'en souvient, même les mercenaires, des ouvriers qui sont engagés pour un temps seulement et que le maître n'a pas intérêt à soigner d'une manière spéciale, ont du pain (grec des pains) en abondance ; et lui, il meurt de faim. (Grec : vrai texte : mais moi je péris ici de famine.)
    Il serait superflu de montrer la profonde vérité de tous ces traits dans l'expérience morale de l'âme.
  • 15.18 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi ! Du sentiment de sa misère naît dans le cœur du fils repentant une ferme résolution ; c'est le second pas dans son relèvement.
    - Malgré le trouble de sa conscience et le sentiment qu'il a de son indignité, il appelle encore son père, ce père qu'il a tant offensé. Jésus nous donne dans ce trait délicat toute une révélation de la miséricorde de Dieu, dont le sentiment persiste dans le cœur du pécheur repentant, et sans lequel il ne lui resterait que le désespoir.
    Ceci encore appartient à sa résolution. Il n'ira pas, devant son père, invoquer comme excuses sa jeunesse, ses passions, ou les entraînements du monde ; non : j'ai péché, voilà le mot qui brise dans l'homme toutes les résistances de l'orgueil, et qu'il n'arrive à prononcer qu'après une lutte terrible contre cet orgueil.
    Les deux termes : contre le ciel et contre toi, n'ont de sens distinct que dans la parabole. Ils se confondent dans l'application.
  • 15.19 Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils : traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Grec : fais-moi comme l'un de tes mercenaires.
    Amener le pécheur à sentir qu'il a perdu tous ses titres à être un enfant de Dieu, tel est l'effet de la vraie repentance.
    Mais l'amour, qui renaît dans son cœur avec la repentance, lui inspire en même temps le désir de rentrer en grâce auprès de Dieu, d'être admis dans sa famille, fûtce à la dernière place.
  • 15.20 Et s'étant levé, il vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et il courut se jeter à son cou, et l'embrassa. Et s'étant levé ; la résolution prise est aussitôt exécutée. Quand on dit que "l'enfer est pavé de bonnes résolutions," cela n'est vrai que de celles qui ont été prises sans un sentiment profond du péché.
    Quel tableau émouvant ! Quelle révélation de l'amour de Dieu ! Chaque mot en porte l'enseignement touchant et profond. Comme il était encore loin, bien avant qu'il eût pu atteindre cette maison paternelle dont il ne s'approchait qu'en tremblant, son père le vit.
    Evidemment le père l'attendait, sa tendresse était aux aguets pour surprendre le retour de son enfant. En se rappelant les deux paraboles précédentes, on peut même dire que c'est Dieu qui toujours prévient le pécheur ; il le cherche, il lui inspire le premier mouvement de repentance, de foi, d'amour, sans lequel ce pécheur ne reviendrait jamais à lui.
    Puis le père court au-devant de son enfant, il lui facilite cette rencontre encore redoutée ; enfin, il le presse sur son cœur, ému de compassion (grec ému dans ses entrailles), et lui donne, sans paroles, ce baiser de réconciliation qui efface pour jamais tout le passé et fait pénétrer dans le cœur du fils l'assurance de l'amour inaltéré de son père. (Le verbe grec est composé d'une préposition qui renforce l'idée. M. Stapfer traduit : il le baisa longuement.)
    Tout ce tableau est infiniment plus beau, plus complet, plus émouvant, que si le père avait exprimé par des paroles le pardon qu'il accordait à son fils.
  • 15.21 Mais le fils lui dit : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi ! Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Voir versets 18,19, note.
    Les derniers mots de la réponse projetée : traite-moi comme l'un de tes mercenaires, manquent.
    On a expliqué leur absence en supposant que le père interrompt son fils.
    Il est peut-être plus naturel de penser que c'est le fils lui-même qui, en présence de l'accueil du père, se sent incapable d'aller jusqu'au bout. La tendre compassion que le père lui témoigne lui montre qu'il est pardonné et ne lui permet pas d'ajouter : traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
    Crainte, regrets amers, angoisse de la conscience, tout disparaît de son cœur maintenant comblé de paix et d'amour.
    Plusieurs manuscrits (Sin, B, D, etc.) renferment cette demande copiée de verset 19.
  • 15.22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez une robe, la plus belle, et l'en revêtez, et mettez à sa main un anneau, et des souliers à ses pieds ; Honorez-le comme fils et fils bien-aimé d'un père riche et puissant.
    Un anneau au doigt et des souliers ou des sandales aux pieds étaient le signe de l'homme libre ; les esclaves allaient nupieds.
    La réhabilitation du fils est complète ; il reçoit le pardon de ses fautes gratuitement et tout de suite, sans conditions ni délais ; il est réintégré dans la maison et dans l'amour de son père comme si rien ne s'était passé.
    - Tel est le sens général de ces traits de la parabole. Une saine exégèse ne doit pas se perdre dans des allégories imitées des Pères de l'Eglise et d'après lesquelles la robe signifierait la justice de Christ, (Esaïe 61.10) l'anneau, le sceau du Saint-Esprit, les souliers, la facilité de marcher dans une vie nouvelle. (Ephésiens 6.15)
    Les mêmes interprètes n'ont-ils pas vu aussi le diable dans le possesseur des pourceaux, dans les pourceaux eux-mêmes des démons, (versets 15,16) et dans l'immolation du veau gras le sacrifice de Christ ? !
  • 15.23 et amenez le veau gras, tuez-le et mangeons et réjouissons-nous ; Notre parabole peint sous l'image d'un banquet de famille cette joie que les deux similitudes précédentes n'avaient fait qu'indiquer. (versets 7,10) Cette joie succède aussi, dans l'âme du pécheur sauvé, aux profondes douleurs de la repentance.
  • 15.24 parce que mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Mort et perdu, tel est l'état moral de tout homme qui ne vit pas en Dieu. (Comparer Matthieu 8.22 ; Ephésiens 2.1 ; 5.14)
    Dieu seul, en effet, est la source de la vie et la destination suprême de tout être intelligent. Revenir à Dieu, c'est donc revenir à la vie et retrouver sa destination éternelle.
    - Jésus décrit dans cette parabole le péché et ses suites amères, la repentance et le bonheur ineffable de la réconciliation avec Dieu ; mais il ne se présente pas comme le médiateur de cette réconciliation.
    Dans d'autres déclarations, il indique nettement l'œuvre de la rédemption qui seule permettra à l'homme de rentrer en grâce auprès de Dieu et de recevoir l'esprit d'adoption. (Matthieu 20.28 ; 26.28, et souvent dans l'évangile de saint Jean)
    Quand cette œuvre aura été accomplie, elle pourra être exposée avec des développements proportionnés à son importance. On aurait donc bien tort d'opposer les enseignements de Jésus-Christ à ceux des apôtres et, en particulier, de s'appuyer sur notre parabole pour nier la nécessité de la rédemption. Tout le christianisme ne saurait être renfermé dans une parabole.