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Luc 2:36-52 (Annotée Neuchâtel)

   36 Et il y avait Anne, prophétesse, fille de Phanuel, de la tribu d'Asser. Elle était fort avancée en âge ; elle avait vécu avec son mari sept ans, depuis sa virginité, 37 et elle était restée veuve et avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait point du temple, rendant un culte par des jeûnes et des prières, nuit et jour. 38 Elle aussi, étant survenue à cette même heure, louait Dieu et parlait de lui à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
   39 Et après qu'ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. 40 Cependant le petit enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
   41 Et ses parents allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque. 42 Et quand il fut âgé de douze ans, comme ils y montaient selon la coutume de la fête, 43 et après qu'ils eurent accompli les jours, comme ils s'en retournaient, l'enfant Jésus demeura dans Jérusalem, et ses parents ne s'en aperçurent point ; 44 mais pensant qu'il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin, et ils le cherchaient parmi leurs parents et leurs connaissances ; 45 et ne l'ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem le cherchant. 46 Et il arriva, qu'après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, et les écoutant et les interrogeant. 47 Et tous ceux qui l'entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. 48 Et en le voyant, ses parents furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as-tu ainsi agi envers nous ? Voici, ton père et moi nous te cherchions avec angoisse. 49 Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père ? 50 Et eux ne comprirent point la parole qu'il leur avait dite. 51 Et il descendit avec eux et vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses dans son coeur. 52 Et Jésus faisait des progrès en sagesse et en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Références croisées

2:36 Ex 15:20, Jg 4:4, 2R 22:14, Ac 2:18, Ac 21:9, 1Co 12:1, Gn 30:13, Ap 7:6, Jb 5:26, Ps 92:14
Réciproques : 2Ch 34:22, Ez 13:17, Ac 26:7, 1Co 7:34, 1Co 11:5, 1Tm 5:9
2:37 Ex 38:8, 1S 2:2, Ps 23:6, Ps 27:4, Ps 84:4, Ps 84:10, Ps 92:13, Ps 135:1-2, Ap 3:12, Ps 22:2, Ac 26:7, 1Tm 5:5, Ap 7:15
Réciproques : Nb 30:9, Esd 8:23, Ne 1:6, Ps 1:2, Ps 86:3, Ps 88:1, Ps 134:1, Pr 16:31, Dn 9:3, Mt 6:16, Lc 18:7, Ac 13:2, 1Co 7:34, 1Th 2:9, 1Th 3:10, 1Tm 5:3, 1Tm 5:9, 2Tm 1:3, 1P 3:5
2:38 Lc 2:27, Lc 2:28-32, Lc 1:46-56, Lc 1:64-66, 2Co 9:15, Ep 1:3, Lc 2:25, Lc 23:51, Lc 24:21, Mc 15:43
Réciproques : Ps 27:14, Ps 130:5, Pr 16:31, Ct 8:1, Es 8:17, Za 11:11, Ml 3:1, Ml 3:16, Mt 2:11, Lc 2:17, Jn 1:41, Ac 26:7
2:39 Lc 2:21-24, Lc 1:6, Dt 12:32, Mt 3:15, Ga 4:4-5, Lc 2:4, Mt 2:22-23
Réciproques : 2Ch 34:14, Es 53:2, Lc 2:51, Lc 4:16, Jn 1:31, Jn 7:28
2:40 Lc 2:52, Jg 13:24, 1S 2:18, 1S 2:26, 1S 3:19, Ps 22:9, Es 53:1-2, Lc 1:80, Ep 6:10, 2Tm 2:1, Lc 2:47, Lc 2:52, Es 11:1-5, Col 2:2-3, Ps 45:2, Jn 1:14, Ac 4:33
Réciproques : Gn 21:20, 1S 2:21, Ps 22:10, Ps 71:5, Ec 12:1, Es 7:15, Ez 28:12, Lc 1:66, 2Tm 3:15
2:41 Ex 23:14-17, Ex 34:23, Dt 12:5-7, Dt 12:11, Dt 12:18, Dt 16:1-8, Dt 16:16, 1S 1:3, 1S 1:21, Ex 12:14, Lv 23:5, Nb 28:16, Jn 2:13, Jn 6:4, Jn 11:55, Jn 13:1
Réciproques : 1S 1:22, Lc 2:27
2:42 Réciproques : Ex 23:17, 1S 1:22, Lc 4:16, Jn 4:45
2:43 2Ch 30:21-23, 2Ch 25:17
2:44 Ps 42:4, Ps 122:1-4, Es 2:3
Réciproques : Lc 2:46
2:45 Réciproques : Lc 2:46
2:46 Lc 2:44-45, 1R 12:5, 1R 12:12, Mt 12:40, Mt 16:21, Mt 27:63-64, Lc 5:17, Ac 5:34, Es 49:1-2, Es 50:4
Réciproques : Dt 33:3, 2R 4:38, Ps 26:8, Ps 84:10, Pr 20:11, Ez 20:1, Ag 2:7, Ml 3:1, Lc 8:35, Lc 10:39, Ac 22:3
2:47 Lc 4:22, Lc 4:32, Ps 119:99, Mt 7:28, Mc 1:22, Jn 7:15, Jn 7:46
Réciproques : Pr 20:11, Es 52:14, Mt 22:33, Lc 2:18, Lc 2:40
2:48 Réciproques : Mt 1:16, Lc 2:27, Lc 2:33, Lc 2:49
2:49 Lc 2:48, Ps 40:8, Ml 3:1, Mt 21:12, Jn 2:16-17, Jn 4:34, Jn 5:17, Jn 6:38, Jn 8:29, Jn 9:4
Réciproques : Ex 34:29, Ps 26:8, Mt 12:48, Mc 1:38, Mc 3:33, Jn 2:4, Jn 4:4
2:50 Lc 9:45, Lc 18:34
Réciproques : Mc 9:10, Mc 9:32
2:51 Lc 2:39, Mt 3:15, Mc 6:3, Ep 5:21, Ep 6:1-2, 1P 2:21, Lc 2:19, Gn 37:11, Dn 7:28
Réciproques : Gn 24:21, Dt 6:6, 1S 21:12, Jb 22:22, Ps 119:11, Pr 2:1, Pr 24:32, Es 53:2, Mc 9:10, Lc 1:29, Lc 1:66, Lc 2:27, Lc 4:16, Lc 9:44, Lc 18:37, Jn 7:28, Col 3:16, 1Tm 5:4
2:52 Lc 2:40, Lc 1:80, 1S 2:26, Pr 3:3-4, Ac 7:9-10, Rm 14:18
Réciproques : Jg 13:24, 1S 2:21, 1S 3:19, 2S 5:10, Ps 22:10, Pr 13:15, Es 7:15, Es 11:3, Es 53:2, Mt 12:48, Ac 2:47, Ac 4:33

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 2
  • 2.37 et elle était restée veuve et avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait point du temple, rendant un culte par des jeûnes et des prières, nuit et jour. Anne, fille de Phanuel, n'est connue dans l'histoire évangélique que par ce trait.
    Le mot de prophétesse indique que, comme Siméon, elle avait reçu l'esprit de prophétie, par lequel elle aussi reconnut dans le petit enfant le Sauveur promis, et en glorifia Dieu. (verset 38)
    L'évangéliste rappelle encore à sa louange qu'après un temps assez court de mariage, elle avait vécu jusqu'à l'âge de quatre-vingt-quatre ans dans un long veuvage, ce qui était considéré comme très honorable chez les Juifs. M. Godet traduit : "veuve depuis déjà quatre-vingt-quatre ans." Cela justifierait l'affirmation du récit qu'elle était (grec) avancée en beaucoup de jours.
    Touchant portrait d'une veuve dont la piété remplissait toute la vie ! Saint Paul décrit à peu près dans les mêmes termes la veuve chrétienne "réellement veuve." (1Timothée 5.5)
    - Les mots nuit et jour signifient sans doute qu'elle assistait à des services religieux qui avaient lieu le soir et le matin avant le lever du jour, ou qu'elle passait une partie de ses nuits en prières.
  • 2.38 Elle aussi, étant survenue à cette même heure, louait Dieu et parlait de lui à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Les mots : elle louait Dieu (texte reçu, le Seigneur), pourraient se traduire : confessait ou glorifiait Dieu.
    Ce verbe est composé d'une particule qui signifie à son tour ; allusion au cantique de Siméon, auquel Anne répondait par ses louanges.
    Les paroles d'Anne ne sont pas rapportées, parce que sans doute elles exprimaient les mêmes pensées que celles de Siméon. (verset 29)
    En outre, par l'esprit de prophétie qui l'animait, elle parlait de lui (de Dieu) et des glorieuses révélations qu'il venait d'accorder à son peuple.
    Le texte reçu, porte : Ceux qui attendaient la délivrance (grec la rédemption) dans Jérusalem. La leçon de Sin., B. versions et Pères, est admise par la plupart des critiques modernes. Ils considèrent celle du texte reçu comme une correction de cette expression insolite : délivrance de Jérusalem. Il faut supposer que la capitale est prise pour le pays entier. (Comparer Esaïe 40.2)
  • 2.39 Et après qu'ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. Luc 1.26 ; Matthieu 2.23.
    Luc passe sous silence divers faits rapportés par Matthieu : la visite des mages, la fuite en Egypte, le meurtre des petits enfants de Bethléhem, soit que ces faits ne rentrassent pas dans son plan, soit qu'il les ait ignorés.
    "Il est nécessaire d'admettre, dit M. Godet, que les deux évangélistes ont écrit chacun sans connaître le livre de l'autre."
    La critique négative s'est hâtée de déclarer les deux récits inconciliables. Elle oublie que, pendant les quarante jours qui s'écoulèrent entre la naissance de Jésus et sa présentation dans le temple, bien des événements avaient pu s'accomplir à Bethléhem. Elle oublie encore que le retour de la sainte famille à Nazareth n'a pas eu lieu nécessairement aussitôt après la présentation au temple. Le voyage en Egypte suivit celle-ci, et l'établissement de la famille à Nazareth ne se fit qu'après son retour d'Egypte. (Matthieu 2.23)
    Les faits rapportés s'enchaînent naturellement et les deux récits se complètent. (Comparer Matthieu 2.16, note.) (Voir, sur ces questions historiques, la belle dissertation de M. Godet dans son Comm. sur saint Luc, tome I, p. 218 de la 3e éd., et comparez J. Bovon, Théol. du N. T., I, p. 213 et suivants)
  • 2.40 Cependant le petit enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. Par ces quelques traits, Luc nous donne une idée du développement graduel qui s'accomplit en Jésus durant son enfance. C'est ce qu'il avait fait pour Jean-Baptiste. (Luc 1.80)
    Pour Jésus il répétera plus loin cette esquisse. (verset 52)
    - Il grandissait ; ce mot indique le développement physique, tandis que les termes : il se fortifiait, complétés par ceux-ci : étant rempli de sagesse, décrivent les progrès intellectuels, spirituels et religieux.
    La sagesse, comprenant la connaissance de Dieu et celle des hommes, dans son application pratique à la vie, fut le trait saillant du caractère de Jésus enfant. Jésus passa par toutes les phases d'un développement normal, le seul qui se soit accompli sur la terre, le seul qui ait été exempt de toutes les atteintes délétères du mal et se soit poursuivi d'une manière harmonique par une communion constante avec Dieu. (verset 49)
    Cette dernière pensée est clairement indiquée par ces belles paroles : et la grâce de Dieu était sur lui.
    Grâce (charis) signifie aussi faveur, amour ; tout en Jésus était agréable à Dieu.
    - Le texte reçu porte : "il se fortifiait en esprit ;" ce dernier terme, inauthentique, a été copié de Luc 1.80.
  • 2.42 Et quand il fut âgé de douze ans, comme ils y montaient selon la coutume de la fête, D'après la loi, (Exode 23.17 ; 34.23 ; Deutéronome 16.16) tous les Israélites hommes devaient se rendre chaque année à Jérusalem pour y célébrer les trois grandes fêtes de Pâque, de Pentecôte et des Tabernacles.
    La loi ne prescrivait rien aux femmes, mais elles s'y rendaient fréquemment, quand leur piété leur en inspirait le désir ; ce fut le cas pour Marie. Quant aux jeunes gens, les préceptes rabbiniques ordonnaient qu'ils fussent conduits au temple un ou deux ans avant l'âge de treize ans, à partir duquel ils étaient tenus de remplir toutes les obligations légales et devenaient les fils de la loi.
  • 2.43 et après qu'ils eurent accompli les jours, comme ils s'en retournaient, l'enfant Jésus demeura dans Jérusalem, et ses parents ne s'en aperçurent point ; Les jours, peuvent être les sept jours prescrits par la loi pour la durée de la fête ou les quelques jours qu'ils s'étaient proposé de passer a Jérusalem, car la présence a la fête n'était obligatoire que les deux premiers jours. (Exode 12.15 ; Lévitique 23.6 ; Deutéronome 16.3)
  • 2.45 et ne l'ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem le cherchant. Une journée de chemin.
    Ce fut le soir, sans doute, remarque M. Godet, au moment où chaque famille se réunissait pour la nuit, que Marie et Joseph s'aperçurent de l'absence de l'enfant.
    D'autres, insistant sur l'imparfait : ils le cherchaient, pensent qu'ils le cherchèrent déjà tout en faisant cette journée de marche.
    Au premier abord, on a de la peine à comprendre que Jésus soit reste seul a Jérusalem, et que ses parents aient quitté la ville sans s'inquiéter de son absence. Aussi une certaine critique s'est-elle empressée d'accuser l'enfant d'un manque d'égards envers ses parents et ceux-ci de négligence. Quant à ces derniers, l'expression de Luc : pensant qu'il était dans la (grec) compagnie de route, indique une circonstance qui peut mettre en quelque mesure leur responsabilité à couvert.
    En effet, les caravanes de pèlerins se composaient de parents et d'amis (verset 44) parmi lesquels un enfant de douze ans pouvait être en parfaite sécurité.
    - Pour ce qui est de Jésus, nous touchons à un moment de sa vie qui déjà l'élève audessus des conditions ordinaires. D'une part, Luc a soin de signaler la soumission de l'enfant a sa famille ; (verset 51) d'autre part, la parole de Jésus qu'il va rapporter (verset 49) explique pleinement ses motifs.
    Pour lui, les jours de la belle fête de Pâque, qu'il a célébrée pour la première fois, et dont il pénétrait déjà la signification religieuse, avaient laissé dans son cœur des impressions profondes, auxquelles il se livre avec bonheur et sans arrière-pensée.
    Le sentiment croissant de son rapport tout spécial avec Dieu l'élève en ce moment au-dessus des relations purement humaines. C'est ce qu'il déclarera expressément plus tard. (Marc 3.32 et suivants ; Jean 2.4)
  • 2.46 Et il arriva, qu'après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, et les écoutant et les interrogeant. Par ces trois jours il faut entendre la première journée de chemin qu'ils avaient faite, une seconde pour retourner à Jérusalem et la troisième, celle où ils le trouvèrent.
    - Dans le temple, ou le lieu sacré, c'est-à-dire dans quelque salle dépendante de l'édifice, ou même sur la terrasse. Les membres des sanhédrins s'y réunissaient le jour du sabbat et à l'époque des fêtes et enseignaient.
    L'expression : assis au milieu des docteurs, ne signifie point que Jésus occupas un siège au même rang qu'eux ; mais que, dans le cercle qu'ils formaient, il s'était placé parmi les auditeurs. Dans ces instructions religieuses les docteurs adressaient aux assistants des questions et répondaient aux leurs. De là ces expressions choisies à dessein, et qu'il faut bien remarquer : les écoutant et les interrogeant, ou leur adressant des questions dans le désir de s'instruire.
    Luc n'a nullement l'intention d'ériger l'enfant Jésus en petit docteur, comme le font les évangiles apocryphes.
  • 2.47 Et tous ceux qui l'entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Grec : ils étaient hors d'eux-mêmes.
    Son intelligence des vérités religieuses paraissait, soit dans les questions qu'il faisait, soit dans ses réponses à celles qu'on lui adressait. Ainsi se vérifiait la parole de l'évangéliste. (verset 40)
    Comparer sur l'éducation de Jésus et spécialement sur cette première visite à Jérusalem, Edersheim, La société juive, trad. par G. Roux, ch. VII
  • 2.48 Et en le voyant, ses parents furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as-tu ainsi agi envers nous ? Voici, ton père et moi nous te cherchions avec angoisse. L'étonnement des parents vient de ce qu'ils ne s'étaient point attendus à le trouver dans un tel lieu et engagé dans de tels entretiens. Jamais encore Jésus ne s'était ainsi produit publiquement.
    - Il y a dans les paroles de Marie un ton de reproche qui vient, sans doute, de l'inquiétude qu'elle avait éprouvée et qu'elle exprime vivement. Certains critiques prétendent que Luc, en nous montrant Marie inquiète, oublie les révélations qu'elle avait reçues.
    Marie savait que son enfant était le Fils de Dieu, pouvait-elle dès lors éprouver de l'angoisse à son sujet ?
    M. Godet répond : "La critique raisonne comme si le cœur de l'homme et de la mère fonctionnait à la façon d'un syllogisme."
  • 2.49 Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père ? Grec : Qu'est-ce que cela que vous me cherchiez ? Quelle en est l'importance, en comparaison de ce que j'avais à faire ?
    Sans cette version littérale, la question ne se comprend pas, car il est bien clair que le devoir de ses parents était de le chercher. La même tournure se retrouve dans Marc 2.16 ; Actes 5.9, en grec, et elle a partout le même sens. La question de Jésus est du reste expliquée par les paroles qu'il ajoute. (Comparer verset 45, note.)
    Grec : Dans les choses de mon Père.
    Un grand nombre d'anciennes versions et de Pères, et plusieurs commentateurs modernes traduisent : dans les demeures (la maison) de mon Père.
    M. Godet réunit les deux sens : là où on s'occupe des affaires de Dieu. Il est plus naturel de choisir et d'adopter la première traduction, qui conserve le caractère indéterminé de l'expression grecque.
    Ainsi, Jésus avait alors déjà conscience de son origine divine. Il nomme Dieu son Père (il ne dit pas, il ne dira jamais notre Père), sentant que ce nom peut seul exprimer la réalité et l'intimité de son rapport avec Dieu. Il en est si rempli, qu'il lui parait naturel d'oublier tout le reste pour être aux choses de son Père ; c'est là pour lui une nécessité morale : Il faut ; ne le saviez-vous pas ?
    - Dans cette première parole de Jésus qui nous soit parvenue, tout est vérité, vie, amour ; il ne faut point y chercher de dogmatique.
  • 2.50 Et eux ne comprirent point la parole qu'il leur avait dite. Cette observation encore a donné prise à la critique.
    Si les récits de Luc (Luc 1.32) sont vrais, a-t-on dit, comment Marie ne comprend-elle pas que son fils doit être consacré tout entier aux affaires de son Père ? C'est méconnaître la situation dans laquelle se trouvait Marie après ces douze années pendant lesquelles son fils s'était développé d'une manière insensible.
    Tous les parents ne sont-ils pas surpris quand un jour ils découvrent que leurs enfants ont cessé d'être des enfants ? Les parents de Jésus, tout prévenus qu'ils étaient, durent éprouver cette surprise avec une force redoublée.
    Malgré la sagesse dont il était rempli, Jésus n'avait encore jamais exprimé d'une manière aussi claire son rapport spécial avec Dieu ; la parole qu'il vient de prononcer est donc pour Marie une révélation nouvelle qui ne pénétrera que par degrés dans son intelligence. (Comparer verset 23, note.) Il était même nécessaire qu'il en fût ainsi, pour que Marie pût conserver à l'égard de Jésus sa position de mère. (verset 51)
    - Quelques interprètes ont vu dans cette parole : mon Père, une allusion et une opposition à celle que Marie venait de prononcer : ton père et moi. Rien de plus improbable qu'une telle pensée qui, même indirectement et discrètement exprimée, serait tout à fait déplacée dans ces circonstances.
  • 2.51 Et il descendit avec eux et vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses dans son cœur. Voir, sur ce retour à Nazareth, verset 39, note.
    - Par ce seul mot : il leur était soumis, Luc décrit toute l'adolescence de Jésus dans ses rapports avec sa famille. La forme du verbe grec exprime la continuité ou la permanence de cette soumission.
    La conscience qu'il avait de son rapport unique avec son Père, (verset 49) loin d'être en opposition avec cette humble obéissance, en était bien plutôt la source. Jésus fut ainsi le modèle de l'enfance, comme il est resté, pour tous les âges, le type accompli d'une vie humaine sans péché et se développant dans le bien absolu.
    Voir verset 19, note. Le verbe employé ici signifie proprement conserver au travers des circonstances qui pouvaient les faire oublier.
    - Cette observation relative à Marie, ainsi que plusieurs autres traits de ces premiers récits qui sont des révélations de son expérience la plus intime, ne peuvent avoir été connus que par elle-même. On a donc pu supposer, avec toute vraisemblance, qu'elle avait consigné ces précieux souvenirs dans quelque document de famille, d'ou Luc a tiré les matériaux de ses deux premiers chapitres.
  • 2.52 Et Jésus faisait des progrès en sagesse et en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes. Comparer verset 40, note.
    Quand il s'agit du petit enfant, Luc dit "qu'il grandissait et se fortifiait ;" ici, l'adolescent fait des progrès, avance dans son développement physique et spirituel. Luc met la sagesse avant la stature, parce que c'était là le plus important à ses yeux, et peut-être aussi pour marquer le développement des rapports intimes avec Dieu, que Jésus venait de révéler, (verset 49) et qui étaient la source de toute sa sagesse.
    Enfin Luc ajoute qu'il faisait des progrès, non seulement dans la faveur et l'amour de Dieu, mais qu'il inspirait aux hommes ce même sentiment.
    "Tandis que Jean-Baptiste grandissait dans la solitude du désert, Jésus, destiné à une tout autre tâche, se développait sous le regard satisfait de Dieu et en contact avec les hommes que charmaient ses aimables qualités ; comparez Luc 7.33,34 Ainsi cet être humain parfaitement normal était un commencement de réconciliation entre le ciel et la terre." Godet.