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Matthieu 2:18-25 (Annotée Neuchâtel)

18 Une voix a été ouïe dans Rama, des pleurs et de grands gémissements : Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne voulait pas être consolée, parce qu'ils ne sont plus.
   19 Or Hérode étant mort, voici un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Egypte, 20 disant : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va au pays d'Israël ; car ceux qui cherchaient la vie du petit enfant sont morts. 21 S'étant donc levé, il prit le petit enfant et sa mère, et alla au pays d'Israël. 22 Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée à la place d'Hérode son père, il craignit d'y aller ; et ayant été divinement averti en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée ; 23 et y étant allé, il habita dans une ville appelée Nazareth ; afin que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

Références croisées

2:18 Jr 31:15, Jr 4:31, Jr 9:17-21, Ez 2:10, Ap 8:13, Gn 35:16-20, Gn 37:30, Gn 37:33-35, Gn 42:36, Jb 14:10
Réciproques : Gn 5:24, Gn 29:17, Gn 35:19, Gn 42:13, Gn 48:7, Ne 11:33, Es 22:4
2:19 Ps 76:10, Es 51:12, Dn 8:25, Dn 11:45, Mt 2:13, Mt 1:20, Ps 139:7, Jr 30:10, Ez 11:16
Réciproques : Gn 28:12, Ex 2:23, Nb 12:6, 1R 3:5, Mt 2:15, Mt 18:10
2:20 Mt 2:13, Pr 3:5-6, Ex 4:19, 1R 11:21, 1R 11:40, 1R 12:1-3
Réciproques : Ex 2:23, Jg 9:5, 2S 4:8, Ec 9:6, Es 26:14, Mt 2:14
2:21 Gn 6:22, He 11:8
Réciproques : Mt 2:14
2:22 Gn 19:17-21, 1S 16:2, Ac 9:13-14, Mt 2:12, Mt 1:20, Ps 48:14, Ps 73:24, Ps 107:6-7, Ps 121:8, Es 30:21, Es 48:17-18, Mt 3:13, Lc 2:39, Jn 7:41-42, Jn 7:52
Réciproques : Mt 26:69
2:23 Jn 18:5, Jn 18:7, Jn 19:19, Ac 2:22, Mt 26:71, Nb 6:13, Jg 13:5, 1S 1:11, Ps 69:9-10, Es 53:1-2, Am 2:10-12, Jn 1:45-46, Ac 24:5
Réciproques : Mt 1:22, Mt 2:15, Mt 4:14, Mt 8:17, Mt 13:54, Mt 21:11, Mt 26:69, Mc 10:47, Mc 14:67, Lc 1:26, Lc 2:4, Lc 2:39, Lc 4:16, Lc 18:37, Jn 7:28, Ac 22:8

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 2
  • 2.18 Une voix a été ouïe dans Rama, des pleurs et de grands gémissements : Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne voulait pas être consolée, parce qu'ils ne sont plus. Le texte de l'Ancien Testament Jérémie 31.15 au lieu de gémissements, dit amertume et ajoute lamentations avant pleurs. Les meilleurs manuscrits du Nouveau Testament omettent le mot lamentations.
    -Encore ici la formule : Alors fut accompli n'indique point une prophétie directe, mais l'application de la pensée de Jérémie au tragique événement de Bethléhem.
    Le prophète, pour donner une émouvante expression aux douleurs de son peuple emmené en captivité à Babylone, rappelle que la voix de ses gémissements a retenti vers le septentrion jusqu'à Rama, ville de la tribu de Benjamin Josué 18.25, sur les montagnes d'Ephraïm. Juges 4.5 Par un symbolisme plein de poésie et de vérité, il personnifie toutes les mères israélites dans la mère de la tribu, toutes leurs douleurs dans ses douleurs, mais c'est pour les consoler en ajoutant "Ainsi a dit l'Eternel : Retiens ta voix de pleurer et tes yeux de verser des larmes, car ton travail aura son salaire et on reviendra du pays de l'ennemi." Jérémie 31.16 Telle est la belle pensée que l'évangéliste rappelle en faisant à son tour de Rachel le type des mères bethléhémites qui pleurent leurs enfants égorgés par le tyran. Ces enfants étaient réellement ceux de Rachel, mère de toute la tribu de Benjamin et morte à Bethléhem où elle fut enterrée Genèse 35.16-19 Aucune prophétie ne s'accomplit, hélas ! plus rigoureusement que la voix de nos douleurs qui retentit de siècle en siècle.
  • 2.19 Or Hérode étant mort, voici un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Egypte, Il mourut peu après le meurtre ici raconté, d'une maladie horrible, objet de dégoût pour tous ceux qui l'approchaient, le désespoir dans l'âme et le cœur rempli d'affreux projets de vengeance. (Voir, sur cette fin du tyran, Josèphe, Antiq., XVII, 8 et 9, et Guerre des Juifs, 1, 33.)
  • 2.20 disant : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va au pays d'Israël ; car ceux qui cherchaient la vie du petit enfant sont morts. Comparer verset 13.
    -Sont morts : Ce pluriel se rapporte probablement à Hérode seul, ainsi vaguement désigné sans être nommé. L'ange passe sous silence le triste nom de celui qui n'est plus. Cette manière de parler se retrouve dans le livre de l'Ex 4 :19 L'allusion à cet événement de la vie de Moïse est frappante. Si les parents de Jésus la comprirent, ils y trouvèrent une grande consolation, en constatant à l'égard de leur enfant une dispensation divine toute semblable à celle qui conserva la vie du grand législateur de leur peuple.
  • 2.22 Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée à la place d'Hérode son père, il craignit d'y aller ; et ayant été divinement averti en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée ; Après la mort d'Hérode, Auguste partagea son royaume entre les trois fils survivants du tyran : Archélaüs eut pour sa part la Judée, l'ldumée et la Samarie, et le titre d'ethnarque, avec promesse de la royauté, s'il satisfaisait l'empereur par son administration. (Jos., Antiq., XVII, 8, 1 et XVI1, 11, 4.) Mais après neuf ans de règne, il fut exilé pour ses cruautés à Vienne, dans les Gaules, où il mourut. (Jos., Antiq., XVII 13, 2 ; Guerre des Juifs, II, 7, 3.) La crainte qu'eut Joseph de venir vivre dans ses états n'était donc pas sans fondement. Dieu mit un terme à ses hésitations en lui montrant la nouvelle résolution qu'il devait prendre.
    C'est la quatrième révélation que Joseph reçoit en songe, durant le cours, d'ailleurs assez prolongé, de ses douloureuses expériences. Matthieu 1.20 ; 2.13,19 Grande pierre d'achoppement pour ceux qui ne peuvent concilier l'intervention de Dieu dans la vie humaine avec les idées préconçues de leurs systèmes philosophiques. Quant à ceux qui croient au Dieu vivant et vrai, "qui fait ce qu'il lui plaît au ciel et sur la terre," ils considéreront, d'une part les vives sollicitudes de Joseph pour le dépôt sacré confié à ses soins, sollicitudes qui le pressaient, ainsi que sa pieuse compagne, à rechercher sans cesse, par d'ardentes prières, le secours et les directions d'en haut ; d'autre part, la souveraine importance attachée à la conservation de la vie de Jésus. C'est à cause de lui que Dieu se révèle ainsi à son père adoptif. Le vrai miracle ici, c'est la présence, sur notre terre, de Celui qui s'appellera le Fils de Dieu et le Fils de l'homme ; tout le reste n'est plus que le rayonnement de son apparition au sein de notre humanité.
    Quant à la nature de ces révélations en songe, qui trois fois ont lieu aussi par le moyen d'un "ange du Seigneur" et qui paraissent appartenir à l'économie de l'Ancien Testament Nombres 12.6-8 plutôt qu'à celle du Nouveau, il serait oiseux de chercher à s'en rendre compte par des analogies psychologiques. En toute manifestation de Dieu à l'homme, le comment nous échappe.
    Joseph pouvait désirer, pour des motifs divers, de retourner en Judée, à Bethléhem, où l'avait amené momentanément une circonstance particulière Luc 2.4, où l'enfant était né et où pouvaient l'attirer tant de choses merveilleuses qui s'y étaient accomplies. Il y renonce par la raison indiquée dans ce verset, se retire en Galilée, où le Sauveur devait être élevé dans la plus profonde obscurité, et retourne à Nazareth, où il habitait auparavant. ainsi que Marie. Luc 2.39
    Faut-il conclure de ce récit, et surtout de la manière dont l'évangéliste parle de l'établissement de la sainte famille à Nazareth, (verset 23) qu'il fait de Bethléhem la demeure habituelle de Joseph, tandis que Luc le fait résider à Nazareth. On peut s'étonner en effet que Matthieu, en nommant ici pour la première fois Nazareth, ne nous dise pas que cette ville était la résidence précédente de Joseph et de Marie.
  • 2.23 et y étant allé, il habita dans une ville appelée Nazareth ; afin que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. Petite ville de la Galilée Matthieu 21.11 ; Luc 1.26 ; 2.4, située sur une colline dans la tribu de Zabulon, au sud de Cana, non loin du Thabor, dans une riante contrée où convergent deux gorges de montagnes. (Voir, sur ces lieux où s'écoula l'enfance et la jeunesse de Jésus, les belles pages du Voyage en Terre Sainte de F. Bovet. Comparer Ph. Bridel, La Palestine illustrée.)
    Il n'y a point de passage dans les prophètes qui appelle le Messie Nazaréen. De là l'embarras des interprètes, qui ont eu recours aux moyens les plus divers pour expliquer ces paroles. Il faut écarter d'abord l'idée que Matthieu cite un prophète perdu ou un livre apocryphe, ou qu'il fait allusion aux vœux du naziréat. Nombres 6.13 Cette dernière opinion, généralement admise au temps de Calvin et qu'il partageait (voir son Commentaire), est grammaticalement fausse et elle ne convient point au caractère du Sauveur. (Comparer 11 :18,19.) Un passage d'Esaïe Esaïe 11.1 a mis l'exégèse sur la voie d'une interprétation plus admissible : là le Messie est annoncé comme un rejeton, en hébreu netzer, sortant du tronc d'Isaï, expression qui indique l'humiliation du Sauveur, son peu d'apparence aux yeux des hommes. La même désignation se trouve chez les prophètes dans le terme de tsemach, germe. Jérémie 23.5 ; 33.15 ; Zacharie 3.8 ; 6.12 comparez Esaïe 53.2 Or le mot netzer est l'étymologie du nom de Nazareth, ou plutôt était son nom même parmi les habitants du pays, et l'évangéliste, retrouvant l'idée des prophètes dans ce nom et dans le mépris qu'avaient les Juifs pour cette ville obscure et pauvre de la Galilée Jean 1.46,47 ; 7.52, y voit un accomplissement à double sens des Ecritures. Jésus fut en effet appelé avec mépris Nazaréen Jean 19.19 c'est ainsi que le désignent encore aujourd'hui les Juifs, ses adversaires. Ce nom passa même du Maître aux disciples.
    On ne saurait nier que cette explication n'ait quelque chose de recherché, d'arbitraire, et qui prête à l'évangéliste une interprétation assez rabbinique de l'Ancien Testament. C'est ce qui a porté d'autres exégètes à penser qu'il voulait dire simplement ceci : Le nom méprisé de Nazareth où le Sauveur vient habiter s'attachera à lui ; or les prophètes ont annoncé qu'il serait le méprisé du peuple. Esaïe 53,Psaumes 22, etc. De là cette allusion tout à fait vague, qui n'est point une citation. - Ce qui est plus important que ces interprétations, c'est l'exemple que nous donne Celui qui "méprisa l'ignominie" Hébreux 12.2, et qui "nous apprend à nous cacher et à garder le silence, quand le temps d'agir et de parler n'est pas venu." Quesnel.