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Matthieu 4:1-11 (Annotée Neuchâtel)

   1 Alors Jésus fut emmené dans le désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. 2 Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela, il eut faim. 3 Et le tentateur s'étant approché, lui dit : Si tu es fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. 4 Mais lui, répondant, dit : Il est écrit : Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. 5 Alors le diable le transporte dans la ville sainte et le met sur l'aile du saint lieu ; 6 et lui dit : Si tu es fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet ; et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre. 7 Jésus lui dit : Il est encore écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. 8 Le diable le transporte encore sur une montagne fort haute ; et il lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire, 9 et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, te prosternant, tu m'adores. 10 Alors Jésus lui dit : Va-t'en, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. 11 Alors le diable le laisse ; et voici, des anges s'approchèrent, et ils le servaient.

Références croisées

4:1 Mc 1:12, Mc 1:13-15, Lc 4:1-13, Rm 8:14, 1R 18:12, 2R 2:16, Ez 3:12, Ez 3:14, Ez 8:3, Ez 11:1, Ez 11:24, Ez 40:2, Ez 43:5, Ac 8:39, Gn 3:15, Jn 14:30, He 2:18, He 4:15-16
Réciproques : Jg 13:25, Ps 89:22, Ps 118:13, Lc 2:27, 2Co 11:14, 1Tm 3:11, 2Tm 3:3, 1P 5:8, Ap 12:9
4:2 Ex 24:18, Ex 34:28, Dt 9:9, Dt 9:18, Dt 9:25, Dt 18:18, 1R 19:8, Lc 4:2, Mt 21:18, Mc 11:12, Jn 4:6, He 2:14-17
Réciproques : Gn 7:12, 1S 17:16, Ps 95:6, Ps 109:24, Mc 8:2, Ac 1:3, Ac 10:10
4:3 Jb 1:9-12, Jb 2:4-7, Lc 22:31-32, 1Th 3:5, Ap 2:10, Ap 12:9-11, Mt 3:17, Lc 4:3, Lc 4:9, Gn 3:1-5, Gn 25:29-34, Ex 16:3, Nb 11:4-6, Ps 78:17-20, He 12:16
Réciproques : 1Ch 21:1, Za 10:5, Mt 8:29, Mt 27:40, Mc 3:11, Jn 1:34, Ac 5:3, Jc 4:7, Ap 2:18
4:4 Mt 4:7, Mt 4:10, Lc 4:4, Lc 4:8, Lc 4:12, Rm 15:4, Ep 6:17, Dt 8:3, Lc 4:4, Mt 14:16-21, Ex 16:8, Ex 16:15, Ex 16:35, Ex 23:15, 1R 17:12-16, 2R 4:42-44, 2R 7:1-2, Ag 2:16-19, Ml 3:9-11, Mc 6:38-44, Mc 8:4-9, Jn 6:5-15, Jn 6:31-59, Jn 6:63
Réciproques : Gn 42:2, 1R 17:4, Ps 17:4, Es 38:16, Dn 1:15, Mt 4:6, Mt 6:11, Mt 6:31
4:5 Lc 4:9, Jn 19:11, Mt 27:53, Ne 11:1, Es 48:2, Es 52:1, Dn 9:16, Ap 11:2, 2Ch 3:4
Réciproques : 1R 6:3, Es 26:10, Mt 4:8, Ap 12:9
4:6 Mt 4:4, 2Co 11:14, Ps 91:11-12, Lc 4:9-12, He 1:14, Jb 1:10, Jb 5:23, Ps 34:7, Ps 34:20
Réciproques : Gn 3:1, Ex 6:13, Ml 3:15, Mt 4:11, Mt 27:40, Mc 3:11, Lc 22:43, Jn 1:34, Jn 7:4
4:7 Mt 4:4, Mt 4:10, Mt 21:16, Mt 21:42, Mt 22:31-32, Es 8:20, Ex 17:2, Ex 17:7, Nb 14:22, Dt 6:16, Ps 78:18, Ps 78:41, Ps 78:56, Ps 95:9, Ps 106:14, Ml 3:15, Ac 5:9, 1Co 10:9, He 3:9
Réciproques : Ps 17:4, Lc 4:12, Ac 15:10, Ep 6:17
4:8 Mt 4:5, Lc 4:5-7, Mt 16:26, Est 1:4, Est 5:11, Ps 49:16-17, Dn 4:30, He 11:24-26, 1P 1:24, 1Jn 2:15-16, Ap 11:15
Réciproques : Gn 31:1, Nb 22:17, Nb 22:37, Dn 2:31, Mc 8:36, Rm 10:18, 2Co 4:4, Ap 12:9
4:9 Mt 26:15, Jn 13:3, 1S 2:7-8, Ps 72:11, Ps 113:7-8, Pr 8:15, Jr 27:5-6, Dn 2:37-38, Dn 4:32, Dn 5:18-19, Dn 5:26-28, Jn 12:31, Jn 14:30, Jn 16:11, Ap 19:16, 1Co 10:20-21, 2Co 4:4, 1Tm 3:6, Ap 19:10, Ap 22:8-9
Réciproques : Gn 3:1, Ex 20:5, Nb 22:17, Nb 22:37, Ps 95:6, Dn 3:6, Mt 2:11, Mt 8:2, Mt 16:26, Mc 6:23, Ap 4:10
4:10 Mt 16:23, Jc 4:7, 1P 5:9, 1Ch 21:1, Jb 1:6, Jb 1:12, Jb 2:1, Ps 109:6, Za 3:1-2, Dt 6:13-14, Dt 10:20, Js 24:14, 1S 7:3, Lc 4:8
Réciproques : Ex 20:3, Ex 23:25, Ex 34:14, Dt 5:7, Js 22:5, Js 22:34, 1R 13:16, 2Ch 30:8, Ps 17:4, Dn 3:28, Mt 2:11, Mt 4:4, Mt 4:7, Mt 6:24, Mt 15:4, Mt 22:21, Mc 8:33, Lc 16:13, Ac 10:26, Ep 6:17, Ap 4:10, Ap 7:11, Ap 12:9, Ap 19:10
4:11 Lc 4:13, Lc 22:53, Jn 14:30, Mt 4:6, Mt 26:53, Mt 28:2-5, Mc 1:13, Lc 22:43, 1Tm 3:16, He 1:6, He 1:14, Ap 5:11-12
Réciproques : 1R 17:4, 1R 19:6, Jn 1:51, Jn 21:9, Ep 6:17, 1P 5:8, Ap 12:6

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 4
  • 4.1 Alors Jésus fut emmené dans le désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Chapitre 4. La tentation de Jésus-Christ
    1 à 11 La tentation de Jésus
    Comparer Marc 1.12,13 ; Luc 4.1-13
    - Ce récit, auquel passe l'évangéliste par cette simple particule alors, est la suite immédiate de celui qui précède. La tentation succède au baptême. Luc (Luc 4.1, notes) met expressément ces deux faits en un rapport intime, dont la signification profonde n'échappera à aucun de ceux qui ont quelque expérience des choses spirituelles. "Jésus, rempli du Saint-Esprit," est emmené par cet Esprit au désert, pour se préparer dans la solitude, par la méditation, la prière, et surtout par la tentation à l'œuvre qu'il allait entreprendre. Tout homme de Dieu destiné à de grandes choses a besoin d'une telle préparation. Il la rencontre d'ailleurs infailliblement, car jamais la tentation n'est plus proche de lui ni plus dangereuse qu'au moment où il a été comblé des grâces divines les plus signalées. Si Dieu permet qu'il en soit ainsi pour tous, il le voulut pour son Fils bien-aimé, parce que cela était nécessaire. (Voir verset 3, notes.)
    - Le désert n'était pas celui où se tenait Jean-Baptiste et où Jésus venait d'être baptisé, mais probablement le désert de la "Quarantaine," ainsi nommé par la tradition en mémoire de ces quarante jours, et qui s'étend vers les montagnes, dans les environs de Jéricho. (Robinson, Palestine, p. 65 ; F. Bovet, Voyage, 7e édit., p. 247.) Marc 1.13 ajoute ce trait : "il était avec les bêtes sauvages."
    - Le diable, nom qui signifie calomniateur, celui qui accuse les justes, nommé dans l'Ancien Testament Satan, l'adversaire. Job 1.6 ; 2.1 ; Zacharie 3.1 ; Jean 8.44 ; Apocalypse 12.10 Représentant de la puissance des ténèbres Ephésiens 2.2 ; 6.12,16 que Jésus venait détruire 1Jean 3.8, Satan devait dès l'abord se montrer l'ennemi de son œuvre divine, comme il le fut jusqu'à la fin. Jean 13.2,27 ; 14.30 Le Sauveur nous le décrit ainsi lui-même. Matthieu 13.19,39 ; Luc 8.12
    Matthieu, comme les autres écrivains du Nouveau Testament, le nomme (vers. 3) le tentateur, à cause de son influence pernicieuse sur les hommes.
    L'existence personnelle de cet ennemi de Dieu et de son règne n'est point un fait qui tienne à l'essence du christianisme ; mais ce fait occupe dans les révélations divines une place tellement évidente, qu'il faut, pour le nier, nier en même temps l'autorité de ces révélations. Ce fait n'a d'ailleurs absolument rien de contraire à la raison. Dès qu'on ne borne pas la création au monde matériel, qu'on admet l'existence d'êtres spirituels, il est arbitraire de nier la possibilité pour eux de tomber dans la révolte et dans le mal. Or, un esprit déchu de Dieu devient naturellement un être méchant, un ennemi, un tentateur. Les manifestations du mal parmi les hommes montrent que des créatures toutes spirituelles peuvent être perverties et méchantes. L'existence et l'action de Satan ne s'affirment que trop dans quelques-unes des expériences intimes les plus redoutables des chrétiens.
  • 4.2 Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela, il eut faim. Le jeûne du Sauveur fut une abstention absolue de nourriture Luc 4.2 ; il faisait partie de sa préparation, comme ceux de Moise Exode 34.28 et d'Elie. 1Rois 19.8
    Ces exemples bibliques d'un jeûne prolongé ont leur signification religieuse et morale ; ils sont physiquement possibles en des hommes que l'intensité de la vie de l'Esprit élève pour un temps au-dessus de la nature et de ses besoins. Jésus déclare du reste expressément (verset 4) quelle fut la source de sa vie au désert.
    Toutefois cette privation devint pour le Sauveur une souffrance, qui pouvait ouvrir la porte à la tentation. C'est ce que marque l'évangéliste par cette expression après cela (grec plus tard, ensuite) il eut faim, et c'est aussi à ce besoin naturel que l'ennemi s'attaqua en premier lieu. (verset 3)
  • 4.3 Et le tentateur s'étant approché, lui dit : Si tu es fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. Comment le tentateur s'approcha du Sauveur, par quel moyen il lui suggéra ses tentations, c'est ce que les évangélistes passent sous silence. Ce silence a laissé le champ libre aux conceptions les plus diverses quant au genre de notre récit. On peut les ramener à quatre principales, tour à tour soutenues par les exégètes.
    1° Les uns ont vu dans notre récit un fait historique, qu'ils reçoivent avec tous ses détails dans son sens littéral et extérieur, y compris une apparition visible du démon. On ne peut nier que cette manière de voir ne soit, au premier abord, la plus conforme à l'idée que les évangélistes paraissent avoir eue du fait qu'ils racontent. A la réflexion cependant ce sens littéral devient pour le moins douteux. Une scène magique se déroulerait sous nos yeux : Jésus serait transporté à travers les airs sur le faîte du temple ; ce serait aussi peu conforme aux tentations ordinaires du démon que peu digne du Sauveur. La troisième tentation serait plus impossible encore que cette seconde, puisqu'elle supposerait une montagne d'où pussent être vus tous les royaumes du monde et leur gloire. Cette explication n'est pas d'ailleurs nécessaire à la réalité de la tentation. (Voir la note suivants)
    2° D'autres pensent que Jésus aurait raconté à ses disciples cette profonde expérience de sa vie comme une parabole destinée à les mettre en garde contre les tentations de l'adversaire, et que les évangélistes auraient rendu ce récit sous la forme historique dont nous le trouvons revêtu Rien dans les enseignements du Sauveur ni dans les récits évangéliques n'autorise cette supposition. Quand Jésus a proposé à ses disciples des paraboles, ils ont très bien su les saisir et les rendre sous forme de Paraboles.
    3° D'autres encore, admettant l'idée de notre récit telle qu'elle est brièvement énoncée par Marc 1.12,13, ont vu dans sa forme actuelle un mythe qui aurait été développé ainsi par la tradition apostolique. Cette opinion est en contradiction avec le caractère historique de nos évangiles.
    4° On a supposé enfin que toute cette histoire de la tentation, avec sa tragique réalité, s'est passée dans l'âme du Sauveur, et qu'elle fut, au début de son ministère, un combat spirituel et moral avec le prince des ténèbres, correspondant à la lutte redoutable de Gethsémané qui en marqua la fin. La forme du récit, en harmonie avec le génie de l'Orient, qui aime à dramatiser les faits du monde spirituel, n'est point inconciliable avec cette vue du sujet. Elle se rapproche évidemment de l'histoire de la tentation en Eden, dont elle est la contrepartie, et n'est pas sans analogie avec le début du livre de Job. Au reste, ce qui importe, ce n'est pas le caractère du récit, mais bien le fait intérieur et moral de la tentation qu'il s'agit pour nous de saisir dans sa sérieuse et profonde réalité. (Comparer J. Bovon, Théol. du N.T., I, p. 233 et suivants)
    Dieu venait de déclarer Jésus "son fils bien-aimé ;" (Matthieu 3.17) le Sauveur lui-même avait pleine conscience de cette dignité. Le moindre doute à cet égard aurait brisé la force nécessaire à la lutte dans laquelle il entrait et qui ne devait finir qu'avec sa vie. Le tentateur cherche précisément à lui insinuer ce doute : Si tu est fils de Dieux... (Comparer verset 6)
    C'est le premier mot de la tentation en Eden. "Quoi, Dieu aurait-il dit ?" Ce doute pouvait paraître fondé dans la situation. Quoi ? le fils de Dieu, le Messie, exposé à la faim, aux privations, aux souffrances ! Si tu l'es en effet, prouve-le à toi-même et à ton peuple par des prodiges qui servent à ta délivrance et à ta Gloire. Là était la tentation : faire usage de sa puissance miraculeuse pour échapper à la souffrance de la faim, et, en obéissant à Satan, sortir avec ostentation de l'épreuve. Et il ne faut pas oublier que l'idée présentée à Jésus par le démon était universellement répandue dans le peuple, et que maintes fois déjà elle pouvait s'être offerte à lui par la bouche de ses contemporains. Israël attendait un Messie puissant et glorieux, qui rétablirait la nation dans son ancienne splendeur terrestre, en l'affranchissant du joug de l'étranger.
    Jésus adoptera-t-il cette pensée si propre à séduire le patriotisme d'un Israélite ? Ou bien entrera-t-il dans la longue carrière d'humiliations et de souffrances dont le terme sera la croix, pour ne régner que par la vérité Jean 18.37, et pour accomplir la rédemption morale du monde ? Telle était la question qui constituait pour lui la plus redoutable tentation. Cette question est au fond la même qui se pose devant la conscience de tout homme. D'une part l'Evangile lui dit : Renonce à tout et à toi-même, prends ta croix et suis Jésus dans la voie de pauvreté, pour régner avec lui. D'autre part le monde l'invite à chercher la satisfaction de ses besoins naturels, de ses désirs égoïstes, à vivre pour soi-même ; il faut choisir...Et ce choix à faire, pour le disciple comme pour le Maître, se représente à chaque pas dans la vie ; il faut vaincre par l'obéissance et le sacrifice de soi-même, et pour cela avoir recours à une force qui n'est pas de la terre. (verset 4)
    - Mais ici se présente une question dont la solution emporte tout le sens de cette histoire : Jésus était-il réellement accessible à cette tentation ? en d'autres termes, aurait-il été possible qu'il y succombât ? Si, méconnaissant la réalité de son humanité, on répond négativement ; si, avec Calvin, on déclare que les dards de Satan ne le pouvaient navrer ni blesser, c'est-à-dire qu'il était inaccessible au péché, notre récit tout entier n'est plus qu'une fiction peu digne de l'Evangile, et Jésus cesse d'être notre libérateur aussi bien que notre modèle dans son combat et sa victoire. Non, tout est réalité dans sa vie humaine ; "il a été tenté comme nous en toutes choses." Hébreux 4.15 Second Adam, chef et représentant de notre humanité, il a livré tous nos combats contre le péché et la puissance des ténèbres, pour lui-même d'abord, et pour nous ensuite. S'il eût succombé, son œuvre eût été perdue ; c'est parce qu'il a été "consommé" qu'il a détruit les "œuvres du diable," et qu'il est devenu "l'auteur d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent." Hébreux 5.9 ; (comparez Matthieu 3.13, note.)
  • 4.4 Mais lui, répondant, dit : Il est écrit : Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Grec : de toute parole sortant de la bouche de Dieu. (Deutéronome 8.3, cité d'après les Septante.) Ces mots sont admirablement choisis, puisque c'est à Israël nourri de la manne au désert qu'ils sont adressés. "Il t'a humilié, il t'a fait avoir faim, mais il t'a nourri de manne...afin de te faire connaître que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l'homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de Jéhova." Tel est le sens littéral de l'hébreu.
    La version grecque a rendu très bien ces derniers mots, car ce qui sort de la bouche de Dieu, c'est sa Parole toute-puissante et créatrice, par laquelle il avait ordonné la manne et par laquelle il "porte toute chose." Hébreux 1.3 "Quand Dieu parle, dit Luther, il ne prononce pas de simples paroles, mais des choses réelles. Ainsi le soleil et la lune, le ciel et la terre, Pierre et Paul, toi et moi, nous ne sommes que des paroles de Dieu."
    - Toute épreuve, comme pour Jésus la défaillance de la faim, peut ouvrir la porte à la tentation. Notre force est alors uniquement dans la confiance en Dieu et dans l'obéissance à sa Parole : Il est écrit. En répondant ainsi, Jésus ne veut pas dire que Dieu le nourrira d'une manière surnaturelle, sans pain, ni aliment matériel, par une parole, un ordre émanant directement de lui. Il affirme plutôt que la vie de l'homme ne dépend pas seulement de la satisfaction de ses besoins physiques, mais avant tout de l'accomplissement des ordres de Dieu. (Comparer Jean 4.34)
    Il obéira toujours à son Père, de qui il attend jour après jour l'entretien de sa vie. Il n'usera pas du pouvoir qu'il a de faire des miracles pour sortir arbitrairement de la position dans laquelle Dieu l'a placé.
  • 4.5 Alors le diable le transporte dans la ville sainte et le met sur l'aile du saint lieu ; La ville sainte, Jérusalem. Luc 4.9 ; Esaïe 48.2 ; 52.1 ; Matthieu 27.53
    Le saint lieu (hieron) indique dans le Nouveau Testament tout l'ensemble des portiques, cours et édifices qui formaient les dépendances du temple ou sanctuaire (naos), que nos versions ordinaires confondent avec le premier de ces termes. On s'est donné beaucoup de peine pour déterminer ce que pouvait être cette aile ou ce faîte d'un édifice où le tentateur fit monter Jésus ; on n'est arrivé qu'à des conjectures.
  • 4.6 et lui dit : Si tu es fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet ; et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre. Psaumes 91.11,12, cité à peu près littéralement. Dans la première tentation, le : "Si tu es..." devait conduire Jésus à cette conclusion : Ne te laisse manquer de rien ! Aide-toi toi-même !
    Ici les mêmes mots signifient : "N'aie peur de rien ; en tout cas Dieu t'aidera." C'est la tentation opposée ; là, le manque de foi, qui est l'épreuve des commençants ; ici, en quelque sorte, l'excès de foi, ou l'abus de la foi, qui ne peut être que le danger des avancés...Précisément parce que cette suggestion fait appel à la foi, Satan l'appuie d'une promesse divine...Il avait remarqué que deux fois Jésus lui avait opposé comme un bouclier une parole scripturaire ; il essaie à son tour de se servir de la même arme. (Godet).
    Beaucoup d'interprètes pensent que Satan incitait Jésus à accomplir un miracle d'apparat qui l'ai fait reconnaître comme Messie par la multitude enthousiasmée, mais notre récit n'indique pas ce but et ne nous montre pas la foule spectatrice du miracle.
  • 4.7 Jésus lui dit : Il est encore écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. Deutéronome 6.16, cité d'après les Septante ; l'hébreu porte : "Vous ne tenterez point Jéhova votre Dieu, comme vous l'avez tenté en Massa."
    Tenter Dieu, dans cette première application, c'était murmurer contre lui et ses dispensations, c'était aussi exiger de lui des manifestations extraordinaires de sa puissance et de sa bonté. Exode 17.2-7 ; comparez Psaumes 95.9 ; 1Corinthiens 10.9
    Tel eût été le péché de Jésus, s'il avait consenti à s'exposer à un danger inutile, en comptant sur la protection de Dieu. (verset 6, note.) S'il avait eu pour cela un ordre positif de Dieu, ou s'il avait eu un but qui pût servir à la gloire de Dieu, il se serait exposé au danger sans tenter Dieu. C'est ainsi qu'il sut se soustraire aux embûches de ses ennemis, puis, quand "son heure fut venue," aller se livrer entre leurs mains. Jean 11.7-10 ; Matthieu 26.53,54
  • 4.9 et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, te prosternant, tu m'adores. C'est-à-dire "si tu me rends hommage comme à ton roi ;" car Satan ne pouvait exiger l'adoration proprement dite ; le piège eut été trop grossier. Le Sauveur savait que tous les royaumes du monde lui étaient promis, Psaumes 2.8 mais comment devait-il en prendre possession ? Il pouvait choisir entre ces deux voies : fonder son royaume avec puissance et avec éclat par des moyens empruntés à la sagesse du siècle, plus encore par le prestige de son pouvoir miraculeux, qui eût fasciné son peuple ; ou le fonder par le renoncement à tout ce que le monde pouvait offrir, par l'humiliation, la souffrance, le sacrifice de lui-même. (verset 3, note.) Satan le pousse dans la première de ces voies, qui répond si bien aux aspirations de l'humanité naturelle. Il se présente à lui comme le prince de ce monde ; il est réellement le possesseur des biens qu'il offre, puisqu'il incarne l'esprit du monde. Comparer Luc 4.6 ; Jean 12.31 ; 14.30 ; 16.11
    Cette proposition n'est point, comme on pourrait le croire, un mot chimérique et sans portée. Par la séduction du péché et de ses convoitises, le prince des ténèbres règne, en effet, dans le monde, et nul doute que, s'il avait voulu se courber sous cet empire, Jésus, avec des dons admirables, n'eut acquis une somme immense de richesses et d'honneurs. (Bovon, Théol. du N. T., I, o. 244.)
    Mais Jésus a démêlé le piège de l'adversaire ; il refoule toute ambition, tout désir de grandeur charnelle ; il choisit la voie de l'abaissement, de l'immolation, de la croix. Il y marchera désormais sans faiblir, mais non sans passer par bien des luttes. Jean 12.27 ; Matthieu 26.38
    C'est bien dans cette alternative qu'était l'essence de la tentation et l'on comprend pourquoi, d'après notre évangile, c'est là le dernier des trois assauts de Satan ; aussi préférons-nous l'ordre de ce récit à celui que nous trouvons dans l'évangile de Luc.
  • 4.10 Alors Jésus lui dit : Va-t'en, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. Deutéronome 6.13, librement cité.
    Cette charte du monothéisme de l'Ancien Testament, prise dans son sens absolu, exclut toute autre adoration et fait de Dieu seul le grand mobile de toutes nos actions. Pour la première fois dans ce récit, Jésus appelle le tentateur Satan, ce qui signifie l'adversaire, parce qu'il pénètre à fond le but de ses insinuations, et cela au moment même où l'ennemi lui offre ses plus grandes faveurs.
  • 4.11 Alors le diable le laisse ; et voici, des anges s'approchèrent, et ils le servaient. La victoire est remportée, Jésus se retrouve en communion avec les puissances du ciel, les anges qui l'assistent et le servent. (Comparer Jean 1.51 ; Luc 22.43 ; 1Rois 19.5)
    Les tentations les plus diverses se reproduiront durant toute la vie humaine du Sauveur, (Luc 4.13 note) mais la victoire par laquelle il a définitivement rejeté l'idée fausse du Messie, qui régnait dans son peuple et que Satan lui insinuait, est le gage de toutes ses autres victoires.
    La puissance des ténèbres est brisée ; et le Sauveur a acquis la force et la sympathie, qui lui permettront de délivrer ses rachetés, lorsqu'ils souffriront la tentation. Hébreux 2.18