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Romains 7:24-25 (Annotée Neuchâtel)

24 Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? 25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !... Ainsi donc moi-même je suis esclave, par l'entendement, de la loi de Dieu, mais par la chair, de la loi du péché.

Références croisées

7:24 Rm 8:26, 1R 8:38, Ps 6:6, Ps 32:3-4, Ps 38:2, Ps 38:8-10, Ps 77:3-9, Ps 119:20, Ps 119:81-83, Ps 119:131, Ps 119:143, Ps 119:176, Ps 130:1-3, Ez 9:4, Mt 5:4, Mt 5:6, 2Co 12:7-9, Ap 21:4, Dt 22:26-27, Ps 71:11, Ps 72:12, Ps 91:14-15, Ps 102:20, Mi 7:19, Za 9:11-12, Lc 4:18, 2Co 1:8-10, 2Tm 4:18, Tt 2:14, He 2:15, Rm 6:6, Rm 8:13, Ps 88:5, Col 2:11
Réciproques : Ps 73:2, Ps 97:10, Ps 119:40, Ps 119:133, Es 64:6, Jr 34:14, Rm 6:12, Rm 7:14, Rm 8:23, Rm 14:22, 2Co 5:2, Ga 3:24, Ap 3:17
7:25 Rm 6:14, Rm 6:17, Ps 107:15-16, Ps 116:16-17, Es 12:1, Es 49:9, Es 49:13, Mt 1:21, 1Co 15:57, 2Co 9:15, 2Co 12:9-10, Ep 5:20, Ph 3:3, Ph 4:6, Col 3:17, 1P 2:5, 1P 2:9, Rm 7:15-24, Ga 5:17-24
Réciproques : Jn 3:6, Jn 8:34, Rm 3:27, Rm 3:31, Rm 6:6, Rm 6:22, Rm 7:18, Rm 7:23, Rm 8:2, 1Co 9:21, Ga 3:24, Ga 5:19

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Romains 7
  • 7.24 Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? L'expression le corps de cette mort (traduction plus exacte que : "ce corps de mort") n'est pas une image pour désigner la masse des péchés, la misère physique et morale dont l'homme pécheur est affligé.
    Elle doit être prise au propre : notre corps matériel est appelé le corps de cette mort, parce que le péché a établi en lui son siège principal et a fait de lui l'instrument de son activité ; c'est le règne du péché dans le corps que Paul appelle : cette mort. (Romains 6.6,12 ; 7.18,23)
    Pour être délivré (grec arraché) des mains de cet ennemi, il faut que l'homme, par le renouvellement de tout son être spirituel, soit soustrait à la domination de la chair, qui le voue à la mort.
    L'Esprit de vie, en le créant de nouveau, en pénétrant par degrés tout son être, devient aussi en lui le principe d'un corps nouveau, le "corps spirituel," (1Corinthiens 15.44) semblable au corps glorifié de Christ. (Philippiens 3.21)
    Ce "corps spirituel," couronnement de la vie nouvelle que Dieu nous donne en Christ, pourra s'appeler : "le corps de cette vie," comme le premier était nommé le corps de cette mort.
    A ce cri douloureux, à cette question pleine d'angoisse : qui me délivrera du corps de cette mort ? il faut une réponse, pour que l'homme ne soit pas réduit au désespoir. La loi a atteint son but, elle a achevé son terrible ministère. C'est l'Evangile qui arrachera l'homme à la mort éternelle.
  • 7.25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !... Ainsi donc moi-même je suis esclave, par l'entendement, de la loi de Dieu, mais par la chair, de la loi du péché. A la pensée de cette délivrance, l'apôtre ne peut retenir l'expression de sa reconnaissance ; il jette un regard sur le Libérateur, Jésus-Christ, et bénit Dieu de ce qu'en lui il a trouvé la réponse à la question poignante que lui posait la constatation de son impuissance naturelle.
    Cette réponse, il va la développer au chapitre suivant.
    Auparavant il résume son enseignement sur la condition de l'homme qui tente vainement d'accomplir la loi. (verset 25) (25b)
    Au lieu de grâces à Dieu, qui est la leçon de B, Origène, adoptée par la plupart des critiques, Sin, A, la Peschito portent : je rends grâces à Dieu. D et quelques Majusc. portent : la grâce de Dieu, ce qui serait la réponse à la question qui me délivrera ?
    La dernière proposition du verset : Ainsi donc, moimême je suis...ne saurait être la conclusion de l'action de grâces que l'apôtre vient de rendre à Dieu, c'est le sommaire de tout ce qui précède (versets 14-24) et la conclusion finale. De semblables résumés, sous forme d'antithèse, se trouvent Romains 5.21 ; 6.23.
    Le péché crée entre l'entendement, "l'homme intérieur," (verset 22, note) et la chair un antagonisme tel qu'aucune puissance ne peut réconcilier les deux ennemis.
    Moi-même, dit l'apôtre, moi, tel que je suis sans Christ (d'autres expliquent : moi, un seul et même homme), je suis esclave par l'entendement de la loi de Dieu, par la chair de la loi du péché. (verset 21, note)
    Quand il dit : je suis esclave de la loi de Dieu par l'entendement, il faut entendre par cet esclavage un simple vouloir, (versets 15,19-22) qui n'est qu'un assentiment au droit de Dieu, à sa loi, (verset 16) et non une soumission réelle manifestée dans une vie tout entière consacrée au service du Seigneur. Le chapitre suivant décrira une telle vie qui découle d'une tout autre source.
    - Ce sommaire, au ton purement didactique. qui suit l'effusion du commencement du verset, paraît étrange. Plusieurs le considèrent comme une glose, comme la note marginale d'un lecteur qui se serait glissée dans le texte. D'autres attribuent cette qualité de note marginale à l'action de grâces, verset 25 ; (25a) d'autres enfin pensent que le résumé verset 25 (25b) se trouvait primitivement avant verset 24.
    Ces diverses hypothèses n'ont aucun appui dans les manuscrits, ni dans les autres témoins du texte. On a essayé aussi de rattacher le verset 25 (25b) au commencement du chapitre 8, soit en considérant les deux propositions (verset 25 et Romains 8.1) comme des affirmations, mais on ne voit pas alors comment la seconde pourrait être une conclusion directe de la première ; soit en envisageant les deux propositions comme des questions, avec réponses négatives sous-entendues : est-ce que moi-même je suis esclave ? est-ce qu'il y a aucune condamnation ?
    Mais il faudrait donner à la particule grecque qui se lit à verset 25 (25b)b et Romains 8.1 le sens interrogatif qu'elle n'a jamais dans les écrite de Paul.
    - Nous pouvons reprendre ici les questions que nous avons posées au commencement de l'étude de ce chapitre et dont nous avons laissé la solution en suspens. (versets 7,14, notes)
    Nous ne voyons pas de motifs péremptoires pour rejeter l'interprétation traditionnelle qui voit dans ce morceau la description des expériences de l'homme individuel dans sa lutte contre le péché, celles de Paul en particulier, et pour admettre que l'apôtre résume dans versets 7-13 l'histoire morale de l'humanité à partir de la tentation d'Adam et d'Eve dans le jardin d'Eden.
    S'il y a dans versets 8-11 de vagues allusions au récit de la chute, (Genèse 3) d'autres traits de l'exposé ne conviennent nullement à ce fait, ainsi la citation textuelle du dixième commandement du décalogue, (verset 7) qui montre que l'apôtre ne pensait pas à la défense que Dieu fit dans le paradis à nos premiers parents ; ainsi encore les déclarations : "sans la loi le péché est mort," (verset 8) "quand le commandement est venu, le péché a pris (ou : repris) vie," (verset 9) ne sauraient s'appliquer que fort improprement à Adam, car avant la chute il était tel qu'il sortit des mains du Créateur (Genèse 1.31) et n'avait pas encore en lui le péché à l'état latent qui n'attend que "l'occasion," la provocation du commandement pour "reprendre vie." (versets 8,9)
    Enfin, l'on ne voit pas pourquoi l'apôtre raconterait l'histoire de l'humanité en employant la première personne du singulier, tournure d'autant plus malheureuse que rien dès lors n'indiquerait qu'il change de sujet à verset 14 et suiv,où, de l'avis de tous les interprètes, il en vient à décrire les expériences de l'homme individuel.
    - Reste l'autre question : s'agit-il de l'homme naturel et irrégénéré, ou de celui qui a passé par la conversion et chez qui l'œuvre de la régénération et de la sanctification en Jésus-Christ est commencée ?
    En d'autres termes, Paul, pour autant qu'il parle ici de lui-même, raconte-t-il ses expériences de pharisien ou de chrétien ? La question se pose surtout pour versets 14-25, car l'on est généralement d'accord pour admettre que les versets versets 7-13 décrivent les expériences de l'homme sous la loi.
    Ceux qui pensent que, dans versets 14-25, nous avons également les expériences de Saul pharisien, se fondent sur les raisons suivantes qui semblent très fortes : l'apôtre a parlé jusque-là de ses expériences de pharisien et il n'avertit pas le lecteur qu'il passe à ses expériences de chrétien ; le sujet est manifestement le même dans versets 7-13 et versets 14-25.
    Dans ces versets, il n'est pas question de l'Esprit, mais seulement de "l'entendement," c'est-à-dire de la conscience morale, de la raison pratique, faculté naturelle qui constitue chez tous "l'homme intérieur".
    Au chapitre 8, il parlera de l'Esprit, et, comme dans Galates 5.16-25, il décrira dans de tout autres termes la lutte de la chair et de l'Esprit chez le chrétien. L'opposition de ces deux descriptions ne se comprendrait plus, si dans notre chapitre déjà il était question du chrétien. De même, si l'on considère les déclarations absolues de Romains 6 sur notre affranchissement du péché dans la communion du Christ mort et ressuscité, (Romains 6.6,7,12,14,18) on ne saurait admettre que l'apôtre dise en parlant de son expérience de chrétien : (verset 14) "moi je suis charnel, vendu au péché," c'est-àdire son esclave.
    - Ceux qui soutiennent qu'il s'agit du chrétien et de sa lutte contre le péché qui subsiste en lui, avancent, à l'appui de leur opinion, les raisons suivantes qui méritent également d'être pesées :
    1° Tout ce que l'apôtre laisse entrevoir ailleurs des sentiments qu'il nourrissait comme pharisien exclut l'idée d'une lutte douloureuse, dans laquelle son âme aurait été déchirée par des aspirations contraires ; il se montre plutôt animé de l'orgueilleuse propre justice qui était le trait caractéristique du pharisien. (Luc 18 : 11/ et suivants) Il s'estimait alors "sans reproche à l'égard de la justice de la loi" (Philippiens 3.6, comparez Actes 22.3) ; il servait Dieu avec une conscience pure comme ses ancêtres l'avaient fait, (2Timothée 1.3) s'il persécuta l'Eglise, dans les temps qui précédèrent sa conversion, il n'en avait aucun remords, car il agissait "par ignorance, étant étranger à la foi chrétienne." (1Timothée 1.13) Cette assurance, si peu justifiée qu'elle fût, n'en était pas moins l'opposé de la situation morale décrite dans versets 14-25.

  • 2° L'homme dont la lutte est dépeinte (versets 14-25) "reconnaît que la loi est bonne," (verset 16) il a "la volonté de faire le bien," (verset 18) il "prend plaisir à la loi de Dieu," (verset 22) il est "par 1'entendement esclave de la loi de Dieu." (verset 25)
    Peut-on, sans exagération, prêter de telles vertus à l'homme naturel ? Augustin, après sa controverse avec Pélage, Luther, Calvin et tous nos réformateurs, qui avaient été amenés par leurs expériences à sonder dans toute sa profondeur la déchéance de l'homme pécheur, sa corruption et sa faiblesse, se sont refusés à admettre que l'homme encore étranger à l'action de la grâce soit engagé dans la lutte décrite par Paul.
    "Ce combat duquel l'apôtre parie n'est jamais en l'homme jusqu'à ce qu'il soit sanctifié par l'Esprit de Dieu...L'homme charnel s'adonne à péché du consentement de tout son cœur, et comme si tout ce qui est en lui avait fait un complot de courir après, et la division commence lors seulement, quand il vient à être appelé du Seigneur et sanctifié par l'Esprit." Calvin.
    3° Si l'on objecte que l'apôtre ne saurait dire du chrétien qu'il est "charnel et vendu au péché," puisqu'il l'a déclaré au chapitre précèdent "affranchi du péché et esclave de la justice," on oublie qu'il ne prétend pas, dans cette formule, décrire toute la vie du chrétien. Il peut appeler le chrétien "charnel," parce qu'il a une nature de chair, que la conversion et la régénération commencée ne suppriment pas, et avec laquelle il doit lutter aussi longtemps qu'il demeure ici-bas. Et en tant qu'il est "de chair," qu'il reste dans cette chair où le péché a élu domicile, il est "vendu au péché".
    4° Dans tout le passage (Ro 14-25), Paul emploie le présent, tandis qu'il s'est servi du passé dans versets 7-13. Ce changement de temps n'indique-t-il pas qu'après avoir parlé d'expériences qui appartenaient entièrement à une période écoulée de sa vie, il en vient à des luttes qui sont encore, en partie du moins, et à de certains moments, des expériences actuelles ?
    On ne saurait expliquer autrement la substitution du présent au passé. L'emploi de ce présent et le ton pathétique avec lequel l'apôtre s'écrie : "malheureux homme que je suis !" seraient dépourvus de vérité s'ils s'appliquaient à des sentiments que Paul n'a jamais éprouvés lui-même ou qu'il n'éprouve plus depuis longtemps.
    - Il est difficile de se prononcer entre les deux interprétations, l'une et l'autre ont leur part de vérité. Le tort de ceux qui les défendent d'une manière exclusive est de tirer de leurs arguments une conclusion trop absolue.
    La conversion ne marque jamais, dans aucune vie humaine, une limite tellement tranchée que l'on puisse déterminer avec une précision rigoureuse si une expérience morale est possible seulement en deçà ou au delà de cette ligne. Même une conversion soudaine et radicale comme celle de Saul de Tarse sur le chemin de Damas, a été préparée par des luttes intimes dont Saul lui-même n'a pas eu clairement conscience au moment où elles commencèrent de troubler son âme.
    Si ce sont ces luttes que l'apôtre décrit dans versets 14-25, il les décrit telles qu'elles apparaissent maintenant à sa conscience éclairée par l'Evangile, et s'il en parle au présent, c'est que ces luttes, qui préparèrent sa conversion, se sont prolongées après qu'il eut embrassé par la foi son libérateur ; elles se renouvelleraient encore au moment où il écrivait cette page émouvante, s'il abandonnait la communion de son Sauveur, et si, cessant d'être sous l'action de son Esprit il se retrouvait dans sa misère naturelle d'être "charnel," "vendu au péché".
    Si l'on tient à fixer une date à laquelle a commencé cette expérience morale, on pourra dire que Saul s'est vu engagé dans cette lutte vers la fin, plus agitée, de sa carrière de pharisien, lorsqu'après avoir reconnu toute la spiritualité de la loi, il essaya d'accomplir avec ses propres forces la justice supérieure qu'il avait entrevue. Il perdit bientôt l'orgueilleuse assurance qu'il avait eue jusque-là.
    Mais ce réveil de la conscience ne fut pas produit par la loi seule et par les réflexions que Saul fit sur elle. C'était déjà un premier effet de l'action qu'exerçait sur lui l'Esprit du Christ qui commençait d'enfoncer dans sa conscience cet "aiguillon contre lequel il lui aurait été dur de regimber." (Actes 9.5)
    Tout pécheur, de même, trouvera dans les paroles de l'apôtre une peinture frappante des combats dans lesquels il s'est vu engagé quand ses yeux se sont ouverts sur les saintes exigences de la loi de Dieu et qu'il a constaté son impuissance radicale à les remplir.
    Cette crise de la repentance qui a précédé sa naissance à une vie nouvelle et qui a été la première phase de cette transformation salutaire, elle lui apparaît décrite par l'apôtre en termes saisissante de vérité.
    Voilà bien les sentiments entre lesquels mon cœur était alors partagé dira-t-il, voilà la lutte sans issue dans laquelle je me consumais en vains efforts.
    Mais, comme l'apôtre, il pourra, sans méconnaître la grande délivrance dont il a été l'objet, en parler encore au présent : voilà la triste condition où je retombe toutes les fois qu'il m'arrive de perdre le sentiment actuel de la grâce, de m'éloigner de la communion du Sauveur, soit par des inconséquences et des retours de propre justice (comme Pierre, Galates 2.11 et suivants, et les Galates, Galates 3.3), soit en essayant de travailler à ma sanctification par des moyens de ma propre imagination, soit enfin par des infidélités, sur lesquelles je n'invoque pas immédiatement l'efficace du sang de la croix. Je me retrouve alors seul en face de la loi, et la lutte recommence aussi terrible que la première fois.
    Bien plus, il est dans la vie de tout chrétien, si avancé soit-il, des temps où, progressant dans la connaissance de la sainte loi de Dieu, il fait des découvertes nouvelles de sa profonde corruption ; la loi reprend alors pour lui son ministère de condamnation et de mort ; la lutte recommence, et ce n'est qu'au travers de nouvelles expériences de son impuissance et de sa misère naturelles qu'il parvient à la délivrance, à la plénitude de la grâce en JésusChrist.
    Ainsi, bien que ce ne soit pas la condition normale de l'homme régénéré qui soit décrite dans versets 14-25, cette description conserve, pour lui aussi, à certains égards, sa douloureuse actualité.