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La convoitise

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Type : Réflexion
Thème : Non classés
Source : Croire & Servir   
Publié sur Lueur le

Nous connaissons tous l'histoire d'Abel et Caïn. Parce que le sacrifice du premier est accepté, le second est abattu. Dieu va le voir et lui dit : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Le péché est tapi à ta porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui (Gn 4.6-7). Un commentaire rabbinique précise la nature de la déception de Caïn. Il fait dire à Dieu : Pourquoi ton visage est-il abattu ? Est-ce parce que je n'ai pas agréé ton offrande, ou bien parce que j'ai agréé l'offrande de ton frère ?

Il n'est pas difficile de penser que, si le sacrifice d'Abel n'avait pas été accepté, Caïn s'en serait beaucoup mieux porté... et il se serait mieux comporté.

La convoitise est considérée comme le péché type dans la tradition juive. Elle occupe une place de choix dans le décalogue puisque la dernière des dix paroles dit : Tu ne convoiteras pas... la maison, la femme, la servante, le boeuf ou l'âne de ton voisin (Ex 20.17). Les commentateurs ont mis cette parole en parallèle avec la première : Tu n'auras pas d'autre Dieu, qui lutte contre l'idolâtrie.

Pour reprendre les catégories d'Alphonse Maillot dans sa lecture de l'épître aux Romains, l'idolâtrie est le péché-par-le-haut car elle aliène l'humain à des réalités qui lui sont extérieures, et la convoitise est le péché-par-le-bas qui détruit l'humain de l'intérieur (1). La convoitise conduit la personne à mesurer son existence à l'aune de ce qu'elle possède, et à ne considérer l'autre que par ses avoirs. Elle est un orgueil qui cherche à dominer, accaparer, exclure. Elle est une maladie qui considère le frère comme un concurrent, le prochain comme un objet, et l'objet comme une idole. Comme toutes les idolâtries, la convoitise débouche sur une impasse.

S'il veut devenir grand, riche, et fort comme son voisin, l'homme trouvera toujours un voisin plus grand, plus riche et plus fort que lui. Toutes les écoles de sagesse rappellent que le vrai riche n'est pas celui qui a beaucoup d'argent, mais celui qui est heureux de ce qu'il a, et qui est reconnaissant de ce qu'il possède.

Un proverbe de la Bible dit Un coeur calme est la vie du corps, mais la convoitise est la carie des os (Pv 14.30). Il sonne juste et vrai. Nous savons combien la convoitise qui se cache derrière les mots jalousie, rancune, amertume, aigreur... est véritablement une carie qui ronge et qui détruit, alors qu'elle est parfaitement vaine. Un commentaire dit qu'elle ressemble à un individu qui se déplace au milieu des autres en fermant la main de façon qu'on ne puisse savoir ce qu'elle contient. Il excite leur curiosité en disant : Devinez ce qu'il y a dans ma main ? Ne le voulez-vous pas ? Chacun des auditeurs se dit qu'elle contient et cache justement ce dont il a envie, et tous le suivent. Lorsque le tentateur finit par ouvrir la main... elle est vide !

Les sages ont affirmé qu'il n'y avait qu'un seul antidote à la convoitise : la reconnaissance. Nous avons articulé le commandement sur la convoitise avec la première parole qui demande de ne pas avoir d'autre Dieu, mais nous savons que les dix paroles sont précédées par un préambule qui les fonde : Je suis l'Éternel ton Dieu qui t'ai libéré. C'est en s'enracinant dans la libération que Dieu offre que nous devenons reconnaissants pour tout ce que nous avons, et que nous éteignons en nous la convoitise. Pour ne pas convoiter, il faut guérir son regard, apprendre à aimer ce qu'on a, et rendre grâces à Dieu en toutes choses.

La convoitise est une bougie. S'inscrire dans la reconnaissance revient à approcher la bougie d'un brasier : elle fond et disparaît.

(1) Alphonse Maillot, L'épître aux Romains, Le Centurion 1984, p.187

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