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La route des épices est coupée

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Type : Réflexion
Thème : La foi c'est quoi ?
Source : Croire & Servir   
Publié sur Lueur le

Cette nouvelle, à la fin du moyen-âge, n'était pas seulement une catastrophe pour les gourmets. Les épices servaient à la conservation des aliments avec le sel et le vinaigre. Comme produits tropicaux, on allait les chercher "aux Indes ", c'est-à-dire l'Inde actuelle, mais aussi le Siam et spécialement les Îles Moluques en Indonésie... Or la puissance turque s'est étendue, au cours du XVè siècle, sur le territoire que nous appelons le Proche-Orient et le Moyen-Orient. Au lieu de continuer à faire payer des droits de péage et de douane, les Turcs ont déclaré : " On ne passe plus !". Et pourtant il faut bien vivre, il faut bien manger.

Qui ne peut aller droit contourne l'obstacle. Par le Nord-Est et l'Ousbékistan, impossible : on se heurtait à l'Himalaya. Par le Sud ? On connaissait les côtes de Guinée et on espérait que l'Afrique ne s'étendait pas trop loin vers le Sud , et pouvait facilement être contournée. Hélas, le voyage fut très long et périlleux. La côte de l'Afrique descendait bien trop au Sud. Il ne restait plus que l'Ouest. Cette fois, il ne s'agissait plus de longer des côtes : l'Ouest c'était l'Océan. Mais les navires étaient plus sûrs, les instruments de navigation plus perfectionnés. On avait aussi l'illusion que les Indes se trouvaient à 6000 km de Lisbonne (au lieu des 22 000 réels). En 1492, Christophe Colomb prit le départ en présence de la reine Isabelle, et sous les acclamations d'une foule en fête.

" La route des épices est coupée " : au-delà des apparences, était-ce un malheur ou un bonheur, une catastrophe ou un immense enrichissement? Quand une route se ferme dans notre vie, nous avons tendance à penser que c'est désespérant, que c'est un malheur total, sans nuances et sans compensation. Tout est fini, notre univers s'écroule. En réalité, la vie continue. Il y a d'autres chemins. On aura autre chose autrement.

Ce n'est pas encore là que du simple bon sens humain. Mais un chrétien a quelque chose de plus, une promesse de Dieu : Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8.28).

Avec cette parole, nous savons que les événements et les circonstances changent de sens. Ils étaient négatifs et destructeurs, ils avaient posé un point final, et voilà qu'ils deviennent positifs, constructifs, et nous font avancer, en nous ouvrant des possibilités que nous n'avions pas soupçonnées. Dieu peut agir avec puissance pour retourner une situation. Encore faut-il que sa puissance trouve un terrain favorable.

Le texte biblique, dans sa suite (Rm 8.28-30) insiste sur ce point : Ceux qui aiment Dieu, ceux qu'il a appelés... prédestinés... justifiés... glorifiés. Ce n'est pas fait pour exclure certains au profit de certains autres. C'est une simple question de logique. Une vie dont Dieu est absent n'offre pas de prise à son action. Dans les Évangiles, nous voyons la puissance de Jésus s'arrêter devant l'incrédulité : Là, il ne put faire aucun miracle (...), et s'étonnait de leur incrédulité (Mc 2.6). Il y doit bien y avoir dans la foule qui sort de la synagogue, une " scintille de foi ", comme disait Calvin, car le texte complet est : Là, il ne put faire aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit un petit nombre de malades. De même, il guérit le paralytique (Mc 2.6-12) à cause de la foi de ses amis, et comme témoignage contre l'opinion des scribes. De nouveau, l'homme à la main desséchée est guéri contre l'opinion des pharisiens (Mc 3.1-3).

Une route brusquement coupée, c'est l'occasion de se demander comment Dieu va retourner la situation. C'est une occasion de se souvenir de sa promesse, et de se remplir d'espérance... C'est lui demander d'agir, et de nous donner du discernement pour que nous puissions reconnaître notre nouvelle route, selon son plan pour nous. C'est demander à Dieu de nous donner un esprit de reconnaissance, pour que nous soyons capables de le remercier de tout ce qui nous est donné. Et puis, il y a le regard des autres, inévitable. Il y a la grande question : Jésus-Christ est-il, oui ou non, le Fils de Dieu ? Déjà nous lisons : Les scribes étaient assis, et faisaient ce raisonnement dans leur coeur... (Mc 2.6) Les pharisiens l'observaient... (Mc 3.2). Quand une situation se retourne, cela se remarque. C'est même un puissant témoignage.

Une route coupée, c'est très dur, mais c'est le commencement d'une aventure avec le Seigneur: à lui de jouer ! Nous allons voir ce qu'il va faire.

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