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Le faire et l'être

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Type : Réflexion
Thème : Vie d'Eglise
Source : Lueur   
Publié sur Lueur le

Nous commencerons notre lecture biblique dans le livre des Actes, chapitre 13 verset 1 à 5. Un second texte suivra.

Le deuxième passage se trouve un peu plus loin dans le livres des Actes, au chapitre 16, les versets 6 à 9 (Actes 16.6-9). Le « ils » s'applique à Paul et Timothée.

Notre lecture rapporte les débuts du 1er voyage de l'apôtre Paul aux alentours de 46 après JC et se termine au chapitre 16 lors du 2ème voyage de l'apôtre Paul aux alentours de 48 après JC.

Au chapitre 13, nous constatons que ce 1er voyage missionnaire a comme point de départ Antioche, église qui a débuté par l'évangélisation des gens de la communauté de Jérusalem quelques 14 ans plus tôt, qui est devenue la première église à majorité pagano chrétienne et non judéo chrétienne et qui, on le constate, a su se développer de telle sorte qu'elle devient le lieu déclencheur de la propagation de l'Evangile. Barnabas et Paul y sont présent ; ils ont beaucoup oeuvrés dans l'édification des membres de la communauté.

Cependant, tout n'est pas rose pour l'église… elle souffre de la situation de la communauté de Jérusalem, à la fois touchée par la persécution des autorités, mais aussi par la famine qui sévit et qui a été prophétisée à Antioche quelques années auparavant suscitant une aide financière de la part des chrétiens de l'église. Oui, les temps sont difficiles, et même si ça l'est moins à Antioche, ils souffrent pour leurs frères et soeurs… nous le constatons au travers du jeûne qui y est observé au verset 2.

Cela mérite une toute petite parenthèse… nos églises ont aujourd'hui tendance à voir dans le jeûne une action nécessaire à l'intervention de Dieu, un coup de klaxon, un boost que Dieu ne peut décemment pas ignorer : on va jeûner et Dieu va répondre… or, dans tout l'Ancien Testament, le jeûne n'est que la manifestation de la souffrance de l'homme face à une situation donnée. Et il en est de même dans le Nouveau Testament, le Christ n'en parle que dans ce contexte ! Et nos amis d'Antioche ont matière à souffrir…

Et voilà que dans un de ces moments, Dieu va ajouter à leur peine : le Saint Esprit leur annonce que Paul et Barnabas doivent les quitter pour parcourir ces contrées hostiles à l'Evangile. A nouveau ils prient et jeûnent, mais acceptent tout de même la volonté divine : ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir.

Cela me rappelle l'histoire de notre pays lors des persécutions contre les protestants en France… une école de théologie avait ouvert à Genève afin de former les pasteurs français, qui, une fois terminé leur études, repartaient en France mener une vie clandestine afin d'encourager, d'accompagner les chrétiens persécutés… si mes souvenir sont bon, la moyenne de survie dans le service était de 3 ans avant d'être pris et de mourir. On a appelé cette école, l'école de la mort : ceux qui se formaient savaient ce qu'ils risquaient. Il y avait matière à jeûner aussi…

Pour en revenir à notre texte, voici donc Barnabas et Paul secondés par Jean-Marc, appelés à servir et donc en partance… C'est bien de savoir quoi faire, mais l'Esprit a oublier de dire comment, où, pendant combien de temps…

Ces questions sont d'autant plus importantes que le contexte prête à la prudence… une prudence qui sera certainement la cause de l'abandon de Jean-Marc lorsque leur voyage toucha le continent (ce que Paul aura du mal à lui pardonner par la suite et qui sera le sujet de discorde entre lui et Barnabas avant le deuxième voyage missionnaire).

Bien souvent, en tant que pasteur, des gens viennent me voir pour exprimer ce qu'ils ont sur le coeur et pensent avoir reçu du Seigneur… Ce sont souvent des manques, des appels à aller plus loin qui dans le social, qui dans l'enseignement, qui dans la prière etc… « je sent que le Seigneur met cela sur mon coeur » est une expression familière ; souvent on nous partage cela pour diverses raisons : une confirmation que cela vient bien de Dieu, un reproche qu'il y a bien quelque chose qui ne va pas dans l'église mais surtout, une volonté de refiler le bébé, si vous me permettez l'expression, dans le sens ou on sous-entend : j'ai reçu, mais maintenant fait car je ne sais pas comment faire… pour certains enfin, c'est le désir de partager et de remettre ce qui a été reçu dans la prière.

Cela me rappelle l'expérience vécu lors de l'événement de Pentecôte 2000… on devait accompagner les ados jeunes à cette manifestation, et la veille, j'ai eu ma première, et seule, crise de céphalée qui m'a fait aller à l'hôpital en urgence avec des vomissements et une grande faiblesse tant et si bien que l'on a cru à une méningite. Heureusement ça n'en a pas été une, et j'ai pu rentrer à l'appartement le samedi après midi, seul, car ma femme avait emmené le groupe.

Pendant mon temps de prières et de méditation, j'ai reçu dans le coeur l'invitation à aller me former théologiquement… devant ce fardeau reçu, j'ai prier pour que Dieu me donne un signe et me dise comment faire. La réponse a été la suivante : arrête de demander un signe, si tu as cela sur le coeur, regarde si cela ne contredit pas ma Parole et si c'est ma volonté, je t'ouvrirai les portes et je fermerai les portes là ou il faut, pour te guider. Et c'est ce qu'il a fait.

Au fil des ans, j'ai appris que Dieu pouvait nous mettre un fardeau sur le coeur… bien souvent, nous sommes désarmés face à cela. Et les questions dites précédemment sont légitimes… mais elles trouvent leur réponse au travers de ces clés :
- la première, c'est de savoir si ce que nous avons sur le coeur et pensons avoir reçu de Dieu vient bien de Lui : il suffit de lire les Ecritures. Si ce que nous avons sur le coeur concorde avec ce qui est écrit dans la Parole, on peut difficilement se tromper, par contre si c'est contraire aux Ecritures on peut légitimement remettre en doute la chose reçu.
- la seconde clé répond à qui doit le faire… dans une immense majorité des cas (j'excepte là les paroles pour une tierce personne), si l'Esprit nous met un fardeau sur le coeur, ce n'est certainement pas pour s'en débarrasser… Dieu attend que nous fassions quelque chose de cela. Sans réelle orientation, nous devons à ce moment-là faire preuve de sagesse et exercer notre intelligence.

C'est ainsi que Barnabas et Paul vont agir, avec sagesse. C'est bien beau de recevoir qu'il faut aller évangéliser, se jeter dans la gueule du lion, mais, en l'absence de chemin éclairé, réfléchissons. Et la première destination n'est pas Jérusalem ou Athènes ou Rome, non, c'est l'île de Chypre que connaît bien Barnabas qui y est né… un début d'évangélisation dans un coin qu'on connaît, qui n'est pas aussi dangereux (le pro consul de l'île est un homme ouvert et les accueillera même pour les écouter). Ils ont commencé avec les moyens du bord, en exerçant leur intelligence…

Une troisième clé est pour moi primordiale dans la démarche de faire… c'est ce qui est écrit dans l'épître de Jacques, chapitre 4, versets 13 à 15 : « Et maintenant, écoutez-moi, vous qui dites : « aujourd'hui ou demain, nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous gagnerons de l'argent ». Savez-vous ce que demain vous réserve ? Qu'est-ce que votre vie ? Une brume légère, visible quelques instants et qui se dissipe bien vite. Voici ce que vous devriez dire : « Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela ! ».

Si Dieu le veut… Dans ce que l'on fait, il ne faut pas oublier que c'est à Dieu que nous confions les commandes. Celui qui s'engage dans quelque chose, que ce soit pour l'église ou pour sa propre vie, ne doit jamais oublier que c'est Dieu qui doit diriger. Et à ce moment qu'importe le succès ou l'échec, car cela ne nous appartient pas, ce qui importe c'est de rester attentif à ce que Dieu veut que nous fassions : C'est sa volonté qui importe.

Si Dieu le veut : Paul a voulu évangéliser dans la province d'Asie, mais Dieu a refusé… Paul a voulu aller en Bithynie, mais là encore Dieu n'a pas voulu… Dieu ferme les portes. Un échec pour Paul ? non, une fidélité et une direction à suivre. Et là, O miracle, enfin, dans ce deuxième voyage missionnaire, au verset 9 du chapitre 16 des Actes (le temps a passé depuis la parole de prophétie à Antioche !) Dieu lui donne une direction précise, la Macédoine… heureux homme me direz-vous : lisez la suite de ce chapitre 16, et vous constaterez que ça n'a pas été une sinécure.

Bien chers frères et soeurs, lorsque Dieu vous met à coeur un travail, une direction à suivre, que ce soit pour l'église ou dans votre vie, n'attendez pas un signe, remettez cela entre les mains de notre Père, exercez votre intelligence et mettez-vous au travail avec foi et persévérance : soyez confiant, Dieu guide, ouvre, ferme les portes le tout avec amour.

C'est ce qui fait la richesse d'une église. Le pasteur n'est pas omnipotent, le conseil ne l'est pas non plus : ils n'ont qu'un service de sagesse et de direction à exercer. Une communauté est riche de la mise à disposition des dons et compétences des uns et des autres : beaucoup d'actions, grandes et petites, mais nées d'un fardeau particulier… des missions caritatives avec un fardeau pour les SDF, certains en promenant un chariot de café dans les rues, l'accueil convivial dans l'église… cela durera ou pas, ça ne nous appartient pas, mais ce qui nous est demandé, c'est de laisser la place et encourager les initiatives des frères et soeurs, avec sagesse et intelligence.

On peut être un peu déboussolé par les diverses initiatives, activités des uns et des autres ; mais il n'est pas demandé de s'investir dans toutes… les activités restent un service, non une obligation, chacun peut s'y investir ou pas et nul ne doit se sentir jugé ou être jugé s'il ne s'y investi pas car nous entrerions alors dans un activisme religieux, pharisaïque qui serait destructeur.

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