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La solitude en Christ

Auteur :
Type : Réflexion
Thème : La solitude
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 66  
Publié sur Lueur le
Ces méditations de Serge Jacquemus, pasteur de l'Église réformée de Belleville, à Paris, sont extraites d'un texte : Solitude et communion que vous pourrez lire en son entier dans le numéro 51 des Cahiers de l'École Pastorale.

La solitude fait partie de la condition humaine. Elle est une réalité de l'existence. Elle est inhérente à l'être.

Universelle solitude

Chacun de nous est seul, depuis sa naissance, même s'il a eu le bonheur d'avoir ses parents, père et mère - mais beaucoup n'ont pas eu et n'ont pas ce bonheur.

Tout être humain - il faudrait peut-être dire toute créature, l'animal aussi - l'homme, la femme, l'enfant, porte en lui-même une Solitude à laquelle il devra faire face, plus ou moins, tôt ou tard.

Certains animaux vivent en solitaires, d'autres en couples, en bandes ou en troupeaux. Pour l'homme, le sentiment de solitude est peut-être un des plus pénibles à supporter.

La solitude de l'enfant peut être très profonde, de très bonne heure. C'est une expérience originelle, décisive lorsqu'il dit pour la première fois : Moi… je…, quand il prend conscience de son individualité, de sa personne.

Cette expérience de solitude, chez l'enfant, peut être angoissée, tragique même pour lui, quand il a peur dans le noir, ou quand il se sent, ou se croit, incompris, mal-aimé, quand il s'en va, fâché, à l'écart de tout le monde, ou quand, déjà très tôt souvent, il découvre la mort.

Habituellement, on considère la solitude comme un malheur, ce qu'elle est souvent. On plaint le - ou la - célibataire qui vit seul(e). On compatit à l'affliction des veufs et des veuves, au triste sort des conjoints abandonnés. Il y a la solitude des personnes âgées, des infirmes, des malades, des exclus de la société, des exilés. La vie moderne, avec son rythme d'agitation, d'excitation, contribue à accentuer cet état, ce sentiment de solitude. Il y a aussi des tempéraments solitaires, des gens qui aiment la solitude, d'autres pour lesquels elle est insupportable.

Un rabbin célèbre du 18ème siècle disait : Parfois il me semble que chaque homme est un arbre solitaire au milieu du désert, et Dieu n'a que lui dans le monde entier, de même que lui n'a que Dieu dans le monde entier.

Solitude chrétienne

Le chrétien n'échappe pas à la condition humaine générale. Il connaît, lui aussi, la solitude. Mais pour lui, la solitude peut avoir une autre dimension. Elle peut prendre un sens, une signification. Elle n'est pas un malheur insupportable. Elle peut même devenir heureuse.

Bien des auteurs chrétiens l'ont exprimé. Les Psaumes aussi, de leur côté :
Je veille et je suis comme l'oiseau solitaire sur un toit (Ps 102.8). Regarde-moi et aie pitié de moi car je suis seul et pauvre... (Ps 25.16). Il se tourne vers la prière du solitaire, il ne méprise pas leur prière (Ps 102.18)
Tout d'abord, le chrétien qui veut suivre Jésus doit accepter la solitude. On se décide seul pour Jésus-Christ seul. La conversion, le baptême, font l'objet d'une décision, d'un engagement personnel, et donc solitaire, même si l'on y est aidé et soutenu par d'autres. Et on peut aussi rencontrer l'opposition et l'incompréhension.

Le pasteur Louis Dallière disait dans une brochure intitulée « Le baptême en vue du retour de Jésus » :

Lorsque nous entendons l'appel de Jésus, cet appel nous trouve liés par des liens humains à un grand nombre d'êtres de la terre. Par le baptême, Jésus veut couper absolument tous ces liens, sans aucune exception, afin de lier notre être à lui seul. On meurt seuil, on est baptisé seul… On quittera donc tous ses amis du monde, les incroyants, les pécheurs, les croyants tièdes. On quitte les plaisirs du monde, les modes du monde. On reçoit la robe blanche lavée dans le sang de l'agneau. On reçoit une vie nouvelle de prière, de vertus produites par la grâce du Christ… Le mari est baptisé sans sa femme, le père sans son enfant, la fille sans sa mère, l'ami sans son ami. Christ veut la première place avant les êtres que l'on a aimés dans l'affection de la famille ou de l'amitié...
Mais voici la contrepartie : Dès qu'une âme est unie au Seigneur Jésus, elle n'est plus seule. Pour l'éternité sa solitude est finie. Toujours, l'homme qui s'est donné au Sauveur pourra dire : Je suis deux. Christ est avec lui sans cesse (Relire Mt 28.19-20).

Le chrétien a aussi besoin de solitude s'il veut vivre et cultiver une vie chrétienne normale : lire la Bible chaque jour, prier à certaines heures, avoir des temps de retrait et de silence pour écouter Dieu. Que l'on soit marié ou célibataire, pasteur ou laïc, tout ministère comporte et nécessite un aspect de solitude.

« Il est difficile de voir le Christ au milieu de la foule, dit S. Augustin ; notre âme a besoin d'une certaine solitude, et elle ne peut voir Dieu qu'en s'y appliquant dans cette solitude. La foule est tumultueuse, mais cette vue de Dieu réclame le secret ».
« Nous pourrions avoir beaucoup de paix, si nous ne voulions pas nous occuper de ce qu'ont dit et fait les autres et de ce qui n'est pas notre affaire. Comment peut-il longtemps rester en paix, celui qui se fourre dans les affaires d'autrui et qui cherche les occasions d'être dehors et qui trop peu ou rarement se recueille en l'intimité de lui-même ? » (Imitation de Jésus-Christ, chap. 11). « Il est très utile de s'adonner à la lecture de la Parole de Dieu dans la solitude et de lire toute la Bible d'une façon raisonnable… La lecture de la Parole de Dieu doit se faire dans la solitude, afin que tout l'esprit soit plongé dans les vérités de l'Écriture Sainte… » (S. Séraphin de Sarov).

La solitude acceptée

Bien des problèmes et difficultés de la vie spirituelle personnelle - et même communautaire - proviennent d'une solitude qui n'est pas acceptée ou qui n'est pas assumée en Christ.

« Voici le conseil que je vous donne - dit un auteur spirituel russe du siècle dernier. Commencez par vous retirer dans la solitude à l'intérieur de votre propre maison, et consacrez ces moments de solitude à prier, demandant instamment une chose : Fais-moi connaître, Seigneur, la voie par laquelle je dois marcher (Ps 142.8) » . « Priez aussi non seulement en paroles et en pensées, mais avec votre coeur. Pendant ce temps de retraite, mettez à part certaines heures chaque jour, ce qui serait le mieux ; ou alors certains jours de la semaine ». « Utilisez vos moments de solitude exclusivement à travailler pour Dieu - à prier et à penser à Dieu. Ces pratiques, si vous y êtes sagement fidèles, ne vous permettront pas de vous ennuyer, car elles apportent une consolation spirituelle que rien d'autre sur terre ne saurait donner ».

La recherche de Dieu

Il y a une solitude qui est bonne et une solitude qui est mauvaise. De même qu'il y a un silence qui est bon et un silence qui est mauvais.
« Il y a une différence initiale entre une quête négative et une quête positive de la solitude. L'homme moderne qui veut être seul espère échapper au tourment de la vie quotidienne ; ce qui le pousse, c'est le besoin urgent de fuir la foule, le bruit, les soucis et tout le reste. Le solitaire authentique, lui, est poussé par la soif de perfection ; quant au solitaire chrétien, il est mû par la pensée d'une Personne à connaître davantage et qui l'invite à partager sa vie et son intimité. La fin de la quête spirituelle de la solitude est la découverte de Dieu » (P. F. Anson).
La solitude mauvaise est celle qui fuit les autres par amertume, par déception, blessure d'amour propre, jugement sur autrui, manque de charité. On s'isole par orgueil spirituel.
« Ne vous enfermez pas dans la solitude, loin de la communauté. Trouvez Dieu d'abord dans la communauté. Il vous conduira ensuite dans la solitude » (Thomas Merton).
La solitude bonne n'est pas isolement. La solitude bonne est celle où l'on se retire pour la prière, pour être seul avec Dieu seul - comme Jésus le faisait fréquemment, même au plus fort de son ministère - pour rechercher la volonté de Dieu ou pour des temps de retraite.

Les hommes de la Bible, les serviteurs de Dieu, ont tous connu la solitude : Abraham lorsqu'il montait au Morija pour offrir son fils en sacrifice, Moïse, lorsqu'il montait au Sinaï pour recevoir les Dix Paroles, Élie, quand il fuyait la persécution, Jérémie, et tous les prophètes…

Jésus se retirait souvent dans la solitude pour prier : Mt 14.13, Mt 14.23, Mt 17.1 ; Mc 1.35, Mc 1.45, Mc 6.47 ; Lc 4.42, Lc 5.16, Lc 6.12, Lc 9.28, Lc 22.41 ; Jn 6.15, Jn 8.29, Jn 16.32.

Il disait : Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra (Mt 6.6)

La solitude n'est bonne et possible qu'en Christ, lorsqu'elle est assumée dans la foi et l'amour. Par exemple dans le célibat consacré ou dans une situation personnelle où elle est acceptée pleinement comme volonté de Dieu : veuvage, vieillesse, infirmité, ou toute autre circonstance.

Commentaires (1)

par fille de Dieu

qu'il est bon d'être près du Seigneur! sa grâce nous suffit amplement même si souvent on éprouve le contraire! rendons grâce au Seigneur de Sa présence dans la vie de chacun de ses enfants! Jésus seul peut combler tout vide dans notre existence! soyons toujours réconfortés par Son infini amour pour nous! Il est notre raison de vivre parce qu'Il a fait de nous Sa raison d'être

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