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Le jeûne : Ce qu’il est et n’est pas

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Type : Enseignement
Thème : Vie Spirituelle
Source : Lueur   
Publié sur Lueur le
Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Mt 6.16-18)

Nous allons tout d'abord brosser un rapide tour d'horizon entre ce qu'est et ce que n'est pas le jeûne dans la Bible. Nous viendrons ensuite à sa réalité aujourd'hui.

Lorsque Jésus donne l'enseignement que nous venons de lire, le monde juif a un grand passé de jeûnes derrière lui. Encore plus à son époque ! Les pharisiens jeûnant en effet deux fois par semaine.
Jésus, en prononçant ces paroles, met en valeur une réalité malheureusement réccurente lors du jeûne.

Cette réalité revient à paraître… je jeûne donc je suis pourrait-on dire. Si je jeûne, tout le monde doit être au courant. Là, c'est l'attitude qui compte, c'est le fait de jeûner. Le Christ condamne un tel comportement. Il nous exorte à ne pas faire cela, mais au contraire à garder ce jeûne propre à nous-même. Se parfumer la tête, laver son visage, c'est retirer les signes du jeûne. Celui-ci était en effet souvent accompagné de l'action de se couvrir de poussière et de cendres.

Vivre le jeûne d'une façon ou d'une autre conditionne le résultat de celui-ci. D'un côté, une récompense qu'il vaudrait mieux éviter semble-t-il, d'un autre, une espérance certaine, si vous me pardonnez l'expression, de l'action de Dieu.

La première situation que l'on rencontre dans la Bible qui se rapproche de l'idée de jeûne est à mettre au bénéfice d'Abraham lorsqu'il prie pour Sodome, en Genèse chapitre 18, verset 27 : « Je ne suis que poussière et cendre, et pourtant j'ai osé parler à mon Seigneur ».
Il y a dans cette parole d'Abraham deux traits qui caractérisent ce que va devenir le jeûne :
Il y a tout d'abord une situation de détresse extrême que rencontre la personne. Cette situation ne lui permet que de constater son insignifiance et son humiliation, sa totale dépendance vis-à-vis de Dieu face à la situation vécue. Il n'y a rien qui ne puisse arriver pour changer cela si toi, O Dieu, tu n'agis ! Je ne suis que poussière et cendre…
Il y a ensuite cette communication, cette communion avec Dieu. Plus particulière pendant ce temps ? peut-être, dans le sens où nous-même prenons le temps de lui parler. « J'ai osé parler à mon Seigneur ».

Nous avons donc à la fois la constatation d'insignifiance, de dépendance totale devant Dieu liées à une situation d'extrême détresse, ainsi qu'une communication, une relation avec notre Créateur, qui sont les fondements de l'action de jeûne que nous retrouverons dans toute la Bible.

Nous retrouvons le jeûne lors de deuil ; ainsi en est-il de David lorsque périrent Saûl, Jonathan et l'armée d'Israël. Lui et ses hommes prirent le deuil et jeûnèrent. (2 Samuel, chapitre 1 verset 12)
Nous retrouvons le jeûne lors de situations dramatiques : ainsi en est-il lorsque Josaphat déclara un jeûne pour tout Judas alors qu'une puissante armée composée de Moabites, d'amonites et de Maonnites se dirigeait vers Jérusalem. Le peuple se rassemble, prie, s'humilie et Dieu répond au travers du prophète Yahaziel, puis sème le trouble dans l'armée ennemie tant et si bien que lorsque les troupes judéennes arrivent sur le champ de bataille, toute l'armée ennemie s'est autodétruite. (vous trouverez tout cela en 2 Chroniques chapitre 20)
Nous retrouvons le jeûne lors de confessions de péchés : ainsi en est-il du peuple, retourné de Babylone à Jérusalem, qui entrepris de confesser ses péchés. Sous la conduite d'Esdras ils lurent pendant plusieurs heures la Loi de l'Eternel. Là encore il y a une grande détresse, non plus sur un événement extérieure, mais sur la constatation d'une conduite intérieure impardonnable.
Nous le voyons, le jeûne est omniprésent dans la vie du peuple juif, dans tout l'Ancien Testament.
Bien souvent, malheureusement, le peuple a employé le jeûne comme un moyen de pression, une injonction impérieuse faite à Dieu d'intervenir comme il semblait bon au peuple. Bien souvent, le jeûne a été vécu comme le moyen d'obtenir un gain vis-à-vis de Dieu. C'est cet état d'esprit que nous retrouvons dans la prophétie de Malachie, chapitre 3, versets 13 à 15.

Retournons maintenant à l'époque de Jésus.
Jésus a jeûné à plusieurs reprises. Là encore, nous retrouvons ces deux traits particuliers que sont la détresse et la relation avec Dieu. Le moment le plus fameux étant le jeûne dans le désert qui fut suivi des tentations de Satan. Le jeûne de Christ se comprend, lui qui savait ce qui l'attendait. Détresse pour les hommes, détresse pour lui-même certainement, abandon total à Dieu et cette réponse de Dieu au travers de Satan. Oui, Jésus va souffrir, va être tenté, mais va vaincre aussi comme il a su résister aux tentations.
Pour ce qui est cependant de son enseignement du jeûne aux apôtre, Jésus reste très sobre. A part la parole lue, qui n'encourage pas le jeûne mais le recadre : « si tu le fais, fait le bien », il n'y a qu'à un moment auquel il en parle à nouveau : Marc chapitre 2, versets 18 et 19.

Les disciples de Jean et les pharisiens jeûnaient. Ils vinrent dire à Jésus: Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, tandis que tes disciples ne jeûnent point? Jésus leur répondit: Les amis de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux? Aussi longtemps qu'ils ont avec eux l'époux, ils ne peuvent jeûner. (Mc 2.18-19)

Le jeûne étant le signe manifeste de notre désespoir face à une situation donnée, il est normal pour Jésus que ses apôtres ne jeûnent pas. Comment le pourraient-ils alors que le maître, alors que le Christ, alors que Dieu est avec eux !

Il ne faut cependant pas en ressortir que le jeûne est mort à cette date. On pourrait le penser : les chrétiens ayant le St Esprit, comment pourraient-ils encore jeûner ? Je crois qu'il y a cette idée de déjà et pas encore propre au Salut. Oui, il n'y aura plus de jeûne au retour de Christ, oui, le St Esprit nous conduit déjà aujourd'hui. Mais jusqu'au jour on nous reverrons notre Seigneur, nous restons humains. Et les apôtres ont eux aussi, après la crucifixion, jeûné.

On prend souvent ces passages pour définir le jeûne comme un moyen d'expression de la prière. Or, il n'y a pas de changement. Vis-à-vis de l'Ancien Testament ou de Jésus.

Dans le livre des Actes, lorsque Dieu dit aux chrétiens d'Antioche de laisser partir Barnarbas et Saul, ce n'était pas pour prendre du temps dans la prière qu'ils prièrent, mais bien parce que Dieu demandait à l'église de laisser partir deux colonnes alors que l'on était en pleines persécutions. Il y avait désespoir à la fois pour la communauté mais aussi pour les deux serviteurs qui allaient proclamer l'Evangile en plein temps de persécution !
C'est la même chose lorsque les églises jeûnèrent en choisissant leur dirigeants ! choisir les responsables, c'était les amener en première ligne sur le front des persécutions… Oui, au travers de la prière, il y avait matière à jeûner devant les perspectives données…

[Une telle situation se retrouve en pleine persécution religieuse en France. Après la révocation de l'Edit de Nantes condamnant les pasteurs aux pires choses s'ils étaient pris à exercer, un séminaire s'ouvrit à Genève pour former les pasteurs Français. A la sortie de ce séminaire, les pasteurs partaient exercer en France. Leur durée de vie ne dépassait pas quelques années en moyenne. Ce séminaire fut appelé le séminaire de la mort… Je ne sais pas s'il y avait des moments de jeûne de la part des professeurs qui dispensaient leur formations à ces pasteurs ; mais quelle responsabilité, quel fardeau sur leurs épaules sachant que leur enseignements menaient à la mort. (allez au musée du désert pour connaître toute l'histoire !). ]

Il n'y a que deux textes qui changent profondément la réalité du jeûne en introduisant l'idée d'oeuvre pour aboutir à quelque chose :

Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. (Mt 17.21)
Il leur dit: Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière (et par le jeûne). (Mc 9.29)
Vous n'avez peut-être pas le verset 21 de Matthieu ni même le : « et par le jeûne » de Marc.
En effet, il y a de fortes présomptions qu'il y ait eu rajout du terme : et par le jeûne, par un copiste. Cela fait partie des 0.01 % de différences que l'on trouve dans toute la Bible. Cependant, l'absence de ce terme dans de nombreux manuscrits et la différence fondamentale de ce qu'est le jeûne au regard de ce que nous avons vu dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau nous permet de rejeter ce terme dans Matthieu et dans Marc, ou tout du moins de ne faire aucune théologie en ne se confiant qu'à ces textes.

Après avoir vu ce qu'était le jeûne et ce qu'il n'était pas, que pouvons-nous en ressortir pour aujourd'hui ?

Ne tombons pas dans le piège de faire du jeûne une oeuvre humaine destinée à « forcer » la main de Dieu. Le jeûne s'accomplit avant tout au travers de la réalité du coeur… est ce que la situation pour laquelle je vais jeûner apporte dans mon coeur une détresse, un sentiment d'impuissance, la certitude que Dieu seul peut transformer le chagrin en allègresse ?
Je crois que répondre à cette question par l'affirmative est primordiale avant de commencer le jeûne !

Enfin, si je m'engage à jeûner, quelle forme cela peut-il prendre ?
Le jeûne était avant toute chose un jeûne de nourriture. Cela s'explique par le fait que la vie se rythmait pour la plupart à travailler, dormir, manger. Ne pouvant s'arrêter de travailler et de dormir, la détresse s'exprimait par la suppression ou la diminution de nourriture pendant un temps fixé et souvent court !
Aujoud'hui, les loisirs, l'informatique, une nourriture beaucoup plus de consommation que vitale sont autant de moyens de jeûne.

Le jeûne est le moyen d'exprimer à Dieu sa détresse au travers de la suppression d'une chose que l'on aime faire.

Aujourd'hui, chacun d'entre nous peut jeûner, qu'importe la manière. Soyons surtout attentif à ce que le jeûne ne mette pas notre vie en danger ou dans une situation répréhensible pour la famille. Le jeûne, même vécu en communauté, est avant tout personnel. N'oublions pas l'avertissement du Christ que nous avons lu :

Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Mt 6.16-18)

Maintenant, ce n'est pas à vous de juger si l'un ou l'autre fait ce qui est bon, c'est à chacun de regarder au plus profond de son coeur et de voir si le jeûne qu'il fait est l'expression de sa douleur ou l'expression de sa volonté de paraître.

Amen.

Commentaires (1)

par kami76

Merci pour ses paroles qui me réconforte, merci a toute l'équipe pour se travail ,que Dieu vous bénisse.

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