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Rêve impossible ?

Auteur :
Type : Témoignage
Thème : Des mots pour dire la Foi
Source : Lueur
Réf./Date source : 15/12/2021  
Publié sur Lueur le

Etais-je une fille ou un garçon

Quand j’étais enfant, le premier rêve dont je me souviens, c’est celui d’être un garçon. Évidemment, je me doutais bien que ça allait être compliqué. En fait, je ne voulais surtout pas devenir une femme. Je demandais quand même à Dieu de devenir un garçon car rien n’est impossible à Dieu ! Marie a accouché alors qu’elle était vierge ! Je ne supportais pas d’être une fille, d’avoir un corps de fille, de devoir porter des jupes et des robes. Je trouvais ridicule tout ce qui était pour les filles parce que j’avais des goûts de garçon. Je préférais les voitures ou les legos aux poupées et aux bracelets, les ballons à la corde à sauter… Ça s’appelle être un garçon manqué. Aujourd’hui, la psychiatrie de dysphorie de genre. Mais pour moi, ce n’est pas une maladie, c’est une souffrance. Tant d’efforts pour refuser ce qui adviendra nécessairement : je deviendrai une femme. Ne pas savoir comment m’habiller parce que si je suis mes goûts, je me place à l’écart, je trahis mon anomalie. J’ai grandi avec le sentiment d’être à part. Je n’ai pas subi de rejet ni de reproche, ma famille m’a toujours acceptée et aimée telle que je suis. J’avais aussi le désir de fonder une famille, d’avoir des enfants mais c’était hors de portée. J’ai grandi avec ce mal-être, chacun vit avec sa part de douleurs. A l’adolescence, j’ai consulté un psychiatre. A chaque séance s’ouvrait un abîme de silence, un gouffre de douleur : incapable de parler comme j’étais incapable d’être comme les autres… J’avais une phrase à l’esprit mais elle ne sortait pas. Je me souviens encore du regard plein de compassion et de patience du psychiatre mais ça ne suffisait pas. Je me réfugiais dans les aumôneries et les groupes d’église. Je m’y sentais à l’aise. J’aurais même voulu rentrer dans les ordres ou étudier la théologie pour me rapprocher encore plus de Dieu et m’éloigner d’autant plus de cette existence bancale et pénible.

Idéalisme

Je suis devenue enseignante et j’ai rencontré un homme qui parlait bien et qui jouait de la musique. Ses mots et ses notes m’ont charmée. Elles ont bercé mes douleurs mais nous nous sommes éloignés de Dieu, du Dieu de la Bible pour nous rapprocher des coutumes et des traditions animistes. Mon mari étant africain, j'ai eu l'occasion de rencontrer des témoins directs des injustices commises par les missionnaires dans son pays et j'en étais écœurée. Ma foi vacillait. De son côté, mon mari s'était entretenu avec des Témoins de Jéhova et il en avait tiré la conclusion que la bible était le mode d'emploi de la vie occidentale, à ses yeux étouffante de lois et d'interdictions. Il lui était difficile de trouver sa place en France, à la fois en tant que musicien (métier peu reconnu socialement et aux rentrées financières aléatoires) et en tant qu'Africain (dans un département rural du Sud de la France, peu habitué à la diversité culturelle). Nous sommes partis vivre dans un petit village du Cameroun pensant pouvoir y vivre sans argent. Comme pour revenir en arrière, au jardin d’Eden, au temps d’Adam et Eve lorsque nous étions encore à l’image et à la ressemblance de Dieu. Avant que le péché nous contamine et se multiplie sur la terre. Quand nous pouvions vivre avec Dieu sans culpabilité, sans doute. Encore un rêve impossible ?!

Les ténèbres m'environnent

J’ai connu la joie d’être mère après des années de vie commune puis rapidement la tristesse  du décès de mon mari. Je ne comprenais plus rien ! Pourquoi être séparés alors que nous nous aimions ? Notre amour devait nous protéger de toute rupture ! Comment élever un enfant sans son père ? Qu’avais-je donc raté ? Les ténèbres m’ont enveloppée de toutes parts. Soutenue par ma famille, je n’avançais plus que pour mon fils et j’entretenais ardemment la mémoire du défunt. Une nuit, j’ai rêvé que le jour n’allait pas se lever, plus jamais, que nous allions continuer nos vies dans le noir, que le soleil ne nous éclairerait plus. J’étais perdue, éperdue de détresse. Un autre jour, j’ai senti mon esprit quitter mon corps alors j’ai écrit mon testament. J’étais persuadée que j’allais mourir le lendemain. J’étais encore sous le choc du décès brutal de deux collègues que j’avais connu en formation : un ami qui était témoin de notre mariage était parti accidentellement quelques mois auparavant et une collègue avait été assassinée par une maman d’élève le dernier jour d’école. J’étais persuadée que la même chose allait se produire le lendemain. J’ai crié à Dieu. Ça faisait longtemps que je ne lui adressais plus la parole. Je méprisais les croyants. J’avais dans le passé, insulté Jésus ouvertement. Ce jour-là, j’étais toute seule dans ma voiture, j’ai parlé à haute voix « Dieu, je sais que dans la vie il faut souffrir alors je ne te demande pas de ne plus souffrir, je te demande de ne plus souffrir pour mon métier. Je sais aussi que je vais mourir mais je ne veux pas mourir pour mon métier. »

Le lendemain, j’ai démissionné. Quel changement, quelle légèreté ! Cette oppression à l’intérieur de moi a disparu. Pourtant je venais de renoncer à un métier, à la sécurité d’un emploi à vie dans la fonction publique. Je n’avais pas de projet ni de plan.

Dieu dit : Je prends aujourd’hui le ciel et la terre à témoin, je vous offre le choix entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie afin que vous viviez, vous et vos descendants. (Deutéronome 30:11)

Rapidement, j’ai fait des rencontres qui m’ont aidé à prendre le chemin du retour à la maison du Père. Deux dames m’ont prise en amitié : une retraitée Témoin de Jéhovah qui venait tous les lundis me parler de Dieu et échanger sur les questions que je me posais. Sa fidélité et son amitié m’ont touchée, je souffrais d’isolement dans un petit village des Deux Sèvres. Une Maman Camerounaise qui m’a redonné le goût de l’Afrique, le goût d’une vie où les éclats et les bizarreries sont acceptés parce que le plus important, c’est d’être ensemble. Puis, il a fallu déménager pour envisager de retrouver du travail et aller vers une grande ville.

Voie sans issue et ouverture

Je souhaitais rencontrer quelqu’un et « refaire ma vie » comme on dit... Je me suis en amourachée d’un homme parce qu’il m’avait prise dans ses bras et qu’il écrivait de la poésie. Il y avait un grand écart d’âge mais j’avais tellement soif d’amour. Il m’a fallu longtemps pour comprendre qu’il ne partageait pas mes sentiments. Il m’a pourtant aidé à trouver un logement à Poitiers. Mon corps me réclamait de plus en plus de partager l’intimité d’un homme. Quelques mois plus tard, je me suis jetée à corps perdue dans une relation charnelle avec un homme déjà engagé. Il me l’avait dit mais je n’ai pas pu résister. Au bout de quelques temps, j’ai commencé à ressentir de la jalousie pour l’autre femme. Il était croyant, il m’a encouragé à lire la Bible puis à trouver une église. Je l’ai écouté. J’ai ouvert la Bible. J’étais aussi motivée par le désir de trouver des réponses à mes questions : comment élever mon fils ? Comment le faire obéir ? Et moi-même, à qui est-ce que j’obéis ?

Je trouvais que les enseignements à base d’hindouisme et de philosophies orientales étaient trop mous, flous. A les lire, l’amour était le remède miracle pour une vie sans douleur. C’était un amour maternel, très beau mais sans la vision et les paroles du rôle paternel dans l’amour. Et j’avais vraiment mal et pourtant ce n’était pas faute d’aimer ou d’avoir aimé. Je ne supportais plus non plus, les témoignages d’expériences de mort imminente, la vision d’une lumière, d’un amour infini et puis quoi après… Pourquoi cette séparation ? Comment l’absence de la personne aimée pouvait être à ce point douloureuse et lourde de conséquences ?  J’en arrivais à la conclusion que l’amour ne suffisait pas ou bien qu’il fallait un mode d’emploi avec. Et que la mort était une injustice insupportable que nulle vision impersonnelle et muette de l’au delà ne pouvait apaiser véritablement. Alors j’ai ouvert la Bible, Je l’ai ouverte comme une désespérée qui est fatiguée de chercher et de ne trouver que des demi-solutions.  Et là, boum ! Je tombe sur cette phrase qui dit : Il a changé pour toi la malédiction en bénédiction parce qu’il t’aime (Deutéronome 23:4). Ça m’a tellement touchée. Je me suis dit : Dieu alors agit, il a du pouvoir, il n’est pas celui qui nous regarde nous débrouiller dans nos problèmes. Il veut changer nos vies. Je n’ai plus besoin de tout faire parce que je suis grande maintenant, parce qu’il faut être autonome, faire ses propres expériences… c’est ça être adulte et responsable ! Alors Dieu n’est pas comme ça ! Il intervient, il prend parti, il défend, il encourage. Je me suis sentie moins seule, moins triste, moins perdue…

Dieu me connait parfaitement

Un autre passage m’a montré combien Dieu me connaît personnellement, qu’il connaît ce qui me tourmente et qu’il a une solution : Voici ce que dit l'Eternel : Si vous pouviez rompre mon alliance avec le jour et avec la nuit et faire en sorte qu'ils n'apparaissent plus au moment fixé pour eux,  alors mon alliance serait aussi rompue avec mon serviteur David et il n'aurait plus de fils pour occuper son trône. Il en irait de même pour mon alliance avec les Lévites, les prêtres qui sont à mon service. De même qu'on ne peut compter tous les corps célestes ni peser le sable de la mer, de même je rendrai innombrables la descendance de mon serviteur David et les Lévites qui sont à mon service. (Jérémie 33:20). Alors, non, le soleil continuera de se lever et de nous éclairer parce que c’est la volonté de Dieu. L’homme aussi nuisible soit-il, ne peut détruire complètement ce que Dieu a crée.

Quand j’ouvrais la bible en pensant à cet homme, c’était autre chose : je tombais immanquablement sur des passages évoquant l’adultère, la fornication… Dieu me disait clairement qu’il désapprouvait cette relation. Effectivement, je commençais à en voir les limites. Je lui demandais de me choisir et il en était incapable. Je voulais un père pour mon fils. Je voulais me remarier. Il me répondait par un mariage polygame dans son pays. Il m’était difficile de renoncer à cet homme et retourner à ma solitude. Entre-temps, j’avais trouvé une assemblée chrétienne. En cherchant sur internet, j’avais retrouvé l’église qui était venue chanter pour la fête de la musique dans mon quartier, un quartier rongé par la drogue et le chômage. Je suis donc venue en observation un dimanche. J’ai été touchée, une fois de plus. La musique : des instruments modernes et un réel talent. Puis le prêche du pasteur, il cite le passage de Jérémie 33,20. Le dimanche suivant, je retrouve une amie de la maman Camerounaise, elle me reconnaît : elle était venue témoigner de sa foi chez moi, à l’époque, je l’avais écouté par politesse. Pourtant, sans y croire, j’avais apprécié son courage pour livrer un peu de sa vie à une inconnue. Elle me présente aux membres de l’église, me voilà démasquée ! Je fais la connaissance d’un responsable qui m’invitera au parcours alpha et d’un jeune Camerounais qui deviendra mon mari. A force de fréquenter l’église et de lire la Parole, je trouve la force de mettre un terme à ma relation adultère. J’ai trouvé une source d’amour merveilleuse et intarissable. 

Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie, Et le visage ne se couvre pas de honte (Psaumes 34).

Pourtant, la nuit, poussée par des désirs inavouables, je m’accordais à moi-même et pour moi-même les délices réservés aux couples. J’en éprouvais une honte profonde, j’avais cette habitude depuis l’enfance. Et puis un jour, j’ai croisé le regard de Jésus : J’étais en pleine action, je me suis sentie plus honteuse que jamais, j’ai même cherché à me justifier, je voulais m’entraîner pour être prête le jour où je retrouverais la compagnie d’un homme. Jésus m’a répondu : « Ce n’est pas ça aimer un homme, je vais t’apprendre. » Je ne peux pas dire que j’ai entendu distinctement des mots précis. J’ai plutôt ressenti au plus profond de moi-même, que ce n’était pas ça. Et qu’à mes interrogations, qu’à ma façon de voir et de comprendre les relations hommes-femmes, Dieu en avait une autre à me montrer. Il y avait tellement de douceur et d’amour dans ce regard, tant de respect et de tendresse dans sa présence. Pas l’ombre d’un rejet, pas une once de dégoût. Il m’aime plus que moi-même !

Nouveau départ

Aujourd’hui, je me suis remariée avec un homme formidable qui m’a choisie avec mon fils. J’aimerai changer, me transformer, devenir cette femme coquette et sachant mettre en valeur son corps. Mais cela reste un combat, il me faut déployer beaucoup d’efforts pour un mince résultat. Le vernis, le maquillage, les talons hauts… restent loin de ma portée. Mais je progresse. Je comprends que l’homme et la femme forment une paire destinée à s’ajuster chacun l’un à l’autre tel qu’il est, qu’il n’y a pas un modèle d’homme ni de femme qu’il conviendrait de suivre pour être heureux et rendre l’autre heureux.  Je pense parfois à Nick Vujicic, ce grand homme né dans un corps dépourvu de bras et de jambe. Il a tellement prié pour un miracle qu’il a fini par comprendre qu’il fallait qu’il s’accommode de ses manques et qu’il s’appuie sur tout ce qu’il a pour continuer à avancer. Je suis souvent assaillie de doute sur ma féminité, il m’est difficile de correspondre aux canons actuels de la beauté d’où un sentiment de manque et d’injustice. Je ne suis pas la seule, je sais que nous sommes nombreux mais ça ne peut pas m’empêcher, nous empêcher de connaître notre Père et de bénéficier de ses bienfaits. Ce n’est pas une punition en raison d’une faute que j’aurai commise ou d’autres avant moi, ce n’est pas pour me faire souffrir que je suis ainsi mais telle que je suis, je peux contribuer au Royaume de Dieu et c’est ce que Dieu souhaite. Quelles que soient nos difficultés et les injustices auxquelles nous sommes confrontés, Dieu nous demande de croire qu’elles connaîtront une fin et de retrousser nos manches pour guérir les cœurs brisés (Luc 4:18).

Nos propres forces ne suffiront pas mais elles sont nécessaires, Dieu ne veut pas se passer de nous. Il a choisi de nous donner la vie. La vie sur terre puis celle au Ciel. Il nous a créés à son image et à sa ressemblance. A nous de choisir, si cette vie pleine d’injustice nous la subissons ou si nous voulons la changer ? Alors autant se rapprocher du Créateur pour être efficace et renouveler nos forces dans ce combat. A nous de choisir si cette vie sur terre nous suffit ou bien si nous voulons également celle au Ciel. Celle que nous ne voyons pas parce que nos yeux ne peuvent la voir ni notre intelligence la comprendre mais que nous approchons lorsque nous aimons. Celle que Jésus nous a montré, celle que Tu nous as promise dans ta Parole depuis des millénaires.

Merci de m'avoir lue

M.M

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