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Roger Williams

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Personnalités protestantes
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : Retroviseur  
Publié sur Lueur le

1603-1684

Avant de quitter le XVIIè siècle, nous devons dire quelques mots au sujet de l'implantation du baptisme sur le continent américain.

Personnage énigmatique, Roger Williams fut un des premiers défenseurs de la liberté du culte pour tous et fonda la toute première église baptiste en Amérique, même s'il se retira peu de temps après de toute église et ne priait qu'avec sa femme.

Williams naquit à Londres, fils d'un marchand de tissus. Anglican pratiquant, son père voyait d'un mauvais oeil la sympathie que témoignait Roger dès l'âge de dix ans pour les églises “ séparatistes ” qui existaient à Londres au début du XVIIè siècle, malgré la persécution. Mais Roger semblait d'abord éviter les excès, et après un certain temps où il travailla dans l'étude d'un des plus grands juristes de son temps, il étudia à l'université de Cambridge et devint prêtre anglican. Mais à 26 ans Roger Williams se sépara de l'église anglicane et devint pasteur d'une église séparatiste près de Boston dans la colonie américaine de Massachusetts. Mais même en Amérique, où les églises jouissaient d'une plus grande liberté qu'en Angleterre, Williams rencontra de l'opposition puisqu'il prônait une séparation complète entre l'église et l'état.

Ses adversaires trouvaient tout à fait normal que le pouvoir civil ait le droit et même le devoir de légiférer au sujet de la pratique religieuse. Williams distinguait bien entre les quatre premiers commandements (le devoir de l'homme envers Dieu) au sujet desquels le pouvoir civil n'avait rien à dire, et les six derniers commandements (le devoir de l'homme envers l'homme) qui étaient bien le domaine du pouvoir civil. Il enseignait donc la liberté religieuse pour tous : non seulement pour les dissidents protestants, mais aussi pour “les papistes, les Turcs (musulmans), les Juifs et les athées ”, comme il disait plus tard dans un pamphlet qui fut brûlé par le parlement anglais.

Williams devint aussi le champion des droits des Indiens. Il étudia plusieurs de leurs langues, écrivit un livre à ce sujet, et évangélisait les tribus indiennes. Il s'opposait à la saisie de leurs terres et enseignait que le roi d'Angleterre n'avait aucun droit d'octroyer à ses sujets des terres qu'il n'avait pas achetées – idées considérées séditieuses au XVIIè siècle.

Puisque Williams refusa de se taire, il dut s'enfuir de la colonie de Massachusetts en 1636, et c'est grâce à ses amis indiens qui le recueillirent qu'il put survivre pendant plusieurs mois.

C'est en 1636 qu'il fonda la ville de Providence dans la colonie de Rhode Island, au-delà de la juridiction de la colonie de Massachusetts. C'est Williams qui donna à cette colonie une charte qui garantissait la liberté religieuse à tous, et qui fut élu son président. En 1646, il fonda à Providence la première église baptiste du nouveau continent. Après son propre baptême en tant que croyant, il a baptisé les autres membres de cette nouvelle église. L'église tenait ses réunions chez des particuliers ou en plein air, et n'eut son propre bâtiment que 60 ans plus tard. Williams, cependant, ne resta pas membre de l'église qu'il avait fondée. En tant qu'ancien prêtre anglican, il n'avait pas tout à fait rejeté la doctrine de la succession apostolique : l'idée que pour être valables, la Sainte-Cène et le baptême devaient être administrés par une personne qui avait été consacrée, par personnes interposées, dans une ligne continue qui remontait aux premiers apôtres. Or, l'église anglicane, comme l'église catholique, était corrompue selon Williams : la succession apostolique telle qu'elle existait n'avait donc aucune valeur, même si selon sa théologie elle était nécessaire. Il s'ensuivait qu'il n'y avait aucune église sur la terre dont les sacrements étaient valables, et Williams, logique avec lui-même, se retira donc de toute église pour être un chrétien isolé.

Un des contemporains de Roger Williams le décrivit comme suit : “ homme pieux et zélé, ayant des qualités admirables, mais dont le jugement manque de stabilité ”. Ce manque de stabilité lui causa bien des ennuis, mais n'enlève rien à sa contribution à la pensée baptiste, à l'église chrétienne en général, et même au peuple américain, qui l'honore comme fondateur d'une colonie qui devint un de ses états.

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