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Le sauveur du Monde (Jean 4.1-30 ; 39-42)

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Type : Enseignement
Thème : Etude d'un passage biblique
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 3-2002  
Publié sur Lueur le

Allant de Jérusalem vers la Galilée, le Seigneur Jésus ne se déplaçait pas en touriste mais pour son travail : donner l'interprétation exacte et définitive de la nature de Dieu et de la manière de l'adorer (Jn 1.18. C'est le sens du verbe grec de ce verset qui a donné le mot "exégèse" en français). Jésus était, de loin, le mieux placé pour cela. N'était-il pas la Parole créatrice, le Fils unique, vrai Dieu de vrai Dieu ? N'était-il pas devenu vrai homme, né d'une femme (Marie, vierge), il y avait de cela une trentaine d'années ? À Jérusalem, il venait de chasser les vendeurs hors du temple, d'enseigner Nicodème, cet universitaire timide, au cours d'un entretien nocturne. Bientôt, durant deux jours, il donnera des cours aux villageois samaritains avides d'apprendre. Pour l'heure il a fait halte au puits de Jacob, où va venir une femme ordinaire pour la corvée d'eau. Et c'est au bord de ce puits profond et sans margelle que Jésus va faire d'elle une disciple.

Autant Nicodème était timide, autant cette femme a la langue bien pendue. Voyez comme elle répond à Jésus qui lui suggère qu'elle a devant elle le Créateur de l'eau, sans laquelle la vie est impossible. Chaque fois elle réplique et cherche peut-être même à plaire, d'où la demande inattendue et décisive de Jésus (v. 16) qui va provoquer un changement de ton complet chez une femme qui croquait la vie à pleines dents. Du moins ainsi parlent ceux des grandes villes, comme Ninive ou Paris, dont le jugement est si émoussé qu'ils ne savent plus distinguer leur droite de leur gauche. La vérité que Jésus va lui faire dire, c'est qu'elle mène une vie désordonnée. La femme tente une dernière dérobade : Je n'ai pas de mari, comprenez : je suis libre. Elle biaise, car elle a un homme dans sa vie. Admirons la psychologie fine de Jésus durant cet entretien privé. Il ne tait pas la vérité et il ne l'assène pas. La vérité n'a pas besoin de notre force mais de notre amour. Sans fermer les yeux sur la conduite de cette femme, en la précisant au contraire chiffres à l'appui (5 maris et 1 concubin), Jésus met au jour la vérité puis la met au compte de la Samaritaine : En cela tu as dit vrai. Tel est notre Sauveur : il nous impute sa vérité, qui est la vérité tout court ! Comme il nous impute sa justice, qui est la justice tout court !

Cette fois vaincue, la femme cesse de rétorquer et veut apprendre car, derrière une façade de frivolité, elle cachait comme beaucoup des préoccupations spirituelles : "Où faut-il adorer Dieu ? J'ai entendu dire que c'était ici, mais est-ce exact car d'autres disent que c'est là ?" Cette femme a de la logique. Il est évident en effet que si toutes les religions sont vraies, alors aucune ne l'est. La Samaritaine, avec bon sens, veut apprendre et savoir quelle est la vraie. Jésus va répondre à son attente et lui dispenser un enseignement aussi poussé qu'à Nicodème. En effet le Nouveau Testament répète à l'envi que Dieu ne fait pas de différence entre les personnes. Or, ce qu'il est essentiel de savoir sur Dieu ne peut pas être annoncé au rabais, d'une part, et peut être compris par tous ceux que Dieu appelle, d'autre part.

Une première fois Jésus avait déploré l'ignorance de la femme : Si tu savais... (v. 10). Maintenant il emploie le verbe savoir de façon catégorique sans user d'aucune circonlocution qui atténuerait la clarté de son propos : Vous ne savez pas... Nous, nous savons (v. 22 ; voir déjà Jn 3.11). C'est abrupt, n'est-ce pas ? Bon, c'est le Seigneur qui parle. Je constate, cependant, que ses disciples anonymes samaritains (Nous savons qu'il est vraiment le sauveur du monde, v. 42) comme son disciple juif célèbre, Paul (Je sais en qui j'ai cru) s'exprimeront eux aussi avec une grande certitude. Ils ne la tirent pas d'eux-mêmes (ce serait prétentieux) mais de l'objet de leur connaissance. C'est la pierre d'angle sur laquelle l'édifice est fondé qui fait sa solidité.

En bon pédagogue, Jésus rappelle qu'on accède au savoir en commençant par admettre son ignorance : Vous ne savez pas ce que vous adorez. Les Samaritains en effet craignaient l'Eternel et rendaient un culte à leurs statues (2 R 17.41). Les Samaritains constituent ainsi un échantillon représentatif de tous ceux qui se taillent une religion sur mesure en empruntant, aujourd'hui, un peu au judéo-christianisme, un peu aux religions asiatiques (qui n'ont aucun rapport avec l'histoire). Or Jésus va insister sur l'histoire :

1- Le salut vient des Juifs car Jésus est le Sauveur du monde

Le salut vient des Juifs, signifie évidemment qu'il vient du Dieu d'Israël (je reviendrai sur la déclaration de Jésus car elle contient un avertissement). Tous les hommes pourraient concevoir la majesté de Dieu à partir de ses oeuvres créées, mais cette révélation générale s'est précisée tout spécialement à Israël seul (Rm 9.1-5). Il y a deux types d'exclusivisme. L'un est sélectif au profit des initiés. L'autre n'exclut pas les personnes, mais l'erreur et le mensonge. C'est celui de l'Écriture, et il ne comporte ni rationnement ni ségrégation (Ap 7.9). Notre langue nous permet d'être au clair sur ce qu'affirme l'Écriture : le salut est exclusivement auprès du Dieu d'Israël, mais il est sans exclusive.

La promesse faite à Abraham comportait une bénédiction pour l'humanité entière, à travers la postérité du fils légitime, Isaac, qu'Ismaël ne peut pas évincer. Pourquoi ? Sa naissance est la conséquence d'une initiative prise par un homme qui doute de Dieu et compte sur ses propres efforts. La naissance d'Isaac résulte de l'intervention de Dieu qui tient sa promesse contre toute attente. C'est de cette lignée-ci que naîtra le Sauveur du monde. Du monde, parce qu'il appelle des hommes de toutes nations, de toutes races et de toutes langues mais, quant à son humanité, il est lui-même d'une nation, d'une race et d'une langue singulières, sinon il serait un personnage de légende ou de fiction, un extra-terrestre.

"Si nous voulons que notre religion
soit approuvée de Dieu,
il faut nécessairement qu'elle soit fondée
sur une science et une certitude
conçues par sa Parole"
Calvin

En Christ il n'y a ni homme ni femme certes, mais le Christ est de sexe masculin. En Christ il n'y a ni Juif ni Grec certes, mais le Christ est juif. Le Christ est la lumière des nations et la gloire d'Israël. Il est le Sauveur du monde et le Roi des Juifs. En raison de cette identité singulière de Jésus-Christ, Dieu veut être invoqué de générations en générations comme Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob (Ex 3.15). Et Jésus glorifié se prévaut toujours de la même identité : Moi Jésus, je suis le rejeton de la racine de David, son descendant (Ap 22.16). Prenons garde de ne pas nous faire une image désincarnée de celui qui s'est incarné pour nous.

Napoléon, auquel on demandait une preuve de l'existence de Dieu, désigna du doigt un de ses officiers. C'était un Juif. Il n'y a pas d'autre dieu que le Dieu d'Israël, car il est le Créateur du monde. Dès lors, tout antisémitisme est suspect et peut être soupçonné d'exprimer, consciemment ou non, une rébellion contre Dieu et contre ses souveraines initiatives. C'est pourquoi Jésus n'a pas dit : le salut vient du Dieu d'Israël mais des Juifs, pour avertir que les Juifs demeurent, en dépit de leur aveuglement provisoire, les témoins toujours visibles (2 R 14.27) de la révélation ultime du Dieu invisible.
Réjouissons-nous pour Moïse, Ésaïe, Jean, Paul et tous les auteurs majoritairement juifs des Ancien et Nouveau Testaments par lesquels nous accédons à la connaissance du Seigneur, nous, non Juifs qui étions si loin (Ép 2.1112). Et je suis heureux de trouver, dans la généalogie du Sauveur du monde, deux femmes qui avaient mis leur foi dans le Dieu d'Israël Rahab la Palestinienne et Ruth la Jordanienne.

2 - C'est maintenant l'heure d'adorer Dieu en esprit et en vérité

Salomon, qui avait construit le premier temple, n'avait pas la naïveté de penser qu'il pût contenir Dieu les cieux des cieux ne peuvent le contenir, disait-il. Bâti selon le même plan que le Tabernacle itinérant du désert, le temple était centré sur l'arche de l'alliance. Celle-ci tirait son importance des tables de la loi écrites par Dieu qu'elle contenait, c'est-à-dire en définitive de la Parole de Dieu. Quel contraste avec les statues d'hommes ou d'animaux que contenaient les temples des faux dieux ! Et quelle heure sombre que celle du culte de la statue du veau d'or !

Quand un temple est érigé dans un endroit fixe, nous risquons d'y attacher trop d'importance et d'oublier que Dieu est Esprit vivant. C'est pourquoi aucun édifice, aucun matériau, si précieux soit-ii, ne conviennent pour lui servir d'habitation mais seulement des êtres vivants et pensants. Cela les prophètes d'Israël avaient commencé à le dire. Jésus l'a fait. En lui habite corporellement la plénitude de la divinité. En lui Dieu même, plein de grâce et de vérité, a bivouaqué (Jn 1.14. C'est le sens du verbe grec) en Judée, Samarie et Galilée comme autrefois l'arche dans la tente de la Rencontre au désert.

Si ce temple-là (Jn 2.19-21), le corps du Seigneur, a été profané le Vendredi-Saint à cause de nos péchés (et il n'y aura jamais de sacrilège plus grand), alors la profanation d'autres temples devient chose toute relative. Dieu seul est absolu et sacré, aucun édifice religieux ne l'est.

"Dans quelles dispositions d'esprit sommes-nous" importe plus que "dans quel lieu adorons-nous" ? Car en Jésus-Christ nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en esprit (Ép 2.22 ; voir Ga 5.19-23 : adorer en esprit a des conséquences importantes sur la conduite).

Adorer en vérité parce qu'aucune connaissance n'a été aussi faussée que la connaissance de Dieu. Il est facile de le tester. Quand Jésus dit qu'on n'adorera ni sur le mont Garizim ni à Jérusalem, on dérive facilement vers la conclusion fausse que finalement toutes les religions se vaudraient, si bien qu'on pourrait faire ses emplettes à sa guise sur le marché des spiritualités. Mais le verset 22 rétablit fermement la vérité. Beaucoup de religions sont équivalentes mais dans l'erreur, malgré les quelques graines de vérité qu'elles peuvent contenir mais qu'elles étouffent en ignorant ou en censurant l'Écriture.

"Si nous voulons que notre religion soit approuvée de Dieu, il faut nécessairement qu'elle soit fondée sur une science et une certitude conçues par sa Parole" (Calvin).

Les religions ont été imaginées pour monter vers Dieu. Or c'est Dieu, Créateur de l'univers (Jn 1.10-13), qui est descendu vers nous en Sauveur du monde c'est-à-dire de quiconque croit en lui, en tous lieux et en tous temps.

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