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William Knibb

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Personnalités protestantes
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : Retroviseur  
Publié sur Lueur le

1803-1845
William Knibb et l'abolition de l'esclavage

1 : Arrière-plan historique :

La Grande-Bretagne fut le deuxième pays occidental à abolir la traite des esclaves en 1807 et l'esclavage en 1833 (longtemps après le Danemark quand même). Cette abolition était due à une campagne vigoureuse et impopulaire menée par des évangéliques issus d'arrière-plans très divers: quakers, anglicans, méthodistes et baptistes entre autres. Plusieurs pasteurs baptistes se joignaient à d'autres chrétiens qui dénonçaient la traite déjà au XVIIIe siècle, et le mouvement des évangéliques britanniques influença profondément la cause abolitionniste en France.

Les Églises baptistes de Jamaïque, dont les membres étaient presque tous des esclaves ou des esclaves libérés, demandèrent l'aide des baptistes britanniques dès 1791, un an avant la fondation de la BMS, la société missionnaire baptiste fondée par William Carey et ses collègues. Ce n'était qu'en 1813 que la nouvelle mission put envoyer des missionnaires à la Jamaïque, et ces missionnaires travaillèrent dans des conditions extrêmement difficiles.

Une loi leur interdisait la possibilité de prêcher l'évangile à l'intérieur des plantations, qui dépendaient toujours du travail des esclaves, malgré l'abolition de la traite quelques années auparavant. Pendant quelques années les missionnaires purent quand même continuer leur travail d'évangélisation malgré les restrictions et sans faire de politique, confiants que l'esclavage serait bientôt aboli à son tour. Mais les propriétaires des grandes plantations s'opposaient de plus en plus au travail des missionnaires baptistes et méthodistes, les traitant de “ sectaires qui enseignaient les doctrines de l'égalité et des droits de l'homme ”.

2 : La vie de Knibb :

William Knibb est arrivé sur l'île en 1825 à l'âge de 21 ans, et malgré les restrictions, des milliers de personnes se convertirent dans les années vingt. Cette croissance fulgurante déplut fortement aux maîtres, qui commençaient à harceler leurs esclaves chrétiens de plus en plus. Ils s'opposaient à l'oeuvre des missionnaires souvent d'une façon très violente, brûlant leurs temples et menaçant de tuer les missionnaires et leurs convertis. Les missionnaires et leurs Églises perdaient patience et demandèrent la fin immédiate de l'esclavage. En décembre 1831 Knibb mit tout en oeuvre pour éviter une réaction violente de la part des esclaves mais ce fut en vain, et comme il avait craint, la révolte, appelée par certains “ la guerre baptiste ”, fut sauvagement réprimée. Knibb et quatre de ses collègues furent arrêtés et une vingtaine de temples furent brûlés par une foule hostile aux revendications des esclaves.

Knibb revint en Angleterre en 1832 pour exiger l'abolition de l'esclavage, et malgré le conseil de ceux qui lui demandaient de ne pas “ faire de la politique ”, il refusa de se taire, au risque de se trouver sans soutien financier, disant qu'il ne pouvait pas taire “ le cri de 20.000 frères, dont la grande majorité seraient battus si leurs maîtres les trouvaient en train de prier ”. Ses discours passionnés dans toutes les régions du pays ont rallié les églises baptistes et autres à la cause abolitionniste, et l'abolition de l'esclavage suivit l'année d'après.

Mais la situation des esclaves affranchis était toujours difficile, et ils devaient faire face à bon nombre d'injustices pendant la période de transition. Ils étaient libres, mais leurs anciens maîtres exigeaient des loyers exorbitants pour les maisons qu'ils avaient occupées gratuitement auparavant. Knibb et d'autres missionnaires fondaient des “ villages libres ” pour aider leurs amis affranchis, et grâce aux actions des baptistes et des quakers en particulier, le gouvernement mit fin à la période de transition le 31 juillet 1838. Le grand jour venu, le mot “ Liberté ” se lisait à la façade du temple de Knibb, et il organisa un culte symbolique à minuit, au cours duquel les instruments de l'esclavage (fouets, chaînes, fers …) furent ensevelis dans un cercueil pendant que Knibb déclarait : “ L'esclavage, ce monstre est mort : l'homme noir est libre ! ”


1. Voir l'article paru dans “ Le Monde ” du 19/20 avril 1998 : “ Quinze ans plus tôt, au parlement britannique ”

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