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1 Pierre 3:18-20
(Annotée Neuchâtel)
18 Car Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, un juste pour des injustes, afin qu'il vous amenât à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été vivifié quant à l'esprit ; 19 par cet esprit aussi, étant allé, il prêcha aux esprits en prison, 20 qui furent rebelles autrefois, lorsque, aux jours de Noé, la patience de Dieu attendait, pendant que se construisait l'arche, dans laquelle un petit nombre, c'est-à-dire huit personnes, furent sauvées au travers de l'eau ;

Références croisées

3:18 1P 2:21-24, 1P 4:1, Es 53:4-6, Rm 5:6-8, Rm 8:3, 2Co 5:21, Ga 1:4, Ga 3:13, Tt 2:14, He 9:26, He 9:28, Za 9:9, Mt 27:19, Mt 27:24, Ac 3:14, Ac 22:14, Jc 5:6, 1Jn 1:9, Ep 2:16-18, 1P 4:1, Dn 9:26, Rm 4:25, 2Co 1:24, 2Co 13:4, Col 1:21-22, Rm 1:4, Rm 8:11
Réciproques : Gn 6:3, Gn 40:15, Ex 28:38, Lv 1:17, Lv 3:13, Lv 4:4, Lv 4:32, Lv 4:34, Lv 4:35, Lv 5:8, Lv 8:14, Lv 9:3, Lv 16:17, Lv 22:19, Nb 3:50, Nb 7:15, Nb 28:30, Dt 21:4, Ps 38:20, Ps 40:12, Ps 69:4, Ps 73:28, Pr 21:18, Es 53:5, Es 53:6, Es 53:8, Es 53:11, Ez 45:17, Za 13:7, Mt 20:28, Mt 26:38, Mc 15:31, Lc 23:4, Lc 23:22, Jn 1:29, Jn 2:19, Jn 5:19, Jn 6:63, Jn 10:15, Jn 11:51, Jn 12:32, Jn 13:15, Jn 14:6, Jn 19:4, Rm 4:8, Rm 5:2, Rm 5:8, Rm 6:10, Rm 8:34, Rm 10:7, 1Co 7:23, 1Co 15:3, 2Co 3:6, Ga 2:16, Ga 4:5, Ep 1:7, Ep 2:13, Ep 2:18, Ph 2:8, Col 1:14, 1Th 1:10, 1Th 5:10, 1Tm 2:6, 1Tm 3:16, He 9:14, He 9:15, He 10:20, He 12:2, 1P 1:11, 1P 1:19, 1P 4:16, 1Jn 2:1, 1Jn 2:2, 1Jn 2:29, 1Jn 3:5, 1Jn 3:16, 1Jn 4:10
3:19 1P 1:11-12, 1P 4:6, Ne 9:30, Ap 19:10, Es 42:7, Es 49:9, Es 61:1, Ap 20:7
Réciproques : Gn 6:12, Jb 22:16, Lc 12:58, Lc 17:26, Ph 3:9, 2P 2:5
3:20 Gn 6:3, Gn 6:5, Gn 6:13, Es 30:18, Rm 2:4-5, Rm 9:22, 2P 3:15, Mt 24:37-39, Lc 17:26-30, Gn 6:14-22, He 11:7, Gn 7:1-7, Gn 7:13, Gn 7:23, Gn 8:1, Gn 8:18, Mt 7:14, Lc 12:32, Lc 13:24-25, 2P 2:5, Gn 7:17-23, 2Co 2:15-16, Ep 5:26
Réciproques : Gn 5:29, Gn 6:12, Gn 6:17, Gn 6:18, Gn 7:7, Jb 22:16, Dn 4:29, Lc 3:36, Ac 27:37, Rm 15:5, Ph 3:9, 1Tm 1:9, 1Tm 1:16, He 6:2, He 11:31, 2P 3:9, Ap 2:21

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
1 Pierre 3
  • 3.18 Car Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, un juste pour des injustes, afin qu'il vous amenât à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été vivifié quant à l'esprit ; Christ a souffert est la leçon de B. majuscules, adoptée par Weiss.
    La leçon de Sin., A, C, versions, porte : est mort.
    Elle paraît être une correction amenée par les mots : une fois pour les péchés. Ici, comme à 1Pierre 2.21, les souffrances de Jésus-Christ sont présentées en exemple à ceux qui souffrent. Ils souffrent injustement : qu'ils regardent à lui, le Juste qui a souffert pour des injustes.
    Ce qui fait taire tout murmure, ce qui inspire la patience en humiliant, ce qui seul rend capable de souffrir comme Christ, c'est la pensée que ses souffrances ont été expiatoires : Christ a souffert une fois (dans la suprême épreuve de la mort Hébreux 7.27) pour les péchés, c'est-à-dire pour nous tous.
    Celui-là seul qui a trouvé dans ces souffrances de Christ le pardon, la réconciliation avec Dieux la paix, la vie, ou, comme s'exprime l'apôtre, celui qui a été ramené à Dieu par le sacrifice de la croix, celui-là peut souffrir, mourir avec Christ, car le Sauveur n'est plus seulement pour lui un modèle extérieur, mais, demeurant au dedans de lui, il le transforme à sa ressemblance. (Comparer 1Pierre 2.21, 2e note)
    Voir aussi. (Jean 12.32)
    Afin qu'il vous amenât, est la leçon de B. Les autres majuscules portent : nous amenât.
    Ces paroles achèvent le tableau des souffrances de Christ. Son œuvre est complète dans sa mort et sa résurrection. Elles se sont produites dans les deux domaines opposés de la chair et de l'esprit. (Romains 1.3 ; 1Timothée 3.16)
    Le premier de ces termes désigne l'être matériel, corporel, psychique, qui constituait l'humanité réelle du Fils de Dieu, et en vertu duquel il a pu mourir.
    L'esprit, qui est ici opposé à la chair, n'est pas, comme l'ont entendu les anciens interprètes, l'Esprit de Dieu, la puissance divine qui avait été le principe générateur de Jésus, (Luc 1.35) qui, ensuite, le ressuscita d'entre les morts et le glorifia dans le ciel. Il ne s'agit pas non plus de la nature divine de Jésus, par opposition à sa nature humaine ; mais de l'esprit qui se trouve en tout homme et le rend capable de se développer dans la sainteté, d'être en communion avec Dieu et de saisir la vie éternelle. (1Pierre 3.4 ; 4.6)
    Christ a été vivifié quant à l'esprit, en ce que son esprit, dépouillé de son corps charnel par la mort, a reçu un nouvel organe, un corps spirituel. Et dès lors il peut manifester dans ses rachetés la même puissance de résurrection et de vie qui s'est exercée en lui-même. (1Corinthiens 15.42-45 ; 2Corinthiens 3.17,18 ; 4.10)
    Cette grande pensée était propre à encourager et à fortifier des chrétiens appelés à souffrir et à mourir avec leur Sauveur.
  • 3.20 qui furent rebelles autrefois, lorsque, aux jours de Noé, la patience de Dieu attendait, pendant que se construisait l'arche, dans laquelle un petit nombre, c'est-à-dire huit personnes, furent sauvées au travers de l'eau ; Grec : Dans lequel (esprit, verset 18) étant allé, il prêcha...Où et quand ?
    De ces deux questions dépend le sens de ce passage, qui est assurément l'un des plus difficiles du Nouveau Testament.
    Luther pensait que la prédication de Christ dont il est ici question eut lieu par les apôtres, sur la terre, aux hommes considérés comme étant dans une prison, c'est-à-dire dans les liens de la chair et du péché ; qu'elle consista, selon les paroles d'Esaïe, (Esaïe 61.1) à "annoncer aux captifs la liberté, aux prisonniers l'ouverture de leur prison."
    Calvin prend le mot que nous rendons par prison dans le sens qu'il peut avoir aussi de "lieu où l'on veille," ou "d'action de veiller ;" l'apôtre voudrait dire simplement que les âmes des saints de l'ancienne Alliance étaient dans l'attente du salut promis et que Christ alla, après sa mort, en esprit, leur annoncer l'achèvement de son œuvre rédemptrice.
    Dans ces deux interprétations, on ne parvient pas à établir une relation acceptable entre verset 19 et verset 20. De leur rapport, il ressort avec évidence que les esprits en prison (verset 19) sont ceux qui furent autrefois rebelles, lorsque, aux jours de Noé, la patience de Dieu attendait ; en d'autres termes, ce sont les hommes contemporains du déluge.
    Quelques interprètes (Baur, Immer, Spitta) y voient les anges, les "fils de Dieu," dont la chute est racontée Genèse 6.1 et suivants ; comparez 2Pierre 2.4. Mais leur chute se produisit antérieurement à la résolution prise par Dieu de détruire l'humanité, et non lorsque la patience de Dieu attendait. Du reste, il n'est dit nulle part que le déluge ait atteint ces "fils de Dieu."
    - Si donc la prédication dont il est question a été adressée aux hommes de la génération de Noé, deux suppositions sont seules possibles : elle a été faite à ces hommes quand ils vivaient sur la terre, par l'esprit du Christ préexistant ; ou bien ils l'ont ouïe après que le châtiment du déluge les eut réduits à l'état d'esprits en prison, et que Christ, après sa mort, alla leur prêcher dans la prison où ils étaient détenus.
    1° La première interprétation présentée déjà par Augustin, établie avec force par Th. de Bèze et, parmi les théologiens modernes, par Hofmann, Schweizer, J. Bovon (Théologie biblique du N. T., II, p. 464 et suiv), était donnée dans les précédentes éditions de ce commentaire comme la solution la plus vraisemblable. L'activité qu'elle attribue à l'Esprit de Christ, avant son incarnation, est conforme à l'idée exprimée 1Pierre 1.11, que l'Esprit de Christ était dans les prophètes. Il était de même en Noé, qui est appelé (2Pierre 2.5) "prédicateur de la justice."
    L'apôtre rappelle ici cette prédication de Noé, qui fut en réalité l'œuvre de Christ parlant par la bouche du patriarche. S'il désigne ceux qui l'entendirent comme "des esprits en prison," c'est qu'ils le sont devenus par suite de leur désobéissance, ils étaient encore des hommes vivants sur la terre, quand Christ "était allé," du ciel, sa demeure, et leur "avait prêché" Mais pourquoi l'apôtre, après avoir mentionné la mort et la résurrection de Jésus-Christ, remonte-t-il à ce fait lointain de sa prédication aux contemporains de Noé ?
    Voici comment les défenseurs de cette explication établissent l'enchaînement des idées : Pierre craint que les chrétiens auxquels il s'adresse ne se laissent ébranler par les persécutions, il les exhorte à demeurer fermes. (versets 14,15) A l'appui de son exhortation, il leur rappelle d'abord l'exemple de Christ qui a souffert pour nous, (verset 18) puis il évoque le souvenir de l'activité du Rédempteur aux temps de Noé afin de montrer que, si Christ ne devient pas pour les auditeurs de son Evangile la pierre angulaire de leur foi, il est pour eux un rocher de scandale. (1Pierre 2.7,8) Il cherche à réveiller le sentiment de leur responsabilité et à leur inspirer une crainte salutaire en mentionnant le châtiment terrible qui atteignit les rebelles aux jours de Noé. Leur position est la même, car la fin de toutes choses est proche. (1Pierre 4.7,17) Le baptême est pour la génération contemporaine ce que l'eau du déluge était pour les hommes du temps de Noé : instrument de salut pour ceux qui croient, de jugement pour les incrédules. Les idées se suivent ainsi d'une manière très claire.
    Si séduisante que soit cette interprétation, elle se heurte à une difficulté capitale, qui détermine la plupart des exégètes à la rejeter : à verset 19 Pierre dit : "C'est dans l'esprit dans lequel il a été vivifié (verset 18) que Christ alla prêcher ;" à prendre les mots dans leur suite naturelle, la prédication est attribuée au Christ ressuscité, non au Christ préexistant.
    De plus, cette prédication est adressée aux esprits en prison, et non, comme on le suppose, à des esprits maintenant en prison et qui ne l'étaient pas quand ils entendirent la prédication. Pierre l'aurait dit, s'il en avait été ainsi ; car "il aime à préciser l'accessoire." (J. Monnier) Il aurait dû, en tout cas, avec l'idée qu'on lui prête, écrire : "dans cet esprit il était allé autrefois prêcher," et non : étant allé, il prêcha aux esprits en prison, qui furent autrefois rebelles.
    2° La prédication de Christ a eu lieu après sa mort, et, selon l'interprétation la plus probable, après sa résurrection ; elle était adressée aux esprits des rebelles contemporains de Noé, détenus dans la prison ; (Apocalypse 20.7) c'est là que Christ en esprit est allé et leur a prêché, non pour leur annoncer la condamnation définitive (prêcher n'a jamais ce sens dans le Nouveau Testament), mais pour leur offrir le salut.
    Leur position exceptionnelle justifiait une telle offre, car ils n'avaient pu, comme les descendants de Noé et d'Abraham, saisir par la foi la promesse de Dieu, (comparez Hébreux 11.13 et suiv) puisque, de leur temps, Dieu n'avait pas encore établi son alliance de grâce avec les hommes. (Genèse 9.8 et suiv)
    Cette idée d'une activité du Ressuscité, qui se serait étendue à l'empire des trépassés, n'est pas sans analogie dans le Nouveau Testament. Le sens de Ephésiens 4.9 est incertain (voir la note) ; mais Philippiens 2.10 montre incontestablement que le règne de Christ doit s'établir au séjour des morts.
    Des apocryphes fort anciens parlent de la prédication aux morts. (Evangile de Pierre 41 ; évangile de Nicodème 18-26)
    Enfin la pensée que cette interprétation attribue à l'apôtre n'est pas sans lien avec le contexte.
    Voici comment on peut, en l'admettant, concevoir la suite des idées. Pour encourager chrétiens à souffrir patiemment, Pierre leur dit que les souffrances endurées dans l'innocence ne sont pas inutiles, (versets 16,17) et il le leur prouve par l'exemple de Christ qui, en souffrant, a fait beaucoup de bien puisqu'il a accompli ainsi la rédemption des pécheurs ; (verset 18) celle-ci, envisagée dans toute son ampleur, comprend l'offre du salut à la génération qui périt par le déluge. (versets 19,20)
    Ici, il faut le reconnaître, l'apôtre abandonne l'idée principale et s'engage dans des détours, dont sa pensée est coutumière. S'attachant aux souvenirs qu'il évoque, il montre dans la délivrance de Noé le type du salut offert à ceux qui croient en Jésus. Eux aussi ne sont qu'un petit nombre, et comme les habitants de l'arche furent sauvés au travers des eaux du déluge, ils le sont en passant par l'eau du baptême.
    Cette allégorie était propre à confirmer leur assurance du salut, en dépit du peu de succès que rencontrait la prédication de l'Évangile, et à les rendre inébranlables au milieu de l'opposition du monde.