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Apocalypse 13:18
(Annotée Neuchâtel)
Apocalypse 13:18 C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence calcule le nombre de la bête, car c'est un nombre d'homme ; et son nombre est six cent soixante-six.

Références croisées

13:18 Ap 1:3, Ap 17:9, Ps 107:43, Dn 12:10, Os 14:9, Mc 13:14, Ap 15:2, Ap 21:17, Dt 3:11, Rm 3:5
Réciproques : Es 8:1, Dn 8:15, Ac 8:30, Ap 13:17, Ap 19:20

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Apocalypse 13
  • 13.18 C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence calcule le nombre de la bête, car c'est un nombre d'homme ; et son nombre est six cent soixante-six. C'est ici que la sagesse est nécessaire (même tournure verset 10) ; mais aussi elle suffit ; il n'est pas besoin d'une révélation ; celui qui a de l'intelligence peut calculer le nombre de la bête, car c'est un nombre d'homme, un nombre comme les hommes en emploient, qui a sa valeur propre et non une portée symbolique.
    Telle est, semble-t-il, l'explication la plus naturelle de cette expression obscure : un nombre d'homme. (Comparer Apocalypse 21.17)
    L'avertissement qui est ainsi donné au lecteur n'était pas superflu, car il pouvait être tenté de donner à ce chiffre étrange, 666, une valeur purement symbolique, comme en ont beaucoup d'autres nombres de l'Apocalypse. (Les 140000 rachetés, les 42 mois, etc.)
    Des interprètes, encore aujourd'hui, trouvent dans ces trois 6 l'indication d'un triple effort manqué pour atteindre à 7, le nombre de la perfection.
    Ce chiffre caractériserait la bête dans sa vaine tentative pour s'élever à la place de Dieu. Mais l'auteur nous dit que ce sens symbolique n'est pas le sens qu'il a voulu cacher dans le nombre mystérieux. Celui ci renferme le nom de la bête.
    Un art pratiqué surtout par les Juifs, adonnés aux recherches de la cabale, s'appliquait à représenter un nom par un nombre égal à la somme de ses lettres. Les Hébreux ni les Grecs n'avaient de chiffres. Les lettres de leurs alphabets leur en tenaient lieu. Chacune représentait un nombre. En additionnant les lettres d'un nom selon leur valeur numérique, on arrivait à un total qui figurait ce nom. L'énigme à déchiffrer consistait à décomposer le chiffre de manière à retrouver les lettres du nom.
    - Si un nombre d'homme signifie un nombre ordinaire, ayant sa vapeur propre, le nom renfermé dans l'énigme peut être un nom désignant l'empire figuré par la bête ou un mot destiné à caractériser la bête.
    Beaucoup d'exégètes donnent à l'avertissement : c'est un nombre d'homme, un sens qui limiterait les recherches du nom proposé. Ils traduisent : c'est le nombre d'un homme, c'est le nom propre d'un individu. On peut objecter que si telle avait été l'intention de l'auteur, il aurait dû écrire : c'est le nombre d'un certain homme. Il devait d'autant plus préciser que le lecteur ne s'attendait pas à avoir à chercher le nom d'un personnage particulier, puisqu'il s'agissait du nom de la bête et que celle-ci représente l'empire romain ; et, bien que l'auteur ait montré une tendance à identifier la bête avec un des empereurs, (verset 14, note) c'est la notion collective de l'empire qui prédomine.
    L'explication qui a réuni jusqu'ici les suffrages du plus grand nombre de savants de toutes les écoles, est celle qui trouve dans ce nombre le nom de l'empereur Néron, écrit en lettres hébraïques : NERON KESAR. On fait valoir en faveur de cette hypothèse qu'elle concorde avec la variante déjà indiquée par Irénée, et qui se lit dans C, d'après laquelle le chiffre serait 616. Il suffit, en effet, pour obtenir ce total, de retrancher le N et de lire NERO KESAR, ce qui est également admissible. Le nom de César Néron doit être celui que Jean avait en vue, car, à Apocalypse 17, il désigne clairement cet empereur comme la tête frappée mortellement, et, dit-on, il identifie avec lui la bête, qui jusque-là représentait l'empire.
    - On peut objecter à cette interprétation tout d'abord qu'elle recourt à l'alphabet hébraïque. Il serait étrange que, dans un livre écrit en grec pour des Grecs, dans lequel tous les mots hébreux sont traduits, où l'auteur, pour indiquer le commencement et la fin, emploie la première et la dernière lettre de l'alphabet grec, (Apocalypse 21.6) le nom énigmatique eût été calculé en lettres hébraïques. Or Irénée déjà (Adv. hœres. V, 30) rapporte une tradition, d'après laquelle le calcul avait été établi en lettres grecques.
    Une autre objection, de plus de portée encore, c'est que ce nom est le nom de la bête, et non pas seulement de l'une de ses têtes c'est-à-dire un nom applicable à l'empire dans son ensemble, et si l'empire devait être personnifié dans un de ses empereurs, c'eût été dans l'empereur vivant au moment où le livre fut écrit. D'ailleurs l'auteur cache ce nom par prudence, parce qu'il y aurait eu danger l'écrire en toutes lettres, et non pour le vain plaisir de poser à ses lecteurs une puérile énigme. Or, quand l'Apocalypse fut écrite, Néron était mort ; Jean ne risquait plus grand-chose à stigmatiser son nom exécré.
    Le nom qu'il enveloppe de mystère doit désigner un souverain présent ou prochain, ou, plutôt encore, il s'applique à la bête tout entière, à l'empire où Satan déploie sa puissance, pour le flétrir d'une épithète significative. Ce nom caractéristique, nous en avons perdu le secret ; les tentatives pour le retrouver resteront probablement toujours vaines. Un des essais les plus anciens, déjà cité par Irénée, explique le nombre 666 par l'adjectif lateinos, écrit en lettres grecques, et qui signifie : "latin." Mais on ne voit pas bien à quoi rapporter cet adjectif au masculin, ni comment il pourrait désigner l'empire romain. La langue même que nous appelons le latin était connue des Grecs comme le "romain.." (Luc 23.38 ; Jean 19.20) Et puis surtout c'eût été là une désignation par trop insignifiante, qu'il ne valait pas la peine de voiler par des combinaisons cabalistiques.
    On ne saurait prétendre, en effet, que l'auteur devait, sans se trahir, faire deviner à ses lecteurs que la bête était Rome. Il les identifie si clairement à Apocalypse 17, qu'il n'avait pas de raison de dissimuler leur relation dans notre passage. On peut faire les mêmes objections à l'explication qui trouve dans le nombre 666 le mot hébreu : Romiith, romain.
    - Nous passons sous silence bien d'autres hypothèses. Quelques-unes sont sans rapport avec la bête de l'Apocalypse : 666 donne le nom d'Adonikam, qui signifie : "le Seigneur se lève," et qui est cité (Esdras 2.13) comme le père de six cent soixante-six Juifs revenus de l'exil ; ou encore 666 correspond à la somme des lettres du nom de Nimrod, fils de Kousch, écrit en hébreu. (Genèse 10.8,9) On ne voit pas pourquoi la bête ou l'Antéchrist recevraient l'un ou l'autre de ces noms.