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Comparer Job 1-4

La versification des traductions pouvant varier, l'alignement ne correspond parfois pas à la même phrase.

Jb 1-4 (Segond 1910)

   1 Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal. 2 Il lui naquit sept fils et trois filles. 3 Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l'Orient.
   4 Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois soeurs à manger et à boire avec eux. 5 Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d'eux un holocauste ; car Job disait: Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur coeur. C'est ainsi que Job avait coutume d'agir.
   6 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. 7 L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. 8 L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. 9 Et Satan répondit à l'Éternel: Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu ? 10 Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l'oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. 11 Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face. 12 L'Éternel dit à Satan: Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel.
   13 Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, 14 il arriva auprès de Job un messager qui dit: Les boeufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d'eux ; 15 des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 16 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 17 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. 18 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné ; 19 et voici, un grand vent est venu de l'autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison ; elle s'est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.
   20 Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna, 21 et dit: Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Éternel a donné, et l'Éternel a ôté ; que le nom de l'Éternel soit béni ! 22 En tout cela, Job ne pécha point et n'attribua rien d'injuste à Dieu.

Job 2

   1 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux se présenter devant l'Éternel. 2 L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. 3 L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre ; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif. 4 Et Satan répondit à l'Éternel: Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. 5 Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu'il te maudit en face. 6 L'Éternel dit à Satan: Voici, je te le livre: seulement, épargne sa vie.
   7 Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête. 8 Et Job prit un tesson pour se gratter et s'assit sur la cendre. 9 Sa femme lui dit: Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Dieu, et meurs ! 10 Mais Job lui répondit: Tu parles comme une femme insensée. Quoi ! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres.
   11 Trois amis de Job, Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés. Ils se concertèrent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le consoler ! 12 Ayant de loin porté les regards sur lui, ils ne le reconnurent pas, et ils élevèrent la voix et pleurèrent. Ils déchirèrent leurs manteaux, et ils jetèrent de la poussière en l'air au-dessus de leur tête. 13 Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans lui dire une parole, car ils voyaient combien sa douleur était grande.

Job 3

   1 Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2 Il prit la parole et dit: 3 Périsse le jour où je suis né, Et la nuit qui dit: Un enfant mâle est conçu ! 4 Ce jour ! qu'il se change en ténèbres, Que Dieu n'en ait point souci dans le ciel, Et que la lumière ne rayonne plus sur lui ! 5 Que l'obscurité et l'ombre de la mort s'en emparent, Que des nuées établissent leur demeure au-dessus de lui, Et que de noirs phénomènes l'épouvantent ! 6 Cette nuit ! que les ténèbres en fassent leur proie, Qu'elle disparaisse de l'année, Qu'elle ne soit plus comptée parmi les mois ! 7 Que cette nuit devienne stérile, Que l'allégresse en soit bannie ! 8 Qu'elle soit maudite par ceux qui maudissent les jours, Par ceux qui savent exciter le léviathan ! 9 Que les étoiles de son crépuscule s'obscurcissent, Qu'elle attende en vain la lumière, Et qu'elle ne voie point les paupières de l'aurore ! 10 Car elle n'a pas fermé le sein qui me conçut, Ni dérobé la souffrance à mes regards.
   11 Pourquoi ne suis-je pas mort dans le ventre de ma mère ? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles ? 12 Pourquoi ai-je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des mamelles pour m'allaiter ? 13 Je serais couché maintenant, je serais tranquille, Je dormirais, je reposerais, 14 Avec les rois et les grands de la terre, Qui se bâtirent des mausolées, 15 Avec les princes qui avaient de l'or, Et qui remplirent d'argent leurs demeures. 16 Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière. 17 Là ne s'agitent plus les méchants, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force ; 18 Les captifs sont tous en paix, Ils n'entendent pas la voix de l'oppresseur ; 19 Le petit et le grand sont là, Et l'esclave n'est plus soumis à son maître.
   20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, Et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme, 21 Qui espèrent en vain la mort, Et qui la convoitent plus qu'un trésor, 22 Qui seraient transportés de joie Et saisis d'allégresse, s'ils trouvaient le tombeau ? 23 A l'homme qui ne sait où aller, Et que Dieu cerne de toutes parts ? 24 Mes soupirs sont ma nourriture, Et mes cris se répandent comme l'eau. 25 Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive ; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint. 26 Je n'ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s'est emparé de moi.

Job 4

   1 Éliphaz de Théman prit la parole et dit: 2 Si nous osons ouvrir la bouche, en seras-tu peiné ? Mais qui pourrait garder le silence ? 3 Voici, tu as souvent enseigné les autres, Tu as fortifié les mains languissantes, 4 Tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, Tu as affermi les genoux qui pliaient. 5 Et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis ! Maintenant que tu es atteint, tu te troubles ! 6 Ta crainte de Dieu n'est-elle pas ton soutien ? Ton espérance, n'est-ce pas ton intégrité ?
   7 Cherche dans ton souvenir: quel est l'innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ? 8 Pour moi, je l'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité Et qui sèment l'injustice en moissonnent les fruits ; 9 Ils périssent par le souffle de Dieu, Ils sont consumés par le vent de sa colère, 10 Le rugissement des lions prend fin, Les dents des lionceaux sont brisées ; 11 Le lion périt faute de proie, Et les petits de la lionne se dispersent.
   12 Une parole est arrivée furtivement jusqu'à moi, Et mon oreille en a recueilli les sons légers. 13 Au moment où les visions de la nuit agitent la pensée, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, 14 Je fus saisi de frayeur et d'épouvante, Et tous mes os tremblèrent. 15 Un esprit passa près de moi... Tous mes cheveux se hérissèrent... 16 Une figure d'un aspect inconnu était devant mes yeux, Et j'entendis une voix qui murmurait doucement: 17 L'homme serait-il juste devant Dieu ? Serait-il pur devant celui qui l'a fait ? 18 Si Dieu n'a pas confiance en ses serviteurs, S'il trouve de la folie chez ses anges, 19 Combien plus chez ceux qui habitent des maisons d'argile, Qui tirent leur origine de la poussière, Et qui peuvent être écrasés comme un vermisseau ! 20 Du matin au soir ils sont brisés, Ils périssent pour toujours, et nul n'y prend garde ; 21 Le fil de leur vie est coupé, Ils meurent, et ils n'ont pas acquis la sagesse.

Jb 1-4 (Annotée Neuchâtel)

   1 Il y avait dans le pays de Uts un homme qui s'appelait Job. Cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu et s'écartait du mal. 2 Il lui naquit sept fils et trois filles. 3 Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses et des serviteurs en très grand nombre. Cet homme-là était le plus grand de tous les fils de l'Orient.
   4 Ses fils allaient faire un festin chez chacun d'eux à tour de rôle, et ils invitaient leurs trois soeurs à manger et à boire avec eux. 5 Et, quand ils avaient achevé le tour des festins, Job les faisait venir pour les sanctifier ; et le lendemain, dès le matin, il offrait pour chacun d'eux un holocauste ; car Job se disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils renié Dieu dans leurs coeurs. C'est ainsi que Job agissait toujours.
   6 Il arriva, un jour où les fils de Dieu vinrent se présenter devant l'Eternel, que Satan aussi vint au milieu d'eux. 7 Et l'Eternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Et Satan répondit à l'Eternel : De parcourir la terre et de m'y promener. 8 L'Eternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Car il n'y a personne comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et s'écartant du mal. 9 Satan répondit à l'Eternel : Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ? 10 N'est-ce pas toi qui l'as entouré d'une haie, lui, sa maison et tout ce qui est à lui ? Tu as béni le travail de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. 11 Mais étends donc la main et frappe tout ce qui lui appartient ; on verra s'il ne te renie pas en face ! 12 L'Eternel dit à Satan : Voici, je te livre tout ce qui lui appartient, mais n'étends pas la main sur lui. Et Satan sortit de la présence de l'Eternel.
   13 Il arriva, un jour où ses fils et ses filles mangeaient et buvaient chez leur frère aîné, 14 qu'un messager vint vers Job et dit : Les boeufs labouraient et les ânesses paissaient près d'eux, 15 quand les Sabéens ont fondu sur eux et les ont enlevés ; ils ont passé les serviteurs au fil de l'épée ; et je me suis échappé moi seul pour te l'annoncer. 16 Il parlait encore qu'un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du ciel ; il a frappé les brebis et les serviteurs et les a dévorés ; et je me suis échappé moi seul pour te l'annoncer. 17 Il parlait encore qu'un autre vint et dit : Les Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés ; ils ont passé les serviteurs au fil de l'épée ; et je me suis échappé moi seul pour te l'annoncer. 18 Il parlait encore qu'un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient chez leur frère aîné, 19 quand vint d'au-delà du désert un vent violent qui a donné contre les quatre coins de la maison ; elle est tombée sur les jeunes gens et ils sont morts ; et je me suis échappé moi seul pour te l'annoncer.
   20 Et Job se leva et déchira son manteau ; il se rasa la tête, se jeta à terre et se prosterna. 21 Et il dit : Nu je suis sorti du sein de ma mère, nu j'y retournerai ; l'Eternel a donné, l'Eternel a repris ; que le nom de l'Eternel soit béni ! 22 En tout cela, Job ne pécha point et n'attribua rien de malséant à Dieu.

Job 2

   1 Il arriva, un jour où les fils de Dieu vinrent se présenter devant l'Eternel, que Satan aussi vint au milieu d'eux se présenter devant l'Eternel. 2 Et l'Eternel dit à Satan : D'où viens-tu ? Satan répondit à l'Eternel : De parcourir la terre et de m'y promener. 3 L'Eternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Car il n'y a personne comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et s'écartant du mal ; il persévère toujours dans son intégrité, et tu m'as excité, contre lui pour que je le perde sans motif. 4 Satan répondit à l'Eternel et dit : Peau pour peau ; un homme donnera pour sa vie tout ce qui lui appartient. 5 Mais étends donc la main, frappe ses os et sa chair ; on verra s'il ne te renie pas en face ! 6 L'Eternel dit à Satan : Voici, il est en ton pouvoir ; seulement respecte sa vie.
   7 Satan sortit de la présence de l'Eternel ; il frappa Job d'un ulcère malin, de la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête. 8 Job prit un tesson pour se gratter, et il était assis sur la cendre. 9 Et sa femme lui dit : Tu persévères encore dans ton intégrité ? Renie Dieu et meurs !
   10 Et il lui dit : Tu parles comme parle une femme insensée. Quoi ! Nous recevrions les biens de la main de Dieu, et nous n'en recevrions pas les maux ?
En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres.
   11 Trois amis de Job apprirent tous ces malheurs qui lui étaient arrivés. Ils vinrent, chacun de son pays, Eliphaz de Théman, Bildad de Suach et Tsophar de Naama, et se concertèrent pour aller le plaindre et le consoler. 12 Ayant levé les yeux de loin, ils ne le reconnurent pas ; et ils élevèrent la voix et pleurèrent ; ils déchirèrent chacun leur manteau et jetèrent vers le ciel de la poussière pour qu'elle retombât sur leurs têtes. 13 Ils restèrent assis sur la terre près de lui, sept jours et sept nuits ; aucun d'eux ne lui disait une parole, parce qu'ils voyaient que sa douleur était très grande.

Job 3

   1 Après cela Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2 Et Job prit la parole et dit :
   3 Périsse le jour où je suis né,
Et la nuit qui a dit : Un homme est conçu !
   4 Ce jour-là, qu'il soit ténèbres,
Que Dieu, d'en-haut, ne s'en informe pas,
Que la lumière ne resplendisse pas sur lui !
   5 Que les ténèbres et l'obscurité le réclament,
Qu'une nuée repose sur lui,
Que des éclipses l'épouvantent !
   6 Cette nuit-là, qu'une sombre brume s'en empare,
Qu'elle ne compte pas dans les jours de l'année,
Qu'elle n'entre pas au nombre des mois !
   7 Voici, que cette nuit-là soit stérile,
Que l'allégresse en soit bannie !
   8 Qu'ils la marquent d'un signe, ceux qui maudissent les jours,
Ceux qui sont experts à exciter le Léviathan !
   9 Que les astres de son matin s'obscurcissent,
Qu'elle s'attende à la lumière et qu'il n'en vienne pas,
Et qu'elle ne voie pas les paupières de l'aurore,
   10 Puisqu'elle n'a pas fermé les portes du sein qui m'a porté,
Et qu'elle n'a pas dérobé le malheur à mes yeux.
   11 Pourquoi ne suis-je pas mort dès les entrailles de ma mère ?
Pourquoi n'ai-je pas expiré en sortant de son sein ?
   12 Pourquoi des genoux m'ont-ils reçu ?
Pourquoi des mamelles, pour m'allaiter ?
   13 Car maintenant, je serais couché et je serais tranquille ;
Je dormirais, et alors j'aurais du repos,
   14 Avec les rois et les arbitres du monde,
Qui se sont bâti des ruines ;
   15 Ou avec les princes à qui l'or appartenait,
Qui remplissaient leurs maisons d'argent ;
   16 Ou bien, comme l'avorton caché, je n'aurais pas vécu,
Comme les petits enfants qui n'ont pas vu la lumière.
   17 Là, les méchants cessent de tourmenter,
Là se reposent ceux qui sont privés de force ;
   18 Les captifs sont réunis en sécurité ;
Ils n'entendent pas la voix de l'exacteur.
   19 Petits et grands s'y confondent,
L'esclave y est libre de son maître.
   20 Pourquoi donner la lumière aux malheureux,
Et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme ;
   21 Qui souhaitent la mort, et elle ne vient pas,
Et qui la recherchent plus ardemment que des trésors ;
   22 Qui se réjouiraient jusqu'à l'allégresse,
Tressailleraient de joie, s'ils trouvaient le tombeau ;
   23 A l'homme dont la route est obscure,
Et que Dieu enferme de toutes parts ?
   24 Car mes gémissements me tiennent lieu de pain,
Mes rugissements se répandent comme les eaux ;
   25 Car, dès que je crains un mal, il m'atteint,
Et ce que je redoute m'arrive.
   26 Avant que j'aie pu trouver trêve, paix et repos,
Viennent de nouveaux tourments !

Job 4

   1 Eliphaz de Théman prit la parole et dit :
   2 Si l'on se hasarde à t'adresser la parole, seras-tu fâché ?
Mais qui pourrait garder le silence ?
   3 Voici, tu en as redressé plusieurs,
Et tu as fortifié les mains débiles ;
   4 Tes paroles ont relevé celui qui bronchait,
Tu as affermi les genoux chancelants.
   5 Mais maintenant que c'est toi qui es atteint, tu es fâché ;
Parce que tu es frappé, tu es éperdu !
   6 Ta piété n'est-elle pas ta force,
Et l'intégrité de tes voies, ta confiance ?
   7 Rappelle-toi si jamais innocent a péri ;
Si quelque part les hommes droits ont été détruits.
   8 A ce que j'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité
Et qui sèment le malheur, le récoltent.
   9 Au souffle de Dieu, ils périssent ;
Ils sont consumés par le vent de sa colère.
   10 Les rugissements du lion, les grondements de sa voix sont étouffés ;
Les dents des lionceaux sont arrachées.
   11 Le lion périt, faute de proie,
Et les petits de la lionne sont dispersés.
   12 Une parole s'est glissée jusqu'à moi,
Et mon oreille en a perçu le murmure,
   13 Comme j'étais livré aux pensées qu'inspirent les visions de la nuit,
A l'heure où un profond sommeil s'abat sur les hommes.
   14 Une frayeur me surprit avec un tremblement,
Et secoua tous mes os.
   15 Un souffle passa sur mon visage,
Les poils de ma chair se dressèrent.
   16 Un être était là, dont je ne reconnaissais pas les traits ;
Une figure, devant mes yeux.
J'entendis un murmure, puis une voix :
   17 Le mortel serait-il juste devant Dieu ?
L'homme sera-t-il pur devant son Créateur ?
   18 Voici, il ne se fie pas à ses serviteurs,
Et dans ses anges il trouve du péché !
   19 Que sera-ce donc de ceux qui habitent des maisons d'argile, fondées sur la poussière,
Et qu'on écrase comme la teigne !
   20 Entre le matin et le soir ils sont détruits ;
Sans qu'on y prenne garde, ils périssent à toujours.
   21 Leur corde n'est-elle pas arrachée ?
Ils meurent sans posséder la sagesse.