Daniel 7:6-7
(Annotée Neuchâtel)
6
Après celle-là, je contemplais, et en voici une autre comme un léopard ; elle avait sur son dos quatre ailes d'oiseau ; et cette bête avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée.
7
Après cela, je contemplais dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, effrayante, terrible et extraordinairement forte ; elle avait des dents de fer très grandes ; elle dévorait et brisait, et le reste elle le foulait de ses pieds ; et elle était différente de toutes les bêtes qui l'avaient précédée, et elle avait dix cornes.
Références croisées
7:6 Dn 2:39, Dn 8:5-7, Dn 8:20, Dn 8:21, Dn 10:20, Dn 11:3-20, Os 13:7, Ap 13:2, Dn 7:4, Ez 17:3, Dn 8:8, Dn 8:22, Dn 11:4-20Réciproques : Jr 5:6, Dn 2:32, Za 6:6, Ap 9:5
7:7 Dn 7:2, Dn 7:13, Dn 7:19, Dn 7:23, Dn 2:40, Dn 8:10, 2S 22:43, Dn 7:24, Dn 2:41-42, Ap 12:3, Ap 13:1, Ap 17:7, Ap 17:12
Réciproques : Dt 28:50, Jb 9:24, Jb 41:14, Es 29:20, Jr 5:15, Ez 28:7, Ez 40:2, Dn 2:19, Dn 2:33, Dn 2:39, Dn 8:7, Ap 13:2, Ap 19:20
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsDaniel 7
- 7.6 La troisième monarchie : le léopard. (Le ventre et les hanches d'airain,
2.39
)
Le léopard a pour caractères l'agilité et la soudaineté des bonds (Habakuk 1.8
). Cet emblème convient admirablement à la rapidité des conquêtes du Grec Alexandre (8.5
).
Quatre ailes d'oiseau. L'agilité du quadrupède est encore renforcée par celle de l'oiseau. Le conquérant semble voler sans toucher la terre. En quelques années, Alexandre conquit avec l'Asie-Mineure et l'Egypte tout le continent asiatique jusqu'à l'Indus.
Quatre têtes. Cet emblème ne fait pas double emploi avec le précédent (les quatre ailes); il ne peut se rapporter qu'aux quatre monarchies dans lesquelles le troisième empire, l'empire grec, se réalisa (11.4
). En effet, l'empire d'Alexandre n'a pas existé comme empire à part et distinct des monarchies grecques qui en sortirent. Le fondateur mourut avant de pouvoir organiser son nouvel Etat; vingt ans après, ses conquêtes échurent à quatre de ses généraux qui se les partagèrent en prenant le titre de rois. C'est ce qu'indique le texte lui-même, en faisant apparaître la troisième bête avec ses quatre têtes, avant même de dire que la domination lui fut donnée. Elle paraît dès l'abord dans la vision prophétique sous la forme sous laquelle elle s'est réalisée historiquement. Ce qui confirme ce sens, c'est que,8.8
, les quatre cornes sur la tête du bouc correspondent visiblement à ces quatre têtes du léopard; or,8.21
, ce bouc est désigné en tout autant de termes comme le roi (le royaume) de Javan (la Grèce), et les quatre cornes, comme quatre royaumes qui s'élèveront de cette nation. Il paraît donc conforme aussi bien à l'histoire qu'à la conception de l'auteur du livre, de voir dans la troisième bête l'empire grec fondé par Alexandre et constitué des l'abord sous la forme de quatre Etats : la Macédoine, la Thrace, la Syrie et l'Egypte.
Les partisans du IV° système d'interprétation, qui voient dans l'ours la monarchie mède et dans le léopard la monarchie perse, essaient d'expliquer l'emblème des quatre têtes en le rapportant aux quatre rois qu'aurait eus la Perse. L'histoire, il est vrai, nous parle de neuf rois de Perse. Mais ces exégètes supposent que l'auteur du livre de Daniel n'en connaissait que quatre, bien qu'écrivant, suivant eux, longtemps après la chute de l'empire persan. Afin de prouver une aussi étrange assertion, ils s'appuient sur le passage11.2
. Pour la réfutation de cette imputation si invraisemblable, nous renvoyons à ce passage. En tout cas il est manifeste que ces quatre têtes, existant simultanément sur le léopard ne sauraient représenter quatre rois successifs. Ce verset confirme donc nos conclusions précédentes (verset 5) relatives au IV° système d'interprétation.
Le V° et le VI° système sont exclus également par ce que nous venons de dire. Car une fois que les quatre Etats issus des conquêtes d'Alexandre, par conséquent la Syrie, aussi bien que l'Egypte, la Macédoine et la Thrace, ont paru comme renfermés dans la troisième monarchie, ils ne peuvent ni tous quatre ensemble, ni l'un d'eux en particulier, former le quatrième grand empire. - 7.7 7 et 8 Le quatrième empire : la bête sans nom. (Les jambes et les pieds de la statue,
2.40-43
).
Je contemplais dans les visions de la nuit. C'est comme une reprise de la révélation prophétique, dans l'attente de faits plus graves encore que les précédents.
Effrayante, terrible, etc. Comparez ce qui est dit du fer de la statue2.40
. Ce rapprochement confirme le parallélisme complet entre les quatre empires représentés par la statue, chapitre 2, et les quatre empires représentés par les bêtes, chapitre 7.
Différente de toutes les bêtes. Les bêtes différaient toutes les unes des autres (verset 3). Le caractère de la première était la majesté, celui de la seconde, la voracité, celui de la troisième, la rapidité; le caractère de celle-ci est une brutalité et une férocité sans égales. Mais ce qui faisait que celle-ci formait un genre à part, c'est qu'elle ne trouvait son semblable dans aucun des animaux existants sur la terre. Aussi n'est-elle pas nommée. C'est presque autant une machine (des dents de fer) qu'une bête. Il suffit déjà de ce trait pour empêcher de voir dans cette quatrième bête, avec les partisans des II°, III° et IV° systèmes, la monarchie grecque fondée par Alexandre-le-Grand; car cet empire ne se distingua nullement d'une manière spécifique des précédents; et au chapitre 8 il apparaît sous l'image d'un animal ordinaire, le bouc, à côté du bélier qui représente la monarchie médo-perse. La force extraordinaire qui lui est attribuée ne permet pas non plus de voir (V° système) l'ensemble des monarchies issues d'Alexandre ou (VI° système) l'une d'elles, celle de Syrie. Car il est dit (8.22
) qu'elles n'auront pas autant de force que le premier roi (Alexandre); et s'il en est ainsi des quatre réunies, à plus forte raison de l'une quelconque d'entre elles. D'ailleurs, nous rappelons ici ce qui a été observé verset 6 : c'est que ces quatre Etats ont déjà paru dans les quatre têtes du léopard comme faisant partie intégrante du troisième empire.
Dix cornes. La corne, dans le symbolisme biblique, désigne toujours la puissance. D'après le verset 24, ces dix cornes sont dix rois. Ce mot, lorsqu'une détermination particulière n'est pas donnée (comparez verset 8 et8.21-22
), désigne non des individus, mais des royaumes (2.44
). Ces dix royaumes sont représentés ici comme simultanés; car la petite corne surgit au milieu d'eux, ce qui suppose qu'ils existent tous au moment où paraît cette corne. Ce trait ne permet pas de voir dans les dix cornes, avec les partisans du VI° système, dix rois de Syrie qui auraient occupé ce trône successivement jusqu'à celui que l'on prétend être représenté par la petite corne : Antiochus. Ajoutez que l'histoire ne connaît réellement que sept rois de Syrie avant celui-là.
Quel peut donc être le sens de cet emblème? Il ne peut représenter, nous semble-t-il, que la division du quatrième empire en une multiplicité d'Etats dont l'ensemble est désigné par le chiffre dix, emblème ordinaire d'une totalité terrestre. Comparez les dix orteils des pieds de la statue,2.42
.
Mais quel peut être ce quatrième empire? Il doit à la fois succéder aux Etats grecs issus des conquêtes d'Alexandre et clore la série des monarchies universelles. L'empire romain répond et répond seul à cette condition. Il a absorbé l'Egypte, la Syrie, la Thrace et la Grèce; bien plus, il a surpassé tous les grands empires précédents. Rien n'a échappé à sa puissance (2.40; 7.7,23
). Denys d'Halicarnasse, qui écrivait dans les années qui ont précédé immédiatement notre ère, dit :L'empire romain règne sur toutes les contrées de la terre qui ne sont pas inabordables, il domine sur toute la mer; il a le premier et le seul fait de l'Orient et de l'Occident ses frontières
. Après l'invasion des barbares dans notre Europe, cet empire s'est partagé et développé en un certain nombre d'Etats (les dix cornes et les dix orteils) qui ont conservé sa politique et ses lois. D'autre part, il ressort de2.44
et de tout le tableau suivant que c'est sous cet empire que doit apparaître le royaume messianique préparé par l'ancienne alliance. Et c'est en effet au moment où cet empire atteignait l'apogée de sa force qu'est apparu le Messie, et le royaume a peu à peu grandi à mesure que l'empire romain se divisait en une multiplicité d'Etats.