Daniel 9:27
(Annotée Neuchâtel)
Daniel 9:27
Il concluera une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine, et à la moitié de la semaine il fera cesser sacrifice et oblation, et sur l'aile des abominations [vient] un désolateur, et cela jusqu'à ce que l'entière destruction qui a été décrétée fonde sur le désolé.
Références croisées
9:27 Es 42:6, Es 53:11, Es 55:3, Jr 31:31-34, Jr 32:40-42, Ez 16:60-63, Mt 26:28, Rm 5:15, Rm 5:19, Rm 15:8-9, Ga 3:13-17, He 6:13-18, He 8:8-13, He 9:15-20, He 9:28, He 10:16-18, He 13:20-21, Mt 27:51, He 10:4-22, Dn 8:13, Dn 11:36, Dn 12:11, Es 10:22-23, Es 28:22, Mt 24:15, Mc 13:14, Lc 21:20, Lc 21:24, Rm 11:26, Lv 26:14-46, Dt 4:26-28, Dt 28:15-68, Dt 29:18-29, Dt 30:17-18, Dt 31:28-29, Dt 32:19-44, Ps 69:22-28, 1Th 2:15-16Réciproques : Ex 29:38, Lv 15:31, Nb 7:62, Nb 24:24, 2R 16:15, Ps 74:3, Es 28:18, Es 64:10, Jr 7:30, Jr 42:18, Jr 51:51, Ez 7:8, Ez 16:62, Dn 8:11, Dn 8:17, Dn 8:19, Dn 11:31, Dn 11:35, Os 3:4, Ag 1:4, Za 5:9, Za 11:6, Za 13:8, Ml 4:6, Mt 24:2, Mc 12:9, Lc 13:35, Lc 17:37, Lc 19:43, Lc 21:6, Lc 21:22, Jn 11:48, Ac 13:41, Rm 9:28, He 7:22, He 10:11
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsDaniel 9
- 9.27 Au verset 26, la soixante et dixième semaine n'avait pas été mentionnée : l'horizon prophétique restait indéfini. Ce verset renfermait tout ce qui devait suivre les soixante-neuf semaines jusqu'à la fin des temps. C'est là ce qu'expriment les mots : et après les soixante-deux semaines. Au verset 27, le prophète mentionne expressément la soixante et dixième semaine et indique les points essentiels de son contenu.
Il conclura. Plusieurs interprètes ont donné pour sujet au verbe conclura le mot : une semaine, ce qui est peu naturel. Le sujet est certainement sous-entendu. On peut penser, selon les applications diverses des versets précédents, à Antiochus-Epiphane avec lequel font alliance les Israélites apostats, ou bien au Messie qui durant la semaine établit l'alliance nouvelle. Mais peut-être le plus naturel est-il de penser à l'Eternel lui-même qui préside à l'œuvre messianique. C'est dans ce dernier sens qu'on s'explique le mieux l'ellipse.
Une alliance ferme : celle dont Jérémie avait, déjà parlé en l'opposant à l'alliance de Sinaï que les Juifs avaient rompue (Jérémie 31.31
et suivants). Le retour de la captivité n'a été que la reprise de l'ancienne alliance, et non la fondation de la nouvelle.
Ce qui est nouveau dans cette prophétie, ce n'est ni l'idée d'une nouvelle alliance, ni celle du Messie mourant, peint déjà dans Esaïe chapitre 53; c'est uniquement la relation établie entre ces deux faits.
Avec un grand nombre. La même expression (rabbim) avait déjà été employée parEsaïe 52.14; 53.11-12
: Mon serviteur juste en justifiera un grand nombre (comparezMatthieu 20.28; 26.28
). C'est la partie fidèle de l'ancienne alliance, le saint reste, qui devient le noyau de la nouvelle.
Pendant une semaine : la soixante et dixième, pendant laquelle s'accomplit le salut spirituel décrit verset 26.
A la moitié de la semaine. On peut traduire aussi : pendant la moitié de la semaine; soit la première soit la seconde moitié. Dans l'application du passage à Antiochus, cette moitié de semaine représenterait les trois ans et demi que dura la suppression du culte de Jéhova, et en particulier de l'holocauste journalier. Sans doute depuis le 15 kislev 168 où fut placé, sur l'autel des holocaustes celui du Jupiter olympien, jusqu'au 25 kislev 165, où le culte de Jéhova fut rétabli, il n'y a eu que trois ans et dix jours; mais on suppose que le culte de Jéhova avait été supprimé quelques mois avant l'établissement de celui de Jupiter (comparez8.14
, note). Il n'en est pas moins vrai que trois ans dix jours ne sont pas trois ans et demi, et que cette indication ne s'accorde pas avec celle du chapitre 8, qui, de l'aveu de tous, s'applique à la suppression de l'holocauste sous Antiochus-Epiphane. Pourquoi, dans le même écrivain qui est supposé parler ici comme historien, deux dates différentes se trouveraient-elles appliquées au même événement, surtout si l'on tient compte de la précision extrême du chapitre 8 (2300 soirs et matins)?
Il résulte de là, nous paraît-il, que la date d'une demi-semaine, qui correspond à celle de un temps, des temps et la moitié d'un temps (7.25
), doit avoir comme celle-ci un caractère et une signification symboliques plutôt que strictement chronologiques (voir7.25
, note).
Il fera cesser sacrifice et oblation : toute offrande sanglante ou non sanglante. Dieu ne peut faire cesser le sacrifice de l'alliance ancienne qu'en consommant un sacrifice nouveau, fondement de l'alliance nouvelle. C'est donc ici qu'il faut placer l'immolation du Messie (verset 26). Dès ce moment, le culte juif perd sa valeur et son efficacité, qui passent tout entières dans le sacrifice messianique. Le mot schabath : se reposer, cesser, employé dans le texte, s'applique plus naturellement à une cessation de ce genre qu'à une suppression violente, telle que celle qui eut lieu sous les Maccabées. Les cérémonies lévitiques ne sont plus dès lors que des formes sans vie dont l'abolition ne peut tarder; sur le corps mort, les aigles s'assembleront. Le déchirement du voile du temple au moment de la mort de Christ a été le symbole frappant du rejet et de la profanation du sanctuaire par Dieu même.
Sur l'aile des abominations... Ces mots sont très obscurs. Les deux principales traductions sont : Sur l'aile viennent les abominations désolatrices; ou du désolateur; cette traduction n'est pas tout à fait correcte au point de vue grammatical. Ou bien celle que nous avons donnée et qui est plus littérale.
Les abominations sont le terme employé fréquemment dans l'Ancien Testament (par exemple1Rois 11.5; 2Rois 23.13; Jérémie 7.30
, note) pour désigner les idoles.
Le mot traduit par aile a été appliqué à la surface plane de l'autel des holocaustes, sur laquelle les Syriens avaient dressé l'autel de Jupiter olympien. Mais comment justifier cet emploi du mot aile? On l'a pris aussi dans un sens figuré : Porté sur l'aile des abominations, c'est-à-dire par son exaltation idolâtre, viendra le désolateur. Ou bien on l'a appliqué aux aigles romaines qui souilleront un jour Jérusalem et le temple. Le mot hébreu signifie littéralement : une chose étendue qui sert à couvrir. Il pourrait donc bien désigner ici les deux pans du toit du temple (comparez le terme qui en grec signifie aussi aile,Matthieu 4.5
). Le toit du temple serait appelé ici aile des abominations, comme servant d'abri, depuis la mort du Messie, à un culte sans vie et réprouvé de Dieu. Le sens serait donc : Sur le temple de Jérusalem, privé de la présence de Dieu et réduit ainsi à n'être plus qu'un temple idolâtre, fond le désolateur. C'est dans le même sens que, dansEzéchiel 43.7
, le temple est appelé les hauts-lieux d'Israël. On sait par l'historien Josèphe de quelles abominations le temple fut le théâtre pendant le dernier siège de Jérusalem.
Le désolateur est la puissance romaine, désignée déjà, verset 26, par les mots : le peuple d'un chef qui viendra.
L'abomination de la désolation. Cette expression est employée dans le premier livre des Maccabées pour désigner l'autel de Jupiter (1 Maccabées 1.54). Jésus s'en sert aussi en annonçant la profanation du temple par les Romains. Elle n'est pas tirée directement de notre passage, mais plutôt de ceux11.31
, et12.11
(voir les notes).
Et cela jusqu'à ce que... La désolation du temple de Jérusalem dure encore. Elle ne cessera que lorsque le désolateur deviendra un désolé. Le quatrième empire qui détruit le sanctuaire sera détruit à son tour avec ses dix cornes (comparez7.11
).
Remarques sur le chapitre 9
Résumons d'abord le contenu de la révélation renfermée dans le passage précédent.- Dieu prépare à son peuple un salut spirituel parfait, à la fois abolition du mal et don de justice et de sainteté; verset 24
- Cet état de choses se réalisera au terme de soixante-dix semaines comptées à partir de l'édit qui ordonnera le retour du peuple et la restauration de Jérusalem; verset 25
- Jusqu'à l'apparition de l'oint-chef qui opèrera cette œuvre de salut, il s'écoulera sept semaines et soixante-deux semaines; verset 25
- Par ce Messie, Dieu fera alliance avec un grand nombre de membres du peuple, verset 27
- Au milieu de son œuvre, verset 27, le Messie sera retranché, verset 26
- Ce retranchement mettra fin au culte de la première alliance; verset 27
- Le temple sera profané et sur ce temple et la ville fondra un peuple ennemi venant comme un débordement d'eau
- Le décret de Dieu est que l'œuvre de cet ennemi ne cesse que lorsque tout sera dévasté,
- mais aussi que cet ennemi lui-même soit entièrement détruit à son tour.
L'étude impartiale de ce morceau ne nous permet pas de l'appliquer aux événements qui ont eu lieu sous Antiochus Epiphane, soit en supposant avec quelques interprètes que, pris dans ce sens, c e tableau ait été une véritable révélation accordée à Daniel, soit en prétendant y retrouver un exposé de cette histoire fait après coup sous la forme d'une prophétie. La première supposition est le produit bâtard de l'explication actuellement en vogue et du désir de conserver à ce passage son caractère prophétique. Elle se heurte d'ailleurs à plusieurs des raisons que nous allons alléguer contre la seconde. Contre cette dernière, voici nos raisons : - L'énorme erreur chronologique qu'elle suppose. Ce ne sont pas sept semaines et soixante-deux semaines, ou même seulement soixante-deux semaines, qui se sont écoulées entre l'édit de Cyrus et l'avènement d'Antiochus, autrement dit 481 ans ou 434 ans, mais seulement 362 ans. Cela fait une erreur de 119 ans ou au moins de 72. On allègue, il est vrai, une faute semblable commise par l'historien Josèphe à l'égard de la même époque. Mais Josèphe écrivait vers l'an 100 après J-C, tandis que notre poète-historien est censé vivre au temps des Maccabées, à l'issue de la période même dont il parle. Dans ces conditions, une erreur aussi colossale est difficile à comprendre.
A cette première erreur il en ajoute une seconde plus grave encore, puisqu'elle se rapporte aux temps même dont l'auteur doit avoir été témoin. L'apostasie des Juifs qui ont traité alliance avec Antiochus n'a pas duré sept ans (une semaine, verset 27), mais dix ou onze ans, pendant tout le temps du règne d'Antiochus, 175-164. Elle a en tout cas commencé avant l'année 171. - D'après les termes du verset 26, l'ennemi d'Israël détruira la ville et le sanctuaire, ce qui n'a pas été le cas d'Antiochus Epiphane (voyez verset 26, note).
- Le salut messianique serait annoncé verset 24, et le Messie qui doit l'opérer serait ensuite complètement passé sous silence, tandis que deux autres messies (Cyrus et Onias) seraient désignés, dont ni l'un ni l'autre ne sont celui qui opère le salut promis et qu'on attend!
- Il est impossible de se représenter un moment de l'histoire des Maccabées dans lequel on puisse raisonnablement placer la composition de ce passage. Les partisans de l'hypothèse que nous combattons diffèrent sur le temps où cette composition aurait eu lieu. Les uns en fixent la date aux temps qui ont précédé la purification du temple et la mort d'Antiochus, aux commencements du soulèvement maccabéen, entre 167 et 165. Mais, dans ce cas, comment se fait-il que l'auteur se risque à prédire que l'alliance d'Antiochus et des Juifs infidèles durera sept ans (une semaine) et la suppression de l'holocauste trois ans et demi (une demi-semaine)? Puis, pourquoi cet enthousiaste, au lieu de diriger les regards de ceux qu'il avait à encourager dans la lutte sur la prochaine victoire d'Israël et d'employer pour la peindre les expressions magnifiques des anciens prophètes, se contente-t-il de décrire un salut purement moral et d'annoncer simplement que le désolateur sera désolé?
D'autres, sentant ces difficultés, placent la date de la composition de notre prophétie après la purification du temple et la mort d'Antiocbus, vers 163, alors que les Juifs étaient de nouveau maîtres de Jérusalem et avaient remporté de brillantes victoires sur les armées d'Antiochus. Mais comment l'auteur ne ferait-il dans ce cas aucune allusion à ces glorieux faits d'armes et n'en tire-t-il pas son principal sujet d'encouragement pour la foi israélite, en vue du triomphe complet qui était encore à attendre?
Ainsi dans la première de ces suppositions, l'auteur annonce trop de choses, dans la seconde trop peu. Enfin, quelle que soit celle de ces dates que l'on choisisse, le prophète ne pouvait-il pas promettre le salut sans revenir aux soixante et dix années de captivité annoncées par Jérémie et sans traverser de nouveau tout ce passé qu'il fait rentrer dans le cadre des sept semaines et des soixante-deux semaines? Tout cela s'explique au contraire tout naturellement dans la situation de Daniel placé entre ces soixante et dix années de captivité et ces soixante et dix semaines d'épreuve. Comment un écrivain composant en face de la détresse maccabéenne, et s'adressant à des gens dispersés et réfugiés dans des cavernes et jour et nuit sous les armes, serait-il ainsi revenu en arrière? Est-ce pour des gens réduits à cette extrémité que l'on refait de sang-froid l'histoire sous cette forme énigmatique? - Le lien qui unit la prière à la prophétie ne permet pas qu'on les sépare. Or, le caractère de cette prière est profondément sérieux, sobre et saint. Cela ne permet pas de supposer que l'une comme l'autre aient été composées d'une manière artificielle, et par un écrivain qui, trop timide pour prophétiser en son nom, n'aurait pas craint d'attribuer ses élucubrations à un saint homme disparu depuis trois siècles et demi.
- Le morceau versets 24 à 27 est une vraie prophétie.
- Cette prophétie n'a pas trouvé son accomplissement au temps d'Antiochus et ne peut s'appliquer qu'au salut apporté par Jésus-Christ.