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Galates 2:11-21 (Annotée Neuchâtel)

   11 Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il méritait d'être repris. 12 Car avant l'arrivée de quelques-uns venus de la part de Jacques, il mangeait avec les païens ; mais quand ils furent arrivés, il se tenait à l'écart et s'esquivait, craignant ceux de la circoncision. 13 Et les autres Juifs aussi dissimulèrent avec lui ; de sorte que Barnabas même se laissa entraîner à leur dissimulation. 14 Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas de droit pied, selon la vérité de l'Evangile, je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi qui es Juif, vis à la manière des païens, et non à la manière des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à judaïser ? 15 Pour nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d'entre les païens ; 16 néanmoins, sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ que l'homme est justifié, nous avons, nous aussi, cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ, et non par les oeuvres de la loi ; parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la loi. 17 Mais si, en cherchant à être justifiés par Christ, nous étions aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, Christ serait-il donc ministre du péché ? Loin de là ! 18 Car si je rebâtis les choses que j'ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur. 19 Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. 20 Je suis crucifié avec Christ ; je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ; et en tant que je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, et qui s'est donné lui-même pour moi. 21 Je ne rejette point la grâce de Dieu ; car si la justice s'obtient par la loi, Christ est donc mort en vain.

Références croisées

2:11 Ac 15:30-35, Ga 2:5, 2Co 5:16, 2Co 11:5, 2Co 11:21-28, 2Co 12:11, 1Tm 5:20, Jud 1:3, Ex 32:21-22, Nb 20:12, Jr 1:17, Jon 1:3, Jon 4:3-4, Jon 4:9, Mt 16:17-18, Mt 16:23, Ac 15:37-39, Ac 23:1-5, Jc 3:2, 1Jn 1:8-10
Réciproques : Gn 20:2, Ex 23:2, Lv 19:17, 1S 27:10, 2Ch 26:18, Ne 5:7, Jb 21:31, Jb 27:5, Jb 34:4, Ps 141:5, Pr 9:8, Pr 28:23, Pr 29:25, Ec 4:10, Ez 3:21, Mc 12:14, Lc 17:3, Jn 9:22, Jn 18:25, Ac 14:26, Ga 2:6, Ga 2:14, Ga 2:17, Ga 6:1, 1Tm 5:1
2:12 Ga 2:9, Ac 21:18-25, Ac 10:28, Ac 11:3, Ep 2:15, Ep 2:19-22, Ep 3:6, Es 65:5, Lc 15:2, 1Th 5:22, Pr 29:25, Es 57:11, Mt 26:69-75
Réciproques : Gn 12:13, Gn 20:2, 1S 21:2, 2R 10:29, Ec 10:1, Lc 5:38, Jn 7:13, Ac 10:15, Ac 11:2, Ac 12:17, Ac 15:1, Ac 15:13, Ac 21:24, Rm 14:2, 1Co 5:11, 1Co 9:21, Ga 2:14, Ga 2:18, Col 2:16, Jc 1:1
2:13 Gn 12:11-13, Gn 26:6-7, Gn 27:24, Ec 7:20, Ec 10:1, 1Co 5:6, 1Co 8:9, 1Co 15:33, Jb 15:12, 1Co 12:2, Ep 4:14, He 13:9
Réciproques : Gn 12:13, 2S 16:19, 2R 10:29, Pr 10:9, Es 57:11, Jn 7:13, Ac 4:36, Ac 9:27, Ac 10:15, Ac 13:1, Ac 15:1, Ga 2:1, Ga 2:14, Col 2:16, He 12:15
2:14 Ps 15:2, Ps 58:1, Ps 84:11, Pr 2:7, Pr 10:9, Ga 2:5, Rm 14:14, 1Tm 4:3-5, He 9:10, Ga 2:11, Lv 19:17, Ps 141:5, Pr 27:5-6, 1Tm 5:20, Ga 2:12-13, Ac 10:28, Ac 11:3-18, Ga 2:3, Ga 6:12, Ac 15:10-11, Ac 15:19-21, Ac 15:24, Ac 15:28, Ac 15:29
Réciproques : 1R 15:13, Pr 28:18, Rm 3:30, 2Co 11:29, Ga 3:1, Ga 4:12, Ga 4:16, Ph 3:18, 2Jn 1:1, 2Jn 1:4, 3Jn 1:4
2:15 Mt 3:7-9, Jn 8:39-41, Rm 4:16, Ep 2:3, Mt 9:11, Mc 7:26-28, Ac 22:21, Rm 3:9, Ep 2:11-12, Tt 3:3
Réciproques : Mt 15:26, Jn 9:34, Ac 10:11, Ac 10:45, Rm 2:9, Rm 2:17, Rm 11:17, Ph 3:7
2:16 Ga 2:19, Ga 3:10-12, Ga 5:4, Jb 9:2-3, Jb 9:29, Jb 25:4, Ps 130:3-4, Lc 10:25-29, Ac 13:38-39, Rm 3:19-20, Rm 3:27, Rm 3:28, Rm 4:2, Rm 4:13-15, Ph 3:9, Ga 3:13-14, Ga 3:22-24, Ga 4:5, Rm 1:17, Rm 3:21-26, Rm 3:28, Rm 3:30, Rm 4:5-6, Rm 4:24, Rm 4:25, Rm 5:1-2, Rm 5:8, Rm 5:9, Rm 8:3, Rm 8:30-34, 1Co 6:11, 2Co 5:19-21, Ph 3:9, He 7:18-19, Ga 2:20, Jn 6:68-69, Jn 20:31, Ac 4:12, 1P 1:2, 1P 1:8, 1P 1:9, 1P 1:18-21, 1P 2:24, 1P 3:18, 2P 1:1, 1Jn 1:7, 1Jn 2:1-2, Ap 7:9, Ap 7:14, Ga 3:11, Ps 143:2
Réciproques : Ha 2:4, Lc 18:14, Jn 3:15, Ac 15:11, Ac 20:21, Ac 24:24, Rm 2:9, Rm 2:12, Rm 2:13, Rm 3:22, Rm 10:10, Ga 2:21, Ga 3:24, Ep 2:3, Ph 3:7, 1Tm 2:7, Tt 3:5, Tt 3:7
2:17 Rm 9:30-33, Rm 11:7, Ga 2:11, Rm 6:1-2, 1Jn 3:8-10, Mt 1:21, Rm 15:8, 2Co 3:7-9, He 7:24-28, He 8:2, 1Jn 3:5, Rm 3:4, Rm 3:6
Réciproques : Rm 4:5, Rm 6:15, 1Co 6:15, Ga 3:21
2:18 Ga 2:4-5, Ga 2:12-16, Ga 2:21, Ga 4:9-12, Ga 5:11, Rm 14:15, 1Co 8:11-12
Réciproques : Rm 6:15
2:19 Ga 3:10, Ga 3:24, Rm 3:19-20, Rm 4:15, Rm 5:20, Rm 7:7-11, Rm 7:14, Rm 7:22, Rm 7:23, Rm 8:2, Rm 10:4-5, Rm 6:2, Rm 6:11, Rm 6:14, Rm 7:4, Rm 7:6, Rm 7:9, Col 2:20, Col 3:3, 1P 2:24, Ga 2:20, Rm 14:7-8, 1Co 10:31, 2Co 5:15, 1Th 5:10, Tt 2:14, He 9:14, 1P 4:1-2, 1P 4:6
Réciproques : Dt 31:26, 2Ch 34:19, Ps 19:8, Mc 12:34, Jn 5:46, Ac 13:39, Rm 3:31, Ga 2:16, Ga 3:21, Col 3:1, 2Tm 2:11, He 12:20, Jc 2:9
2:20 Ga 5:24, Ga 6:14, Rm 6:4-6, Rm 8:3-4, Col 2:11-14, Rm 6:8, Rm 6:13, Rm 8:2, Ep 2:4-5, Col 2:13, Col 3:3-4, Jn 14:19-20, Jn 17:21, 2Co 4:10-11, 2Co 13:3, 2Co 13:5, Ep 3:17, Col 1:27, 1Th 5:10, 1P 4:2, Ap 3:20, 2Co 4:11, 2Co 10:3, 1P 4:1-2, Ga 2:16, Ga 3:11, Jn 6:57, Rm 1:17, Rm 5:2, 2Co 1:24, 2Co 5:7, 2Co 5:15, Ph 4:13, 1Th 5:10, 1P 1:8, 1P 4:2, Jn 1:49, Jn 3:16, Jn 3:35, Jn 6:69, Jn 9:35-38, Ac 8:37, Ac 9:20, 1Th 1:10, 1Jn 1:7, 1Jn 4:9-10, 1Jn 4:14, 1Jn 5:10-13, 1Jn 5:20, Ga 1:4, Mt 20:28, Jn 10:11, Jn 15:13, Rm 8:37, Ep 5:2, Ep 5:25, Tt 2:14, Ap 1:5
Réciproques : Lv 7:5, Lv 8:31, Lv 9:17, Dt 30:20, Ps 85:13, Ct 2:16, Ct 5:2, Ct 5:16, Ct 7:10, Mc 8:34, Lc 1:35, Jn 3:15, Jn 6:54, Jn 15:4, Jn 17:26, Ac 20:21, Ac 24:24, Ac 26:18, Rm 6:3, Rm 6:6, Rm 6:11, Rm 7:4, Rm 7:6, Rm 14:7, 1Co 1:9, Ga 2:19, Ep 2:16, Ep 3:18, Ep 3:19, Ph 1:22, Ph 3:10, Col 2:6, Col 2:20, Col 3:1, Col 3:11, 2Tm 2:11, 1P 1:5, 1Jn 5:12, Ap 1:18
2:21 Ga 2:18, Ps 33:10, Mc 7:9, Rm 8:31, Ga 2:16, Ga 3:21, Ga 5:2-4, Rm 10:3, Rm 11:6, He 7:11, Es 49:4, Jr 8:8, 1Co 15:2, 1Co 15:14, 1Co 15:17
Réciproques : Nb 35:32, Jb 15:4, Lc 7:30, Jn 15:25, Rm 3:4, Rm 3:31, Rm 4:14, Rm 6:3, 2Co 6:1, Ga 3:18, Ga 5:4, Ph 3:18, Tt 2:11

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Galates 2
  • 2.11 Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il méritait d'être repris. 11 à 21 Paul résiste à Céphas.
    Antioche de Syrie, siège d'une Eglise nombreuse, composée en grande partie de païens convertis. (Comparer Actes 13.1 et suivants) Paul était retourné à Antioche après le concile de Jérusalem. (Actes 15.33-35) L'époque où Pierre y vint n'est pas indiquée, mais il est probable que ce fut plus tard, pendant un séjour que Paul fit à Antioche entre son second et son troisième voyage missionnaire (Actes 18.22,23, notes.)
    On peut traduire plus exactement : "Parce qu'il était blâmé, accusé," ou même "condamné," sans doute par des chrétiens d'Antioche que sa conduite scandalisait. Les versets suivants montrent à quel sujet. Paul raconte cet événement pour convaincre d'autant mieux les Galates de l'indépendance de son apostolat, et de l'importance qu'ils devaient attacher à la doctrine fondamentale de la justification par la foi seule. Ce récit complète celui qui précède et forme l'introduction la plus naturelle à la partie de l'épître qui va exposer de nouveau la grande doctrine en question.
  • 2.12 Car avant l'arrivée de quelques-uns venus de la part de Jacques, il mangeait avec les païens ; mais quand ils furent arrivés, il se tenait à l'écart et s'esquivait, craignant ceux de la circoncision. Mangeait avec les chrétiens convertis du paganisme, c'est-à-dire vivait en communion avec eux. (Luc 15.2) C'est cette liberté qui choquait les chrétiens judaïsants, (Actes 11.3) et cela surtout parce que, dans leurs repas et leur alimentation, les païens n'observaient pas les dispositions de la loi mosaïque et de la tradition juive. (Comparer Lévitique 11 ; Actes 15.20,28,29 ; Marc 7.1 et suivants)
    Il n'est point dit dans quel but ces quelques-uns venaient (de Jérusalem à Antioche) de la part de Jacques ; il est douteux qu'ils fussent chargés par cet apôtre d'agir dans un esprit judaïsant ; car, bien que lui-même observât la loi, il avait positivement reconnu le ministère de Paul parmi les païens. (verset 9 ; comparez Actes 15.13 et suivants)
    Quoi qu'il en soit, c'est sous l'influence de ces personnes, venues de la Judée, que Pierre s'esquivait et se tenait à l'écart momentanément et affectait un judaïsme qui, sous l'autorité et par l'exemple d'un si grand apôtre, pouvait exercer au sein de l'Eglise une influence pernicieuse sur la doctrine même. Le verset verset 13 en fournit la preuve. Le motif d'une telle conduite, indiqué verset 12, était tout à fait en harmonie avec le caractère de ce disciple : Pierre fut entraîné par cette crainte des hommes qui avait naguère causé son reniement.
  • 2.13 Et les autres Juifs aussi dissimulèrent avec lui ; de sorte que Barnabas même se laissa entraîner à leur dissimulation. Grec : "Et les autres Juifs usèrent d'hypocrisie avec lui, en sorte que Barnabas fut entraîné dans leur hypocrisie."
    Il ne faut rien retrancher de la force de ces expressions, car, tout en aggravant la faute de Pierre, elles réfutent à l'avance les conséquences erronées qu'on pourrait tirer, et qu'on a souvent essayé en effet de déduire de cette faute. "Où est, a-t-on dit, l'unité de doctrine dans les apôtres ? Où est leur autorité absolue dans les vérités du salut ? Voici deux des plus grands apôtres en flagrante contradiction sur le point le plus important de la doctrine."
    Il n'y a rien dans ce récit qui donne lieu à ces conclusions, ni qui rende nécessaires les hypothèses auxquelles on a eu recours pour l'expliquer, ni qui justifie une théorie de l'inspiration d'après laquelle les écrits seuls des auteurs sacrés auraient été inspirés et non leur personne et leur enseignement oral.
    En effet, c'est à Pierre lui-même que fut révélée d'abord la grande vérité du salut des païens par la foi sans les œuvres de la loi. (Actes 10) Devenu le premier héraut de cette vérité, et, à cause de cela, accusé par les chrétiens judaïsants de Jérusalem, il se justifie devant tous, s'appuyant de la révélation expresse de Dieu et du don du Saint-Esprit accordé aux païens convertis. (Actes 11) Enfin la question est solennellement portée par Paul et Barnabas devant les apôtres et l'Eglise de Jérusalem, (Actes 15) et c'est Pierre qui, le premier, prend la parole et défend avec énergie la liberté chrétienne de ceux que Dieu a appelés à la foi du sein du paganisme. "Maintenaient donc, conclut-il, pourquoi tentezvous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ? Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même qu'eux." (Actes 15.10,11)
    Bientôt après, Pierre vient à Antioche...A-t-il changé de conviction ? Non, puisque sa conduite judaïsante est déclarée une hypocrisie. Enseigne-t-il une doctrine contraire à celle de Paul sur la loi et sur la grâce ? Nullement, pas plus qu'il ne professait une théorie de la trahison lorsqu'il renia son Maître dans la cour de Caïphe. Ici, comme alors, il commet une faute, un péché, et par la même faiblesse de son cœur : la crainte des hommes, ainsi que Paul le déclare positivement. (Actes 15.12)
    En principe, les deux apôtres sont parfaitement d'accord, ils professent la même vérité ; mais dans la conduite, Pierre est un moment inconséquent à cette doctrine. Il succombe à une tentation vers laquelle inclinait son caractère naturel, et Paul l'en reprend : voilà tout le sens de cet événement. Or, nul dans l'Eglise, même en admettant complètement l'autorité apostolique, n'a jamais songé à revendiquer pour les apôtres l'impeccabilité. (Comparer Actes 15.39 ; 23.3 et suivants)
    UN SEUL a eu le droit de dire : "Qui de vous me convaincra de péché ?" Au reste, Pierre pouvait d'autant plus facilement se faire illusion sur la portée et les conséquences de sa faiblesse en cette occasion, que les observances de la loi étaient alors encore religieusement gardées par tous les chrétiens de la Palestine, et que Paul lui-même ne se faisait pas le moindre scrupule de s'y soumettre lorsque les circonstances lui garantissaient que la doctrine du salut par grâce n'en recevrait aucun dommage. (Comparer versets 3-5, note, et surtout Actes 21.20 et suivants, note.)
    Enfin, tout porte à croire que Pierre reconnut son erreur, et ainsi il ne fut pas moins admirable dans son humilité, que Paul dans son zèle énergique pour la vérité : souffrir la répréhension est plus difficile encore que de la faire. Et voilà l'homme dont on a voulu faire le prince des apôtres et le premier des papes ! Ce pape aurait donc été moins infaillible que ses successeurs. Il est vrai que pour se mettre à l'aise on a commencé par accréditer l'invention qu'il ne s'agit point, dans ce chapitre, de l'apôtre Pierre, mais de quelque disciple portant le même nom !
  • 2.14 Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas de droit pied, selon la vérité de l'Evangile, je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi qui es Juif, vis à la manière des païens, et non à la manière des Juifs, pourquoi obliges-tu les païens à judaïser ? Avant l'arrivée des judaïsants, Pierre, bien que Juif de naissance, vivait à la manière des païens convertis, c'est-à-dire, qu'il mangeait avec eux (verset 12) et ne s'astreignait plus aux prescriptions de la loi. Dieu lui-même l'avait conduit dans cette voie (Actes 10) et telle avait été dès lors, on peut le supposer, sa pratique habituelle.
    Mais, depuis que les envoyés de Jacques sont à Antioche, il se met à observer rigoureusement la loi : c'était proclamer que cette observation était nécessaire au salut, et obliger, moralement, par l'autorité de son exemple, les chrétiens d'Antioche, sortis du paganisme, à judaïser. Tel est le reproche de Paul. Après l'avoir exprimé, il le motive, dans les versets suivants, par l'exposition de la doctrine qu'il s'agissait de préserver intacte.
  • 2.15 Pour nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d'entre les païens ; Après avoir lu Romains 3.9, nul ne saurait être tenté d'interpréter ici les paroles de l'apôtre comme s'il voulait dire que les Juifs ne sont pas des pécheurs. Ce serait même directement l'opposé de sa pensée, puisqu'il déclare précisément qu'eux, Juifs de naissance, ne peuvent être justifiés par les œuvres de la loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. (verset 16)
    Et si pour eux, Juifs de naissance, il n'y avait pas d'autre moyen de salut, combien moins pour les pécheurs d'entre les païens, que les faux docteurs, et Pierre luimême en judaïsant, voulaient ramener sous le joug de la loi !
  • 2.16 néanmoins, sachant que ce n'est pas par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ que l'homme est justifié, nous avons, nous aussi, cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ, et non par les œuvres de la loi ; parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi. Romains 3.20. La doctrine fondamentale de la justification du pécheur par la foi seule, sans les œuvres de la loi, a été exposée par l'apôtre dans Romains 1.17 à Romains 5. (Voir les notes, et comparez ci-dessous les Galates 3 et Galates 5)
    - Ces paroles (versets 15,16) prouvent que Paul est convaincu de trouver en Pierre la doctrine qu'il professait lui-même, car ces mots : nous, Juifs de naissance, sachant, etc., embrassent l'un et l'autre. (Comparer verset 13, note.)
    Or, la vue de Juifs répudiant toute confiance pour le salut dans les œuvres de la loi, et s'appuyant uniquement sur la foi en Jésus-Christ, devait faire une profonde impression sur les païens convertis que de faux docteurs avaient, en partie, ramenés sous la loi. Il importait donc d'autant plus que l'exemple de Pierre à Antioche ne vint pas affaiblir cette impression et troubler la foi que Paul avait prêchée.
  • 2.18 Car si je rebâtis les choses que j'ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur. Paul continue sa démonstration sans indiquer si ces paroles font encore partie du discours adressé à Pierre, (verset 14) ou s'il se tourne maintenant vers les Galates. Quelques exégètes bornent (à tort) ce discours à verset 14 ; d'autres l'étendent jusqu'à verset 16 ; d'autres, jusqu'à la fin du chapitre.
    Peu importe pour le sens. Mais c'est ce sens même qui, ici, (versets 17,18) a donné lieu à des interprétations très diverses.
    Au premier abord, on serait tenté d'appliquer ces paroles à la sanctification, plutôt qu'à la justification, et de les entendre ainsi : "Si nous, qui admettons le salut de l'homme par la foi en Christ, restons pourtant dans la péché (péché actuel et corruption), ne faisons-nous pas de Christ le ministre du péché ? N'est-ce pas dire qu'il l'autorise ? Loin de nous ce blasphème ! car, si je rebâtis précisément ce que j'ai voulu détruire, une liberté charnelle ; si je dis : péchons afin que la grâce abonde, c'est moi, moi-même qui suis un transgresseur !"
    Mais cette interprétation n'entre point dans l'ensemble du raisonnement de Paul, qui, évidemment, discute deux moyens opposés de justification : la foi en Christ et les œuvres de la loi.
    Voici donc plutôt ce qu'il veut dire : Si nous, Juifs, qui avons reconnu que nous ne pouvons être justifiés par les œuvres de la loi (versets 15,16) et qui cherchons à l'être en Christ, par la foi en son nom, nous étions encore, nous aussi, trouvés pécheurs (comme ces pécheurs d'entre les païens verset 15), c'est-à-dire non justifiés, sans justice, et qu'ainsi notre foi en Christ se fût montrée insuffisante et vaine, - alors Christ serait donc un ministre du péché (et non de la justice) ? il serait cause que, pour lui, nous avons renonce à la justice de la loi, et il nous laisserait dans le péché et la condamnation ? Loin de nous cette pensée, ce blasphème ! Car, si (comme Pierre voudrait le faire en judaïsant) je rebâtis les choses que j'ai détruites, c'est-àdire la loi, la justice par les œuvres, bien loin que Christ soit ministre du péché, c'est moi-même qui me constitue (ou Grec : "me recommande," avec ironie) comme un transgresseur.
    Comment ? Parce que je recours de nouveau à cette loi que j'ai violée, qui me condamne, et que moi-même j'ai transgressée encore en ne l'observant plus, en la rejetant.
    Cela dit, l'apôtre poursuit son argumentation et prouve (verset 19) qu'il n'y a rien de fondé dans la supposition qu'il vient de faire, mais que la loi a accompli son œuvre en lui d'une manière bien plus profonde, jusqu'à ce qu'il ait trouvé ailleurs une vraie justice, une vie nouvelle.
    - Ceux qui séduisaient les Galates ne prétendaient pas, sans doute, qu'ils dussent absolument renier Christ et renoncer à la foi en lui comme moyen de salut ; mais semblables à des milliers de chrétiens de nos jours, spécialement au sein du catholicisme, ils cherchaient le salut à la fois dans les œuvres de l'homme et dans l'œuvre de Christ. Or, l'apôtre déclare partout, et avec la plus grande énergie, que ces deux moyens s'excluent et qu'il faut choisir entre la loi et la grâce. (Comparer Galates 3 et Galates 5.2-4)
  • 2.19 Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. Que veulent dire ces mots : Par la loi je suis mort à la loi, au moyen desquels l'apôtre motive la déclaration qui précède ?
    Augustin répond : "C'est que, en tant que Juif, il considère la loi comme un pédagogue qui l'a amené à Christ, ;or, (Galates 3.24) la tâche d'un éducateur est de se rendre inutile avec le temPs C'est ainsi que l'enfant est nourri aux mamelles de sa mère, afin qu'ensuite il n'en ait plus besoin, de même qu'on abandonne le navire qui vous a apporté sur le rivage de la patrie. Ou bien encore, l'apôtre veut que le sens symbolique cérémoniel, charnel de la loi nous en découvre le sens spirituel, et que nous abandonnions le premier pour vivre sous le dernier."
    Il y a du vrai dans cette double interprétation mais elle ne va pas au fond des paroles de l'apôtre. Il faut en chercher le commentaire dans Romains 7.7-12. C'est là qu'il nous apprend comment la loi reconnue et sentie dans toute sa spiritualité et son inviolable sainteté, accuse, condamne et tue le pécheur en rendant "le péché excessivement péchant." Par la loi il meurt à la loi qu'il désespère d'accomplir jamais ; il meurt en même temps à lui-même et à toute propre justice, et il se sent forcé de chercher ailleurs sa vie.
    Cette expérience douloureuse, Paul l'a faite en particulier au moment de sa conversion, quand il vit s'écrouler tout l'édifice de sa justice légale. Si jamais il y eut un homme mort, ce fut Saul de Tarse après l'apparition de Jésus. Dans cette situation sans issue et désespérée, à laquelle l'a réduit la loi et le zèle même qu'il a montré pour lui obéir, dans cet état de mort se présente à lui la foi en Christ, qui le justifie et le vivifie, afin que désormais il vive à Dieu, c'est-à-dire en Dieu et pour Dieu.
    Dès lors il accompli la loi dans une vie nouvelle, parce qu'il connaît l'obéissance de l'amour : la loi est "écrite dans son cœur." Les paroles qui suivent et qui ne font que développer celles-ci, ne laissent aucun doute sur leur vrai sens. (verset 20)
  • 2.20 Je suis crucifié avec Christ ; je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ; et en tant que je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, et qui s'est donné lui-même pour moi. Comparer sur cette profonde union du chrétien avec son Sauveur Romains 6.3 et suivants, notes, et 2Corinthiens 5.14,15, notes.
    La foi nous transplante si bien en Christ, que sa mort et sa vie deviennent notre mort et notre vie. Le crucifiement du Sauveur se reproduit dans son racheté par les renoncements douloureux et la mort graduelle du vieil homme, de ce moi que Paul nomme ici comme ne vivant plus.
    Mais par l'union du racheté avec son Sauveur, Christ ressuscite en lui, créant en lui le nouvel homme ; le croyant s'approprie par la foi le Sauveur ressuscité et vivant, et s'identifie avec lui. Christ vit en moi, peut-il dire. Il vit bien encore maintenant d'une vie terrestre (dans la chair) ; mais s'il est obligé de continuer à vivre de cette vie, il ne vit plus que dans la foi au Fils de Dieu, cette foi qui est comme l'élément dans lequel il respire, la source et la condition de son existence nouvelle.
    Et comment nommer ce Fils de Dieu sans rappeler l'immense amour par lequel il s'est donné lui-même pour nous faire part de sa vie ! Pour Paul, cet amour est devenu tout personnel : m'a aimé, s'est donné pour moi.
    "Ces mots sont pleins d'une grande consolation et puissants pour réveiller la foi en nous. Celui qui peut répéter ce seul petit mot me, moi, avec la foi de saint Paul, celui-là, sans aucun doute, combattra avec énergie, comme saint Paul, la justification par les œuvres de la loi...Il faut bien enseigner touchant la foi, que par elle tu peux être tellement uni à Christ, que tu deviennes inséparablement un avec lui, en sorte que tu puisses dire : Je suis Christ, c'est-à-dire que sa justice, sa victoire, sa vie, tout ce qu'il a est aussi à moi. Et Christ à son tour peut dire : Je suis ce pauvre pécheur, tous ses péchés et sa mort sont devenus mes péchés et ma mort, dès qu'il s'est uni à moi par la foi et que je vis en lui." Luther.
  • 2.21 Je ne rejette point la grâce de Dieu ; car si la justice s'obtient par la loi, Christ est donc mort en vain. Rien de plus concluant que ce dilemme : Etre sauvé par grâce, ou rejeter la grâce ; et alors Christ serait mort en vain. Raisonnement ab imposibili, observe Erasme.
    "Quiconque estime qu'il peut être justifié devant Dieu par la loi, rejette la grâce de Dieu, repousse loin de soi le sacrifice de Christ et renonce à être racheté par ce précieux trésor. Quel crime que celui de mépriser la grâce de Dieu ! Est-il vrai, oui ou non, que Christ soit mort ? Serait-il vrai qu'il fût mort en vain et sans raisons ? Il nous faudra bien répondre : Oui, il est mort ! non, il n'est pas mort en vain ! Il est donc certain que nous ne pouvons pas être sauvés par la loi." Luther.