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Jean 6:15-21 (Annotée Neuchâtel)

15 Jésus donc ayant connu qu'ils allaient venir l'enlever, afin de le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, lui seul.
   16 Or, quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer ; 17 et étant entrés dans une barque, ils passaient la mer pour aller à Capernaüm ; et il faisait déjà obscur, et Jésus ne les avait pas encore rejoints, 18 et la mer était agitée, comme il soufflait un grand vent. 19 Quand donc ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils voient Jésus marchant sur la mer et s'approchant de la barque ; et ils eurent peur. 20 Mais il leur dit : C'est moi, n'ayez pas peur. 21 Ils voulaient donc le recevoir dans la barque, et aussitôt la barque se trouva au rivage où ils allaient.

Références croisées

6:15 Jn 2:24-25, He 4:13, Jn 7:3-4, Jn 12:12-13, Mc 11:9, Lc 19:38, Jn 5:41, Jn 18:36, Mt 14:22, Mc 6:46-52
Réciproques : Jg 8:22, Es 3:6, Mt 8:18, Mt 14:23, Mc 1:35, Mc 3:9, Mc 6:45, Lc 5:16, Lc 12:14, Jn 6:3, Jn 6:26, Jn 7:31, Ac 14:18
6:16 Réciproques : Mc 6:47, Jn 6:22
6:17 Jn 6:24-25, Jn 2:12, Jn 4:46, Mc 6:45
Réciproques : Mt 4:13, Mt 8:24, Mc 4:35, Mc 6:47, Jn 6:22
6:18 Ps 107:25, Ps 135:7, Mt 14:24
Réciproques : Mt 8:24, Mc 6:45
6:19 Ez 27:26, Jon 1:13, Mc 6:47-48, Jn 11:18, Lc 24:13, Ap 14:20, Ap 21:16, Jn 14:18, Jb 9:8, Ps 29:10, Ps 93:4, Mt 14:25-26, Mc 6:49, Lc 24:36-39
Réciproques : Mc 4:40, Mc 6:50, Jn 17:25
6:20 Ps 35:3, Es 41:10, Es 41:14, Es 43:1-2, Es 44:8, Mt 14:27-31, Mc 6:50, Mc 16:6, Ap 1:17-18
Réciproques : Mt 28:10, Mc 4:40
6:21 Ps 24:7-10, Ct 3:4, Mt 14:32-33, Mc 6:51, Ap 3:20
Réciproques : Ps 107:30

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 6
  • 6.15 Jésus donc ayant connu qu'ils allaient venir l'enlever, afin de le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, lui seul. Dès que le peuple est convaincu que Jésus est le Messie, il veut, plein d'enthousiasme, le proclamer Roi.
    Mais qu'elles étaient fausses, les idées de la foule sur cette royauté ! Elle n'avait aucun désir de la vraie liberté de l'affranchissement intérieur du péché, qui aurait pu devenir le moyen de son affranchissement de la tyrannie politique et sociale sous laquelle elle gémissait.
    La contradiction entre l'opinion régnante et les pensées du Sauveur, sur les moyens de la délivrance et la nature de son règne, devait s'accentuer toujours plus et amener finalement le peuple à rejeter son Messie. En sorte que comme l'observe justement M. Luthardt, "ce faux enthousiasme dont Jésus fut ici l'objet fut pour lui le signal de sa réjection et de sa mort."
    C'est à ce point de vue qu'il faut se placer pour comprendre les profondes paroles que Jésus prononce dans le discours qui va suivre. (verset 26 et suivants) Il s'y révèle comme la source de la vie spirituelle, mais d'une vie qu'il ne pourra communiquer au monde que par sa mort. Par cette mort, il fondera une royauté dont le peuple n'a aucune idée !
    - Voilà pourquoi Jésus se soustrait à ces ovations et se retire de nouveau (allusion au verset 3, qui indique que Jésus était redescendu de la montagne où il était monté), lui seul, sur la montagne.
    Au sein de cette solitude il retrempera son âme dans la communion de Dieu ; car il sait qu'en ce moment-là, il a atteint le faîte de la faveur populaire et que désormais il ne fera plus que descendre, jusqu'à la croix.
  • 6.17 et étant entrés dans une barque, ils passaient la mer pour aller à Capernaüm ; et il faisait déjà obscur, et Jésus ne les avait pas encore rejoints, Les disciples descendirent vers la mer : cette expression n'oblige pas à admettre que la multiplication eut lieu sur la montagne, (verset 3) mais sur quelque plateau entre celle-ci et le lac (voir la note précédente).
    D'après les synoptiques, c'est Jésus lui-même qui avait donné à ses disciples l'ordre de se rembarquer et de repasser le lac. Il leur répugnait à tel point de le faire, que nous lisons dans Matthieu 14.22 et Marc 6.45 que Jésus les contraignit de partir.
    Le récit de Jean nous explique d'où provenait cette répugnance et ce qui obligea Jésus à user d'autorité : il s'agissait de les soustraire à l'entraînement du faux enthousiasme qui venait de se manifester.
    Le texte reçu porte : la barque, l'article, qui est retranché par la plupart des éditeurs, d'après Sin., B, est considéré comme authentique par M. Weiss. Cet interprète pense que les disciples attendirent pour exécuter l'ordre de Jésus que le soir fût venu qu'il faisait même déjà obscur et que Jésus ne les avait pas encore rejoints, quand ils se décidèrent enfin à s'embarquer.
    M. Weiss prend la dernière proposition, et il faisait déjà obscur et Jésus n'était pas encore venu vers eux (grec verbes au plusque-parfait), comme une parenthèse se rapportant au moment où les disciples quittèrent la rive.
    Cette explication est inadmissible, parce que le texte grec porte une conjonction qui unit étroitement les mots : et la mer était agitée à ceux qui précèdent ; cette dernière remarque nous transporte naturellement au moment où les disciples sont déjà engagés dans leur navigation.
    C'est ce qui ressort aussi de la var. de Sin, D : or l'obscurité les surprit.
    Nous admettons donc avec M. Godet que l'obscurité se fit pendant qu'ils passaient ; et pour expliquer la remarque : Jésus ne les avait pas encore rejoints, nous supposons que Jésus leur avait donné rendez-vous sur quelque point de la côte de Bethsaïda à Capernaüm, celle-ci étant à peu près parallèle à la direction qu'ils devaient suivre dans leur navigation.
  • 6.19 Quand donc ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils voient Jésus marchant sur la mer et s'approchant de la barque ; et ils eurent peur. Voir sur ce récit : Matthieu 14.24 et suivants Marc 6.17 et suivants
    La tempête qui surprit les disciples dut singulièrement augmenter leurs regrets d'être séparés de leur Maître. Ils luttèrent contre le vent et les flots une grande partie de la nuit, (Matthieu 14.24) sans avoir parcouru plus de vingt-cinq à trente stades ; c'est-à-dire qu'ils étaient à peu près au milieu du lac, (Matthieu 14.24) qui en avait quarante de largeur (7,399 kilomètres).
    Ce détail précis trahit le témoin oculaire. Tout à coup les disciples voient (grec contemplent) Jésus marchant sur la mer et s'approchant de leur barque. Ne reconnaissant pas d'abord leur Maître, qu'ils prennent pour un fantôme, (Matthieu 14.26) ils eurent peur.
  • 6.20 Mais il leur dit : C'est moi, n'ayez pas peur. Jésus se fait reconnaître par la voix et par cette douce parole que les quatre évangélistes ont consignée dans leurs récits, tellement elle avait fait impression sur les témoins de la scène.
  • 6.21 Ils voulaient donc le recevoir dans la barque, et aussitôt la barque se trouva au rivage où ils allaient. Nous avons rendu littéralement ce verset ; mais que signifie-t-il ?
    Trois explications différentes s'offrent à nous. MM. Meyer, Weiss et Holtzmann admettent que les disciples voulaient recevoir Jésus dans la barque, mais que Jésus n'y entra point et que tous arrivèrent aussitôt au rivage par un miracle.
    Dans ce cas, Jean se mettrait en contradiction avec les synoptiques, d'après lesquels Jésus monta dans la barque.
    Une seconde opinion soutenue par MM. Luthardt et Godet, cherche à éviter cette contradiction, en supposant que Jésus fut reçu dans la barque mais qu'à peine il y avait mis le pied, elle aborda à terre, également par un miracle.
    Une troisième explication proposée par Théodore de Bèze, admise par Tholuck, consiste à entendre ce verbe vouloir faire une chose, dans le sens de la faire volontiers, avec plaisir, avec joie.
    Cette signification du mot est parfaitement constatée dans les auteurs classiques et dans le Nouveau Testament. (Luc 20.46 ; Colossiens 2.18)
    0n pourrait donc paraphraser ainsi notre verset : "Ils le recevaient donc avec joie (avec un sentiment tout différent de la peur qu'ils avaient d'abord éprouvée, comme l'observe Tholuck) dans la barque, et, le vent s'étant apaisé, (Matthieu 14.32 ; Marc 6.51) ils arrivèrent bientôt, sans plus de retard, à l'autre bord."
    On objecte à cette interprétation le verbe à l'imparfait : Ils voulaient, mais il s'explique facilement par les démonstrations prolongées d'étonnement, d'admiration et de joie que les disciples firent à Jésus, l'adorant et disant : "Certes, tu es le Fils de Dieu !" (Marc 6.51 ; Matthieu 14.33)
    De cette manière, Jean raconte le même fait que les synoptiques, bien qu'en des termes différents, et, au fond, n'est-ce pas là le récit le plus vraisemblable ?