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Jean 8:1-20 (Annotée Neuchâtel)

   1 Mais Jésus alla à la montagne des Oliviers. 2 Mais à la pointe du jour, il se rendit de nouveau dans le temple, et tout le peuple venait à lui ; et s'étant assis, il les enseignait ? 3 Alors les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qui avait été surprise en adultère, 4 et l'ayant placée au milieu, ils lui disent : Maître, cette femme a été prise sur le fait, commettant adultère. 5 Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider de telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? 6 Ils disaient cela pour l'éprouver, afin d'avoir de quoi l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. 7 Or comme ils continuaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. 8 Et s'étant encore baissé, il écrivait sur la terre. 9 Mais eux, ayant entendu cela, et étant repris par la conscience, ils sortaient un à un, commençant depuis les plus âgés jusqu'aux derniers ; et Jésus demeura seul, avec la femme qui était là au milieu. 10 Mais Jésus, s'étant redressé, et ne voyant personne que la femme, lui dit : Femme, où sont-ils tes accusateurs ? Personne ne t'a-t-il condamnée ? 11 Elle dit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus.
   12 Jésus leur parla donc de nouveau, disant : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. 13 Les pharisiens lui dirent donc : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n'est pas vrai. 14 Jésus répondit et leur dit : Si même je rends témoignage de moi, mon témoignage est vrai ; car je sais d'où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez d'où je viens, ni où je vais. 15 Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne. 16 Et si je juge, moi, mon jugement est vrai ; parce que je ne suis pas seul, mais le Père qui m'a envoyé est avec moi. 17 Et il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai. 18 C'est moi qui rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m'a envoyé me rend aussi témoignage. 19 Ils lui disaient donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. 20 Il prononça ces paroles dans le lieu où était le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue.

Références croisées

8:1 Mt 21:1, Mc 11:1, Mc 13:3, Lc 19:37
Réciproques : Mc 11:11, Lc 21:38
8:2 Jn 4:34, Ec 9:10, Jr 25:3, Jr 44:4, Lc 21:37, Mt 5:1-2, Mt 26:55, Lc 4:20, Lc 5:3
Réciproques : Jr 26:2, Jr 32:33, Mc 11:11, Mc 14:49, Lc 21:38, Jn 7:14, Jn 8:6, Jn 8:9, Jn 18:20, Ac 5:21, Ac 16:13
8:3 Réciproques : Nb 15:33, Ez 16:38, Ez 23:45, Mt 2:4, Jn 9:13, Ac 4:7, Rm 7:3
8:4 Réciproques : Lv 20:10, Dt 22:22, Jg 19:3, Mt 1:19
8:5 Lv 20:10, Dt 22:21-24, Ez 16:38-40, Ez 23:47, Mt 5:17, Mt 19:6-8, Mt 22:16-18
Réciproques : Dt 22:22, Jg 19:3, Ez 16:40, Mt 1:19, Jn 5:45, Jn 8:59
8:6 Nb 14:22, Mt 19:3, Lc 10:25, Lc 11:53-54, Lc 20:20-23, 1Co 10:9, Jn 8:2, Gn 49:9, Jr 17:13, Dn 5:5, Ps 38:12-14, Ps 39:1, Pr 26:17, Ec 3:7, Am 5:10, Am 5:13, Mt 10:16, Mt 15:23, Mt 26:63
Réciproques : Nb 5:17, Ps 38:14, Mt 12:10, Mt 16:1, Mt 22:18, Mc 10:2, Jn 5:45, Jn 8:37, Jn 8:59
8:7 Jn 7:46, Pr 12:18, Pr 26:4-5, Jr 23:29, 1Co 14:24-25, Col 4:6, He 4:12-13, Ap 1:16, Ap 2:16, Ap 19:15, Dt 17:6, Ps 50:16-20, Mt 7:1-5, Mt 23:25-28, Rm 2:1-3, Rm 2:21-25
Réciproques : Dt 13:9, Ps 130:3, Ec 7:22, Ez 23:45, Mt 7:3, Mt 19:20, Mt 22:46, Lc 6:41, Lc 17:17, Jn 8:46
8:8 Réciproques : Nb 5:17
8:9 Gn 42:21-22, 1R 2:44, 1R 17:18, Ps 50:21, Ec 7:22, Mc 6:14-16, Lc 12:1-3, Rm 2:15, Rm 2:22, 1Jn 3:20, Jb 5:12-13, Jb 20:5, Jb 20:27, Ps 9:15-16, Ps 40:14, Ps 71:13, Lc 13:17, Jn 8:2, Jn 8:10, Jn 8:12
Réciproques : Gn 38:26, 2S 24:10, Jn 5:45, Jn 16:8, Ac 2:37, Ac 4:7, Rm 3:19, He 10:22, Jc 2:9
8:10 Es 41:11-12
Réciproques : Jn 8:9
8:11 Jn 8:15, Jn 3:17, Jn 18:36, Dt 16:18, Dt 17:9, Lc 9:56, Lc 12:13-14, Rm 13:3-4, 1Co 5:12, Jn 5:14, Jb 34:31, Pr 28:13, Es 1:16-18, Es 55:6, Ez 18:30-32, Mt 21:28-31, Lc 5:32, Lc 13:3, Lc 13:5, Lc 15:7, Lc 15:10, Lc 15:32, Rm 2:4, Rm 5:20-21, 1Tm 1:15-16, 2P 3:15, Ap 2:21-22
Réciproques : Jg 19:3, Ps 85:8, 1Co 15:34, 1Jn 2:1
8:12 Jn 1:4-9, Jn 3:19, Jn 9:5, Jn 12:35, Es 9:2, Es 42:6-7, Es 49:6, Es 60:1-3, Os 6:3, Ml 4:2, Mt 4:14-16, Lc 1:78-79, Lc 2:32, Ac 13:47, Ac 26:23, Jn 12:35, Jn 12:46, Ps 18:28, Ps 97:11, Es 50:10, 2P 2:4, 2P 2:17, Jud 1:6, Jud 1:13, Jn 7:17, Jn 14:6, Jb 33:28, Ps 49:19, Ap 21:24
Réciproques : Ex 25:37, Ex 40:24, Lv 24:2, 2S 22:29, 1R 15:4, 2Ch 4:7, Jb 19:8, Jb 22:28, Jb 29:3, Jb 33:30, Jb 38:19, Ps 27:1, Ps 36:9, Ps 56:13, Ps 84:11, Ps 118:27, Pr 4:18, Es 49:9, Dn 2:22, Os 11:10, Mi 7:8, Mc 14:49, Jn 8:9, Jn 8:18, Jn 8:25, Jn 8:51, Jn 9:39, Jn 10:25, Jn 10:27, Ac 3:22, Ac 26:18, 1Co 1:30, 2Co 3:14, 2Co 4:4, Ep 5:8, Ep 5:14, 1Th 1:6, Jc 1:17, 2P 1:19, 1Jn 1:5, 1Jn 2:8, Ap 14:4
8:13 Jn 5:31-47
Réciproques : Jn 12:17, He 12:3, 1Jn 5:7, 1Jn 5:11
8:14 Nb 12:3, Ne 5:14-19, 2Co 11:31, 2Co 12:11, 2Co 12:19, Jn 8:42, Jn 7:29, Jn 10:15, Jn 10:36, Jn 13:3, Jn 14:10, Jn 16:28, Jn 17:8, Jn 7:27-28, Jn 9:29-30
Réciproques : Pr 8:7, Jn 3:11, Jn 5:31, Jn 12:17, Jn 18:37, Jn 19:9, Ep 4:9, 1Jn 5:7, 1Jn 5:11, Ap 1:5
8:15 Jn 7:24, 1S 16:7, Ps 58:1-2, Ps 94:20-21, Am 5:7, Am 6:12, Ha 1:4, Rm 2:1, 1Co 2:15, 1Co 4:3-5, Jc 2:4, Jn 8:11, Jn 3:17, Jn 12:47, Jn 18:36, Lc 12:14
Réciproques : Es 11:3, Jn 5:30, Jn 9:39, 2Co 1:17
8:16 Jn 5:22-30, 1S 16:7, Ps 45:6-7, Ps 72:1-2, Ps 98:9, Ps 99:4, Es 9:7, Es 11:2-5, Es 32:1-2, Jr 23:5-6, Za 9:9, Ac 17:31, Ap 19:11, Jn 8:29, Jn 16:32
Réciproques : Es 11:3, Za 4:9, Jn 3:17, Jn 5:30, Jn 7:28, Jn 8:26, Jn 11:42, Jn 12:47
8:17 Jn 10:34, Jn 15:25, Ga 3:24, Ga 4:21, Dt 17:6, Dt 19:15, 1R 21:10, Mt 18:16, 2Co 13:1, He 10:28, 1Jn 5:9, Ap 11:3
Réciproques : Nb 35:30, Jn 5:32, Jn 8:26, 1Tm 5:19
8:18 Jn 8:12, Jn 8:25, Jn 8:38, Jn 8:51, Jn 8:58, Jn 10:9, Jn 10:11, Jn 10:14, Jn 10:30, Jn 11:25, Jn 14:6, Ap 1:17-18, Jn 5:31-40, He 2:4, 1Jn 5:6-12
Réciproques : Nb 35:30, Dt 17:6, Jn 5:32, Jn 5:37, Jn 6:27, 2Co 13:1, 1Jn 5:7
8:19 Jn 8:54-55, Jn 1:10, Jn 7:28, Jn 10:14-15, Jn 15:21, Jn 16:3, Jr 22:16, Jr 24:7, 1Co 15:34, Ga 4:9, Col 1:10, 1Jn 5:20, Jn 1:18, Jn 14:6-9, Jn 17:3, Jn 17:25, Jn 17:26, Mt 11:25, Lc 10:21-22, 2Co 4:4-6, Ep 1:17, Col 1:15, He 1:3, 2Jn 1:9
Réciproques : Jn 1:26, Jn 6:46, Jn 14:7, 1Co 2:8, 2Th 1:8, 1Jn 2:13, 1Jn 2:23, 1Jn 4:6
8:20 1Ch 9:26, Mt 27:6, Mc 12:41, Mc 12:43, Jn 8:59, Jn 7:8, Jn 7:30, Jn 7:44, Jn 10:39, Jn 11:9-10, Lc 13:31-33, Lc 20:19
Réciproques : Jr 26:9, Jr 36:26, Mc 14:41, Lc 21:1, Jn 2:4, Jn 7:6, Jn 13:1, Jn 17:1

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 8
  • 8.1 Mais Jésus alla à la montagne des Oliviers. Chapitre 8.
    On trouve une description semblable dans Luc 21.37,38.
    - Le dernier verset de Jean 7 et les deux premiers par lesquels s'ouvre notre Jean 8 forment une sorte d'introduction à l'histoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont l'authenticité est contestée.
    Voici d'abord, à cet égard, l'état des documents sur lesquels s'appuie la critique du texte.
    1° Un grand nombre de manuscrits, Sin., B, A, C, etc., du quatrième au neuvième siècle, omettent entièrement ce récit, et plusieurs de ceux qui l'ont conservé le marquent de signes de doute.
    2° Les versions anciennes, sauf quelques manuscrits de l'Itala ne le renferment pas davantage.
    3° Les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles, et même Chrysostome, ne le mentionnent pas comme renfermé dans notre évangile. Origène, qui s'est occupé spécialement de l'état du texte, n'en parle pas.
    4° Dans plusieurs documents, ce morceau se trouve placé à la fin de l'évangile de Jean ; dans quelques autres à la suite de Luc 21.
    5° Ces versets abondent en variantes diverses, ce qui est toujours un signe peu favorable à l'authenticité.
    6° Le style de ce récit n'est pas celui de Jean ; il porte tous les caractères des narrations synoptiques.
    Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de l'évangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet, et tous les modernes éditeurs du texte. Rappelons, d'autre part, que sept majuscules (dont D), du sixième au neuvième siècle, et un très grand nombre de minusc., aussi bien que quelques exemplaires de l'Itala, la Vulgate, la version syr. de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer d'aucun signe de doute.
    Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adv. Pelag. 2, 17) que cette relation se trouvait "en plusieurs manuscrits, tant grecs que latins."
    Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils l'authenticité de ce fragment alléguant avec Augustin qu'il n'a été retranché, à l'origine, que par la crainte de l'influence morale qu'il pouvait exercer à une époque où, d'une part, un grand relâchement des mœurs et, d'autre part, un faux ascétisme s'étaient introduits dans l'Eglise.
    - Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyer : "Cette histoire porte un tel cachet d'originalité, il est si évident qu'elle n'est imitée d'aucun autre récit de la tradition évangélique, qu'il est impossible d'y voir une légende d'un temps postérieur, sa vérité interne se justifie facilement par l'exégèse, malgré les doutes qu'on a soulevés."
    Le récit est en tous cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Hist. eccl. 3 : 39) que l'écrit de Papias sur les évangiles contenait l'histoire d'une femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. "Cette histoire, ajoute-t-il, se trouve dans l'évangile des Hébreux."
    Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus (verset 6) paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard. (Jean 7.32,45 et suivants)
  • 8.3 Alors les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qui avait été surprise en adultère, Qui étaient ces scribes (terme étranger au style de Jean) et ces pharisiens, et quelle était leur mission ?
    Souvent on a vu en eux des délégués du sanhédrin et, par conséquent, des juges de la malheureuse femme qu'ils amènent. Ils viendraient, avant d'instruire son procès, proposer à Jésus une question juridique concernant l'accusée.
    Cette vue fausse de la situation a été la source de la plupart des difficultés historiques qu'on a trouvées dans notre récit. Quelle apparence que le conseil souverain de la nation juive, qui méprisait et haïssait Jésus, et venait d'envoyer des huissiers pour l'arrêter, (Jean 7.32,45) voulût lui soumettre officiellement la cause d'une accusée qu'il avait à juger ! Et quelle apparence que Jésus eût consenti à se prononcer dans une affaire qui ressortissait exclusivement au tribunal ! (Comparer Luc 12.14)
    Non, ces hommes n'agissent que sous leur inspiration individuelle, et ils viennent, comme ils l'avaient fait souvent, proposer à Jésus une question captieuse. (verset 6, note.) Pour cela, aveuglés par l'hypocrisie et la haine, ils auront la cruauté de produire en public la malheureuse femme dont ils se sont emparés, et qui n'était encore ni jugée, ni condamnée. (verset 9, note.)
  • 8.5 Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider de telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? Ici encore on a contesté la vérité de notre récit. La peine de mort était prononcée contre l'adultère (Lévitique 20.10 ; Deutéronome 22.22) mais la lapidation, n'était infligée, selon la lettre de la loi, qu'à la fiancée infidèle (Deutéronome 22.24) les pharisiens n'auraient donc pas eu le droit de dire que Moïse avait ordonné ce genre de supplice. Mais comme, en fait, on l'appliquait lorsque la loi n'en prescrivait pas d'autre (Exode 31.14 ; comparez avec Nombres 15.32-36), ils pouvaient s'appuyer de l'usage, pour prononcer ces paroles.
    - Meyer résout autrement la difficulté. Pour retrouver ici exactement la lettre de la loi, il admet que la femme dont il s'agit était en effet une fiancée devenue infidèle. Cela est très peu probable.
  • 8.6 Ils disaient cela pour l'éprouver, afin d'avoir de quoi l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. En quoi consistait l'épreuve, ou le piège tendu au Sauveur ? Cette question est résolue de manières diverses par les interprètes.
    Lücke et de Wette la déclarent même insoluble !
    La plupart l'expliquent ainsi : si Jésus se prononçait contre la lapidation, les pharisiens l'auraient accusé auprès du sanhédrin comme contempteur de la loi de Moïse, s'il s'était prononcé pour le supplice, ils l'auraient dénoncé à l'autorité romaine comme les incitant à usurper un droit - celui de mettre à mort qui ne leur appartenait plus.
    Cette dernière supposition est invraisemblable. Pilate ne se serait pas ému du fait qu'un simple rabbin galiléen avait donné son avis dans une question semblable. Et lors même que Jésus eût été compétent pour prononcer une sentence capitale, le gouverneur restait toujours libre de ne pas la confirmer.
    Le sanhédrin lui-même n'hésitera pas à condamner Jésus à mort sans s'être assuré au préalable si Pilate ratifierait son jugement, et Pilate ne lui en fera pas un grief.
    Nous comprenons donc le piège dressé à Jésus d'une manière un peu différente : si Jésus s'était prononcé pour l'application rigoureuse de la loi, les pharisiens l'auraient accusé non auprès de l'autorité romaine, mais devant tout le peuple juif, comme un homme déchu de son rôle de Messie miséricordieux, qui jusqu'ici avait annoncé la grâce et le pardon aux plus grands pécheurs, et Lui, maintenant, voulait rétablir une loi que sa rigueur même avait fait tomber en désuétude.
    Ainsi, selon sa réponse, accuser Jésus devant le sanhédrin comme méprisant la loi, ou le discréditer devant le peuple comme rigoriste, tel était le dilemme dans lequel ses ennemis espéraient l'enfermer. Cette explication est celle de Luther, Calvin, Bengel, Tholuck et d'autres.
    Jésus était assis dans l'un des parvis du temple ; (verset 2) il n'avait donc qu'à se baisser en avant pour écrire sur la terre.
    Mais quelle était son intention ? Evidemment, comme cette attitude était peu respectueuse à l'égard de ceux ; qui lui adressaient la parole, c'était leur dire tacitement qu'il ne voulait pas leur répondre, ni, en particulier, s'immiscer dans une affaire juridique qui ne regardait que leurs tribunaux. (Comparer Luc 12.14)
    L'exégète ne doit donc pas se demander ce que Jésus écrivait. Tout au plus pourrait-on penser qu'il écrivait la sentence qu'il va prononcer. (verset 7)
    "D'abord, lorsque la femme est accusée, Christ, comme s'il était occupé d'autre chose, ne répond rien, voulant écarter de lui cette question qui appartenait à la connaissance du magistrat politique. Ensuite, comme on le pressait, il prononce une sentence, non sur la femme, mais sur les péchés de ceux-là même qui l'accusaient." Mélanchthon.
  • 8.7 Or comme ils continuaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Réponse divine qui confond la ruse des accusateurs, enfonce dans leur conscience les traits brûlants de leurs propres péchés, laisse la loi intacte, sanctionne la Justice, donne un libre cours à la miséricorde et, sans atténuer le crime, fait comprendre qu'il peut y avoir au dedans de l'homme des péchés pires, aux yeux de Dieu, que les plus grossières transgressions !
    Cette sentence tombant comme un coup de foudre sur les adversaires, leur enlève tout moyen et toute envie d'accuser le Sauveur, soit devant le sanhédrin, soit auprès du peuple. S'ils veulent appliquer la loi dans sa rigueur, c'est leur affaire et même ils devront eux-mêmes y mettre la main, car, d'après cette loi, ce sont les témoins qui doivent, les premiers, jeter la pierre sur le condamné. (Deutéronome 17.7 ; comparez Actes 7.58)
    Mais Jésus met à cela une condition qu'aucun ne pourra remplir : Que celui de vous qui est sans péché !...Ce n'est pas que Jésus veuille accuser ainsi tous ces hommes d'être des adultères, mais si l'on considère ce péché à la lumière du principe qu'il a posé lui même, (Matthieu 5.28) qui en est innocent ? et combien de convoitises charnelles sont des violations flagrantes du commandement de Dieu !
    Telle est l'interprétation de cette parole, d'après le contexte. Mais quelques interprètes pensent que Jésus entend par ce mot, sans péché, être exempt de toute transgression quelconque. Nous ne pouvons partager cette opinion, car Jésus aurait posé ainsi une condition impossible qui, comme telle, n'aurait pu atteindre la conscience des accusateurs de la femme.
    - Cette parole de Jésus a une portée morale qui s'étend bien au delà du cas actuel, elle est propre à faire rentrer en eux-mêmes tous ceux qui, comme les pharisiens du texte, se constituent les accusateurs et les juges de leurs frères, en sondant leur cœur ils y trouveront toujours assez de raisons de garder le silence, de s'humilier et de n'éprouver pour les plus grands pécheurs qu'une tendre compassion. (Matthieu 7.1-5 ; Romains 2.1)
  • 8.8 Et s'étant encore baissé, il écrivait sur la terre. Cette seconde fois, Jésus voulait sans doute signifier qu'il n'ajouterait plus aucune parole en cette affaire. (verset 6, note.)
  • 8.9 Mais eux, ayant entendu cela, et étant repris par la conscience, ils sortaient un à un, commençant depuis les plus âgés jusqu'aux derniers ; et Jésus demeura seul, avec la femme qui était là au milieu. Quels que fussent l'aveuglement et l'endurcissement de ces pharisiens, il est des situations où l'homme ne peut résister à la force de la vérité morale. Que sera ce au jour du jugement ? Chaque pécheur, se voyant à la lumière de la sainteté divine, prononcera luimême sa propre sentence.
    - Il faut remarquer cet imparfait qui peint la scène, ils sortaient, on les voit défiler un à un. Ce sont les plus âgés qui commencent, étant assez avisés pour ne pas s'exposer à une nouvelle confusion, et tous suivent, jusqu'aux derniers.
    Ce mot désigne les derniers qui sortent, et non un rang qu'ils auraient observé entre eux.
    - Le fait qu'ils abandonnent ainsi la femme qu'ils accusaient, montre jusqu'à l'évidence qu'il n'y avait rien d'officiel dans la mission qu'ils s'étaient donnée à eux-mêmes, par haine contre le Sauveur.
    - Les mots repris par la conscience manquent dans un grand nombre de manuscrits ; s'ils ne sont pas authentiques, ils n'en expriment pas moins un fait intérieur qui est évident par lui-même.
    Au milieu des disciples et du peuple, car il est clair que ceux-ci n'étaient pas sortis avec les pharisiens. La femme restant seule avec Jésus, c'était, comme le dit si bien Augustin : "la misère avec la miséricorde."
    - "Le fait qu'elle reste là, au lieu de profiter de la confusion pour se dérober à tous les regards, montre que la première parole de Jésus a produit sur elle une impression d'humiliation un mouvement de repentance que bien des interprètes n'ont pas su voir dans cette histoire. La parole que Jésus va prononcer suppose et prouve cette impression. L'angoisse de la mort est ôtée à cette pauvre femme, mais c'est pour faire place à l'angoisse de la conscience qui n'est pas moins grande. Que va lui dire le Sauveur, lui qui est "sans péché ?"Après avoir rappelé le droit mosaïque de"la première pierre,"contredira-t-il la loi de Moïse, ou va-t-il la confirmer contre la pécheresse ? Elle reste là et attend sa sentence." R. Stier.
  • 8.10 Mais Jésus, s'étant redressé, et ne voyant personne que la femme, lui dit : Femme, où sont-ils tes accusateurs ? Personne ne t'a-t-il condamnée ? Condamnée à passer en jugement pour y être traitée selon la loi ; car ces hommes, dans ce moment, n'étaient pas ses juges. De là ce mot individuel personne, aucun d'eux.
  • 8.11 Elle dit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. Ce mot plein de respect, Seigneur, montre aussi l'impression que faisaient sur la femme la présence et la parole du Sauveur.
    Cette grande parole de Jésus, comme tous les traits de ce récit, écarte toute idée d'une sentence juridique qu'il n'aurait jamais voulu prononcer. Il se place au point de vue tout moral de son royaume, où il est venu pour "chercher et sauver ce qui est perdu."
    Il ne dit pas à cette femme, comme à une autre pécheresse, "tes péchés te sont pardonnés," (Luc 7.48) mais ne pas condamner, c'est absoudre, et cette miséricorde divine était tout ce qu'il y avait de plus propre à opérer dans le cœur de la femme la repentance et la régénération. L'avenir le prouvera, de là cette dernière parole qui garantit la moralité de cette histoire parce qu'il n'y a rien de plus sanctifiant que la grâce : Va, et ne pèche plus !
    "Donc, Jésus aussi condamne, mais le péché, et non la pécheresse." Augustin.
  • 8.12 Jésus leur parla donc de nouveau, disant : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. 12 à 59 Dernières déclarations de Jésus. Point culminant de la lutte à la fête des Tabernacles.
    Ces mots n'indiquent pas avec précision le moment ou eurent lieu les enseignements et les discussions qui vont suivre ; si l'on omet l'histoire de la femme adultère, ils se rattachent au Jean 7.52, mais d'une manière assez vague, car celui ci se terminait par le récit d'une séance du sanhédrin. Il semble que Jésus a devant lui un autre auditoire (voir la fin de la note suivante), assemblé dans un autre endroit. (verset 20)
    D'autre part, les mots de nouveau, donc, montrent que dans la pensée de l'évangéliste ces nouveaux témoignages rendus par Jésus se rattachent à ceux qui sont rapportés en Jean 7.
    - Quoi qu'il en soit, on reconnaît facilement, dans ce discours de Jésus, trois parties distinctes : dans la première, (versets 12-20) Jésus déclare qu'il est la lumière du monde ; dans la seconde, (versets 21-29) il fait ressortir le contraste profond qui existe entre sa personne et le peuple qui l'entoure ; dans la troisième enfin, (versets 30-59) il poursuit ce contraste jusque dans ses raisons les plus profondes.
    Sans cesse interrompus par quelques-uns des auditeurs les enseignements de Jésus prennent ici là forme du dialogue. Les adversaires d'abord retenus par la main de Dieu, (verset 20) puis divisés, parce que plusieurs parmi le peuple crurent en Jésus, (verset 30) finissent par donner essor à toute leur haine, au point d'attenter à la vie du Sauveur. (verset 59)
    Ce grand témoignage que le Sauveur se rend à lui-même ne laisse au lecteur de l'Evangile d'autre alternative que de croire pleinement sa divinité ou de l'accuser d'une prétention extravagante. Jésus n'est pas seulement la lumière de son peuple, auquel il révélait la vérité divine, mais la lumière du monde, c'est-à-dire de notre humanité tout entière. (Comparer Jean 9.5 ; 12.35)
    Comment saisir cette pensée immense ? Notre évangéliste a dit ailleurs : "Dieu est lumière", (1Jean 1.5) or, ce que Dieu est en lui-même, le Sauveur l'est pour le monde, car Dieu n'est connu que par lui et en lui.
    Quand Jésus dira plus tard : "Je suis la vérité," il n'exprimera pas une idée différente.
    Mais il faut se garder de donner à ces mots de "vérité" et de lumière un sens purement intellectuel, car Jésus les met toujours en relation avec la vie. "Je suis la vérité et la vie," (Jean 14.6) "celui qui me suit aura la lumière de la vie."
    En effet comme le soleil est pour notre terre à la fois lumière, chaleur et vie, tel est le Sauveur pour notre humanité. (Comparer Jean 1.4 note.) Aussi s'est il d'abord présenté, comme la vie (Jean 6.32-58) avant de se déclarer la lumière, car il n'est lumière que pour ceux dont il est la vie.
    - Cette affirmation suppose que le monde n'a pas la lumière, qu'il est plongé dans les ténèbres et c'est ce qui ressort de la seconde partie de ce verset. Pour ne pas marcher dans les ténèbres, qui sont à tous égards l'opposé de la lumière, l'homme doit suivre Jésus, c'est-à-dire recevoir ses enseignements, entrer en communion avec lui par une foi vivante et conformer toute sa vie à la vie sainte du Sauveur.
    Ainsi non seulement il ne marchera plus dans les ténèbres, mais il aura en sa possession la lumière de la vie c'est-àdire une lumière qui procède de la vie. (Jean 1.4) En effet, de même que les ténèbres sont l'erreur, le péché et la mort, de même la lumière est, pour l'âme croyante, inséparable de la sainteté et de la vie. (Ephésiens 5.8 ; Colossiens 1.13) comparez avec (Galates 2.20)
    - Comme Jésus avait rattaché son précédent témoignage à l'un des souvenirs évoqués par les cérémonies de la fête des Tabernacles, (Jean 7.37, 2e note) plusieurs interprètes pensent que l'idée de se désigner comme la lumière du monde lui fut inspirée par la vue de l'immense candélabre qu'on allumait durant la fête dans le parvis des femmes et qui, de là, illuminait une partie de la ville.
    M. Godet préfère ici encore (comparez Jean 7.37, 2e note) remonter du symbole établi au temps de Jésus, au fait miraculeux dont il était le mémorial, il pense que Jésus se compare à la colonne de feu qui, au désert, éclairait la marche d'Israël durant la nuit, et qu'il n'avait qu'à suivre pour ne pas s'égarer.
    On peut objecter à cette double supposition que la fête des Tabernacles était passée. En effet, Jésus prononça la déclaration de Jean 7.37 et suivants "Le dernier et grand jour de la fête." Or il paraît résulter de divers indices que les enseignements et les discussions rapportés à Jean 8 eurent lieu le lendemain ou l'un des jours qui suivirent la fête.
    La situation a changé ; l'auditoire n'est plus le même.
    A Jean 7 c'était "la foule," composée surtout de pèlerins (Jean 7.20,31, suivants, Jean 7.40,43) ; l'évangéliste distingue de celle-ci les "habitants de Jérusalem." (Jean 7.25)
    A Jean 8, il n'est plus fait aucune mention de cette "foule," d'où l'on a conclu que la fête était achevée. D'autre part, le candélabre auquel on pense n'était allumé, d'après certains auteurs, que le premier soir de la fête.
    Est-il donc nécessaire de supposer une allusion à cette cérémonie spéciale ? Ne suffisait-il pas de rappeler que les Ecritures présentes à la mémoire de tous les auditeurs de Jésus annoncent partout la venue du Sauveur en employant cette belle image de la lumière qui luit dans les ténèbres ? (Esaïe 49.6 ; 60.1-3 ; Malachie 4.2 comparez Luc 1.79 ; 2.32)
  • 8.13 Les pharisiens lui dirent donc : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n'est pas vrai. Cette étonnante déclaration provoque la contradiction des pharisiens ; sans toucher au fond, ils soulèvent une question de forme.
    Ils auraient pu rétorquer à Jésus une de ses paroles. (Jean 5.31)
    Il est en effet admis, soit en justice, soit dans la société, qu'un homme ne peut rendre témoignage de lui-même.
    Dans sa réponse Jésus traite d'abord la question de fond, puis il revient à l'objection de forme. (versets 16-18)
  • 8.14 Jésus répondit et leur dit : Si même je rends témoignage de moi, mon témoignage est vrai ; car je sais d'où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez d'où je viens, ni où je vais. La règle de droit que lui opposent les adversaires ne s'applique pas à lui, parce qu'il ne se rend pas témoignage comme un homme ordinaire, mais avec la conscience claire qu'il est venu de Dieu pour remplir de sa part sa sainte mission, et qu'il s'en va à lui pour reprendre possession de sa gloire.
    Son témoignage qu'il est "la lumière du monde" est donc revêtu de l'autorité même de Dieu.
    - Par une raison inverse, la cause pour laquelle ses auditeurs ne croient pas son témoignage, c'est que, dans leur aveuglement moral, ils ne savent, ni d'où il vient, ni où il va. Ils se sont rendus incapables de reconnaître, dans ses paroles et dans ses œuvres, les signes évidents de son origine divine.
  • 8.15 Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne. Les adversaires venaient de porter sur Jésus un jugement injuste, (verset 13) il affirme que c'est là juger selon la chair. (Comparer 7 : 24.)
    Les uns traduisent selon la chair par "charnellement :" les dispositions charnelles des contradicteurs faussent leur jugement ; les autres lui donnent le sens de "selon l'apparence :" les adversaires s'arrêtent dans leur appréciation de Jésus à son apparence infirme, à sa "forme de serviteur."
    La présence de l'article (la chair) recommanderait ce second sens, qui comprend du reste le premier.
    Tandis que les adversaires se permettent de le juger Jésus leur fait entendre cette parole pleine de miséricorde : Moi, je ne juge personne.
    Cette déclaration n'est elle pas en contradiction avec le verset 16 ? Plusieurs commentateurs restreignent sa portée de diverses manières, en faisant dire à Jésus : "Je ne juge personne selon la chair, comme vous ;" ou bien : "Je ne juge pas maintenant ;" ou encore : "Ce n'est pas moi seul qui juge, puisque le Père est avec moi ;" (verset 16) ou, enfin, en mettant l'accent sur personne : "Je ne juge aucun individu en particulier, mais seulement l'état moral du peuple dans son ensemble."
    Il faut expliquer cette parole par celle de Jean 3.17, dans laquelle Jésus déclarait que son office de Messie n'était pas de juger, mais de sauver. Ce caractère général de sa mission n'exclut pas les appréciations morales qu'il est appelé à formuler dans ce monde pécheur où il poursuit son œuvre. (verset 16)
  • 8.16 Et si je juge, moi, mon jugement est vrai ; parce que je ne suis pas seul, mais le Père qui m'a envoyé est avec moi. Son jugement est vrai et digne de foi, parce qu'il est celui de Dieu même qui est avec lui et qui parle par sa bouche.
    Grec : mais moi et le Père qui m'a envoyé, sous-entendu : nous sommes là, ensemble, pour juger. (Jean 5.30 ; comparez Jean 9.39)
    Sin., D omettent : le Père.
  • 8.18 C'est moi qui rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m'a envoyé me rend aussi témoignage. Par l'affirmation qu'il n'est pas seul, mais que le Père est avec lui, (verset 16) Jésus est revenu à l'objection de forme que lui faisaient ses contradicteurs. (verset 13)
    Il leur cite maintenant l'article de la loi qui exige le témoignage de deux hommes et leur montre qu'il remplit cette condition, car, à son propre témoignage, s'ajoute celui du Père qui l'a envoyé. (versets 17,18) Et quelle autorité que celle de Dieu même parlant par son Envoyé !
    - La prescription légale à laquelle Jésus fait une simple allusion, sans la citer textuellement se lit Deutéronome 17.6 ; 19.15. (Comparer Matthieu 18.16) Il faut remarquer cette expression : votre loi, (comparez Jean 10.34 ; 15.25) cette loi sur laquelle les Juifs s'appuyaient pour repousser le témoignage de Jésus et qui les condamnera. Jésus ne nie point par là l'autorité de la loi pour luimême, et ne la déclare point abolie comme l'ont pensé quelques interprètes, mais, dans sa position unique, il ne pouvait ni ne voulait dire notre loi, ce qui eût été se mettre au niveau de ses auditeurs.
    C'est ainsi qu'il ne dit jamais en parlant de Dieu : notre Père, mais : mon Père et votre Père. (Jean 20.17, comparez Matthieu 5.16 ; 6.8,1,32)
    Les interprètes se demandent quel est ce témoignage du Père auquel Jésus en appelle ici.
    Les uns pensent aux déclarations solennelles de Dieu à l'occasion du baptême de Jésus ou de sa transfiguration, d'autres y voient ses miracles. (Jean 5.36) Il s'agit plutôt de la conscience intime qu'il avait de son unité avec Dieu, qui se manifestait à ceux qui l'approchaient dans un rayonnement de toute sa personne et faisait de sa belle et sainte vie, de ses enseignements comme de ses œuvres, un évident témoignage rendu par Dieu.
  • 8.19 Ils lui disaient donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. La question des Juifs : Où est ton Père ? est une raillerie impie, car ils ne pouvaient pas ignorer que Jésus leur parlait de Dieu et de son témoignage qui est tout intérieur.
    Le Sauveur se contente donc de leur déclarer qu'ils rejettent ce témoignage, parce qu'ils ne connaissent d'une manière vivante, ni son Père, ni lui-même, par qui seul Dieu se révèle.
    S'ils le connaissaient, ils verraient qu'il n'est pas seul, (verset 16) ils reconnaîtraient le Père en lui. (Jean 14.9 ; Matthieu 11.27)
  • 8.20 Il prononça ces paroles dans le lieu où était le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue. Cette remarque de l'évangéliste sur le lieu où Jésus venait de prononcer ces paroles montre l'importance que celles ci prirent à ses yeux ; leur souvenir est demeuré lié à celui de l'endroit où il les entendit.
    De plus, elle nous rend attentifs à ce fait très significatif : Jésus enseignait dans une dépendance du temple, dans le lieu où était le trésor ou la trésorerie, (voir Marc 12.41, note) où il se trouvait sur le passage de la foule.
    Or ce lieu était voisin de la salle où le sanhédrin tenait ses séances ; et pourtant personne ne se saisit de lui, parce qu'une puissance divine retenait la main des adversaires. C'est là ce que Jean indique par les mots : parce que son heure n'était pas encore venue. (Voir Jean 7.30, note.)