Jean 9:1-7
(Annotée Neuchâtel)
1
Et comme Jésus passait, il vit un homme aveugle de naissance.
2
Et ses disciples l'interrogèrent, disant : Rabbi, qui a péché, celui-ci ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?
3
Jésus répondit : Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui.
4
Il me faut faire les oeuvres de Celui qui m'a envoyé, pendant qu'il est jour ; la nuit vient, où personne ne peut travailler.
5
Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.
6
Ayant dit cela, il cracha à terre et fit de la boue avec sa salive, et il appliqua cette boue sur les yeux de l'aveugle.
7
Et il lui dit : Va, lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui signifie Envoyé). Il s'en alla donc, et se lava, et revint voyant.
Références croisées
9:1 Jn 9:32Réciproques : Es 35:5, Mt 9:27, Mt 20:30, Mc 9:21, Lc 8:43, Jn 5:5, Ac 4:22, Ac 9:33, Ac 14:8, Ac 28:4
9:2 Jn 9:34, Mt 16:14
Réciproques : Jb 19:5, Lc 13:2, Ac 14:8, Ac 28:4
9:3 Jb 1:8-12, Jb 2:3-6, Jb 21:27, Jb 22:5-30, Jb 32:3, Jb 42:7, Ec 9:1-2, Lc 13:2-5, Ac 28:4, Jn 11:4, Jn 11:40, Jn 14:11-13, Mt 11:5, Ac 4:21
Réciproques : Gn 27:1, Jb 9:17, Jn 12:28, Jn 17:4, Ac 3:10
9:4 Jn 4:34, Jn 5:19, Jn 5:36, Jn 10:32, Jn 10:37, Jn 17:4, Lc 13:32-34, Ac 4:20, Jn 11:9-10, Jn 12:35, Ec 9:10, Es 38:18-19, Ep 5:16, Col 4:5
Réciproques : 1Ch 22:5, 2Ch 14:7, Ne 6:3, Ps 6:5, Ps 90:12, Ml 4:2, Mt 12:15, Mt 20:6, Mt 20:7, Mc 1:38, Mc 3:3, Lc 2:49, Lc 4:43, Lc 6:8, Lc 12:49, Lc 13:33, Jn 5:17, Jn 7:30, Ga 6:10
9:5 Jn 1:4-9, Jn 3:19-21, Jn 8:12, Jn 12:35-36, Jn 12:46, Es 42:6-7, Es 49:6, Es 60:1-3, Ml 4:2, Mt 4:16, Lc 2:32, Ac 13:47, Ac 26:18, Ac 26:23, Ep 5:14, Ap 21:23, Es 49:6, Es 60:1, Gn 1:4
Réciproques : Mc 2:28, Mc 10:52, Lc 1:79, Lc 18:43, 1Jn 1:5
9:6 Mc 7:33, Mc 8:23, Ap 3:18
Réciproques : Js 6:12, 2S 5:23, 2R 2:21, 2R 4:41, 2R 6:6, 1Ch 14:14, Es 38:21, Mt 9:29, Mt 20:34, Jn 9:11, Jn 10:21, Jn 11:37
9:7 2R 5:10-14, Jn 9:11, Ne 3:15, Es 8:6, Jn 10:36, Rm 8:3, Ga 4:4, Jn 9:39, Jn 11:37, Ex 4:11, Ps 146:8, Es 29:18-19, Es 32:3, Es 35:5, Es 42:7, Es 42:16-18, Es 43:8, Lc 2:32, Ac 26:18
Réciproques : Gn 49:10, Js 6:12, 2S 5:23, 2R 6:6, 1Ch 14:14, Ct 6:13, Mt 9:29, Mt 9:30, Mt 20:34, Mc 3:5, Mc 7:33, Mc 8:23, Lc 13:4, Lc 17:14
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsJean 9
- 9.1 Et comme Jésus passait, il vit un homme aveugle de naissance. La guérison de l'aveugle-né. Dernière phase du conflit. Ch. 9 et 10
Chapitre 9.
1 à 41 L'aveugle-né guéri.
Si les mots qui, dans le texte reçu, terminent leJean 8
Et ainsi il s'en alla (grec il passa), étaient authentiques, le commencement deJean 9
Et comme il passait, ou en passant, se rattacherait immédiatement à la scène violente qui marqua la sortie de Jésus du temple. (Jean 8.59
)
Mais dans ce cas il serait invraisemblable que les disciples eussent si tôt recouvré le calme que suppose leur question. (verset 2
) Rien n'oblige, dans le texte authentique, à rapprocher autant les deux faits.
C'est plus loin, dans les rues de Jérusalem, peut-être au soir de cette journée, (verset 4
) ou d'une journée qui suivit que s'offrit aux regards de Jésus cet objet digne de toute sa compassion : un homme aveugle de naissance, qui avait toujours vécu dans les ténèbres et n'avait jamais vu ni les beautés de cet univers, ni les traits de ceux qu'il aimait. En outre, il était indigent et réduit à mendier son pain. (verset 8
) Aussi excita-t-il la pitié du Sauveur.
Jésus le vit, et ce malheureux lui fournit l'occasion de l'un de ses plus grands miracles, en même temps que d'une instruction profonde pour ses disciples. - 9.2 Et ses disciples l'interrogèrent, disant : Rabbi, qui a péché, celui- ci ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? Les disciples, voyant que Jésus arrêtait ses regards sur ce malheureux, lui adressent une question qui suppose dans leur esprit, à la fois une vérité profonde et une dangereuse erreur.
La vérité, c'est que tout mal dans ce monde, toute souffrance de notre humanité provient du péché, et ne saurait, sans blasphème, être attribuée à Dieu. (Genèse 3.1 ; Romains 5.12
)
L'erreur, qui était générale parmi les Juifs, consistait à penser que toute souffrance personnelle est le châtiment de péchés personnels. Cette idée rendait injustes les amis de Job : les terribles épreuves de cet homme intègre leur paraissaient le signe irrécusable de graves transgressions, dont il s'était rendu coupable à l'insu de tous. (CompLuc 13.1
, 2e note.)
Avec une semblable pensée dans l'esprit, les disciples ne conçoivent d'autre alternative que celle-ci : ou l'épreuve de l'aveugle avait pour cause les péchés de ses parents, par une solidarité qu'ils pouvaient fonder surExode 20.5
et sur l'expérience, qui nous montre bien souvent des enfants héritant des auteurs de leurs jours des maux divers, ou bien cet homme souffrait la peine de ses propres péchés.
Mais comment cela était-il possible, puisqu'il était né aveugle ?
Ici bien des exégètes prêtent aux disciples diverses spéculations dont ils étaient, pensonsnous, innocents.
Les uns leur attribuent l'idée qu'il est possible à un enfant de pécher dès le sein de sa mère (selon l'explication que les rabbins donnaient deGenèse 25.22
, mais contrairement à l'affirmation de Paul,Romains 9.11
) ; d'autres pensent que leur question est inspirée par la croyance à la métempsycose, ou par l'idée platonicienne de la préexistence des âmes, qui pourraient souffrir dans cette vie la peine de péchés commis dans une existence précédente ; d'autres encore s'arrêtent à l'idée d'une participation de l'enfant au péché originel dès avant sa naissance. (Psaumes 51.7
)
Tout cela est sans fondement dans le texte. Les disciples se trouvent en présence d'une alternative dont le premier terme est une simple impossibilité, tandis que le second terme suppose un fait possible, mais qui froisse leur sentiment de la justice. Ils demandent à leur Maître de leur expliquer cette difficulté. Ils ne seront pas déçus dans leur attente. - 9.3 Jésus répondit : Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Jésus ne nie point les péchés de l'aveugle ou ceux de ses parents, mais il conteste que son infirmité soit le châtiment spécial de leurs fautes personnelles. Puis, il élève les pensées de ses disciples vers la miséricorde infinie de Dieu qui sait transformer un mal temporel en un bien éternel. Cette action salutaire de la providence divine, dont il se sait l'organe particulier, (
verset 5
) est ce que Jésus appelle les œuvres de Dieu, ces œuvres de sa grâce que Jésus accomplissait alors dans toute sa vie. (compJean 9.4 ; Jean 5.36 ; 10.25
)
Il allait opérer une telle œuvre sur le corps et sur l'âme de l'aveugle Ce dernier était né aveugle afin que les œuvres divines fussent manifestées en lui.
Il fut en effet, par son infirmité même, mis en rapport avec Jésus et amené à la foi et à la vie éternelle. (verset 38
)
Ces paroles de Jésus nous révèlent la vraie théodicée et sont la seule solution du problème que soulèvent les souffrances de notre humanité. (ComparerJean 11.4
)
A la vue de ceux qui souffrent, gardons-nous de jugements faux et injustes, mais souvenons-nous plutôt de paroles telles que celle-ci : "Le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de ses verges tous ceux qu'il reconnaît pour ses enfants." (Hébreux 12.6
) A ce point de vue nous apparaissent. dans leur pleine harmonie, la justice et la miséricorde de Dieu. - 9.4 Il me faut faire les œuvres de Celui qui m'a envoyé, pendant qu'il est jour ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pour Jésus, comme pour les siens il n'y a qu'un temps déterminé où ils puissent travailler et faire les œuvres de Dieu : c'est le temps de la vie présente.
En effet, ces mots : pendant qu'il fait jour, sont clairement expliqués par ceux ci : pendant que je suis dans le monde. (verset 5
)
Le jour, pendant lequel on travaille, est donc celui de notre vie ; la nuit, c'est la mort.
Jésus fait ainsi allusion à sa fin prochaine et montre, dans son infatigable activité, l'exemple que doivent imiter les siens.
On pourrait objecter que, pour Jésus, cette activité ne cessa point avec sa mort, puisque c'est du sein de sa gloire qu'il a fait les plus grandes œuvres et fondé le royaume de Dieu sur la terre. Cela est vrai, mais il est vrai aussi que le temps déterminé de sa vie terrestre était celui où il devait accomplir son œuvre spéciale et sauver le monde par ses souffrances et sa mort. Après cela ce sera par l'Esprit de Dieu et par le ministère de ses témoins que Jésus poursuivra son œuvre.
- Au reste, cette objection tomberait s'il fallait, avec Tischendorf, admettre la leçon du Sin. : Il nous faut...de Celui qui nous a envoyés ou celle de B, D, que préfèrent la plupart des critiques : Il nous faut...de Celui qui m'a envoyé ; car de cette manière, Jésus comprendrait tous ses disciples dans cette sérieuse déclaration, que nul ne peut travailler durant la nuit.
Au fond, c'est bien la pensée du Sauveur, même dans les termes du texte reçu, et celui-ci a pour lui l'autorité de la plupart des majuscules et celle des anciennes versions. - 9.5 Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Grec : Quand je suis...
Cette conjonction fait ressortir le caractère transitoire de l'activité de Jésus ici-bas. Jésus confirme et explique sa déclaration précédente. Il fait véritablement les œuvres de Dieu, parce qu'il est la lumière du monde.
Cette grande parole, qui serait d'un insensé, si elle n'était du Fils de Dieu, il l'a répétée plus d'une fois ; (Jean 8.12 ; 12.35
) mais ici, il la prononce avec un à-propos particulier au moment où il va communiquer à cet aveugle la lumière du corps et celle de l'âme. Et, dans ce qu'il vient de dire, n'a-t-il pas déjà fait resplendir la lumière sur les douloureux mystères de notre vie (verset 3
) et sur l'emploi du temps qui nous est donné ici-bas ? (verset 4
) - 9.6 Ayant dit cela, il cracha à terre et fit de la boue avec sa salive, et il appliqua cette boue sur les yeux de l'aveugle. D'ordinaire le Seigneur guérit les malades simplement par sa parole créatrice. Dans certains cas, assez rares, il emploie des moyens extérieurs. (
Matthieu 8.3 ; Marc 7.33 ; 8.23
)
Ici, il fait avec sa salive une boue qu'il (grec) mit comme un onguent sur les yeux de l'aveugle.
Pourquoi ? Nous ne le savons pas. Toutes les explications qu'on a données de ce procédé se réduisent à des conjectures. Jésus, qui ne faisait rien d'inutile, rien qui fût une simple apparence, jugeait sans doute ces moyens nécessaires à l'accomplissement de la guérison.
Le miracle n'en restait pas moins un acte surnaturel de sa puissance divine.
Qu'ensuite on suppose qu'il voulût par ce traitement spécial se mettre dans un rapport personnel avec le malade, lui inspirer de la confiance, éveiller et, en même temps, éprouver sa foi, rien de plus naturel et c'est ce qu'admettent la plupart des interprètes.
Aller plus loin, dire que Jésus, en ajoutant à la cécité naturelle de l'aveugle une cécité artificielle, produite par l'enduit de boue, voulait enseigner au malade que pour recouvrer la vue, il fallait commencer par devenir plus complètement aveugle, pour s'abandonner entièrement à la puissance du Sauveur, cela nous paraît un peu cherché. - 9.7 Et il lui dit : Va, lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui signifie Envoyé). Il s'en alla donc, et se lava, et revint voyant. Ordonner à l'aveugle d'aller se laver au réservoir de Siloé, c'était encore exercer sa foi, tout en accomplissant le miracle de sa guérison. (Comparer
2Rois 5.10-14
)
La source de Siloé avait joué un rôle dans les cérémonies de ces jours de fête. (Jean 7.37
, 2e note.)
"Le pied du mont de Morijah, vis-à-vis de Siloé, est couvert de Jardins potagers disposés en terrasses où sont plantés des grenadiers et où l'on cultive des artichauts et d'autres légumes. Ce sont les anciens jardins du Roi, ils ont la verdure la plus fraîche que j'aie encore vue en Palestine. Ils la doivent à l'eau du réservoir de Siloé qui est audessus et au moyen duquel on les irrigue. La source proprement dite est un peu plus haut dans la vallée ; on l'appelle aujourd'hui fontaine de la Vierge Elle communique par un conduit souterrain avec la fontaine de Siloé. Celle-ci coule doucement (Esaïe 8.6
) dans une grotte située à l'extrémité du Tyropéon et où l'on descend par des degrés ; devant la grotte est le réservoir où Jésus envoya l'aveugle-né. Nous y trouvons une femme occupée à puiser de l'eau. J'ai goûté de cette eau qui ne m'a pas paru très froide et à laquelle je n'ai pas trouvé le petit goût salé que lui attribuent plusieurs voyageurs." E. Bovet, Voyage en Terre sainte, p. 261.
- Jusqu'ici tout est simple dans ce récit. Mais l'évangéliste a trouvé bon de traduire le nom de Siloé (hébr. Schélach ou Schiloach,Néhémie 3.15 ; Esaïe 8.6
), auquel évidemment il attachait de l'importance à cause de sa signification d'Envoyé.
Or, plus d'un commentateur n'a trouvé là qu'un jeu de mots peu digne de l'apôtre : celui-ci rapprocherait le nom d'Envoyé du fait que l'aveugle lui-même était envoyé à ce réservoir par Jésus. Lücke suppose que la parenthèse est une interpolation.
Pour retrouver la vraie pensée de l'évangéliste, il suffit de se rappeler, avec M. Bovet, que "cette double fontaine de Siloé, jaillissant du rocher même sur lequel s'élevait la maison de Dieu, était, pour les Israélites, un symbole de vie spirituelle et qu'il y est fait souvent allusion dans l'Ecriture." (Ezéchiel 47
)
Cette source bénie était donc à un double titre un don de Dieu. Le nom qu'elle avait reçu comme telle : Envoyé, était précisément le terme par lequel, dans notre évangile, Jésus caractérise sa mission divine. (Jean 3.17 ; 5 ; 36 ; 6.29 ; 10.36 ; 17.3,8,21
, etc.)
N'était il pas naturel dès lors d'établir un rapprochement entre la source qui portait ce nom prophétique et Celui qui offrait à toutes les âmes altérées des eaux vives et qui se désignait sans cesse lui-même par ce même nom ?
Peut-être l'aveugle avait-il été conduit à la source par quelqu'un qui lui rendait, pour la dernière fois, ce service mais il revint voyant. Et avec quelle joie ! Il revint, non pas immédiatement vers Jésus qu'il ne connaissait pas, mais vers les siens. (versets 8,18
)