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Luc 1:1-4
(Annotée Neuchâtel)
   1 Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des faits qui ont été pleinement certifiés parmi nous, 2 conformément à ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, ont été témoins oculaires et ministres de la parole ; 3 il m'a semblé bon, à moi aussi, qui ai suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile ; 4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.

Références croisées

1:1 Jn 20:31, Ac 1:1-3, 1Tm 3:16, 2P 1:16-19
Réciproques : Ec 12:10, Lc 1:3
1:2 Lc 24:48, Mc 1:1, Jn 15:27, Ac 1:3, Ac 1:8, Ac 1:21, Ac 1:22, Ac 4:20, Ac 10:39-41, He 2:3, 1P 5:1, 1Jn 1:1-3, Ac 26:16, Rm 15:16, Ep 3:7-8, Ep 4:11-12, Col 1:23-25
Réciproques : Es 22:4, 1Co 3:5, 1Jn 2:24
1:3 Ac 15:19, Ac 15:25, Ac 15:28, 1Co 7:40, 1Co 16:12, Lc 1:1, Ps 40:5, Ps 50:21, Ec 12:9, Ac 11:4, Ac 1:1, Ac 23:26, Ac 24:3, Ac 26:25
Réciproques : Jb 36:4, Pr 22:21, Am 2:11, Mc 1:1, Jn 15:27, Jn 20:30, 1Co 1:26, 2Tm 3:10, 2Jn 1:1
1:4 Jn 20:31, 2P 1:15-16
Réciproques : Pr 22:21, Jn 20:30

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 1
  • 1.1 Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des faits qui ont été pleinement certifiés parmi nous, Les récits de l'enfance
    Chapitre 1.
    Les prédictions
    1 à 4 Préface et dédicace.
    Cette admirable préface de Luc, si précise et si claire dans sa brièveté, si riche de pensées, du style classique le plus pur, et qui rappelle les prologues des grands historiens grecs (Hérodote, Thucydide, Polybe), nous apprend que l'évangéliste a eu plusieurs devanciers, (verset 1) que les faits rapportés par eux et dont il va à son tour entreprendre le récit reposent sur le témoignage apostolique ; (verset 2) qu'il a mis une scrupuleuse exactitude à s'en assurer, (verset 3) enfin qu'il s'est proposé pour but de confirmer les enseignements reçus par Théophile, à qui il dédie son écrit. (verset 4)
    - Dès les premiers mots, il nous indique ce qui lui a inspiré l'idée de son travail : c'est le fait, bien connu alors, que plusieurs avaient déjà entrepris d'écrire des narrations semblables. (Grec : puisque plusieurs ont mis la main à ranger en ordre un récit.)
    Il y a dans ce terme : mettre la main à, entreprendre, que Luc seul emploie dans le Nouveau Testament, mais qui se trouve souvent dans les classiques, le sentiment de la gravité et de la difficulté de cette entreprise. (Actes 19.13)
    Ne s'agit-il pas, en effet, d'écrire la vie du Fils de Dieu ? Voilà pourquoi Luc s'abrite, pour ainsi dire, derrière l'exemple de ceux qui, par un vif et religieux intérêt pour les faits de l'Evangile, s'étaient mis à en conserver par écrit le souvenir.
    Il ne faut donc voir, ni dans ces paroles, ni dans la conclusion que Luc en tire pour lui-même au verset 3, une insinuation sur l'insuffisance ou les imperfections de ces récits précédents ; mais bien pourtant la pensée que, après avoir tout examiné avec tant de scrupule, il peut attendre de son travail un résultat plus complet.
    Mais qui sont ces plusieurs qui, avant Luc, avaient écrit des récits évangéliques ? Ce n'étaient pas des apôtres, puisque ceux-ci sont ici nettement distingués comme "témoins oculaires." (verset 2) Il ne s'agit point du premier évangile, qui est attribué à un apôtre. Le second évangile pourrait être visé par Luc, puisque son auteur n'avait pas été témoin de la vie de Jésus, mais pour d'autres raisons, il est peu probable que Luc en eût connaissance. On ne peut pas songer non plus aux évangiles apocryphes encore existants, et qui ont été écrits plus tard.
    Il s'agit de chrétiens, aujourd'hui inconnus, qui avaient rédigé des souvenirs de la prédication apostolique, et dont les écrits ont disparu à mesure que nos quatre évangiles prévalurent dans l'usage ecclésiastique. Luc a sans doute utilisé ces écrits comme l'une des sources de sa narration.
    - Enfin, quel était l'objet de ces récits qui sera aussi celui de la narration de Luc ? (verset 3) Ce sont les faits, les événements de l'histoire évangélique dont Luc affirme qu'ils ont été pleinement certifiés parmi nous, c'est-à-dire parmi les chrétiens.
    D'excellents exégètes veulent qu'on traduise simplement : événements qui se sont accomplis, attendu que le verbe grec a bien le sens de produire une pleine persuasion, une entière certitude, quand il s'agit de personnes, (Romains 4.21 ; 14.5 ; Colossiens 4.12) mais que ce sens est inadmissible quand il s'agit de choses, comme dans notre verset.
    Mais même en ce dernier cas, le verbe dont il s'agit ne signifie jamais dans le Nouveau Testament simplement accomplir, mais remplir complètement. (2Timothée 4.5,17)
    Et quant aux auteurs classiques, les lexicographes s'accordent à affirmer que notre verbe au passif "se dit aussi des choses dont on est parfaitement sûr." Il en est de même du substantif dérivé de ce verbe (plêrophoria) qui a toujours le sens de pleine persuasion, de complète assurance. (1Thessaloniciens 1.5 ; Colossiens 2.2 ; Hébreux 6.11 ; 10.22)
    Au reste, cette idée s'exprime dans tout ce prologue de Luc, puisqu'il en appelle immédiatement à des "témoins oculaires" (v. 2), et que lui-même écrit afin que celui auquel il s'adresse ait la "certitude" des choses dont il s'agit. Plusieurs exégètes soutiennent la traduction : qui se sont accomplis, parce qu'ils prêtent à Luc la pensée que les faits évangéliques sont l'accomplissement d'un plan préconçu des desseins de Dieu envers notre humanité. Cette idée est vraie, mais étrangère au texte.
  • 1.2 conformément à ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, ont été témoins oculaires et ministres de la parole ; Les mots : conformément à ce que nous ont transmis, peuvent se rapporter à la première partie du verset précédent et exprimer la manière dont ces "plusieurs" ont écrit leurs récits, la source où ils ont puisé ; ou bien à la seconde phrase, c'est-à-dire aux "choses pleinement certifiées."
    Dans le premier cas, Luc attribuerait aux écrits dont il parle l'autorité de la tradition apostolique, ce que plusieurs interprètes (Olshausen) ne veulent pas admettre ; dans le second cas, il indiquerait que c'est par cette autorité même qu'ont été pleinement certifiés les faits de l'histoire évangélique.
    La première construction est plus conforme à la grammaire, la seconde, plus en harmonie avec la pensée. C'est cette pensée même que, sans faire aucune violence au texte, on peut rendre ainsi, avec la plupart des versions : "selon que nous les ont transmis ceux qui, etc."
    - Quoi qu'il en soit, Luc en appelle ainsi dès l'abord au témoignage d'hommes autorisés qui ont transmis à l'Eglise primitive (nous correspond au parmi nous du verset ) tous ces faits de l'histoire évangélique.
    Cette transmission ou tradition apostolique eut lieu d'abord par la parole, c'est-à-dire par la prédication. (Voir l'Introduction aux évangiles.)
    Les hommes qui en furent chargés ont été dès le commencement témoins oculaires et ministres de la parole, c'est-à-dire qu'ils sont apparus dès les premiers jours de l'Eglise revêtus de la double autorité de témoins oculaires et de ministres de la parole.
    Ce sens, qui se légitime, d'après Actes 11.15, est plus conforme au grec qui unit étroitement les deux termes : témoins et ministres. Mais on peut traduire aussi : qui ont été témoins dès l'origine, dès le baptême et les débuts du ministère de Jésus, (Actes 1.21 et suivants) et qui sont devenus plus tard ministres de la parole.
    L'expression : la parole, prise ainsi dans un sens absolu, désigne fréquemment, dans les écrits de Luc, l'Evangile et la prédication de l'Evangile, comprenant à la fois les faits et les doctrines dont il se compose.
  • 1.3 il m'a semblé bon, à moi aussi, qui ai suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile ; Par ces mots du verset 3, Luc en vient à la conclusion de ce qui précède, ou à sa proposition principale.
    En disant : moi aussi, il se met modestement au même rang que les plusieurs du verset 1 ; mais, évidemment, par tout ce qu'il va nous dire de la nature de son travail et du but qu'il espère atteindre, (verset 4) il attribue tacitement à son récit une supériorité que l'Eglise entière a reconnue.
    Il se sert de trois expressions qui indiquent nettement le caractère complet et approfondi son travail.
    Les deux premiers de ces termes se rapportent à l'étude des sources où il a puisé, le troisième à la nature de son exposition.
    1° Il est remonté jusqu'à l'origine des choses. (Grec : depuis en haut.) Il ne s'est pas arrêté au commencement du ministère de Jean-Baptiste et de Jésus-Christ ; il est remonté plus haut, jusqu'aux faits qu'il raconte dans ses deux premiers chapitres.
    2° Partant de cette origine, il a suivi avec exactitude toutes ces choses. Il les a étudiées de près, en a pris connaissance d'une manière complète, recherchant tous les renseignements et ne se contentant pas des faits présentés dans la prédication courante ou recueillis dans les récits mentionnés au verset 1 ; il a embrassé autant que possible tous les faits, et a mis la plus grande exactitude à les examiner pour en constater la vérité historique.
    3° Enfin, il s'est proposé d'exposer ces faits dans leur ordre, comme ils se sont succédé ; l'expression ne se trouve, dans le Nouveau Testament, que chez Luc, qui l'emploie toujours dans le sens de la succession chronologique. (Luc 8.1 ; Actes 3.21 ; 11.4 ; 18.23)
    Luc dédie son livre à un personnage qui, d'après le titre qu'il lui donne : très excellent (comparez Actes 23.26 ; 24.3 ; 26.25) ou très puissant Théophile, occupait une position sociale élevée mais dont on ne sait rien de certain. La seule tradition qui ait quelque vraisemblance fait de Théophile un chrétien riche et puissant de la ville d'Antioche. (Voir le Commentaire de M. Godet sur l'évangile de saint Luc, 3e édit., Introduction, p. 8.)
  • 1.4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. Grec : afin que tu reconnaisses, au sujet des paroles dont tu as été instruit, l'inébranlable certitude.
    Comme le mot paroles signifie fréquemment en grec, selon un hébraïsme bien connu, les choses, plusieurs versions adoptent ici ce sens qui correspondrait à l'idée du verset 1, où pourtant se trouve un autre terme.
    Il est beaucoup plus conforme à la pensée de Luc de conserver ici la signification ordinaire du mot grec : paroles, discours, enseignements.
    Ce terme désigne, non seulement les faits de l'histoire évangélique, mais aussi les vérités religieuses, les doctrines qui en ressortent nécessairement. (Comparer 1Corinthiens 15.1)
    Cette interprétation correspond seule pleinement à ce mot : dont tu as été instruit, qui signifie, d'après l'étymologie, "faire pénétrer un son dans l'oreille," mais qui, selon l'usage constant du Nouveau Testament, suppose un enseignement reçu et non un simple ouï-dire. (Actes 18.25 ; Romains 2.18 ; 1Corinthiens 14.19 ; Galates 6.6)
    Notre mot catéchumène n'est que le participe du même verbe.
    - Ainsi, après ce qu'il vient de dire des sources d'où il a tiré son récit, fondé sur le témoignage apostolique, du soin scrupuleux qu'il a mis à examiner tous les faits, afin de pouvoir les exposer dans leur ordre, Luc est en droit d'espérer que son livre créera chez ses lecteurs la conviction de l'inébranlable certitude de l'Evangile.