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Luc 16:1-18 (Annotée Neuchâtel)

   1 Or il disait aussi à ses disciples : Il y avait un homme riche, qui avait un économe, et celui-ci lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. 2 Et l'ayant appelé, il lui dit : Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends compte de ton administration ; car tu ne peux plus administrer. 3 Mais l'économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte l'administration ? Labourer, je ne le puis. Mendier, j'en ai honte. 4 Je sais ce que je ferai, afin que, quand je serai destitué de l'administration, ils me reçoivent dans leurs maisons. 5 Et ayant appelé à lui chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? 6 Et il dit : Cent mesures d'huile. Mais il lui dit : Reprends ton billet, assieds- toi, et écris promptement cinquante. 7 Ensuite il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Celui-ci répondit : Cent mesures de blé. Il lui dit : Reprends ton billet, et écris quatre-vingts. 8 Et le maître loua l'économe injuste de ce qu'il avait prudemment agi ; car les fils de ce siècle sont plus prudents que les fils de la lumière dans leur manière d'agir envers leur propre génération. 9 Et moi aussi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que lorsqu'elles vous manqueront, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. 10 Celui qui est fidèle dans les plus petites choses, est aussi fidèle dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les plus petites choses, est aussi injuste dans les grandes. 11 Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? 12 Et si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? 13 Nul domestique ne peut servir deux maîtres, car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
   14 Or les pharisiens, qui aimaient l'argent, écoutaient toutes ces choses, et ils se moquaient de lui. 15 Et il leur dit : Vous, vous êtes ceux qui se justifient eux-mêmes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs ; car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu. 16 La loi et les prophètes ont été jusqu'à Jean ; dès lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer. 17 Mais il est plus aisé que le ciel et la terre passent, qu'il ne l'est qu'un seul trait de lettre de la loi tombe. 18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet adultère ; et celui qui épouse une femme qui a été répudiée par son mari, commet adultère.

Références croisées

16:1 Mt 18:23-24, Mt 25:14-30, Lc 8:3, Lc 12:42, Gn 15:2, Gn 43:19, 1Ch 28:1, 1Co 4:1-2, Tt 1:7, 1P 4:10, Lc 16:19, Lc 15:13, Lc 15:30, Lc 19:20, Pr 18:9, Os 2:8, Jc 4:3
Réciproques : Gn 40:20, Gn 47:14, 2R 12:15, Pr 21:20, Pr 28:20, Ec 5:13, Mt 20:8, Mt 25:19, Mt 25:29, Jn 6:12, 1Co 7:31, Col 4:1
16:2 Gn 3:9-11, Gn 4:9-10, Gn 18:20-21, 1S 2:23-24, 1Co 1:11, 1Tm 5:24, Lc 12:42, Ec 11:9-10, Ec 12:14, Mt 12:36, Rm 14:12, 1Co 4:2, 1Co 4:5, 2Co 5:10, 1P 4:5, 1P 4:10, 1Tm 4:14, Ap 20:12, Lc 12:20, Lc 19:21-26
Réciproques : Gn 40:20, Gn 47:14, Jb 15:29, Jb 21:16, Pr 18:9, Dn 6:2, Os 2:8, Mt 13:12, Mt 18:23, Mt 20:8, Mt 25:19, Lc 8:18, Lc 10:42, Lc 12:48, Lc 19:15, Lc 19:24, Lc 19:25, Ac 5:9, 1Co 7:31, He 13:17, Jc 3:1, Jc 4:3
16:3 Lc 18:4, Est 6:6, Lc 12:17, Es 10:3, Jr 5:31, Os 9:5, Ac 9:6, Pr 13:4, Pr 15:19, Pr 18:9, Pr 19:15, Pr 21:25-26, Pr 24:30-34, Pr 26:13-16, Pr 27:23-27, Pr 29:21, 2Th 3:11, Lc 16:20, Lc 16:22, Pr 20:4, Mc 10:46, Jn 9:8, Ac 3:2
Réciproques : Lc 7:39, Lc 19:26
16:4 Pr 30:9, Jr 4:22, Jc 3:15
Réciproques : Lc 16:8
16:5 Lc 7:41-42, Mt 18:24
Réciproques : Gn 41:34, 2S 3:12
16:6 Ez 45:10-14, Lc 16:9, Lc 16:12, Tt 2:10
Réciproques : Esd 7:22
16:7 Lc 20:9, Lc 20:12, Ct 8:11-12
Réciproques : Esd 7:22, Mt 18:24
16:8 Lc 16:10, Lc 18:6, Lc 16:4, Gn 3:1, Ex 1:10, 2S 13:3, 2R 10:19, Pr 6:6-8, Lc 20:34, Ps 17:14, 1Co 3:18, Ph 3:19, Ps 49:10-19, Mt 17:26, Jn 12:36, Ep 5:8, 1Th 5:5, 1P 2:9, 1Jn 3:10
Réciproques : Gn 38:17, Js 9:4, 1S 29:4, 2S 16:23, 2S 17:14, 1R 20:33, 2R 5:20, 2Ch 11:23, Est 1:22, Jb 28:3, Pr 2:4, Pr 12:8, Ec 2:19, Ec 7:11, Jr 4:22, Ac 12:20, Ac 27:18, Ac 27:32, 1Co 2:6, Ep 2:2, Ph 3:7, Col 3:2, Jc 3:15, 1Jn 4:5
16:9 Lc 11:41, Lc 14:14, Pr 19:17, Ec 11:1, Es 58:7-8, Dn 4:27, Mt 6:19, Mt 19:21, Mt 25:35-40, Ac 10:4, Ac 10:31, 2Co 9:12-15, 1Tm 6:17-19, 2Tm 1:16-18, Lc 16:11, Lc 16:13, Pr 23:5, 1Tm 6:9-10, 1Tm 6:17, Ps 73:26, Ec 12:3-7, Es 57:16, 2Co 4:17-18, 2Co 5:1, 1Tm 6:18, Jud 1:21
Réciproques : Ps 112:9, Pr 14:24, Ec 7:11, Ec 10:19, Es 23:18, Mt 6:24, Mt 25:29, Mc 4:25, Mc 10:21, Lc 12:17, Lc 12:33, Lc 16:6, Lc 18:22, Lc 19:8, Ac 2:45, Ac 4:34, 2Co 9:14, Col 3:2, 1Tm 6:19, Ap 14:13
16:10 Lc 16:11-12, Lc 19:17, Mt 25:21, He 3:2, Jn 12:6, Jn 13:2, Jn 13:27
Réciproques : Gn 39:6, Gn 47:14, Js 1:1, 2R 12:15, 2R 22:7, Ne 7:2, Ne 13:13, Pr 28:20, Mt 24:45, Lc 12:48, Lc 16:8, Ac 4:32, 1Co 4:2, 1Co 16:2, 2Co 8:12, Ep 1:1, 1Tm 3:13, 2Tm 2:2, Tt 2:10, He 3:5, 3Jn 1:5
16:11 Lc 16:9, Lc 12:33, Lc 18:22, Pr 8:18-19, Ep 3:8, Jc 2:5, Ap 3:18
Réciproques : Ex 22:10, 2R 12:15, Mt 6:24, Lc 12:21, Lc 16:10, 2Co 6:10, 2Co 8:9, Col 3:2, 1Th 2:4, 2Tm 1:14, 2P 2:16
16:12 Lc 19:13-26, 1Ch 29:14-16, Jb 1:21, Ez 16:16-21, Os 2:8, Mt 25:14-29, Lc 10:42, Col 3:3-4, 1P 1:4-5
Réciproques : Pr 8:18, Lc 16:6, Lc 16:10, 2Co 6:10
16:13 Lc 9:50, Lc 11:23, Js 24:15, Mt 4:10, Mt 6:24, Rm 6:16-22, Rm 8:5-8, Jc 4:4, 1Jn 2:15-16, Lc 14:26
Réciproques : 2R 17:33, Pr 28:11, Jr 22:17, Os 10:2, Os 12:8, Mt 19:23, Lc 8:14, Lc 16:9, 2Tm 4:10, He 13:5
16:14 Lc 12:15, Lc 20:47, Es 56:11, Jr 6:13, Jr 8:10, Ez 22:25-29, Ez 33:31, Mt 23:14, Lc 8:53, Lc 23:35, Ps 35:15-16, Ps 119:51, Es 53:3, Jr 20:7-8, He 11:36, He 12:2-3
Réciproques : Ex 20:17, Lv 11:29, 2Ch 30:10, 2Ch 36:16, Jb 12:4, Ps 10:3, Ps 22:7, Ps 36:2, Ps 107:11, Ps 119:36, Ps 123:3, Pr 11:12, Pr 14:2, Pr 23:9, Pr 28:11, Es 29:20, Jr 22:17, Mt 3:7, Mt 5:20, Mt 19:23, Mc 5:40, Mc 10:2, Mc 10:24, Lc 2:35, Lc 6:25, Jn 1:24, Jn 3:19, Ac 13:41, Ep 5:3, 2Tm 3:3, He 13:5
16:15 Lc 10:29, Lc 11:39, Lc 18:11, Lc 18:21, Lc 20:20, Lc 20:47, Pr 20:6, Mt 6:2, Mt 6:5, Mt 6:16, Mt 23:5, Mt 23:25-27, Rm 3:20, Jc 2:21-25, 1S 16:7, 1Ch 29:17, 2Ch 6:30, Ps 7:9, Ps 139:1-2, Jr 17:10, Jn 2:25, Jn 21:17, Ac 1:18, Ac 15:8, 1Co 4:5, Ap 2:23, Ps 10:3, Ps 49:13, Ps 49:18, Pr 16:5, Es 1:10-14, Am 5:21-22, Ml 3:15, 1P 3:4, 1P 5:5
Réciproques : Gn 18:21, Lv 7:18, Jb 9:20, Jb 10:4, Ps 32:5, Ps 36:2, Ps 119:51, Pr 3:32, Pr 16:2, Pr 21:2, Pr 30:12, Es 5:20, Es 43:26, Os 12:8, Mt 5:20, Mt 18:35, Mt 23:28, Mc 2:17, Mc 7:21, Lc 1:6, Lc 2:35, Lc 6:25, Lc 15:7, Lc 18:9, Lc 18:14, Jn 5:42, Jn 12:43, Rm 10:3, 2Co 10:7, 2Co 10:18, Ga 6:12, Ph 4:8
16:16 Lc 16:29, Lc 16:31, Mt 11:9-14, Jn 1:45, Ac 3:18, Ac 3:24, Ac 3:25, Lc 9:2, Lc 10:9, Lc 10:11, Mt 3:2, Mt 4:17, Mt 10:7, Mc 1:14, Lc 7:26-29, Mt 21:32, Mc 1:45, Jn 11:48, Jn 12:19
Réciproques : Ex 19:24, Mt 3:5, Mt 11:12, Mt 12:28, Mt 17:3, Lc 17:20, Jn 5:4, Ac 20:25, Ac 24:14, Ph 3:14, He 4:11, Ap 22:6
16:17 Lc 21:33, Ps 102:25-27, Es 51:6, Mt 5:18, 2P 3:10, Ap 20:11, Ap 21:1, Ap 21:4, Es 40:8, Rm 3:31, 1P 1:25
Réciproques : Mt 5:17, Jn 10:35
16:18 Mt 5:32, Mt 19:9, Mc 10:11-12, 1Co 7:4, 1Co 7:10-12
Réciproques : Dt 24:1, Ml 2:16

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 16
  • 16.1 Or il disait aussi à ses disciples : Il y avait un homme riche, qui avait un économe, et celui-ci lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. Deux paraboles sur l'usage des biens de ce monde.
    Chapitre 16.
    1 à 13 La parabole de l'économe infidèle.
    Ses disciples : ce terme ne désigne point les apôtres seuls, ni exclusivement les adhérents dont Jésus était suivi dans ce voyage à Jérusalem, mais bien les divers auditeurs qui ont entendu les paraboles du chapitre précédent.
    C'est ce que prouve déjà cette tournure si familière à Marc et à Luc : or il disait aussi, qui indique toujours une idée nouvelle, un enseignement nouveau, venant s'ajouter, dans le même discours, à ce qui a précédé. Jésus est donc encore entouré de ses disciples ordinaires, des pharisiens dont il a confondu les murmures (verset 14 ; comparez Luc 15.2), et des péagers qui s'approchaient de lui pour l'entendre. (Luc 15.1)
    C'est à tout cet auditoire que Jésus adresse deux paraboles sur l'emploi des biens de la terre. Cet enseignement était nécessaire, soit aux pharisiens, qui, à l'orgueil, joignaient l'avarice ; (verset 14) soit aux péagers dont plusieurs possédaient des richesses acquises d'une manière plus ou moins injuste ; il présentait à tous l'esprit de la vie nouvelle, qui résulte de la réconciliation avec Dieu, dans son opposition avec une des principales tendances du pharisaïsme : (verset 14) l'amour de l'argent. Les versets 14-18, qui se trouvent entre les deux paraboles, ne sont qu'une sorte d'introduction à la seconde. (verset 19 et suivants)
    - La parabole de l'économe infidèle qui va nous occuper d'abord, est, sans contredit, la plus difficile que Jésus ait prononcée. L'application qu'en fait le Sauveur (versets 9-13) présente elle-même des pensées dont le sens n'est pas évident. Aussi, si l'on en excepte l'Apocalypse, est-il peu de parties de l'Ecriture sur lesquelles les commentateurs aient émis des interprétations plus diverses. Nous nous bornerons à indiquer celles qui peuvent avoir quelque valeur, et à exposer ce qui nous paraît être la pensée de la parabole.
    Dans le sens littéral, le récit qui s'ouvre par ces mots est simple et clair. (Voir l'analyse.) Mais il en est autrement, dès qu'on cherche sa signification religieuse et morale.
    Ainsi, tout d'abord, que représente cet homme riche ? Selon tel interprète, il n'est là que comme personnage de la parabole et n'a pas d'équivalent dans la vie réelle (de Wette, Ebrard, Weiss) ; selon tel autre, ce serait l'empereur ou les Romains, pour le compte desquels les péagers administraient les impôts (Schleiermacher). Olshausen voit dans ce personnage le diable, Meyer en fait Mammon lui-même, dont l'économe doit quitter le service pour se donner au service de Dieu. (verset 13)
    Ces exemples suffisent. A quelle hauteur on s'élève immédiatement, quel sentiment de responsabilité naît aussitôt dans le cœur, et quelle lumière se répand sur toute la parabole, si l'on voit, dans ce grand propriétaire, Dieu lui-même, la source et le dispensateur de tous les biens, celui à qui tout homme doit rendre compte !
    - Il n'y a pas alors à se demander qui est l'économe (administrateur, intendant). C'est chacun de nous, qui doit se considérer devant Dieu, non comme le possesseur, mais comme l'administrateur de tous les biens qui lui sont confiés.
    Jésus ne dit pas de quelle manière l'économe de la parabole dissipait les biens de son maître ; cela importe peu ; mais ce qui n'est pas douteux, c'est que tout homme qui s'approprie les biens qui lui sont prêtés, qui les fait servir à son égoïsme, à son orgueil, à ses plaisirs, en oubliant Celui qui est le vrai propriétaire, dissipe ce qui lui a été confié dans un tout autre but.
  • 16.2 Et l'ayant appelé, il lui dit : Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends compte de ton administration ; car tu ne peux plus administrer. Il n'est pas dit par qui l'économe fut accusé d'infidélité. Son maître sait tout, il le fait venir, lui demande (grec) le compte de son administration, et lui annonce sa destitution.
    Comme, pour produire ce compte, il faut à l'économe un certain temps, il va en profiter sans perdre un instant, pour se tirer d'embarras.
  • 16.4 Je sais ce que je ferai, afin que, quand je serai destitué de l'administration, ils me reçoivent dans leurs maisons. Ce monologue est admirable de précision et de finesse. L'économe ne se laisse pas troubler, il réfléchit, se parle à lui-même, pèse et rejette les moyens dont il ne veut pas ; puis, tout à coup, il s'écrie : Je sais (grec j'ai connu).
    Sa pensée est tombée sur certaines gens qu'il désigne seulement par ils, qui pourront lui être utiles, et que la suite du récit va mettre en scène. Ce qui lui donne tant de savoir faire et d'énergie, c'est qu'il a pris au sérieux la destitution annoncée : quand je serai démis, ils me recevront dans leurs maisons.
  • 16.5 Et ayant appelé à lui chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? Grec : "il fit venir un chacun des débiteurs de son propre maître."
    Ces termes signifient d'une part qu'il les fit venir tous l'un après l'autre, bien que la parabole n'en mentionne ensuite que deux comme exemples de sa manière de procéder avec eux.
    D'autre part, le mot : son propre maître, fait sentir comment cet administrateur, après avoir déjà fraudé son propriétaire, sut encore se tirer d'embarras à ses dépens.
  • 16.6 Et il dit : Cent mesures d'huile. Mais il lui dit : Reprends ton billet, assieds- toi, et écris promptement cinquante. Il s'agit du bath hébreu, égal au métrète attique, et qui contenait environ 40 litres. La remise de cinquante baths (2000 litres) était donc considérable.
    - Cette huile avait été achetée à diverses reprises par le débiteur, qui en faisait commerce, et qui laissait un billet entre les mains de l'économe. Celui-ci rend son billet au débiteur en l'invitant à changer le chiffre ou plutôt à faire un nouveau billet. Tout cela se fait promptement (grec aussitôt).
  • 16.7 Ensuite il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Celui-ci répondit : Cent mesures de blé. Il lui dit : Reprends ton billet, et écris quatre-vingts. Grec : cent cors de blé.
    Le cor, mesure pour les matières sèches, équivalait à 10 baths.
    L'économe diminue de vingt pour cent cette valeur, au profit du débiteur. La différence qu'il fait entre celui-ci et le premier, montre qu'il avait égard aux circonstances de fortune où pouvaient se trouver ces hommes, qu'il connaissait parfaitement. Partout se montre la même habileté. (verset 8)
  • 16.8 Et le maître loua l'économe injuste de ce qu'il avait prudemment agi ; car les fils de ce siècle sont plus prudents que les fils de la lumière dans leur manière d'agir envers leur propre génération. Le maître de la parabole loue son administrateur (grec l'économe de l'injustice), avec ironie, de son habileté.
    Ces dernières paroles sont une réflexion de Jésus qui nous montre comment il entend la louange qu'il met dans la bouche du maître de l'économe On pouvait admirer le savoir-faire et l'audace de l'économe, tout en haïssant l'injustice.
    Voilà pourquoi le Sauveur peut proposer sa conduite à l'imitation de ses disciples. Il leur recommandait de même ailleurs d'être "prudents comme des serpents," (Matthieu 10.16) il invoquait l'exemple, par contraste d'un ami égoïste, (Luc 11.8) ou d'un juge inique. (Luc 18.1 et suivants) Dans tous ces cas, l'essentiel est de bien saisir le point de comparaison.
    - Jésus motive (car) son exhortation à la prudence par une considération que l'expérience de tous les temps confirme, hélas ! c'est que ses disciples sont bien loin de déployer en vue de leurs intérêts éternels la même prudence que les gens du monde dans leurs affaires terrestres.
    Il appelle par un hébraïsme bien connu, (Matthieu 8.12) fils de ce siècle, ou de l'économie présente, ou de ce monde, ceux qui y sont nés et qui se conduisent selon l'esprit et les maximes qui y règnent ; (Luc 20.34 ; Ephésiens 2.2) et fils de la lumière, ceux qui ont été éclairés, pénétrés, régénérés par la vérité divine. (Jean 12.36 ; Ephésiens 5.8 ; 1Thessaloniciens 5.5)
    - Les mots : dans leur manière d'agir envers leur propre génération, se rapportent aux fils de ce siècle et désignent leur conduite, non à l'égard de leurs contemporains en général, mais à l'égard de ceux avec lesquels ils sont en relations d'affaires et qui sont animés des mêmes sentiments qu'eux. Avec d'autres et dans une sphère supérieure, leur habileté ne saurait les servir. (1Corinthiens 2.14,15)
  • 16.9 Et moi aussi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que lorsqu'elles vous manqueront, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. Grec : le mammon de l'injustice. (Voir, sur ce mot, Matthieu 6.24, note.)
    C'est ici proprement l'application de toute la parabole dont Jésus a déjà indiqué le sens moral par la déclaration qui précède. Il faut donc l'interpréter à ce point de vue : le vrai emploi des richesses.
    Mais qu'est-ce que ces richesses injustes ? et quels sont les amis que nous devons nous faire par leur moyen ? La raison pour laquelle Jésus appelle injustes les biens de ce monde, a été expliquée de manières fort diverses.
    C'est, a-t-on dit, parce qu'il y a presque toujours, de près ou de loin, quelque injustice dans la manière dont ils ont été acquis, ou dans l'usage qu'on en fait.
    D'autres ont voulu donner au mot injuste le sens de biens faux, trompeurs. (Comparer "la tromperie, ou la séduction, des richesses" Matthieu 13.22)
    Ces interprétations sont étrangères au contexte. Le vrai sens du mot doit être demandé à la parabole elle-même. Or, le mammon de l'injustice correspond exactement à l'économe injuste. (verset 8)
    Comment donc cet économe a-t-il été injuste ? D'abord, en dissipant le bien de son maître ; (verset 1) puis en en disposant pour son profit personnel. (versets 6,7)
    Voilà précisément comment la plupart des hommes rendent injustes les richesses que Dieu leur confie. Au lieu de se considérer comme des administrateurs qui lui en rendront compte, ils s'en constituent les vrais possesseurs et, oubliant leur responsabilité, ils accumulent ces biens dans leur avarice, en font étalage pour nourrir leur orgueil, ou bien les dissipent pour satisfaire passions.
    Quel est alors l'usage que le Seigneur leur conseille de faire de ces biens, devenus injustes dans leurs mains ? La parabole donne la réponse. Le moment approche où tout homme sera appelé à rendre compte de son administration ; (verset 2) il doit donc imiter l'économe, qui s'est empressé de profiter d'un dernier sursis pour s'assurer des amis qui le recevront dans leurs maisons. Et moi je vous dis : Faites-vous des amis.
    - Ici se pose notre seconde question : Quels sont ces amis ? On a répondu de manières fort diverses.
    L'un dit : l'ami suprême que nous devons nous assurer, c'est Dieu lui-même en employant à son service les biens qu'il nous confie.
    Un autre (Olshausen) : c'est le Seigneur Jésus, qui regarde comme fait à lui-même le bien que nous faisons au plus petit de ses frères. (Matthieu 25.40)
    Un troisième (Meyer) veut que ces amis soient les anges, que Jésus lui-même nous représente comme chargés d'introduire les justes dans le royaume de Dieu, (Luc 16.22 ; Matthieu 24.31 ; Marc 13.27) et qui s'intéressent avec amour à ceux qui le servent. (Luc 15.10 ; Matthieu 18.10)
    Mais l'interprétation la plus généralement admise consiste à entendre par ces amis, les hommes : ignorants à instruire, malheureux à soulager, pauvres à secourir. Il faut se les attacher par la bienfaisance, par une vraie charité chrétienne. Leur reconnaissance subsistera jusque dans le siècle à venir. (Voir la note suivante.)
    Le texte reçu porte : lorsque vous manquerez, ou cesserez, c'est-àdire quand vous mourrez. La variante de Sin., B, A, suppose que c'est "ce mammon de l'injustice" qui manquera, disparaîtra à l'heure de la mort.
    Le sens des deux leçons est donc au fond le même, mais la dernière convient mieux à la parabole, puisque ce sont les biens qu'il administrait qui tout à coup manquent à l'économe.
    - C'est alors, dans ce jour solennel, que les amis que vous vous serez assurés vous recevront dans les tabernacles éternels.
    Ce mot de tabernacle ou tente est une allusion à la vie des patriarches qui, étrangers et voyageurs, plantaient leurs tentes pour un jour. Dans l'économie future elles seront éternelles ; ce seront les "demeures de la maison du Père," (Jean 14.2) "l'édifice qui n'a pas été fait de main d'homme, mais qui est l'ouvrage de Dieu." (2Corinthiens 5.1)
    - Comme ces amis sont des pauvres et des malheureux secourus, il ne faut pas entendre ce mot recevoir comme si c'étaient eux qui faisaient entrer dans le ciel leurs bienfaiteurs ; ils se bornent à les accueillir avec reconnaissance et avec amour. Dans certains cas aussi ces pauvres assistés peuvent devenir pour ceux qui leur viennent en aide les instruments de leur salut. C'est là certainement une douce et belle pensée, capable d'augmenter la joie du ciel elle-même.
    - Dira-t-on que ce trait de la parabole ainsi interprété, parait peu conforme à l'Evangile, que ce rôle attribué aux pauvres pourrait, d'une part, favoriser l'idée de l'intercession des saints, et d'autre part, celle du mérite des œuvres pour le salut ?
    A cela on peut répondre qu'une parabole n'est pas un cours de dogmatique, que ce dernier trait répond incidemment à celui du verset 4, et que, du reste, cette morale n'est pas en désaccord avec celle que Jésus enseigne ailleurs. (Matthieu 25.34-46)
  • 16.10 Celui qui est fidèle dans les plus petites choses, est aussi fidèle dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les plus petites choses, est aussi injuste dans les grandes. Cette sentence, expression proverbiale d'une vérité d'expérience, sert d'introduction au verset suivant, où nous voyons que les plus petites choses sont les biens de la terre, et que les grandes sont les biens spirituels de l'âme.
    Celui qui ne rapporte pas à Dieu les premiers, qui ne les fait pas valoir pour sa gloire, ne saurait administrer fidèlement les derniers. (Comparer Matthieu 25.21)
  • 16.11 Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? Grec : fidèle dans le mammon injuste. (verset 9, note.)
    Ce verset confirme et explique le précédent. Les richesses véritables (grec le bien véritable) sont mises en opposition avec les richesses injustes ; elles sont véritables, parce que c'est le don du salut et de toutes les grâces divines qui le constitue, qu'elles répondent ainsi parfaitement à tous les besoins de l'âme et sont impérissables. (Voir la note suivante.)
  • 16.12 Et si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? On voit que dans chacune de ces sentences (versets 10-12) qui sont encore l'application de la parabole, le Seigneur a en vue l'économe infidèle, dont la position à l'égard de son maître est exactement la nôtre à l'égard de Dieu. C'est ce que rappellent ces termes : ce qui est à autrui.
    Les biens qui nous sont confiés, comme ceux qu'administrait l'économe, ne sont pas à nous, mais à Dieu. Si, comme lui, nous ne sommes pas fidèles dans l'usage que nous en faisons, Dieu pourrait-il nous donner ce qui est à nous ?
    Ce dernier mot correspond aux richesses véritables, (verset 11) mais avec une nuance importante, exprimée par le contraste entre ce qui est à autrui et ce qui est nôtre.
    Les biens de la terre sont à Dieu, qui les confie à qui il veut, pour un temps, et ils restent toujours pour nous des biens extérieurs.
    Le salut, au contraire, la vie éternelle, est à nous, parce qu'elle est un héritage qui nous a été légitimement acquis, (Actes 20.32 ; Romains 8.17 ; Matthieu 25.34) et surtout parce qu'elle nous est assimilée de manière à devenir une partie intégrante de notre nature spirituelle et immortelle.
    Cette parole remarquable nous ouvre une perspective inattendue sur la dignité que Jésus attribue à l'âme humaine, et aussi sur l'état des enfants de Dieu dans le ciel, où tout ce qu'ils posséderont sera parfaitement identique à leur être et leur sera approprié pour toujours par un progrès sans fin dans la connaissance et l'amour de Dieu.
  • 16.13 Nul domestique ne peut servir deux maîtres, car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. Voir, sur ce dernier verset, Matthieu 6.24, note.
    C'est chez Matthieu qu'il se trouve à sa véritable place. Il se peut toutefois que Jésus ait répété cette sentence, qui clôt très convenablement l'application de la parabole.
    C'est une dernière réflexion sur la position de l'économe, qui prétendait pouvoir (grec) servir deux seigneurs, son maître et Mammon ou l'argent.
    Or Jésus déclare que cela est moralement impossible, et qu'ainsi, quiconque veut servir Mammon, s'exclut du service de Dieu.
  • 16.14 Or les pharisiens, qui aimaient l'argent, écoutaient toutes ces choses, et ils se moquaient de lui. 14 à 18 Reproches aux pharisiens.
    Les pharisiens, parce qu'ils étaient amis de l'argent, étaient bien décidés à ne pas abandonner le service de Mammon ; (verset 13) mais comme Jésus vient de déclarer que ce service les exclut de celui de Dieu, leur orgueil s'en irrite, et ils se vengent en se moquant de lui. (Voir sur ce terme, Galates 6.7, note.)
    La pauvreté de Jésus et de ses adhérents était sans doute le sujet de leurs moqueries. Ce trait nous montre quel degré d'incrédulité et de frivolité pouvait s'allier au grave caractère qu'affectaient ces hommes.
    La vraie réponse à leurs sarcasmes impies sera la parabole du mauvais riche, (verset 19 et suivants) l'une des plus sévères que Jésus ait prononcées ; mais il veut d'abord démasquer l'orgueilleuse propre justice de ses adversaires, (verset 15) et les convaincre qu'ils vivaient dans une continuelle transgression de la loi. (versets 16-18)
    Les versets qui suivent ne sont que des fragments de discours, que Luc a placés ici comme transition de la première à la seconde parabole.
  • 16.15 Et il leur dit : Vous, vous êtes ceux qui se justifient eux-mêmes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu. C'était déjà pour se justifier, ou paraître justes, devant les hommes, que les pharisiens se raillaient de l'enseignement de Jésus sur l'emploi des richesses, et toute leur vie avait cette même tendance. (Matthieu 23.28)
    Mais aux yeux de Dieu qui connaît les cœurs, et qui ne voyait sous leurs faux airs de vertu et de moralité que des vices recouverts par l'hypocrisie, leur prétendue élévation était une abomination.
    Il ne faut pas entendre cette sentence dans un sens absolu ni l'appliquer à toute élévation quelconque. Avec de la sincérité et de l'humilité, ce qui est grand aux yeux des hommes peut l'être aussi devant Dieu.
  • 16.17 Mais il est plus aisé que le ciel et la terre passent, qu'il ne l'est qu'un seul trait de lettre de la loi tombe. Sur quoi se fondait Jésus pour prononcer un jugement si sévère contre les pharisiens ?
    Sur la loi et les prophètes, dont ils prétendaient être les zélés observateurs et défenseurs, tandis qu'ils accusaient Jésus de les rabaisser en annonçant (gr, évangélisant) le royaume de Dieu.
    Mais non ; la prédication de l'Evangile, l'ouverture d'une ère nouvelle, et le zèle violent avec lequel chacun se précipite dans ce royaume (d'autres traduisent, en prenant le verbe au passif : "chacun est vivement pressé d'y entrer," mais comparez Matthieu 11.12, note) ne diminuent en rien les saintes exigences de la loi, dont il n'est pas possible qu'un seul trait de lettre soit aboli. (Matthieu 5.18, note.)
    Cette loi dont vous vous glorifiez sera donc votre juge.
  • 16.18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet adultère ; et celui qui épouse une femme qui a été répudiée par son mari, commet adultère. Voir, sur le sens de cette déclaration, Matthieu 5.32 ; 19.9 ; Marc 10.11, notes.
    Quant à la place que Luc lui assigne, la plupart des interprètes renoncent à trouver une connexion quelconque entre cette parole et ce qui précède.
    Parmi ceux qui veulent en trouver une, les uns pensent que Jésus rappelle la prescription légale concernant le divorce et l'adultère, comme un exemple de la validité permanente de la loi, et pour montrer que dans la nouvelle économie la loi sera même plus sévèrement appliquée que dans l'ancienne.
    Les autres (Olshausen, Hofmann, Weiss) voient dans cette parole une allégorie semblable à celle de Romains 7.1-3 : celui qui répudie sa femme, c'est celui qui, s'autorisant du nouvel ordre de choses, rejette complètement la loi ; celui qui épouse une femme répudiée, c'est celui qui méconnaissant la nouvelle, s'attache obstinément à l'ancienne économie. Ce dernier méconnaît la sentence du verset 16, et le premier celle du verset 17.
    La première explication est plus admissible ; mais il est évident que la vraie place de cette déclaration est dans le discours sur la montagne.