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Luc 2:1-5 (Annotée Neuchâtel)

   1 Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut publié de la part de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. 2 Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Et tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa propre ville. 4 Or Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui est nommée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David ; 5 pour être enregistré avec Marie, sa femme, qui lui avait été fiancée, laquelle était enceinte.

Références croisées

2:1 Lc 3:1, Ac 11:28, Ac 25:11, Ac 25:21, Ph 4:22, Mt 24:14, Mc 14:9, Mc 16:15, Rm 1:8
Réciproques : Gn 41:45, Est 10:1, Dn 7:23, Za 14:2, Mt 22:17, Lc 15:10, Lc 20:24, Ac 5:37, Ap 3:10, Ap 13:3, Ap 16:14, Ap 17:18
2:2 Ac 5:37, Lc 3:1, Ac 13:7, Ac 18:12, Ac 23:26, Ac 26:30
Réciproques : Mt 4:24, Ac 21:3
2:3 Réciproques : Gn 23:10
2:4 Lc 1:26-27, Lc 3:23, Lc 4:16, Mt 2:23, Jn 1:46, Gn 35:19, Gn 48:7, Rt 1:19, Rt 2:4, Rt 4:11, Rt 4:17, Rt 4:21, Rt 4:22, 1S 16:1, 1S 16:4, 1S 17:12, 1S 17:58, 1S 20:6, Mi 5:2, Mt 2:1-6, Jn 7:42, Lc 1:27, Lc 3:23-31, Mt 1:1-17
Réciproques : Gn 23:10, 1R 11:39, Mt 1:16, Mt 1:20, Lc 2:11, Lc 2:39, Jn 1:45, Jn 7:28, Rm 1:3
2:5 Dt 22:22-27, Mt 1:18-19
Réciproques : Mt 1:16, Mt 13:55, Lc 1:27

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 2
  • 2.1 Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut publié de la part de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. Chapitre 2.
    1 à 20 Naissance de Jésus.
    En ces jours-là, expression un peu vague, désignant l'époque qui suivit la naissance de Jean-Baptiste ; celle-ci eut lieu six mois avant la naissance de Jésus. (Luc 1.36)
    - Grec : toute la terre habitée être enregistrée.
    Cette expression désigne l'empire romain, qu'on appelait souvent le monde romain, ou simplement le monde, parce qu'il renfermait tout le monde civilisé.
    Un tel recensement consistait dans l'enregistrement de la population de chaque province, de chaque ville, ainsi que des biens des habitants. Il était destiné à faciliter la perception des impôts.
    - Cet événement de l'histoire amena l'accomplissement des prophéties, d'après lesquelles Jésus devait naître à Bethléhem. (Matthieu 2.5) La naissance d'un enfant, qui n'était pas prévue dans cette grande mesure politique, allait changer la face du monde.
    - La critique a fait à ce récit de Luc diverses objections. Elle lui a opposé d'abord le fait que les historiens du temps ne mentionnent pas ce recensement, qui pourtant était d'une grande importance.
    Mais on sait ce que valent les conclusions fondées uniquement sur le silence. Et si l'histoire n'a pas rapporté spécialement le recensement dont il s'agit ici, elle permet de constater que ce même César Auguste s'était longuement occupé de travaux de statistique ; il avait laissé à sa mort un état des ressources de tout l'empire, qui fut communiqué au sénat et qui renfermait le chiffre "de la richesse publique, des citoyens, des alliés sous les armes, des flottes, des royaumes, des provinces des tributs ou impôts." (Tacite, Ann. I, 11.)
    On objecte encore qu'une telle mesure n'aurait pas dû comprendre la Judée, qui, sous le gouvernement d'Hérode, n'avait point encore été réduite en province romaine. Mais il ne faut pas oublier que ce prince, qui ne régnait que par la faveur de l'empereur, ne jouissait que d'une indépendance très relative. Depuis la prise de Jérusalem par Pompée, les Juifs payaient un tribut à l'empire et prêtaient serment de fidélité à l'empereur. (Josèphe, Antiq. XVII, 2, 4.)
    Pourquoi donc César Auguste n'aurait-il pas appliqué son décret au gouvernement d'Hérode, qu'il considérait plutôt comme son vassal que comme un prince souverain ? Seulement, on peut admettre que l'exécution de cette mesure fut confiée, non à des Romains, mais à des Juifs, serviteurs d'Hérode, ce qui ferait comprendre pourquoi elle provoqua moins d'opposition qu'un autre recensement plus récent (voir la note suivante) et pourquoi, selon l'usage des Juifs, Joseph et Marie durent se rendre à Bethléhem, leur lieu d'origine. (Voir, pour plus de détails et de preuves historiques, Godet, Commentaire sur l'évangile de saint Luc.)
  • 2.2 Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Cette remarque, incidemment jetée dans le récit, a donné lieu à un reproche adressé à Luc. Il aurait commis une double erreur : d'abord, en confondant le recensement dont il parle avec un autre qui eut lieu dix ans plus tard, sous le gouvernement de Quirinius, et ensuite, en admettant que ce personnage était déjà gouverneur de Syrie à l'époque dont il parle.
    Il y a là, en effet, une sérieuse difficulté et l'on remplirait des volumes de tout ce qui a été écrit pour l'aplanir.
    Mais il faut remarquer que la première de ces erreurs, c'est-à-dire la confusion des deux recensements, n'existe pas.
    En effet, le but évident de Luc, dans ce verset, est précisément d'établir une distinction entre les deux recensements ; car dire que ce fut ici le premier suppose nécessairement qu'il y en eut un second. Ce second eut lieu, en effet, comme le rapporte l'historien Josèphe (Antiq. XVIII, 1), non sous le règne d'Hérode, mais après la destitution d'Archélaüs, et lorsque la Judée, devenue province romaine, eut été placée sous l'autorité de Quirinius, gouverneur de Syrie.
    Ce recensement, resté célèbre dans l'histoire juive, parce qu'il donna lieu à une révolte sanglante du peuple, était connu de tout le monde ; et Luc l'ignorait moins que personne, puisqu'il en parle avec détail dans le livre des Actes (Actes 5.37) où il nomme le principal auteur de cette révolte, "Judas le Galiléen, aux jours du dénombrement."
    - Il ne reste donc que l'erreur de chronologie qui fait Quirinius gouverneur de Syrie sous le règne d'Hérode, à l'époque de la naissance de Jésus. Cette erreur est considérable ; aussi a-t-on eu recours pour l'expliquer à toutes les ressources de la critique du texte et de l'exégèse. Le texte offre bien quelques légères variantes, mais qui sont sans importance pour la question.
    Plusieurs critiques, Tholuck, de Pressensé, en prenant le mot premier (recensement) dans un sens différent, ont cru pouvoir traduire ainsi : "Ce recensement eut lieu avant que Quirinius fût gouverneur de Syrie."
    D'autres interprètes, en changeant un simple accent grec au premier mot de la phrase, traduisent au lieu de : ce recensement, "le premier recensement luimême" (celui qu'on appelle premier depuis la domination romaine et qui est si connu), "eut lieu sous le gouvernement de Quirinius."
    Le verset 2 serait d'après M. Godet, qui a recours à cette accentuation, "une parenthèse explicative que Luc a intercalée de son chef dans le récit tiré du document qu'il employait. Il importait à Luc de bien distinguer le cens dont il parlait ici de cet autre cens postérieur et de rappeler que, malgré ce nom de premier dénombrement, sous lequel celui-ci était resté gravé dans la mémoire du peuple, il y en avait eu auparavant un autre, généralement oublié, accompli dans de tout autres conditions."
    - Ceux qui estimeront ces tentatives d'explication, sinon inadmissibles, du moins quelque peu forcées, trouveront plus simple de supposer que Quirinius, qui, on le sait par l'histoire (Tacite Ann. III,48), eut les honneurs du triomphe pour une victoire remportée à cette époque sur une peuplade de Cilicie, exerça déjà alors un commandement en Syrie et présida comme commissaire impérial au recensement dont parle Luc.
    Le mot traduit ici par gouverneur s'appliquait à toute charge élevée dans l'Etat. Cette explication, en faveur de laquelle on peut faire valoir des raisons sérieuses, est celle de Hug, Neander. (Voir le Commentaire de M. Godet sur notre passage.)
    - Ceux qu'aucune de ces interprétations ne satisfait, attribuent à Luc, sur ce point, un défaut de mémoire, qu'il est bien difficile d'admettre à propos de faits d'une si grande notoriété, surtout en présence de sa déclaration si positive, d'après laquelle il a "suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine." (Luc 1.3)
  • 2.3 Et tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa propre ville. Non celle de son domicile, mais celle de son origine.
    - Ceci aussi prouve que le recensement se fit, non par des employés romains, qui l'auraient effectué pour chacun au lieu de son domicile, mais par des Juifs, serviteurs d'Hérode, qui inscrivaient les habitants dans leur tribu et à leur lieu d'origine. (Voir verset 4)
  • 2.4 Or Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui est nommée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David ; Voir sur Nazareth Matthieu 2.23, note, et sur Bethléhem Matthieu 2.1, note et 1Samuel 16.1 ; 17.12.
    - Les mots : maison et famille de David ne sont pas synonymes.
    Tous les descendants de chacun des douze fils de Jacob formaient une tribu ; les fils de ces patriarches, divisés en branches diverses, formaient les familles ; enfin, les diverses familles provenant de chaque branche étaient les maisons.
    Par les deux termes dont il se sert, Luc veut marquer que Joseph appartenait à la famille de David et descendait directement de lui.
  • 2.5 pour être enregistré avec Marie, sa femme, qui lui avait été fiancée, laquelle était enceinte. Marie était bien alors la femme de Joseph ; (Matthieu 1.24) Sin., B, D omettent : sa femme, mais il est plus probable que ce mot ait été retranché qu'ajouté postérieurement : "sa femme qui lui avait été fiancée," ou "sa femme fiancée."
    Luc, par ces termes, exprime exactement et délicatement la pensée de Matthieu. (Matthieu 1.25)