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Luc 4:14-30 (Annotée Neuchâtel)

   14 Et Jésus, dans la puissance de l'Esprit, s'en retourna en Galilée ; et sa renommée se répandit par toute la contrée d'alentour. 15 Et lui-même enseignait dans leurs synagogues, étant glorifié par tous. 16 Et il vint à Nazareth, où il avait été élevé, et il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire. 17 Et on lui remit le livre du prophète Esaïe, et ayant déroulé le livre, il trouva l'endroit où il était écrit : 18 L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, 19 pour publier aux captifs la liberté et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés et pour publier l'année favorable du Seigneur. 20 Et ayant replié le livre, et l'ayant rendu au serviteur, il s'assit, et les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui. 21 Et il commença à leur dire : Aujourd'hui est accomplie cette parole de l'Ecriture, et vous l'entendez. 22 Et tous lui rendaient témoignage, et étaient dans l'étonnement des paroles de la grâce qui sortaient de sa bouche ; et ils disaient : Celui-ci n'est- il pas le fils de Joseph ? 23 Et il leur dit : Sans doute vous me direz ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même. Fais aussi ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons ouï dire que tu as fait à Capernaüm. 24 Mais il dit : En vérité, je vous déclare que nul prophète n'est bien reçu dans sa patrie. 25 Mais c'est avec vérité que je vous le dis : Il y avait beaucoup de veuves en Israël, aux jours d'Elie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, tellement qu'il y eut une grande famine par tout le pays ; 26 et Elie ne fut envoyé chez aucune d'elles, si ce n'est à Sarepta de Sidon vers une femme veuve. 27 Et il y avait beaucoup de lépreux en Israël, au temps d'Elisée le prophète ; et aucun d'eux ne fut guéri, si ce n'est Naaman, le Syrien. 28 Et tous dans la synagogue furent remplis de colère, en entendant ces choses. 29 Et s'étant levés, ils le chassèrent hors de la ville, et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter. 30 Mais lui, ayant passé au milieu d'eux, s'en allait.

Références croisées

4:14 Mt 4:12, Mc 1:14, Jn 4:43, Ac 10:37, Lc 4:1, Mt 4:23-25, Mc 1:28
Réciproques : Mt 4:24, Lc 4:37, Lc 23:5
4:15 Lc 4:16, Lc 13:10, Mt 4:23, Mt 9:35, Mt 13:54, Mc 1:39, Es 55:5, Mt 9:8, Mc 1:27, Mc 1:45
Réciproques : Mt 11:1, Mc 6:2, Lc 4:44, Lc 23:5, Jn 18:20
4:16 Lc 1:26-27, Lc 2:39, Lc 2:51, Mt 2:23, Mt 13:54, Mc 6:1, Lc 4:15, Lc 2:42, Jn 18:20, Ac 17:2, Ac 13:14-16
Réciproques : Lv 25:10, Dt 31:11, Ne 8:3, Ne 8:5, Ne 13:1, Ps 40:9, Jr 36:8, Mt 4:23, Mc 1:21, Mc 10:47, Lc 6:6, Lc 13:10, Ac 13:15, Ac 15:21, Ac 18:4
4:17 Lc 20:42, Ac 7:42, Ac 13:15, Ac 13:27, Es 61:1-3
Réciproques : Dt 31:11, 2Ch 17:9, Ne 8:5, Mt 4:23, Mc 1:14, Mc 1:28, Lc 4:20, Ac 8:28
4:18 Ps 45:7, Es 11:2-5, Es 42:1-4, Es 50:4, Es 59:21, Ps 2:2, Ps 2:6, Dn 9:24, Jn 1:41, Ac 4:27, Ac 10:38, Lc 6:20, Lc 7:22, Es 29:19, So 3:12, Za 11:11, Mt 5:3, Mt 11:5, Jc 2:5, 2Ch 34:27, Ps 34:18, Ps 51:17, Ps 147:3, Es 57:15, Es 66:2, Ez 9:4, Ps 102:20, Ps 107:10-16, Ps 146:7, Es 42:7, Es 45:13, Es 49:9, Es 49:24, Es 49:25, Es 52:2-3, Za 9:11-12, Col 1:13, Ps 146:8, Es 29:18-19, Es 32:3, Es 35:5, Es 42:16-18, Es 60:1-2, Ml 4:2, Mt 4:16, Mt 9:27-30, Mt 11:5, Jn 9:39-41, Jn 12:46, Ac 26:18, Ep 5:8-14, 1Th 5:5-6, 1P 2:9, 1Jn 2:8-10, Gn 3:15, Es 42:3, Mt 12:20
Réciproques : Ex 2:11, Nb 4:16, Nb 36:4, Dt 15:1, Ps 51:8, Ps 69:33, Ps 72:12, Ps 86:1, Ps 119:45, Es 10:27, Es 27:13, Es 48:16, Es 61:1, Jr 17:14, Mt 4:23, Mt 12:18, Mt 20:30, Mc 1:38, Lc 4:1, Lc 5:32, Lc 8:1, Jn 6:27, Jn 8:36, Jn 12:40, Rm 7:24, Ga 5:13, 2Tm 4:2, He 1:9, He 9:14, 1P 2:24, 1Jn 2:20, 1Jn 4:9, Ap 2:9, Ap 22:2
4:19 Lc 19:42, Lv 25:8-13, Lv 25:50-54, Nb 36:4, Es 61:2, Es 63:4, 2Co 6:1
Réciproques : Dt 15:1, Es 58:5, Es 61:1, Lc 5:32, 2Co 6:2, 2Tm 4:2
4:20 Lc 4:17, Mt 20:26-28, Lc 5:3, Mt 5:1-2, Mt 13:1-2, Jn 8:2, Ac 13:14-16, Ac 16:13, Lc 19:48, Ac 3:12
Réciproques : Ac 3:4, Ac 11:6
4:21 Lc 10:23-24, Mt 13:14, Jn 4:25-26, Jn 5:39, Ac 2:16-18, Ac 2:29-33, Ac 3:18
Réciproques : Ac 16:13, Jc 2:23
4:22 Lc 2:47, Lc 21:15, Ps 45:2, Ps 45:4, Pr 10:32, Pr 16:21, Pr 25:11, Ec 12:10-11, Ct 5:16, Es 50:4, Mt 13:54, Mc 6:2, Jn 7:46, Ac 6:10, Tt 2:8, Mt 13:55-56, Mc 6:3, Jn 6:42
Réciproques : Jb 29:11, Ps 141:6, Pr 10:13, Pr 22:11, Ec 10:12, Ct 4:3, Ct 5:13, Mt 1:16, Mt 7:28, Mt 22:33, Mc 11:18, Lc 3:23, Jn 1:45, Jn 7:15, Jn 7:27, Ac 13:12, Ep 4:29, Col 4:6
4:23 Lc 6:42, Rm 2:21-22, Mt 4:13, Mt 4:23, Mt 11:23-24, Jn 4:48, Jn 2:3-4, Jn 4:28, Jn 7:3-4, Rm 11:34-35, 2Co 5:16, Mt 13:54, Mc 6:1
Réciproques : Pr 26:7, Mt 7:5, Mt 11:6, Mc 6:3, Lc 23:8
4:24 Mt 13:57, Mc 6:4-5, Jn 4:41, Jn 4:44, Ac 22:3, Ac 22:18-22
Réciproques : Jr 11:21, Mt 5:18, Mc 14:18
4:25 Lc 10:21, Es 55:8, Mt 20:15, Mc 7:26-29, Rm 9:15, Rm 9:20, Ep 1:9, Ep 1:11, 1R 17:1, 1R 18:1-2, Jc 5:17
Réciproques : Gn 41:30, Lv 26:19, 2S 24:13, 1R 8:35, 2R 4:38, 2R 8:1, 1Ch 21:12, 2Ch 6:26, 2Ch 7:13, Jb 12:15, Mt 13:58, Lc 21:3, Jn 16:7, Ap 11:6
4:26 1R 17:9-24, Ab 1:20
Réciproques : 1R 17:1, Jn 17:12
4:27 1R 19:19-21, Mt 12:4, Jn 17:12, 2R 5:1-27, Jb 21:22, Jb 33:13, Jb 36:23, Dn 4:35
Réciproques : Gn 25:20, Lv 14:3, 1R 19:16, 2R 5:14, Mt 8:2
4:28 Lc 6:11, Lc 11:53-54, 2Ch 16:10, 2Ch 24:20-21, Jr 37:15-16, Jr 38:6, Ac 5:33, Ac 7:54, Ac 22:21-23, 1Th 2:15-16
Réciproques : Os 14:9, Jn 1:46, He 12:3
4:29 Jn 8:37, Jn 8:40, Jn 8:59, Jn 15:24-25, Ac 7:57-58, Ac 16:23-24, Ac 21:28-32, 2Ch 25:12, Ps 37:14, Ps 37:32, Ps 37:33
Réciproques : Nb 35:20, Os 14:9, Mt 10:23, Jn 1:46, Jn 10:39, Ac 5:33, Ac 21:30, He 12:3
4:30 Jn 8:59, Jn 10:39, Jn 18:6-7, Ac 12:18
Réciproques : 1S 18:11, 1S 19:10, Mt 4:13, Lc 24:31, Jn 5:13, Jn 20:14

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 4
  • 4.14 Et Jésus, dans la puissance de l'Esprit, s'en retourna en Galilée ; et sa renommée se répandit par toute la contrée d'alentour. Le ministère galiléen
    Les commencements du ministère galiléen
    Débuts à Nazareth et à Capernaüm.
    14 à 30 Jésus en Galilée et à Nazareth.
    Voir, sur ce retour de Jésus en Galilée, Matthieu 4.12,13, notes ; comparez Marc 1.14. Jésus va commencer son ministère en Galilée. Le récit de ce ministère se prolonge dans Luc jusqu'à Luc 9.50, et constitue une des parties principales de son évangile.
    - Jésus se rend sur ce théâtre de sa plus grande activité, dans la puissance de l'Esprit, dont il était rempli depuis son baptême. (verset 1) Toutes ses paroles et toutes ses œuvres étaient autant de manifestations de la lumière et de la puissance de cet Esprit.
    Selon le récit de Luc, on pourrait penser que sa renommée se répandit dans cette Galilée où il venait d'arriver, à mesure qu'il se faisait connaître par l'action puissante de sa parole et de ses guérisons. (Matthieu 4.24) Mais peut-être aussi avait-il été précédé dans cette contrée par le bruit des miracles qu'il avait déjà accomplis en divers lieux ; car, selon le récit de Jean, (Jean 1.19-4.42) un intervalle assez long s'était écoulé entre la tentation et le commencement de son activité en Galilée, que Luc va décrire. (Comparer Matthieu 4.12)
  • 4.15 Et lui-même enseignait dans leurs synagogues, étant glorifié par tous. Partout où il y avait un groupe de Juifs un peu nombreux, même en terre païenne et jusqu'aux extrémités de l'empire, on trouvait une synagogue, qui servait de lieu de réunion et de culte.
    Placée sous la direction générale des anciens, la synagogue était administrée par des fonctionnaires spéciaux : un ou plusieurs "chefs de la synagogue," (Marc 5.22) un serviteur ou huissier (verset 20) qui remplissait aussi les fonctions de maître d'école. La synagogue était un bâtiment rectangulaire dont l'entrée était distinguée par un portique grec.
    Quand l'édifice était de grande dimension, l'intérieur était divisé en nefs par des rangées de colonnes. Au fond, sur un parquet surélevé, se trouvait l'armoire sainte qui contenait les manuscrits de l'Ecriture.
    Chaque sabbat, il y avait une réunion de culte. Elle commençait par une prière liturgique, que récitait un membre de l'assemblée désigné par le président, et qui était aussi chargé ensuite de lire la péricope tirée des prophètes. L'assemblée écoutait debout, le visage tourné vers Jérusalem, et répondait par un amen. La lecture de la loi venait ensuite : elle était faite par sept membres et accompagnée d'un commentaire oral. Puis un assistant lisait un fragment des prophètes et y ajoutait quelques paroles : il se tenait debout pour lire mais s'asseyait pour parler. (verset 20) Après la bénédiction finale, l'assemblée se retirait.
    - Voir pour plus de détails et pour le texte des prières liturgiques, Edersheim, La société juive, trad. Roux, ch. XVI et XVII
  • 4.16 Et il vint à Nazareth, où il avait été élevé, et il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire. Voir, sur Nazareth, Matthieu 2.23, note. Par cette remarque : où il avait été élevé, Luc motive cette visite de Jésus dans sa ville natale et prépare la scène qui va s'y passer. (verset 22 et suivants)
    - Sur le rapport entre ce séjour de Jésus à Nazareth et celui dont parle Matthieu, (Matthieu 13.53 et suivants) voir la note sur ce dernier passage.
    Ces mots : selon sa coutume ne se rapportent pas seulement au ministère de Jésus en Galilée qui ne faisait que commencer, mais à la pieuse habitude qu'il avait eue durant toute sa jeunesse de fréquenter le service divin dans les synagogues.
    - Il se leva pour lire, c'est-à-dire qu'il montra, en se levant, son intention de lire et de parler. A l'ordinaire, c'était le président de la synagogue qui invitait à remplir cette fonction quelqu'un des assistants qu'il y croyait propre ; (Actes 13.15,16) mais Jésus, plein du sentiment de sa vocation sainte, s'offre lui-même à prendre la parole, qui lui est aussitôt accordée.
  • 4.17 Et on lui remit le livre du prophète Esaïe, et ayant déroulé le livre, il trouva l'endroit où il était écrit : Le mot : ayant déroulé (tel est le texte de Sin., D, l'Itala, tandis que B. A, la version syr. portent : ayant ouvert) le livre, rappelle que les livres des Hébreux étaient écrits sur de longues bandes de parchemin, roulées autour d'un cylindre.
    Il y avait deux portions des saintes Ecritures fixées pour chaque jour : l'une tirée de la loi (parasche), l'autre des prophètes (haphthare).
    Comme on remit à Jésus le livre du prophète Esaïe, on pourrait penser que le passage qu'il va lire était justement indiqué pour ce jour. S'il en est ainsi, cette grande prophétie messianique, lue publiquement par Celui en qui elle était accomplie, serait d'autant plus frappante. On a voulu aussi tirer de là une conclusion relative à la date de notre scène, en se fondant sur le fait qu'aujourd'hui cette péricope est lue dans les synagogues à la fête des expiations (septembre).
    Mais ce mot : il trouva l'endroit, semble indiquer plutôt que ce passage se présenta providentiellement au Sauveur en déroulant le livre.
  • 4.19 pour publier aux captifs la liberté et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés et pour publier l'année favorable du Seigneur. Esaïe 61.1,2, cité d'après la version grecque des Septante, l'avant-dernière parole de cette prophétie (renvoyer libres les opprimés) étant tirée de Esaïe 58.6.
    Voici d'abord la traduction littérale de l'hébreu, tel que Jésus le lisait à Nazareth, et qui doit servir de point de comparaison : "L'Esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur moi, parce que l'Eternel m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux misérables ; il m'a envoyé pour bander ceux qui ont le cœur brisé, pour publier aux captifs la liberté et à ceux qui sont liés l'ouverture de la prison, pour publier l'année de la bienveillance de l'Eternel."
    C'est le Messie qui parle, c'est son œuvre de rédemption qui est ici décrite. Que la suite du chapitre d'Esaïe annonce, comme on l'admet généralement, le retour de la captivité et les bénédictions que l'Eternel répandra sur son peuple, c'est possible. Mais l'esprit du prophète voit infiniment plus loin et plus haut ; il contemple la présence et l'œuvre du grand Réparateur promis à Israël. Chaque mot de sa prophétie le témoigne, et nous en avons pour preuve l'autorité même de Jésus-Christ. (verset 21)
    Le Messie déclare d'abord de la manière la plus solennelle que l'Esprit du Seigneur, l'Eternel, repose sur lui, parce que l'Eternel l'a oint de cet esprit. Il ne faut donc pas traduire : c'est pourquoi il m'a oint, ce qui est un contresens.
    Oint (expression empruntée à l'usage d'oindre d'huile, 1Rois 19.16 ; Exode 28.41 ; 30.30) est la traduction de l'hébreu Messie et du grec Christ. (Comparer Matthieu 1.16, note.)
    - L'œuvre magnifique, pour laquelle le Libérateur a été oint et envoyé, est indiquée par six termes d'une signification profonde et touchante :
    Annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Ce mot pauvres, emprunté à la version des Septante, doit s'entendre à la fois dans son sens littéral et spirituel. (Matthieu 5.3 ; 11.5) Mais, en hébreu le terme ainsi traduit signifie aussi humble, débonnaire, affligé, misérable. (Psaumes 86.1 et souvent ailleurs.) La bonne nouvelle qui leur est annoncée, c'est le relèvement, la consolation, les richesses de la grâce.
    Guérir ceux qui ont le cœur brisé. Ici se trouve le terme propre, guérir, au lieu de l'expression hébraïque : bander, panser des plaies. Le sens spirituel se comprend de lui-même. Chose singulière, cette parole l'une des plus belles de la prophétie, manque dans Sin., B. D, l'Itala. Presque tous les critiques modernes l'omettent. Mais comme elle est dans l'hébreu et dans la version grecque des Septante, elle ne peut avoir été omise ici que par une inadvertance des copistes.
    3° Annoncer ou publier la liberté aux captifs. Cette promesse s'appliquait en premier lieu aux Israélites captifs à Babylone, elle avait trait aussi à la liberté morale que donne le Sauveur (Jean 8.36) et qui est la source de toutes les libertés.
    Aux aveugles le recouvrement de la vue. Cette parole présente une promesse très belle qui se trouve déjà ailleurs dans les prophètes, (Esaïe 35.5) et que le Seigneur a fréquemment accomplie corporellement et spirituellement pour les aveugles de son temps. Mais ici les Septante se sont écartés de l'hébreu qui porte littéralement : à ceux qui sont liés, ouverture.
    Le verbe ouvrir est souvent joint au mot les yeux dans le sens de rendre la vue ; c'est pourquoi les traducteurs grecs ont vu dans les liés, des aveugles. Il se peut aussi, qu'ils aient pris ce dernier terme dans un sens figuré pour désigner les prisonniers revoyant la lumière au sortir de leurs cachots.
    La Bible annotée traduit : "aux prisonniers le retour à la lumière." Du reste, une autre parole d'Esaïe (Esaïe 42.7) rendait cette association d'idées très naturelle.
    Renvoyer libres les opprimés ou mettre en liberté ceux qui sont froissés, foulés, brisés. Cette parole d'une si belle signification, ne se trouve ni dans l'hébreu ni dans les Septante ; elle a été empruntée à Esaïe 58.6, et introduite ici de mémoire. Peut-être se trouvait-elle déjà dans le document où Luc puisait son récit.
    6° Enfin publier l'année favorable (ou agréée ou agréable) du Seigneur. L'hébreu porte : l'année de bienveillance (ou de grâce) de l'Eternel. Il s'agit de l'année du jubilé, qui revenait tous les cinquante ans ; (Lévitique 25) année de grâce et de joie universelle, où les travaux cessaient, les esclaves étaient rendus à la liberté, les dettes acquittées, les prisonniers amnistiés, etc. Cette année était une image du règne bienheureux du Messie. On comprend toute la grandeur et la beauté des espérances inspirées ainsi au peuple par le prophète, et dont la signification symbolique a été si pleinement réalisée par le Sauveur.
  • 4.20 Et ayant replié le livre, et l'ayant rendu au serviteur, il s'assit, et les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui. Jésus n'avait probablement pas lu seulement le passage de la prophétie rapporté par Luc, mais toute la section où il se trouve, ou peut-être tout le chapitre.
    Et il y avait, déjà dans sa manière de lire, quelque chose qui avait fait pénétrer dans les cœurs la parole divine. De là le vif intérêt avec lequel tous attendaient son explication, de là ces regards de tous fixés sur lui. Cette scène est si vivante que Luc doit l'avoir empruntée à un témoin oculaire.
  • 4.21 Et il commença à leur dire : Aujourd'hui est accomplie cette parole de l'Ecriture, et vous l'entendez. Grec : Aujourd'hui est accomplie cette Ecriture dans vos oreilles ; elle est accomplie au moment même où vous en entendez la lecture faite par Celui qu'annonçait la prophétie. C'est, en effet, le même Messie qui parle et dans le livre d'Esaïe et dans la synagogue de Nazareth.
    - Il y a quelque chose de solennel dans ces mots : Et il commença à leur dire. Cette parole de Jésus ne fut, en effet, que le commencement de son discours.
    Luc ne fait qu'indiquer le sujet de ce discours ; mais il l'indique assez clairement pour que nous sachions que Jésus s'attacha à prouver sa mission divine et les caractères de cette mission. Par là, il renversait toutes les idées charnelles que les Juifs se faisaient du Messie, puisqu'il s'annonçait comme le Libérateur miséricordieux des pauvres, des prisonniers, des cœurs brisés.
  • 4.22 Et tous lui rendaient témoignage, et étaient dans l'étonnement des paroles de la grâce qui sortaient de sa bouche ; et ils disaient : Celui-ci n'est- il pas le fils de Joseph ? Il y a, entre la première et la seconde partie de ce verset, une sorte de contradiction qui ne se comprend pas au premier abord.
    D'une part, un témoignage favorable rendu par tous au Sauveur, à la suite de ce qu'ils venaient d'entendre ; un étonnement ou une admiration (le mot a les deux sens), de cette grâce divine qu'il leur annonçait et qui respirait dans toutes ses paroles ; et, d'autre part, une question qui suppose le doute, la défiance, et qui signifiait : Quoi ? cette œuvre divine pour la délivrance de tout ce qui souffre dans notre humanité serait accomplie par ce jeune homme que nous avons vu grandir au milieu de nous, ce fils du charpentier Joseph dont nous connaissons tous la famille !
    Evidemment la réflexion, la critique, succédant à une première impression favorable mais superficielle, ont produit des dispositions différentes qui iront jusqu'à l'incrédulité, jusqu'à la fureur. (verset 28. Comparer Matthieu 13.55-58 ; Jean 5.44)
    Celles-ci expliquent les paroles de Jésus qui vont suivre, et la déplorable issue de sa première prédication dans sa ville natale.
    - Les interprètes, qui n'admettent pas un tel revirement dans les sentiments du peuple, supposent celui-ci divisé en deux partis, dont l'un aurait éprouvé les impressions d'abord décrites, tandis que l'autre aurait d'emblée exprimé ses doutes sur le fils de Joseph.
    Mais cette explication est exclue par le texte qui dit expressément, d'une part : Tous admiraient (verset 22) et, d'autre part : Tous furent remplis de colère. (verset 28)
  • 4.23 Et il leur dit : Sans doute vous me direz ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même. Fais aussi ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons ouï dire que tu as fait à Capernaüm. Grec : cette parabole. (Comparer Matthieu 13.3, note.)
    - Le mot que nous traduisons ici par sans doute est plus énergique dans l'original : il peut signifier totalement ; comme si Jésus leur avait dit : "Vous irez jusqu'à dire." Mais il signifie aussi "de toute manière," sûrement (1Corinthiens 9.22) et ce sens est plus naturel ici.
    Luc, ainsi que les deux premiers évangélistes, écrit : Capharnaüm.
    - La seconde partie de ce verset explique la première. Jésus pense que ses concitoyens lui appliqueront le proverbe qu'il leur met dans la bouche, parce que, jusqu'ici, il avait exercé son ministère hors de Nazareth, qui devait y avoir les premiers droits : "Guéris-toi toi-même et les tiens, avant d'exercer au loin ta puissance."
    Ils font allusion aux miracles accomplis à Capernaüm. Il y a peut-être même dans leur pensée un doute ironique à cet égard ; on pourrait, en effet, traduire ainsi leurs paroles : "Toutes ces grandes choses dont nous avons entendu parler, fais-les ici, dans ta patrie."
    - Les exégètes qui estiment que le proverbe : Médecin, guéris-toi toimême, est appliqué à Jésus lui-même, expliquent ainsi la pensée de ses auditeurs : "Si tu veux que nous croyions en toi et en la mission que tu t'attribues, sors d'abord de l'obscurité où nous t'avons toujours vu, montre-nous l'autorité et la puissance à laquelle tu prétends, en sortant de l'humble condition dans laquelle nous te voyons."
    Et c'était encore une manière de lui demander des miracles. Mais Jésus, ainsi mis en demeure, n'en fera point ; car là où ses paroles ne rencontrent que l'incrédulité, ses miracles ne créeraient pas la foi. C'est ce que l'Evangile nous dit expressément au sujet d'une autre visite de Jésus à Nazareth. (Matthieu 13.58 ; Marc 6.5)
  • 4.24 Mais il dit : En vérité, je vous déclare que nul prophète n'est bien reçu dans sa patrie. Comparer Matthieu 13.57 ; Marc 6.4 ; Jean 4.44.
    Personne n'a plus de difficulté à reconnaître les dons de Dieu dans un homme que ceux qui vivent familièrement avec lui. Ce qui est devant les yeux empêche de voir les choses spirituelles. (Jean 6.42)
    Aussi ce Mais il dit fait-il opposition à la demande de miracles qu'on adressait à Jésus.
  • 4.25 Mais c'est avec vérité que je vous le dis : Il y avait beaucoup de veuves en Israël, aux jours d'Elie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, tellement qu'il y eut une grande famine par tout le pays ; "Nul prophète n'est bien reçu dans sa patrie, mais c'est avec vérité, comme un sérieux avertissement, que je vous le dis, si cette patrie aveuglée le rejette, d'autres recevront la guérison que vous dédaignez ;" et Jésus va en fournir des preuves historiques. Pour cela, il généralise sa pensée, qu'il reporte de Nazareth sur Israël tout entier.
    En comparant 1Rois 17.1 ; 18.1, on voit que la pluie fut accordée à la prière du prophète dans la troisième année de la sécheresse.
    En disant : trois ans et six mois, (comparez Jacques 5.17) il parait que Jésus adoptait la tradition juive qui tenait compte plutôt de la durée de la famine, que de celle de la sécheresse elle-même.
    En effet, la terre ne put produire qu'une demi-année au moins après avoir reçu la pluie du ciel.
  • 4.26 et Elie ne fut envoyé chez aucune d'elles, si ce n'est à Sarepta de Sidon vers une femme veuve. 1Rois 17.9. Sarepta était une petite ville phénicienne située entre Tyr et Sidon. Le nom s'en est conservé dans celui de Surafend, village qui rappelle encore le souvenir de la ville ancienne (F. Bovet, Voyage en Terre-Sainte, 7e édit., p. 398.)
  • 4.27 Et il y avait beaucoup de lépreux en Israël, au temps d'Elisée le prophète ; et aucun d'eux ne fut guéri, si ce n'est Naaman, le Syrien. 2Rois 5.14. Naaman et la veuve de Sarepta étaient païens l'un et l'autre.
    Par ces deux exemples, si frappants pour des auditeurs juifs, Jésus veut relever cette vérité : aucun homme, aucune ville, aucun peuple n'a des droits à la faveur de Dieu, qui est parfaitement libre dans la dispensation de ses grâces. Et, c'est précisément par des prétentions à un droit, fondé sur des privilèges extérieurs, (verset 23) que l'homme se rend indigne des bénédictions divines.
  • 4.28 Et tous dans la synagogue furent remplis de colère, en entendant ces choses. Cette colère prouve qu'ils ont parfaitement compris le Sauveur. Leur orgueil ne peut supporter l'idée que des païens leur aient jamais été préférés.
  • 4.29 Et s'étant levés, ils le chassèrent hors de la ville, et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter. Jusqu'au sommet ou bord supérieur, escarpement (littér. : sourcil.)
    Nazareth est situé sur le penchant d'une montagne où se voit encore, près de l'église des maronites, une paroi de rochers de 40 à 50 pieds de hauteur.
  • 4.30 Mais lui, ayant passé au milieu d'eux, s'en allait. Ces mots : Mais lui, forment un contraste remarquable avec l'impuissante colère des adversaires.
    - L'imparfait : il s'en allait, peint la scène. Est-ce par un miracle de sa puissance sur leur volonté que Jésus parvient à passer au milieu d'eux et à s'en aller ?
    Plusieurs interprètes l'admettent. D'autres pensent qu'il lui suffit de la majesté de sa personne pour contenir la colère de ces furieux.
    Quoi qu'il en soit, nous voyons qu'ici, et dans d'autres occasions, (Jean 8.59) Jésus sut réduire à néant les desseins meurtriers de ses adversaires, aussi longtemps que "son heure n'était pas venue." Si plus tard il se livra à eux, ce fut volontairement et pour accomplir le grand sacrifice d'où dépendait la rédemption du monde. (Jean 10.18)