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Matthieu 26:26-28
(Annotée Neuchâtel)
   26 Et comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris du pain et prononcé une bénédiction, le rompit, et le donnant à ses disciples, il dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps. 27 Et ayant pris une coupe, et rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous ; 28 car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, lequel est répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés.

Références croisées

26:26 Mc 14:22, Lc 22:19, Lc 24:30, 1Co 11:23-25, Mc 6:41, Ac 2:46, Ac 20:7, 1Co 10:16-17, Jn 6:33-35, Jn 6:47-58, 1Co 11:26-29, Ez 5:4-5, Lc 22:20, 1Co 10:4, 1Co 10:16, Ga 4:24-25
Réciproques : Gn 9:12, Gn 14:18, Gn 40:12, Gn 47:7, Ex 12:8, 1S 9:13, Pr 9:5, Ct 1:2, Ct 1:12, Ez 31:18, Ez 45:22, Mt 14:19, Mt 15:36, Mc 8:6, Jn 6:53, Rm 7:4, 1Jn 5:8
26:27 Mc 14:23-24, Lc 22:20, Ps 116:13, Ct 5:1, Ct 7:9, Es 25:6, Es 55:1, 1Co 10:16, 1Co 11:28
Réciproques : Mt 14:19, Mt 15:36
26:28 Ex 24:7-8, Lv 17:11, Jr 31:31, Za 9:11, Mc 14:24, Lc 22:19, 1Co 11:25, He 9:14-22, He 10:4-14, He 13:20, Mt 20:28, Rm 5:15, Rm 5:19, Ep 1:7, Col 1:14, Col 1:20, He 9:22, He 9:28, 1Jn 2:2, Ap 7:9, Ap 7:14
Réciproques : Lv 3:17, Nb 15:5, Dt 32:14, 2S 23:17, Ps 50:5, Es 42:6, Es 49:8, Dn 9:27, Jn 2:3, 1Co 15:3, 2Co 3:6, Ga 1:4, Ga 3:13, He 5:7, He 7:22, He 8:8, He 9:20, He 10:3, He 12:24, 1P 1:19, 1Jn 5:6, Ap 5:9

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 26
  • 26.26 Et comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris du pain et prononcé une bénédiction, le rompit, et le donnant à ses disciples, il dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Le repas pascal comprenait, d'après les rabbins, les actes suivants :
    1° Le père de famille rendait grâce pour le vin et pour la fête, et mettait en circulation une première coupe.
    2° On apportait une table chargée d'herbes amères, trempées dans du vinaigre et de l'eau salée, des pains sans levain, de l'agneau rôti et de la sauce appelée charoset. (verset 23, note.) Après avoir prononcé une formule de bénédiction, le père de famille prenait quelques herbes amères, les trempait dans la sauce et les mangeait ; les autres convives suivaient son exemple. Sur une question du fils aîné, le père indiquait la signification de ce festin et de tous les plats qui le composaient. On chantait les Psaumes Psaumes 113 et Psaumes 114. La seconde coupe circulait.
    3° Le père, après une ablution de ses mains, prenait deux pains, en rompait un, et en plaçait les morceaux sur l'autre, prononçait une bénédiction, puis enveloppait l'un des morceaux d'herbes amères, le trempait dans la sauce et le mangeait avec un morceau de l'agneau. C'était le signal du repas proprement dit, qui se prolongeait au gré des convives. La conversation était libre. Le père de famille mangeait le dernier morceau de l'agneau, se lavait les mains et distribuait la troisième coupe, appelée "coupe de bénédiction."
    4° On chantait les Psaumes Psaumes 115 à Psaumes 118 et une quatrième coupe circulait. (Comparer E. Stapfer, La Palestine, p. 425.)
    Ces mots : comme ils mangeaient, désignent, aussi bien qu'au verset 21, le moment plus libre du repas qui suivait la célébration cérémonielle de la Pâque.
    Luc et Paul (Luc 22.20 ; 1Corinthiens 11.25) disent que Jésus donna la coupe après le souper. Ils entendent sans doute la troisième coupe et c'est pour cela que l'apôtre l'appelle "la coupe de bénédiction." (1Corinthiens 10.16)
    Le texte reçu dit : "Jésus prit le pain." L'article (le) n'est pas authentique. Il ne s'agit point d'un pain spécial destiné à la cène, mais d'un quelconque des pains qui se trouvaient sur la table.
    - Au lieu des mots : ayant prononcé une bénédiction (grec ayant béni), plusieurs manuscrits portent : ayant rendu grâce, comme au verset 27. C'est aussi le terme employé par Luc et par Paul. (1Corinthiens 11.24)
    L'usage de rendre grâce avant la cène se conserva dans l'Eglise ; de là est venu le nom d'eucharistie (action de grâce), par lequel on désignait la communion. Dans la célébration de la Pâque, le père de famille, en prenant le pain, disait : "Béni soit celui qui produit le pain du sein de la terre." On a quelquefois pensé que ce fut par ces paroles que Jésus bénit le pain. Cela n'est pas probable. Il exprima sans doute du fond de son cœur des sentiments nouveaux, conformes à la grâce nouvelle qu'il communiquait.
    - Ce pain, il le rompit ; action symbolique, comme tous les traits de cette institution ; elle indiquait que le corps du Sauveur allait être rompu, brisé par la souffrance et par la mort. Le même usage symbolique se conserva dans l'Eglise apostolique, où la cène s'appelait la "fraction du pain." (Actes 2.42)
    L'emploi d'une hostie a donc été plus tard une dérogation à la vérité de ce symbole.
    Ceci désigne simplement le pain que Jésus tenait dans sa main et distribuait aux disciples. Le mot est, sur lequel on a tant discuté, n'était point exprimé dans la langue que le Sauveur parlait (l'araméen).
    En disant : mon corps "donné pour vous" (Luc 22.19) et ensuite : mon sang "répandu pour la rémission des péchés," Jésus désignait à ses disciples sa personne, sa vie, qu'il allait livrer comme rançon pour plusieurs. (Matthieu 20.28)
    Comme Jésus était présent et vivant au milieu d'eux, en prononçant ces paroles, il est évident qu'il ne pouvait pas matériellement leur donner son corps à manger et son sang à boire, et qu'ainsi ces paroles étaient prononcées dans un sens symbolique.
    Mais sous ce symbole il y avait une profonde réalité. Jésus ne montre pas seulement à ses disciples les signes sacrés de son corps et de son sang, mais il dit : Prenez, mangez. Or, cela aussi est symbolique ; c'est l'acte d'une appropriation intérieure et personnelle de toute l'efficace du sacrifice qui allait s'accomplir par la mort du Sauveur ; de sorte que celui qui fait cet acte par une foi vivante en lui, entre dans la communion réelle du corps et du sang de Christ. (1Corinthiens 10.16)
    Mais ce Christ, "livré à cause de nos offenses," est aussi "ressuscité à cause de notre justification ;" (Romains 4.25) il est vivant, glorifié, et à celui qui fait une vraie communion avec lui, il se donne avec toute l'efficace de sa mort et toute la réalité de sa vie. (Jean 6.51-58) Nous trouvons donc dans la cène du Seigneur, comme dans tout l'Evangile :
    1° Christ "pour nous," sa mort expiatoire, son sacrifice représenté, offert à l'homme pécheur ;
    2° Christ "en nous," c'est-à-dire se donnant, s'unissant à nous, devenant la nourriture, la force, la vie de notre âme, aussi réellement que le pain et le vin deviennent la nourriture, la force, la vie du corps.
    Toutes les communions chrétiennes sont d'accord sur cette signification essentielle de la cène, elles diffèrent sur le "comment" de la présence de Christ et de sa communication aux fidèles. Or ce "comment" est un mystère dont l'intelligence n'est point nécessaire à l'édification.
  • 26.27 Et ayant pris une coupe, et rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous ; Matthieu (selon le vrai texte) et Marc disent : une coupe, une de celles qui se trouvaient sur la table ; Luc et Paul écrivent : la coupe, d'où l'on a conclu qu'il s'agissait de l'une de celles qui circulaient pendant le repas de la Pâque. (Comparer verset 26, première note.)
    - Rendre grâces n'a pas un sens différent du mot bénir ou prononcer une bénédiction. (verset 26) Il s'agit d'une prière ou d'un chant d'adoration et de reconnaissance. Les mots : "buvez-en tous," sont d'autant plus frappants que rien en apparence ne les rendait nécessaires. Jésus n'a pas fait la même recommandation à propos du pain. Marc relève cette circonstance en disant : "et ils en burent tous."
    - "Ainsi a parlé l'Ecriture, prévoyant (Galates 3.8) ce que ferait Rome." Bengel.
  • 26.28 car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, lequel est répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés. Ces paroles motivent (car) l'ordre de Jésus donné à tous. (verset 28)
    - Ceci désigne la coupe ou le vin qui y est renfermé. Ce vin est le symbole du sang de Jésus qui allait être répandu.
    Dans Matthieu et Marc, selon le vrai texte littéralement traduit, Jésus dit : Ceci est mon sang de l'alliance ; le texte reçu porte "de la nouvelle alliance."
    Cette variante est assez fortement documentée dans Matthieu surtout (A, C, D, les versions.). Mais elle parait provenir de l'intention de donner à la parole eucharistique dans les deux premiers évangiles la même forme que dans Luc et dans Paul. Il est donc probable qu'il faut la rejeter, et la parole de Jésus est dès lors exactement conforme à la déclaration de Moise : "Voici le sang de l'Alliance que l'Eternel a traitée avec nous." (Exode 24.8)
    Seulement Jésus, par ce mot mon sang, substitue son propre sang à celui de la victime, que répandait Moïse, comme, par la coïncidence de la Pâque et de la cène, il substitue à l'agneau pascal le vrai "agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde."
    Jésus scelle ainsi de son sang, c'est-à-dire par sa mort, la vraie alliance de la grâce entre Dieu et l'homme, dont l'alliance ancienne n'était que l'image. De là est venu le terme de nouvelle alliance qui se trouve dans Luc et Paul, d'où il a passé dans le texte reçu de Matthieu et Marc. (Voir sur les autres différences entre Matthieu et Marc d'une part, et Luc et Paul de l'autre, Luc 22.19,20 ; 1Corinthiens 11.23-25, notes.)
    Ces paroles expliquent comment et pourquoi le sang de Jésus est devenu le sang de l'alliance : c'est qu'il est répandu pour la rémission des péchés. Ainsi, la mort expiatoire du Sauveur est la cause objective du pardon, et la foi en est la cause subjective dans le communiant.
    De là peut-être ce mot pour plusieurs, qui limite aux croyants l'efficace du sacrifice de la croix, tandis que dans l'intention de Dieu il a eu lieu pour tous. (1Jean 2.2)
    Nous avons ainsi dans ces paroles prononcées par le Seigneur lui-même une déclaration authentique et irrécusable sur la signification et le but de sa mort expiatoire, dont le premier fruit est le pardon de nos péchés, et dont le croyant reçoit toujours de nouveau le sceau et l'assurance dans la cène.
    - Ce qui remplissait l'âme de Jésus dans ce moment solennel où il instituait la cène, c'est l'immense amour qui le poussait à se livrer à la mort pour ses rachetés. C'est aussi le gage et le souvenir de cet amour qu'il lègue en mourant à son Eglise de tous les temps, en disant : "Faites ceci en souvenir de moi.." (1Corinthiens 11.24,25) Le sentiment de cet amour de Jésus doit dominer toute autre pensée dans chaque célébration de la cène.