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Matthieu 5:27-48
(Annotée Neuchâtel)
27 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras point adultère.
28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis adultère avec elle dans son coeur.
29 Or si ton oeil droit te fait tomber, arrache-le et le jette loin de toi, car il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres périsse et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne.
30 Et si ta main droite te fait tomber, coupe-la, et la jette loin de toi, car il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres périsse et que tout ton corps n'aille pas dans la géhenne.
31 Il a été dit aussi : Si quelqu'un répudie sa femme, qu'il lui donne une lettre de divorce.
32 Mais moi, je vous dis que quiconque répudie sa femme, si ce n'est pour cause de fornication, la fait devenir adultère ; et que quiconque épouse une femme répudiée, commet adultère.
33 Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu tiendras tes serments au Seigneur.
34 Mais moi, je vous dis de ne point jurer du tout ; ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu ;
35 ni par la terre, parce que c'est le marchepied de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand Roi.
36 Tu ne jureras pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux rendre un seul cheveu blanc ou noir.
37 Mais que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu'on dit de plus vient du malin.
38 Vous avez entendu qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent.
39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant ; mais quiconque te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.
40 Et à celui qui veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau.
41 Et quiconque te contraindra de faire un mille, fais-en deux avec lui.
42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.
43 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ;
45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? les péagers aussi ne le font-ils pas ?
47 Et si vous ne faites accueil qu'à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi ne le font-ils pas ?
48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

Références croisées

5:27 Ex 20:14, Lv 20:10, Dt 5:18, Dt 22:22-24, Pr 6:32
Réciproques : Lv 18:20, Ne 8:8, Jr 5:8, Ez 22:11, Ml 2:9, Mt 5:21, Lc 7:6
5:28 Mt 5:22, Mt 5:39, Mt 7:28-29, Gn 34:2, Gn 39:7-23, Ex 20:17, 2S 11:2, Jb 31:1, Jb 31:9, Pr 6:25, Jc 1:14-15, 2P 2:14, 1Jn 2:16, Ps 119:96, Rm 7:7-8, Rm 7:14
Réciproques : Gn 3:6, Gn 12:14, Ex 20:14, Lv 18:20, Dt 5:18, Js 7:21, Ne 8:8, Ps 101:3, Ps 119:37, Pr 7:25, Pr 23:31, Pr 24:9, Ec 11:9, Jr 5:8, Ez 18:6, Ez 22:11, Ez 23:16, Za 8:17, Ml 2:9, Ml 2:15, Mt 5:32, Mt 7:24, Mc 9:47, 1Jn 3:15
5:29 Mt 18:8-9, Mc 9:43-48, Mt 19:12, Rm 6:6, Rm 8:13, 1Co 9:27, Ga 5:24, Col 3:5, 1P 4:1-3, Mt 16:26, Pr 5:8-14, Mc 8:36, Lc 9:24-25
Réciproques : Js 7:21, Jb 20:13, Jb 22:2, Jb 31:1, Jb 31:7, Jb 36:21, Ps 18:23, Ml 2:15, Mt 5:22, Mc 8:34, Mc 9:47, Lc 16:23, Ac 19:19, 2Co 4:16, 2Co 7:11
5:30 Mt 11:6, Mt 13:21, Mt 16:23, Mt 18:6-7, Mt 26:31, Lc 17:2, Rm 9:33, Rm 14:20-21, 1Co 8:13, Ga 5:11, 1P 2:8, Mt 22:13, Mt 25:20, Lc 12:5
Réciproques : Jb 20:13, Jb 36:21, Ps 18:23, Ps 144:8, Mt 5:22, Mt 18:8, Mc 8:34, Mc 9:43, Ac 19:19, 2Co 4:16, 2Co 7:11
5:31 Mt 19:3, Mt 19:7, Dt 24:1-4, Jr 3:1, Mc 10:2-9
Réciproques : Ml 2:16, Mc 10:4, Mc 10:11
5:32 Mt 5:28, Lc 9:30, Lc 9:35, Mt 19:8-9, Ml 2:14-16, Mc 10:5-12, Lc 16:18, Rm 7:3, 1Co 7:4, 1Co 7:10, 1Co 7:11
Réciproques : Dt 24:1, Dt 24:2, Ml 2:16, Mt 7:29, Mt 19:3, Mc 10:2, Mc 10:4, Mc 10:11
5:33 Mt 23:16, Ex 20:7, Lv 19:12, Nb 30:2-16, Dt 5:11, Dt 23:23, Ps 50:14, Ps 76:11, Ec 5:4-6, Na 1:15
Réciproques : Gn 42:15, Ps 15:4, Ps 116:14, Ps 119:106, Pr 20:25, Za 5:3, Ml 2:9, Mt 5:21, 1Tm 1:10, Jc 5:12
5:34 Dt 23:21-23, Ec 9:2, Jc 5:12, Mt 23:16-22, Es 57:15, Es 66:1
Réciproques : Lv 19:12, Nb 30:2, Dt 5:11, Ps 11:4, Ez 43:7, Dn 4:26, Mt 5:22, Mt 23:22, Mt 26:72, Mc 6:23, Ac 7:49, Ac 17:24
5:35 Ps 99:5, 2Ch 6:6, Ps 48:2, Ps 87:2, Ml 1:14, Ap 21:2, Ap 21:10
Réciproques : Ps 95:3, Es 66:1, Jr 46:18, Ez 43:7, Ac 7:49, He 12:22
5:36 Mt 23:16-21, Mt 6:27, Lc 12:25
5:37 2Co 1:17-20, Col 4:6, Jc 5:12, Mt 13:19, Mt 15:19, Jn 8:44, Ep 4:25, Col 3:9, Jc 5:12
5:38 Ex 21:22-27, Lv 24:19-20, Dt 19:19
Réciproques : Ex 21:24, Dt 19:21
5:39 Lv 19:18, 1S 24:10-15, 1S 25:31-34, 1S 26:8-10, Jb 31:29-31, Pr 20:22, Pr 24:29, Lc 6:29, Rm 12:17-19, 1Co 6:7, 1Th 5:15, He 12:4, Jc 5:6, 1P 3:9, 1R 22:24, Jb 16:10, Es 50:6, Lm 3:30, Mi 5:1, Lc 6:29, Lc 22:64, 1P 2:20-23
Réciproques : Dt 19:21, Pr 3:30, Pr 17:14, Mt 5:28, Mt 26:52, Mt 26:67, Lc 9:56, Rm 12:19, Ph 4:5
5:40 Lc 6:29, 1Co 6:7
5:41 Mt 27:32, Mc 15:21, Lc 23:26
Réciproques : Lc 6:29
5:42 Mt 25:35-40, Dt 15:7-14, Jb 31:16-20, Ps 37:21, Ps 37:25, Ps 37:26, Ps 112:5-9, Pr 3:27-28, Pr 11:24-25, Pr 19:17, Ec 11:1-2, Ec 11:6, Es 58:6-12, Dn 4:27, Lc 6:30-36, Lc 11:41, Lc 14:12-14, Rm 12:20, 2Co 9:6-15, 1Tm 6:17-19, He 6:10, He 13:16, Jc 1:27, Jc 2:15-16, 1Jn 3:16-18
Réciproques : Ex 22:14, Dt 15:11, Lc 6:34, Lc 12:17
5:43 Mt 19:19, Mt 22:39-40, Lv 19:18, Mc 12:31-34, Lc 10:27-29, Rm 13:8-10, Ga 5:13-14, Jc 2:8, Ex 17:14-16, Dt 23:6, Dt 25:17, Ps 41:10, Ps 139:21-22
Réciproques : Lv 19:34, Dt 4:2, Jb 31:30, Ml 2:9, Mt 5:21, Lc 6:27, Lc 10:29, Lc 10:34, Ga 6:10, 1Jn 2:7
5:44 Ex 23:4-5, 2R 6:22, 2Ch 28:9-15, Ps 7:4, Ps 35:13-14, Pr 25:21-22, Lc 6:27-28, Lc 6:34, Lc 6:35, Lc 23:34, Ac 7:60, Rm 12:14, Rm 12:20, Rm 12:21, 1Co 4:12-13, 1Co 13:4-8, 1P 2:23, 1P 3:9
Réciproques : Gn 42:25, Gn 50:21, Ex 10:18, Lv 19:18, Nb 12:13, Nb 16:47, Dt 22:4, 1S 15:11, 1S 24:6, 1S 24:7, 1S 24:17, 2S 1:12, 2S 2:6, 2S 9:3, 1R 13:6, Jb 31:30, Ps 26:3, Ps 141:5, Pr 19:11, Es 11:9, Jr 15:10, Ml 2:9, Mt 5:22, Mt 7:29, Mt 18:33, Lc 10:29, Lc 17:4, Jn 15:8, Ac 14:5, Ac 16:28, Col 3:13, 1Th 5:15, 1Tm 2:8, Jc 3:9
5:45 Mt 5:9, Lc 6:35, Jn 13:35, Ep 5:1, 1Jn 3:9, Jb 25:3, Ps 145:9, Ac 14:17
Réciproques : Gn 2:5, Gn 25:6, Lv 26:4, Nb 12:13, Dt 4:19, Dt 10:18, Dt 33:14, Js 10:13, 2S 9:3, Jb 38:28, Ps 33:5, Ps 74:16, Ps 104:13, Ps 119:68, Ps 119:91, Ps 136:8, Ps 147:8, Pr 4:18, Pr 19:11, Pr 29:13, Ec 11:7, Es 11:9, Jr 5:24, Jr 14:22, Jr 31:35, Mt 5:16, Mt 5:48, Mt 15:27, Mt 18:33, Mc 7:28, Lc 11:13, Lc 12:16, Jn 8:39, Ac 17:25, Rm 1:20, Ph 2:15, 1Th 5:15, 1P 3:11
5:46 Mt 6:1, Lc 6:32-35, 1P 2:20-23, Mt 9:10-11, Mt 11:19, Mt 18:17, Mt 21:31-32, Lc 15:1, Lc 18:13, Lc 19:2, Lc 19:7
Réciproques : 2Ch 15:7, Pr 12:26, Mt 6:32, Lc 14:12, Col 3:24
5:47 Mt 10:12, Lc 6:32, Lc 10:4-5, Mt 5:20, 1P 2:20
Réciproques : 2R 6:23, Ne 5:15, Mt 6:32, Mt 9:10, Lc 9:20, Lc 12:30, Ac 21:7
5:48 Gn 17:1, Lv 11:44, Lv 19:2, Lv 20:26, Dt 18:13, Jb 1:1-2, Jb 1:3, Ps 37:37, Lc 6:36, Lc 6:40, 2Co 7:1, 2Co 13:9, 2Co 13:11, Ph 3:12-15, Col 1:28, Col 4:12, Jc 1:4, 1P 1:15-16, Mt 5:16, Mt 5:45, Ep 3:1, Ep 5:1-2, 1Jn 3:3
Réciproques : Dt 27:10, Dt 32:4, 2S 22:31, Mt 5:9, Mt 6:1, Mt 6:9, Mt 19:21, Jn 17:11, 1Co 2:6, Ph 2:15, He 5:14, He 6:1

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 5
  • 5.27 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras point adultère. Exode 20.14 Second exemple de la vraie interprétation de la loi. (verset 21)
    Les paroles qui suivent montrent qu'ici encore la morale pharisaïque ne voyait la violation du commandement que dans l'acte matériel de l'adultère. On sait aussi que les docteurs juifs jugeaient très diversement des mauvaises pensées et des mauvais sentiments du cœur qui ne se traduisent pas en actions.
  • 5.28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. En quoi consiste l'adultère commis dans le cœur ? Non dans le regard seul, mais dans l'acquiescement de la volonté à la convoitise. C'est ce qui est marqué par ces mots : pour la convoiter.
    Tout homme qui regarde une femme dans de telles dispositions pèche déjà. Tout péché d'intention, dont les circonstances empêchent la consommation, est commis aux yeux de Dieu, qui "regarde au cœur."
  • 5.29 Or si ton œil droit te fait tomber, arrache-le et le jette loin de toi, car il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres périsse et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Grec : te scandalise, c'est-à-dire est pour toi une occasion de chute.
    Le mot grec, scandale, dans son sens littéral, signifie un obstacle matériel mis devant les pas de quelqu'un pour le faire tomber. Le sens spirituel ou moral est dès lors évident. (Voir Matthieu 16.23,18.8, etc.) Le précepte que Jésus ajoute (versets 29,30) au sixième commandement est semblable, comme le remarque Weiss, à celui dont il fait suivre le cinquième commandement. (versets 24-26) Là il s'agissait de sentiments d'amertume et des dispositions d'un cœur non réconcilié qui reviennent spontanément à la mémoire, ici il s'agit de la convoitise impure, qui, à l'état latent dans le cœur, est excitée sans qu'il y ait concours de la volonté. Jésus indique quelles mesures radicales il faut prendre dans ce cas.
  • 5.30 Et si ta main droite te fait tomber, coupe-la, et la jette loin de toi, car il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres périsse et que tout ton corps n'aille pas dans la géhenne. Bien que cette énergique image soit susceptible d'applications très diverses et que Jésus l'ait employée plus d'une fois Matthieu 18.8,Marc 9.47 on voit dès l'abord quel en est le rapport avec la pensée du verset 28.
    On consent dans certaines maladies dangereuses à subir l'amputation d'un œil, d'une main, d'un membre, si nécessaire soit-il, pour sauver la vie de tout le corps. Ainsi le renoncement le plus absolu, le sacrifice le plus douloureux vaut mieux (grec t'est avantageux) que si tout ton être était jeté dans la géhenne. (Voir sur ce dernier mot verset 22, note, et sur toute sa pensée Matthieu 16.24-26,19.29)
  • 5.32 Mais moi, je vous dis que quiconque répudie sa femme, si ce n'est pour cause de fornication, la fait devenir adultère ; et que quiconque épouse une femme répudiée, commet adultère. Troisième exemple.
    Cet enseignement du Sauveur sur la sainteté du mariage se retrouve aussi ailleurs, provoqué par une question qui lui fut adressée ; (Matthieu 19.3 et suivants) mais il peut fort bien avoir été donné déjà ici, à l'occasion de l'instruction qui précède sur l'adultère.
    La prescription mosaïque que cite Jésus (verset 31) se trouve dans Deutéronome 24.1. Elle permettait le divorce ; la lettre ou (grec) l'acte de répudiation que donnait, dans ce cas le mari à sa femme, constatait officiellement la séparation. Les Juifs, au temps de Jésus, abusaient de cette autorisation, dont les termes étaient un peu vagues.
    L'école plus stricte de Schammaï n'admettait que l'adultère comme cause de divorce ; mais d'autres : rabbins interprétaient le texte mosaïque : "Si elle n'a pas trouvé grâce à tes yeux," en disant : "Si quelqu'un voit une femme plus belle que la sienne, qu'il répudie la sienne." (E. Stapfer, La Palestine,...p. 150 et suivants)
    Jésus, qui juge le commandement de Moïse lui-même, (Matthieu 19.8) réagit fortement contre la pratique religieuse de ses contemporains. (Matthieu 19.9) Il n'admet qu'un cas qui légitime le divorce : la fornication, c'est-à-dire, pour la femme mariée, l'adultère, qui brise et détruit de fait le lien conjugal.
    Et encore d'excellents interprètes (B. Weiss) estiment que Jésus ne donne pas ici l'adultère comme motif de divorce, mais qu'il veut seulement dire : celui qui répudie sa femme l'expose à devenir adultère, à moins que par la fornication, elle ne se soit déjà rendue telle.
    - Si nous admettons la première explication, qui paraît plus naturelle, Jésus pose ces deux principes : celui qui répudie sa femme pour les motifs futiles alors considères comme suffisants, la fait devenir adultère, par la liberté qu'il lui donne de se remarier, tandis qu'en droit elle est la femme d'un autre ; et celui qui épouse une femme ainsi séparée commet le même péché, par la même raison. Mais une question se pose : si la séparation a eu lieu pour cause d'adultère, et qu'ainsi le divorce soit légal, un second mariage le sera-t-il aussi ?
    Les uns, d'après ce texte, répondent oui : et telle est l'opinion qui a prévalu dans l'Eglise et dans les législations des pays protestants, qui ont même statué d'autres causes légitimes de divorce, les autres, se fondant sur les passages parallèles Luc 16.18 ; Marc 10.11 où ne se trouve pas la cause exceptionnelle admise ici (si ce n'est pour cause de fornication), répondent non, et considèrent le mariage après divorce comme interdit d'une manière absolue.
    Telle est l'opinion et la pratique de l'Eglise et des législations catholiques, qui n'autorisent en aucun cas le divorce, mais seulement la séparation. La question est complexe ; Jésus n'a point entendu l'épuiser ici, puisqu'il ne parle que de la femme, qui pourtant a les mêmes droits, et nullement du mari, qui peut avoir les mêmes torts. (Voir toutefois Marc 10.12, note.) L'apôtre Paul présente de la même manière les deux faces de ce sujet : la pratique la plus sévère 1Corinthiens 7.10,11 et le point de vue plus adouci. (verset 15) Mais là il ne parle que de la séparation, et non d'un second mariage. (Voir Matthieu 19.9, note.)
  • 5.33 Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu tiendras tes serments au Seigneur. Quatrième exemple.
    Cette citation ne se trouve nulle part littéralement dans l'Ancien Testament, mais la pensée revient dans plus d'un passage. Ainsi la défense du parjure ou faux serment est contenue dans Lévitique 19.12, et le devoir de tenir au Seigneur ses serments, ou ses vœux, ou ses promesses, se trouve prescrit dans Deutéronome 23.21. Sur ce point régnaient aussi parmi les Juifs de pernicieux abus, qui ne se sont que trop perpétués chez les chrétiens.
  • 5.37 Mais que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu'on dit de plus vient du malin. Qu'est-ce que le Sauveur enseigne à ses disciples au sujet du serment ? Ses paroles sont si claires et si précises, que l'exégèse ne saurait hésiter un instant.
    Aux prescriptions et aux usages de la loi ancienne, il oppose avec une autorité souveraine (mais moi je vous dis) le commandement de ne jurer point du tout (grec totalement, entièrement, ce qui rend la négation absolue). Et comme, par un certain respect pour le saint nom de Dieu, l'usage s'était introduit chez les Juifs de jurer par d'autres objets vénérables, par le ciel, par la terre, par Jérusalem, etc., avec la pensée que ces sortes de serments liaient moins la conscience, Jésus poursuit ce préjugé en montrant que ces formules remontent pourtant jusqu'à Dieu, qui remplit de sa sainte présence les cieux et la terre, tout l'univers. (Comparer Matthieu 23.16 et suivants)
    Ainsi, le ciel, c'est le trône de Dieu qui y règne Esaïe 66.1 la terre c'est le marchepied de ses pieds ; voir encore Esaïe 66.2, où Dieu dit par la bouche du prophète : "Ma main a fait toutes ces choses," comparez Matthieu 23.22 ;
    Jérusalem, c'est la ville du grand Roi, la sainte cité de Jéhovah Matthieu 4.8,Psaumes 48.2,3 ta tête, bien loin de pouvoir en disposer, tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir ; ton impuissance rend ton serment téméraire !
    Conclusion : Ne jurez par aucun de ces objets, votre serment n en serait pas moins grave : en jurant par la créature vous jurez par le Créateur. Que faire donc ? Affirmer la vérité par un oui ou un non, prononcé sous le regard de Dieu, en présence duquel vous agissez et parlez toujours. Tout ce que vous ajouteriez vient du malin, du père du mensonge, qui règne dans le monde, ce qui fait que le monde se défie de la parole des hommes. D'autres traduisent vient du mal, (comparez Matthieu 6.13) du péché qui règne dans le monde et fait prédominer la fausseté dans les relations humaines.
    - Telle est la pensée du Sauveur, pensée seule digne de son règne et de ceux qui y appartiennent, pensée aussi clairement répétée plus tard par un de ses apôtres Jacques 5.12 et pleinement admise par les Pères de l'Eglise, Justin, Irénee, Clément, Origène, Chrysostome, Jérôme et d'autres.
    - Toutes les tentatives qu'on a faites pour tirer de notre passage un sens diffèrent, sont des tours de force exégétiques ; tous les meilleurs interprètes, même ceux qui admettent la légitimité du serment, en conviennent. Aussi cherchent-ils ailleurs des arguments. On dit que le serment était prescrit dans l'Ancien Testament Exode 22.11 ; Deutéronome 6.13 qu'il est un honneur rendu à Dieu Jérémie 4.2 ; Hébreux 6.16, que l'apôtre Paul emploie des affirmations qui équivalent au serment : Romains 1.9 ; 2Corinthiens 1.23 ; Galates 1.20,Philippiens 1.8 que Jésus a fait un serment Matthieu 26.63, enfin que Dieu lui-même jure. Genèse 22.16 ; 26.3 ; Esaïe 45.23 et ailleurs.
    Si ces arguments sont fondés, il faut reconnaître qu'ils sont en contradiction directe avec le précepte de Jésus-Christ qui nous occupe, à moins qu'on n'admette, avec beaucoup d'interprètes modernes, que ce précepte, de même que d'autres du sermon sur la montagne, (versets 32,39,40,41) n'est pas applicable aux relations sociales, ni destiné à régler l'organisation de la société, mais seulement les rapports des chrétiens entre eux dans cette communauté idéale, où règne la perfection, et qui s'appelle le royaume des cieux. Mais l'intention de Jésus était-elle bien de proclamer une loi toute spirituelle et abstraite ? Ses auditeurs galiléens pouvaient-ils comprendre ainsi ses préceptes ? Et aujourd'hui encore, en présence des mensonges, des parjures, des violences faites aux consciences, de l'abus criant des serments politiques, le tout sous l'invocation du saint nom de Dieu, n'y a-t-il pas plus de sûreté pour la conscience dans l'obéissance à la parole si claire et si nette du Sauveur
  • 5.38 Vous avez entendu qu'il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent. Cinquième exemple.
    Dans la législation mosaïque, ces paroles prescrivaient au juge d'infliger au coupable une peine correspondant exactement et matériellement au délit commis. Exode 21.24 et suivants, Lévitique 24.20 ; Deutéronome 19.21
    C'est la loi du talion, admise aussi dans les XII tables du droit romain, c'est la rigoureuse justice. Mais moi je vous dis...
  • 5.39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant ; mais quiconque te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. Le mot grec peut être pris ici pour un adjectif neutre, alors il signifie au mal qu'on veut vous faire ; ou bien pour un substantif masculin et alors il faut traduire au méchant, à l'homme mauvais qui veut entamer un procès injuste contre vous. C'est ce dernier sens qui est le plus probable.
    Résister aux méchant, c'est rendre le mal pour le mal : la loi du talion et celle du cœur de l'homme est, en recevant un soufflet ou une injure quelconque, de le rendre à l'instant. Jésus veut, et ses apôtres après lui, Romains 12.17,19 ; 1Pierre 3.9, qu'au lieu d'exercer ainsi la vengeance, le chrétien souffre plutôt une nouvelle injure, et c'est là ce qu'il faut entendre par présenter l'autre joue. (Comparer Jean 18.22) Faire de ce précepte un principe de morale sociale, ce serait encourager le méchant, en lui donnant occasion de faire plus de mal.
  • 5.40 Et à celui qui veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui aussi le manteau. Plaider contre toi (gr. être jugé aller en justice), entamer un procès dont l'objet serait de t'enlever ta tunique (vêtement de dessous chez les Orientaux) ; au lieu de soutenir ce procès qui provoquerait la haine et d'autres querelles, souffre plutôt une seconde perte plus grande, celle du manteau. Telle est aussi la morale de saint Paul. 1Corinthiens 6.1-7
  • 5.41 Et quiconque te contraindra de faire un mille, fais-en deux avec lui. L'expression est empruntée à un usage oriental introduit par les Perses, d'après lequel les employés de l'état et en particulier les courriers postaux, étaient autorisés à requérir des hommes pour porter un message, un fardeau, etc.
  • 5.42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi. Donner, prêter, exigent le discernement de la vérité, non moins que le désintéressement de la charité. Mais les disciples de Jésus pèchent plus souvent à cet égard par trop de retenue que par trop d'abandon.
  • 5.43 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Sixième exemple.
    La première partie de ce précepte était seule dans la loi Lévitique 19.18 la seconde était une glose du pharisaïsme, qui entendait par le prochain les Juifs, à l'exclusion des hommes de nationalités différentes. Ceux-ci étaient des ennemis qu'on pouvait haïr, et l'on n'hésitait pas à appliquer ce principe à des ennemis personnels. La loi prescrivait tout le contraire Exode 23.4-6 et la conduite des Israélites pieux donnait un exemple tout opposé. Psaumes 7.5 ; 35.13,14 ; Job 31.29 ; Proverbes 24.17,18 ; 25.21
    Toutefois il faut bien reconnaître que l'amour du prochain, dans sa plénitude, n'a été enseigné que par le Sauveur, et qu'il est une création de l'Evangile dans le cœur du chrétien.
  • 5.44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ; Le texte reçu, avec D., la plupart des majuscules ajoute : bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous outragent et vous persécutent. La presque unanimité des critiques, des exégètes et des traducteurs retranchent ces mots sur l'autorité de Sin., B., de versions et de Pères, les regardant comme empruntés à Luc 6.27.
    Quoi qu'il en soit, Jésus a prononcé ces paroles, qui présentent une progression remarquable, à la fois dans le mal à souffrir et dans le bien à faire. D'une part des ennemis qui maudissent, haïssent, persécutent, d'autre part des chrétiens qui aiment, bénissent, font du bien, prient. De part et d'autre on passe des sentiments aux actes.
    "Voici donc trois degrés de charité envers des ennemis : les aimer, leur faire du bien, prier pour eux. Le dernier est celui qu'on croit pouvoir faire le plus aisément, mais c'est pourtant le plus difficile, parce que c'est celui qu'on fait par rapport à Dieu. Rien ne doit être plus sincère, ni plus cordial, ni plus véritable, que ce qu'on présente à Celui qui voit tout jusqu'au fond du cœur." Bossuet.
  • 5.45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Motif suprême de la morale chrétienne, être en réalité fils de Dieu, (verset 9) animés de son Esprit, lui ressembler comme un fils ressemble à son père, l'imiter dans nos sentiments et notre vie. Ephésiens 5.1
    - Votre Père ; jamais Jésus ne dit notre Père, en se comprenant dans ce mot avec ses disciples ; mais toujours mon Père ou votre Père. Distinction très significative. Comp, Jean 20.17 Qui est dans les cieux. (Matthieu 6.9, note.)
    Son soleil : "Magnifique appellation ! lui-même a fait le soleil et le gouverne, et le possède en sa seule puissance." Bengel.
    Les bienfaits de Dieu dans la création, même envers ses ennemis, sont offerts à notre imitation. Ces arguments tirés de la nature, qui dévaste aussi et détruit parfois ne suffiraient pas pour nous faire connaître et aimer Dieu comme notre Père, mais ils parlent au sentiment religieux, et Jésus leur prête ici son autorité. Comparer Actes 14.17
  • 5.46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? les péagers aussi ne le font-ils pas ? Après : avoir motivé l'amour des ennemis (verset 44) par l'obligation d'être fils du Père, (verset 45) Jésus présente un second motif (car) en faveur du même précepte : Aimer ceux qui nous aiment est naturel au cœur de l'homme et ne saurait prétendre à une récompense. (Matthieu 5.12 ; Matthieu 6.1, notes.)
    Les péagers mêmes le font. Les Juifs haïssaient et méprisaient ces hommes qui s'étaient mis au service de la domination romaine pour prélever des impôts détestés, et qui le faisaient souvent avec dureté et injustice. Aussi dans l'Evangile sont-ils nommés avec les pécheurs les plus décriés. Matthieu 21.31,32 ; Luc 15.1
  • 5.47 Et si vous ne faites accueil qu'à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi ne le font-ils pas ? Faire accueil (grec saluer) signifie témoigner de la bienveillance, de l'affection. Le faire en faveur de frères ou d'amis (ainsi porte une variante), il n'y a rien là d'extraordinaire (grec d'excellent, de distingué), rien qui dépasse la mesure de la nature humaine.
    Les païens (le texte reçu répète ici le mot péagers) le font aussi.
  • 5.48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Gr. Vous serez parfaits. Futur mis pour l'impératif ; ou bien : Vous le serez, Je l'attends de vous et, par la voie que je vous ouvre, vous y parviendrez. Parfaits pourrait se rapporter à tout ce qui précède dans ce chapitre, et indiquerait une perfection morale ressemblant à tous égards à celle de Dieu, autant que la créature peut égaler Celui qui est infini. Mais il est plus probable que Jésus applique cette grande parole à ce qu'il vient de dire de l'amour depuis le verset44. (Voir verset 45) C'est ce que confirme le passage parallèle dans Luc 6.36, qui porte : "soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux." Ce sens se comprend mieux aussi ; car il est certain que l'amour, surtout l'amour divin répandu dans le cœur, ne connaît et ne veut pas de bornes, il tend à une perfection toujours plus idéale et toujours plus complète. Le but ainsi placé par le Sauveur devant les yeux de ses disciples est encore assez sublime pour effrayer leur faiblesse.
    Il leur est bon de se rappeler la prière d'Augustin : "Donne ce que tu ordonnes, Seigneur, et ordonne ce que tu veux !"