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Matthieu 6:7-11 (Annotée Neuchâtel)

7 Or, quand vous priez, n'usez pas de vaines redites, comme les païens, car ils pensent qu'avec beaucoup de paroles, ils seront exaucés. 8 Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. 9 Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié. 10 Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.

Références croisées

6:7 1R 18:26-29, Ec 5:2-3, Ec 5:7, Ac 19:34, Mt 26:39, Mt 26:42, Mt 26:44, 1R 8:26-54, Dn 9:18-19, Mt 6:32, Mt 18:17
Réciproques : Jb 35:13, Es 1:15, Jr 10:3, Mc 7:7, Mc 12:40, Mc 14:39
6:8 Mt 6:32, Ps 38:9, Ps 69:17-19, Lc 12:30, Jn 16:23-27, Ph 4:6
Réciproques : Jr 3:19, Mt 23:9, Mc 10:51, Jn 16:19, Rm 1:7, Rm 8:27, 1Th 3:11
6:9 Lc 11:1-2, Mt 6:1, Mt 6:6, Mt 6:14, Mt 5:16, Mt 5:48, Mt 7:11, Mt 10:29, Mt 26:29, Mt 26:42, Es 63:16, Es 64:8, Lc 15:18, Lc 15:21, Jn 20:17, Rm 1:7, Rm 8:15, Ga 1:1, Ga 4:6, 1P 1:17, Mt 23:9, 2Ch 20:6, Ps 115:3, Es 57:15, Es 66:1, Lv 10:3, 2S 7:26, 1R 8:43, 1Ch 17:24, Ne 9:5, Ps 72:18, Ps 111:9, Es 6:3, Es 37:20, Ez 36:23, Ez 38:23, Ha 2:14, Za 14:9, Ml 1:11, Lc 2:14, Lc 11:2, 1Tm 6:16, Ap 4:11, Ap 5:12
Réciproques : Ex 29:1, Lv 22:32, Dt 26:15, 1R 8:30, 1R 9:3, 1Ch 29:10, 2Ch 2:1, 2Ch 6:21, Ps 20:6, Ps 57:5, Ps 67:5, Ps 97:6, Ps 103:13, Ps 108:5, Ps 123:1, Ps 135:13, Ec 5:2, Es 29:23, Es 62:7, Jr 3:19, Jr 31:9, Ez 38:16, Dn 2:28, Os 14:2, Ml 1:6, Mt 18:14, Mc 14:36, Jn 7:18, Jn 16:24, Jn 17:11, Ga 1:4, Ep 4:6, Ph 4:20, 1Th 3:11, 1Tm 2:1
6:10 Mt 3:2, Mt 4:17, Mt 16:28, Ps 2:6, Es 2:2, Jr 23:5, Dn 2:44, Dn 7:13, Dn 7:27, Za 9:9, Mc 11:10, Lc 19:11, Lc 19:38, Col 1:13, Ap 11:15, Ap 12:10, Ap 19:6, Ap 20:4, Mt 7:21, Mt 12:50, Mt 26:42, Ps 40:8, Mc 3:35, Jn 4:34, Jn 6:40, Jn 7:17, Ac 13:22, Ac 21:14, Ac 22:14, Rm 12:2, Ep 6:6, Col 1:9, 1Th 4:3, 1Th 5:18, He 10:7, He 10:36, He 13:21, 1P 2:15, 1P 4:2, Ne 9:6, Ps 103:19-21, Dn 4:35, He 1:14
Réciproques : Nb 14:21, 2Ch 2:1, Ps 21:13, Ps 57:5, Ps 67:5, Ps 72:15, Ps 72:19, Ps 97:1, Ps 103:20, Ps 108:5, Es 24:23, Es 62:7, Ez 38:16, Ab 1:21, Ml 1:11, Mt 6:13, Lc 11:2, 1Tm 2:1
6:11 Mt 4:4, Ex 16:16-35, Jb 23:12, Ps 33:18-19, Ps 34:10, Pr 30:8, Es 33:16, Lc 11:3, Jn 6:31-59, 2Th 3:12, 1Tm 6:8
Réciproques : Gn 1:29, Gn 18:5, Gn 47:15, Ex 16:4, Rt 1:6, 2S 9:7, 2R 25:30, Ps 37:16, Ec 2:22, Jr 52:34, Dn 1:5, Mt 6:34, Mt 18:22, 2Th 3:8

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 6
  • 6.7 Or, quand vous priez, n'usez pas de vaines redites, comme les païens, car ils pensent qu'avec beaucoup de paroles, ils seront exaucés. Le mot que nous traduisons par user de vaines redites (grec battologie, qui a passé dans le patois d'un canton suisse, battoiller, bavarder) signifie proprement bredouiller, le verbe grec est formé par onomatopée. Le même défaut est encore appelé polylogie (beaucoup de paroles).
    On sait jusqu'à quel point ce trait du paganisme a reparu dans une grande partie de l'Eglise chrétienne ! Du reste Jésus n'entend point fixer la durée de la prière comparez Philippiens 4.6
    Augustin commente ainsi ces paroles : "Il n'y a pas dans l'oraison : beaucoup de mots, mais beaucoup de prières, si le cœur y persévère avec ferveur."
    On a dit aussi avec justesse : "Prier Dieu, ce n'est pas le haranguer"
  • 6.8 Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. La toute-science de Dieu, fondement de notre confiance en lui et de la prière, suffit pour prévenir les vaines redites, mais elle doit aussi nous encourager à lui ouvrir notre cœur et à lui exposer tous nos besoins qu'il connaît.
  • 6.9 Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié. Vous donc, par opposition aux païens, (verset 7) priez ainsi, par opposition aux vaines redites. Mais ce n'est pas seulement la brièveté de la prière que Jésus va enseigner, c'est surtout l'esprit dans lequel il faut prier, les grâces qu'il faut demander, et qui répondent aux plus profonds besoins de toute âme chrétienne.
    Il ne veut donc pas donner une formule de prière à laquelle ses disciples doivent se borner, mais dès qu'il condescend à leur en retracer un si admirable modèle, n'y aurait-il pas de leur part autant d'orgueil que d'ingratitude à l'exclure de leurs dévotions ? On nous dit que les apôtres ne s'en servaient pas dans leurs prières : qu'en savons-nous ? Et qu'est-ce que cela prouverait ? Quand le Maître a parlé, attendrons-nous que les disciples confirment sa parole ? Cette prière est si simple à la fois et si profonde dans les pensées si humble et si sublime dans son esprit si riche dans sa brièveté, que tout ce que nous pouvons demander à Dieu pour nous-mêmes et pour l'Eglise s'y trouve compris. Les trois premières demandes concernent tous les rapports de Dieu à l'homme, les trois dernières toutes les relations essentielles de l'homme pécheur à Dieu.
    Enfin ces requêtes répondent à la fois aux besoins de chaque âme individuelle et aux espérances des enfants de Dieu, réunis en Eglise dans une sainte et intime communion. Luc (Luc 11.1 et suivants) a donné l'oraison dominicale sous une forme incomplète et en lui attribuant une tout autre place. Au premier abord, il semble que l'occasion indiquée par cet évangéliste, c'est-à-dire la demande d'un disciple : "Enseigne-nous à prier," est historiquement plus naturelle que celle du sermon sur la montagne, que Matthieu lui assigne. Telle est l'opinion de plusieurs interprètes, qui pensent que notre évangéliste aurait librement introduit ici ce formulaire, parce qu'il convient très bien à l'instruction que Jésus voulait donner sur l'esprit dans lequel on doit prier. (Voir sur cette question Luc 11.2, note.) Quoi qu'il en soit, c'est à Matthieu seul que nous devons de posséder en son entier cette admirable prière.
    Père, tel est le premier mot de cette prière (grec Père de nous ou notre Père). Cette invocation renferme déjà tout ce qui peut inspirer à l'âme qui prie la confiance et l'amour. Ce nom de Père donné à Dieu est à la fois la révélation et l'œuvre de Jésus-Christ. Rarement il se rencontre dans l'Ancien Testament Esaïe 63.16 ; comparez Psaumes 103.13, jamais dans la plénitude de sa signification chrétienne. Et même il nous faut être réconciliés avec Dieu par Christ et avoir reçu l'Esprit d'adoption, pour être rendus capables de prononcer ce nom en vérité. Romains 8.15 ; Galates 4.6
    "Prier ainsi, c'est la gloire des fidèles du Nouveau Testament. Quiconque dit à Dieu Père peut tout demander." Bengel.
    Il faut remarquer encore que Jésus ne nous fait pas dire, en nous isolant chacun dans son égoïste individualité : mon Père, mais notre Père qui es aux cieux ! Quiconque est né de Dieu sur la terre est membre de cette immense famille des rachetés de Christ, avec laquelle nous sommes unis ; un lien nouveau d'une parenté impérissable embrasse les enfants de Dieu, depuis le plus obscur chrétien dont toute la science religieuse consiste à savoir prononcer avec amour le nom de son Père céleste, jusqu'aux esprits des justes qui déjà entourent le trône de Dieu.
    - Qui es dans les cieux, n'exprime pas seulement la grandeur et la puissance de Dieu, mais, comme le montre le verset 10, l'idée que Dieu, bien que présent partout, réside et manifeste spécialement sa présence et sa gloire dans un monde supérieur, que les Ecritures nomment le ciel ou les cieux. Esaïe 66.1 ; Psaumes 2.4 ; 102.20 ; 115.3 ; Job 22.12 et suivants, Actes 7.55,56 ; 1Timothée 6.16
    Le Fils de Dieu est venu de là et y est retourné dans sa gloire ; c'est du ciel que vient l'Esprit divin et sur lui et sur les siens. Matthieu 3.16 Actes 2.1 et suivants C'est de là que la voix de Dieu retentit Matthieu 3.17 ; Jean 12.28 et que les anges de Dieu descendent. Jean 1.51 Le chrétien qui, en priant, élève ses yeux et son cœur vers le ciel, sait qu'il aspire vers sa patrie. Ni le panthéisme ni l'astronomie ne lui ôteront ce privilège.
    L'oraison dominicale se divise en deux séries de trois demandes. Les trois premières se rapportent à Dieu et à son règne, les trois dernières à l'homme et à ses besoins. En donnant ainsi la priorité aux intérêts divins, contrairement à l'instinct de son cœur qui le pousse à penser à soi d'abord, le chrétien renonce à lui-même, mais c'est pour se donner tout entier à Dieu, en qui il se retrouve, non plus seul, mais uni à ses frères.
    "L'esprit fraternel devient ainsi dans la seconde partie de la prière le complément de l'esprit filial qui avait dicté la première ; l'intercession fraternelle se confond avec la supplication personnelle. L'oraison dominicale n'est donc autre chose que le sommaire de la loi mis en action sous la forme de la prière, le sommaire réalisé d'abord dans l'intimité du cœur, pour passer de là dans la vie entière." Godet.
    - Le nom de Dieu, c'est l'expression de son essence, de son être, tel qu'il s'est révélé à nous dans sa Parole. Jean 17.6 ; Romains 9.17
    Sanctifier ce nom, c'est reconnaître Dieu, le confesser, le craindre, l'adorer comme saint ; c'est surtout l'avoir comme saint dans le cœur. 1Pierre 3.15
    Par cette prière, nous demandons à Dieu que tous les hommes arrivent à sanctifier son nom de cette manière.
  • 6.10 Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. La connaissance et l'adoration du saint nom de Dieu est le principe sur lequel s'établit son règne, sa domination sur les âmes. (Voir sur ce règne ou royaume de Dieu : Matthieu 3.2, note.)
    Ce règne spirituel est d'abord caché dans le cœur des croyants Luc 17.21 implanté en eux par la Parole et l'Esprit de Dieu ; mais il ne les laisse pas isolés, il les unit dans une sainte et vivante communauté. Demander à Dieu que ce règne vienne, c'est le supplier d'abord que ce règne grandisse en puissance là où il est, en sorte que rien ne se soustraie plus à sa domination absolue ; c'est ensuite prier pour que ce règne se propage, s'étende de proche en proche, d'âme à âme, de peuple à peuple, jusqu'à ce qu'il ait pénétré l'humanité tout entière, c'est enfin appeler de ses vœux le triomphe final de ce règne, le jour où celui qui en est le Sauveur et le Roi viendra le rassembler et l'élever à la perfection. Romains 8.21-23 ; 2.13 ; 2Pierre 3.12-13 ; Apocalypse 22.20
    Là où Dieu règne, sa volonté est faite, mais jusqu'à la venue parfaite de son règne dans la gloire, il y a pour ses enfants un long exercice d'obéissance par lequel ils doivent faire de continuels progrès : obéissance active pour accomplir cette volonté de Dieu dans les devoirs les plus difficiles ; obéissance passive pour accepter cette volonté, alors même qu'elle brise la nôtre et nous impose les plus douloureux sacrifices.
    - La prière s'étend ; ainsi jusqu'à l'état idéal où cette volonté sera faite sur la terre renouvelée comme elle est faite au ciel par les anges Psaumes 103.20-22 et par les justes parvenus à la perfection.
    "Le ciel est la norme de la terre." Bengel.
  • 6.11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Avant de demander à Dieu les grâces spirituelles dont nous avons un si profond besoin, le Sauveur nous permet de nous décharger sur lui de nos soucis terrestres. 1Pierre 5.7.
    C'est ainsi qu'il faut entendre cette demande, sans la spiritualiser arbitrairement en lui donnant pour objet "le pain de vie." Pourquoi méconnaître cette miséricorde divine qui nous autorise à nous attendre à elle pour toutes choses ? Dans ce sens qui seul convient à l'ensemble de cette requête, chaque mot porte son enseignement :
    - Donne, car tout vient de toi, est un don de ta libéralité ; le riche doit s'en souvenir aussi bien que l'indigent,
    - nous, dans la communauté de la charité, de sorte que tous sentent que Dieu veut exaucer la prière du pauvre par son frère à qui il a déjà donné ;
    - aujourd'hui, non des provisions pour un lointain avenir ;
    - notre pain, la nourriture et ce qui est nécessaire à cette vie terrestre, non la richesse et l'opulence.
    Reste ce mot que nous traduisons très imparfaitement, d'après l'ancienne version latine, par quotidien, ou de chaque jour. Il est difficile d'en bien déterminer le sens, parce que c'est, dans l'original, un mot composé qu'on peut expliquer par des étymologies diverses, et parce que, en dehors de cette prière, comparer Luc 11.3 il ne se retrouve ni dans le Nouveau Testament ni dans la littérature grecque.
    Il n'est pourtant que deux significations admissibles. On obtient l'une en faisant dériver cette expression d'un mot qui signifie : le jour qui vient : "Donne-nous aujourd'hui le pain du lendemain," ce qui est presque une contradiction dans les termes et peu en harmonie avec le verset 34 ; l'autre en cherchant la racine de notre vocable dans un mot qui signifie l'être, la substance ou subsistance :
    "le pain de notre subsistance, !" ce qui nous est nécessaire et nous suffit. Ainsi traduit Rilliet, d'accord avec presque tous les Pères de l'Eglise grecque et la plupart des interprètes modernes.
    On retrouve donc ici à peu près la belle pensée de la prière d'Agur : "Ne me donne ni indigence ni richesse, mais nourris-moi du pain de mon ordinaire." (Proverbes 30.8)