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Romains 3:21-26 (Annotée Neuchâtel)

   21 Mais maintenant, c'est sans la loi que la justice de Dieu a été manifestée, la loi et les prophètes lui rendant témoignage, 22 la justice de Dieu, par la foi en Jésus-Christ, pour tous ceux et sur tous ceux qui croient. En effet, il n'y a point de différence, 23 car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, 24 étant justifiés gratuitement par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ, 25 que Dieu a exposé comme un moyen de propitiation par la foi, dans son sang, pour la démonstration de sa justice, parce qu'il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, 26 durant le temps de la patience de Dieu, pour cette démonstration de sa justice dans le temps présent, afin qu'il soit juste et justifiant celui qui est de la foi en Jésus.

Références croisées

3:21 Rm 1:17, Rm 5:19, Rm 5:21, Rm 10:3-4, Gn 15:6, Es 45:24-25, Es 46:13, Es 51:8, Es 54:17, Es 61:10, Jr 23:5-6, Jr 33:16, Dn 9:24, Ac 15:11, 1Co 1:30, 2Co 5:21, Ga 5:5, Ph 3:9, He 11:4-40, 2P 1:1, Dt 18:15-19, Lc 24:44, Jn 1:45, Jn 3:14-15, Jn 5:46-47, Ac 26:22, He 10:1-14, Rm 1:2, Rm 16:26, Ac 3:21-25, Ac 10:43, Ac 28:23, Ga 3:8, 1P 1:10
Réciproques : Ps 22:31, Ps 71:16, Ps 89:16, Ps 98:2, Ps 103:17, Mt 6:33, Mt 11:13, Lc 9:30, Jn 1:17, Jn 16:10, Ac 3:24, Ac 24:14, Rm 4:6, Rm 5:18, 2Co 3:9, Ga 2:16, Ga 3:21, He 3:5, He 7:19, Ap 19:10
3:22 Rm 4:3-13, Rm 4:20-22, Rm 5:1-11, Rm 8:1, Ph 3:9, Rm 4:6, Rm 4:11, Rm 4:22, Ga 2:16, Ga 3:6, Jc 2:23, Es 61:10, Mt 22:11-12, Lc 15:22, Ga 3:7-9, Rm 2:1, Rm 10:12, Ac 15:9, 1Co 4:7, Ga 3:28, Col 3:11
Réciproques : Gn 3:21, Ex 28:2, Ex 39:27, Lv 8:7, Ps 24:5, Ps 40:10, Ps 45:13, Es 53:11, Es 54:17, Jr 23:6, Ez 42:14, Dn 9:24, Za 3:4, Mt 6:33, Mt 20:12, Ac 10:35, Ac 20:21, Rm 3:9, Rm 4:5, Rm 5:18, Rm 8:30, Rm 9:30, Rm 10:3, Rm 10:6, Rm 11:32, 1Co 1:2, 2Co 3:9, Ga 3:21, Ga 3:27, Ep 1:6, Ep 2:3, Ep 2:8, He 11:7, Ap 12:1, Ap 19:8, Ap 19:10
3:23 Rm 3:9, Rm 3:19, Rm 1:28-32, Rm 2:1-16, Rm 11:32, Ec 7:20, Ga 3:22, 1Jn 1:8-10, He 4:1, Rm 5:2, 1Th 2:12, 2Th 2:14, 1P 4:13, 1P 5:1, 1P 5:10
Réciproques : Gn 8:21, Lv 12:7, Ps 14:3, Es 2:9, Dn 9:20, Mt 3:14, Lc 7:41, Ac 17:30, Rm 2:13, Rm 3:10, Rm 3:25, Rm 5:12, Ep 2:3, Ep 2:13, 2Tm 1:18
3:24 Rm 4:16, Rm 5:16-19, 1Co 6:11, Ep 2:7-10, Tt 3:5-7, Rm 5:9, Es 53:11, Mt 20:28, Ep 1:6-7, Col 1:14, 1Tm 2:6, Tt 2:14, He 9:2-14, 1P 1:18-19, Ap 5:9, Ap 7:14
Réciproques : Ex 40:29, Lv 4:25, Lv 4:35, Lv 16:14, Nb 7:15, Nb 14:18, Nb 35:25, Jb 33:24, Es 1:27, Es 45:13, Es 45:25, Es 53:5, Es 55:1, Os 14:4, Za 9:9, Za 13:7, Lc 7:42, Jn 15:25, Ac 13:39, Ac 13:43, Ac 15:11, Ac 20:24, Rm 3:25, 1Co 1:30, 2Co 5:19, Ga 3:13, Ep 2:5, Ep 2:8, 1Tm 1:15, 2Tm 1:18, Tt 3:7, He 9:15, 1Jn 3:5, Ap 21:6, Ap 22:17
3:25 Ac 2:23, Ac 3:18, Ac 4:28, Ac 15:18, 1P 1:18-20, Ap 13:8, Ex 25:17-22, Lv 16:15, He 9:5, 1Jn 2:2, 1Jn 4:10, Rm 5:1, Rm 5:9, Rm 5:11, Es 53:11, Jn 6:47, Jn 6:53-58, Col 1:20-23, He 10:19-20, Rm 3:26, Ps 22:31, Ps 40:10, Ps 50:6, Ps 97:6, Ps 119:142, 1Jn 1:10, Rm 3:23-24, Rm 4:1-8, Ac 13:38-39, Ac 17:30, 1Tm 1:15, He 9:15-22, He 9:25, He 9:26, He 10:4, He 11:7, He 11:14, He 11:17, He 11:39, He 11:40, Ap 5:9, Ap 13:8, Ap 20:15
Réciproques : Gn 17:10, Ex 37:6, Ex 40:20, Lv 1:4, Lv 17:11, Nb 15:25, Dt 16:1, Jb 36:3, Ps 36:6, Ps 85:10, Ps 116:5, Ps 145:17, Es 42:6, Es 42:21, Es 45:21, Es 45:25, Jr 9:24, Ez 33:12, Os 2:19, Mi 6:5, Mt 3:14, Lc 1:77, Jn 11:51, Jn 19:30, Rm 2:4, Rm 3:5, Rm 4:25, Rm 10:4, Rm 10:6, 1Co 15:3, Ga 3:17, Col 1:14, He 2:10, He 6:18, 1P 1:20, 1Jn 5:6
3:26 Dt 32:4, Ps 85:10-11, Es 42:21, Es 45:21, So 3:5, So 3:15, Za 9:9, Ac 13:38-39, Ap 15:3, Rm 3:30, Rm 4:5, Rm 8:33, Ga 3:8-14
Réciproques : Lv 12:7, Jb 36:3, Ps 116:5, Ps 145:17, Es 33:5, Es 42:6, Jr 9:24, Mi 6:5, Jn 11:51, Jn 17:25, Rm 3:5, Rm 3:25, Rm 3:28, Rm 4:11, Rm 5:1, Rm 10:3, Rm 10:19, Rm 15:8, 1Co 6:11, He 2:10, He 7:2, He 11:40, 1Jn 1:9, 1Jn 2:2, 1Jn 4:10

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Romains 3
  • 3.21 Mais maintenant, c'est sans la loi que la justice de Dieu a été manifestée, la loi et les prophètes lui rendant témoignage, La justification par la foi en Jésus-Christ, son fondement historique, son accord avec la rédemption de l'Ancien Testament, son pouvoir d'assurer le salut final. 3 :21 à 5 :11
    21 à 26 La mort rédemptrice par la foi en Jésus-Christ, nouveau moyen de salut gratuitement offert à tous ceux qui croient.
    Maintenant, sous la nouvelle Alliance et par la prédication de l'Evangile. (Romains 1.16,17)
    Le temps présent est opposé au passé, (comparez versets 25,26) où ne se manifestait pour les païens (Romains 1.18-32) et pour les Juifs (Romains 2.1-3.8) que la colère de Dieu, provoquée par la corruption universelle. (versets 9-20)
    D'autres prennent le maintenant au sens logique : la situation étant telle qu'elle vient d'être exposée. (verset 20) Dans ce seul mot s'exprime un profond sentiment de délivrance et de joie.
    - Sans la loi, indépendamment de cette loi par laquelle vient la connaissance du péché (verset 20) sans qu'elle ait un rôle quelconque à jouer dans l'acquisition de la justice de Dieu, car celle-ci ne consiste pas dans l'accomplissement des œuvres prescrites par la loi.
    - La justice de Dieu, c'est la justice que Dieu confère à l'homme le déclarant juste en vertu de sa foi en JésusChrist.
    Comparer Romains 1.17, note. Dans ce dernier passage, Paul dit que la justice de Dieu "est révélée" (verbe au présent), parce qu'il pense au fait actuel de la prédication de l'Evangile dans le monde. Ici, il dit que cette justice a été manifestée (verbe au parfait : elle l'a été et le reste), parce qu'il fait allusion au sacrifice de Jésus et à toute la mission du Sauveur, qui est accomplie une fois pour toutes, mais dont les effets demeurent.
    - Bien que manifestée sans la loi, cette justice nouvelle est si peu en contradiction avec la loi qu'elle (grec) a le témoignage que la loi et les prophètes lui rendent depuis des siècles, et qu'elle se trouve en parfaite harmonie avec toute l'économie de l'ancienne alliance.
    C'est ce que l'apôtre prouvera par des exemples frappants à Romains 4, et par de nombreuses citations tirées des prophètes (Romains 9.15,25 et suivants ; Romains 10.20 ; 11.26,27).
  • 3.22 la justice de Dieu, par la foi en Jésus-Christ, pour tous ceux et sur tous ceux qui croient. En effet, il n'y a point de différence, Marcion et B omettent Jésus devant Christ.
    Les mots : et sur tous ceux, manquent dans Sin., B, A, C, etc. Tous les critiques, sauf Weiss, les retranchent, mais il est plus vraisemblable qu'ils aient été omis par accident qu'ajoutés à dessein : le premier complément n'avait pas besoin d'être expliqué et la présence du deuxième complément rend l'interprétation plus difficile.
    On peut considérer les deux prépositions "pour tous ceux et sur tous ceux qui croient," soit comme des synonymes destinés à donner par la répétition plus de force à la pensée ; soit comme formant une gradation : "semblable à un fleuve de vie, la grâce divine s'étend à tous ceux et déborde sur tous ceux qui croient" (Olshausen) : ou encore : "cette justice de Dieu, il l'envoie pour toi, afin que tu y croies ; et elle repose sur toi, dès que tu crois." (Godet).
    Quelques interprètes mettent une virgule après le premier terme : "pour tous, et sur tous ceux qui croient ;" la première préposition marquerait la destination universelle, dans l'intention de Dieu, de la justice manifestée en Christ : elle est offerte à tous les hommes, elle est suffisante pour tous ; la seconde préposition indiquerait l'application effective de cette justice aux croyants : elle repose sur tous ceux qui croient.
    On peut objecter à cette explication que la foi est une condition indispensable du salut et que, la justice de Dieu ne pouvant être destinée qu'à ceux qui croient, ce complément était déjà sousentendu, dans la pensée de l'apôtre, après la première préposition.
    - La foi en Jésus-Christ naît de la contemplation de Jésus-Christ, en qui Dieu nous révèle sa justice : nous voyons que Jésus veut et peut nous rendre justes et nous mettons en lui notre confiance.
    Cette foi devient notre justice, parce qu'elle embrasse Christ et nous procure ainsi tout ce que Christ possède lui-même.
    Point de différence, ni entre Juifs et païens, ni entre les hommes quels qu'ils soient, parce que tous sont pécheurs (verset 23) et dépourvus en eux-mêmes de tout moyen de salut. Et comme il n'y a point de différence quant au péché il n'y en a pas non plus quant au moyen de justification. (verset 24)
  • 3.23 car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, La gloire de Dieu, ce n'est pas seulement la gloire que Dieu donne ou, comme le veut Calvin, la gloire de l'homme devant Dieu, devant son tribunal.
    C'est bien la gloire qui appartient en propre à Dieu et que Dieu communique à l'homme. Plusieurs pensent à la gloire que Dieu a donnée à l'homme en le créant à son image (1Corinthiens 11.7) et dont l'homme a été privé par la chute.
    Mais le verbe au présent : sont privés, fait penser plutôt à la ressemblance avec Dieu que l'homme pourrait avoir actuellement s'il vivait dans une relation filiale avec son Père céleste, à l'éclat dont brillerait sa vie morale, s'il se montrait par son obéissance et sa sainteté un fils de Dieu. (2Corinthiens 3.18 ; Ephésiens 4.24)
    Privé de la gloire de Dieu, l'homme à la place de Dieu, ne cherche plus que sa propre gloire et celle qui lui vient des créatures semblables à lui. (Jean 5.44 ; 12.43)
    "Remarque bien ce que dit l'apôtre : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ! C'est là le point capital de cette épître et de toute l'Ecriture ; c'est dire que tout ce qui n'est pas purifié par le sang de Christ et justifié par la foi est péché. Embrasse ce texte car c'est ici que vient périr le mérite des œuvres et toute la gloire de l'homme pour qu'à Dieu seul soit la grâce et la gloire." Luther.
  • 3.24 étant justifiés gratuitement par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ, Paul aborde avec ce verset l'exposé du grand fait de la rédemption en Jésus Christ, qui est le moyen de notre justification.
    Mais ce fait, il l'énonce dans une proposition subordonnée, introduite par un simple participe : étant justifiés gratuitement par sa grâce...
    Quelques-uns voient dans cette proposition participiale le commencement d'une nouvelle phrase, dont la proposition principale se trouverait à verset 27 "puisqu'ils sont justifiés gratuitement...où donc est le sujet de se glorifier ?"
    Mais il est peu probable que Paul eût déjà dans l'esprit la question de verset 27, au moment où il commençait à décrire l'œuvre de Dieu en Christ et toute l'attitude de Dieu envers les pécheurs dans le passé et dans le présent.
    La proposition participiale : étant justifiés... doit donc être rattachée à ce qui précède.
    Paul introduit d'une manière inattendue, comme une dernière preuve de la perdition de tous les hommes, de leur égalité dans la condamnation et dans le moyen de leur justification, (verset 23) le fait qu'ils sont justifiés par la pure grâce de Dieu.
    - L'importance que l'apôtre met à affirmer la parfaite gratuité du salut est telle, qu'il accumule des termes synonymes, sans crainte du pléonasme. Le croyant est justifié gratuitement, par la grâce de Dieu, sans que rien soit requis de lui pour mériter son salut à un litre quelconque.
    Au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ, tout a été accompli. Quiconque se l'approprie par la foi, est au bénéfice de cette œuvre. En effet, pour que l'homme condamné par la loi, obtienne une justice digne de Dieu, (Romains 1.17, note) cette justice doit lui venir de Dieu même, et lui être donnée gratuitement.
    Quelle est la condition imaginable, digne de la sainteté de Dieu, que l'homme puisse remplir ? Il n'en est aucune, car il s'agit pour lui de voir sa condamnation abolie et remplacée par une justice capable de supporter les regards de Dieu. Or cela est aussi impossible à l'homme qu'il lui serait impossible de créer un monde.
    Mais l'acte souverain de grâce par lequel Dieu justifie le pécheur, c'est-à-dire le déclare juste, ne demeure pas en dehors de l'homme, comme s'il s'accomplissait uniquement dans le jugement de Dieu, sans que celui qui en est l'objet en éprouve aucun effet dans sa vie morale.
    Le pécheur s'approprie la justice de Dieu par la foi ; (versets 22,25,26,28,30) elle lui devient personnelle. L'acte de grâce qui le justifie, le transfère dans un rapport intime, vivant et tout nouveau avec Dieu. Ainsi s'opère la "réconciliation" de l'homme avec Dieu. (Romains 5.10 ; 2Corinthiens 5.19,20 ; Colossiens 1.19-22)
    Devenu un avec Christ, qui s'est mis à sa place et a souffert pour lui la peine qu'il avait méritée, le pécheur, à son tour, est admis, par sa foi, à prendre la place de Christ lui-même ; il devient "enfant de Dieu, fils de Dieu, héritier de Dieu et cohéritier de Christ.." (Romains 8.14,17) Il jouit avec bonheur de la grâce et de l'amour de son père.
    Ainsi commence pour lui une vie intime et sainte, émanant de la justice qui lui a été d'abord gratuitement donnée car il importe de faire cette distinction : la justification, dont Paul parle ici, n'est point encore cette communication de justice, cet affranchissement graduel du péché, qui est la sanctification.
    Cette réalisation intérieure de la justice est la conséquence, le fruit de l'acte de grâce par lequel Dieu justifie gratuitement le pécheur. Elle produit des œuvres impossibles à la loi ; elle est elle même l'œuvre par excellence mais elle reste toujours imparfaite ici-bas, toujours entachée de péché ; elle ne peut donc devenir le moyen de notre justification devant Dieu ni nous donner l'assurance que nous sommes ses enfants.
    - Rédemption signifie rachat, action de racheter. Dans le mot grec est exprimée l'idée de rançon. On se servait de ce terme pour désigner le rachat d'esclaves ou de prisonniers de guerre au moyen d'une rançon convenue.
    Paul indique au verset suivant quelle est la rançon qui a été payée pour nous et qui n'est rien moins que le sang de Christ (verset 25 ; comparer : Matthieu 20.28 ; Ephésiens 1.7,1Timothée 2.6). Cette rançon ne peut avoir été payée qu'à Celui "devant qui le monde entier est reconnu coupable." (verset 19)
  • 3.25 que Dieu a exposé comme un moyen de propitiation par la foi, dans son sang, pour la démonstration de sa justice, parce qu'il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, Notre justification nous est acquise gratuitement, mais elle a nécessité une œuvre considérable, dont Dieu est l'auteur, et que l'apôtre décrit dans ce verset.
    Dieu a exposé publiquement (d'autres donnent à ce verbe le sens qu'il a dans Ephésiens 1.9, et le rendent par : "avait établi à l'avance," prédestiné par un décret éternel de sa providence) Jésus-Christ comme moyen de propitiation.
    Le terme grec que nous traduisons par moyen de propitiation est un adjectif neutre s'appliquant à tout ce qui sert à rendre propice, à apaiser la divinité irritée : offrande, victime, sacrifice. Il convient de lui laisser son sens indéterminé.
    Plusieurs interprètes, anciens et modernes, Origène, Luther, Calvin, Olshausen, Tholuck, Ritschl, Schlatter, etc., pensent que Paul désigne par ce mot le propitiatoire, la table d'or qui servait de couvercle à l'arche de l'alliance.
    Elle est appelée en hébreu "kaporeth," c'est-à-dire "couvercle de propitiation," parce qu'elle "recouvrait" la loi accusatrice et recevait le sang des victimes au grand jour des expiations, où le souverain sacrificateur pénétrait dans le lieu très saint.
    Dans la version grecque des Septante, dont Paul se servait, elle est désignée par le mot même que nous trouvons dans notre texte (Exode 20.17 et suivants ; Lévitique 16.14 et suivants ; Hébreux 9.7-9,11,12).
    Dieu aurait exposé Christ (ou l'aurait "établi à l'avance") comme un tel propitiatoire ; ou plutôt, pour être la réalité de ce que le propitiatoire de l'arche figurait seulement.
    Mais il est peu probable qu'en appliquant le terme de propitiatoire à JésusChrist, Paul ait pensé au couvercle de l'arche.
    1° S'il avait voulu désigner cet objet déterminé, connu et unique, il aurait employé l'article devant propitiatoire ;
    2° l'épître aux Romains ne se meut pas comme l'épître aux Hébreux sur le terrain du symbolisme lévitique ; et si cette comparaison avait été familière à Paul, on la retrouverait ailleurs dans ses épîtres ;
    3° il est étrange de comparer Jésus-Christ avec le couvercle de l'arche, d'autant plus que ce n'est pas le couvercle de l'arche, mais uniquement le sang répandu sur lui qui est censé "couvrir" les péchés.
    - Nous ne pensons pas non plus qu'il faille sous entendre le substantif "victime" avec l'adjectif propitiatoire ; il vaut mieux prendre ce mot dans le sens général et indéterminé de moyen de propitiation. Comparer sur l'idée de propitiation 1Jean 2.2, note, et sur celle de la réconciliation avec Dieu, 2Corinthiens 5.19-21, notes.
    - L'apôtre ajoute deux compléments pour indiquer comment Jésus-Christ est moyen de propitiation : par la foi, dans son sang.
    Les uns unissent les deux compléments : "par la foi en son sang," le sang est l'objet de la foi, c'est au sang de Christ à son sacrifice, à sa mort expiatoire que la foi s'attache, c'est là le fondement sur lequel elle s'appuie.
    D'autres interprètes pensent que cette expression : "la foi en son sang," n'est pas conforme au langage de Paul, qui présente toujours Jésus-Christ lui-même comme l'objet de la foi. Ils estiment aussi que, dans ce verset où l'apôtre expose l'œuvre accomplie en Christ pour nous, c'eût été trop insister sur la foi, condition subjective du salut, que de mentionner encore l'objet de cette foi. Pour ces raisons, ils rapportent les mots : en son sang, soit à moyen de propitiation : il est un moyen de propitiation par son sang, soit au verbe : Dieu l'a exposé dans son sang, dans sa mort sanglante sur la croix.
    - Paul enseigne donc clairement que le sens et le but de la mort de Christ, c'est d'expier, de couvrir le péché. L'idée du pardon divin est souvent exprimée dans l'Ancien Testament par le mot "couvrir" le péché. Cette image provient des sacrifices, dans lesquels le sang des victimes était censé couvrir les péchés, les voiler aux regards de Dieu. (Psaumes 32.1 ; 65.4 ; 78.38 ; 79.8,9 ; Jérémie 18.23, etc.)
    Mais l'apôtre ajoute aussitôt : par la foi, afin que le pécheur, objet de cette immense miséricorde, comprenne bien que l'œuvre rédemptrice ne doit pas rester en dehors de lui ni luimême rester étranger à cette œuvre. (comparez versets 22,24, notes)
    Ainsi la voie du salut, enseignée dans ces versets est renfermée tout entière dans ces trois termes :
    la grâce éternelle et gratuite de Dieu, qui est l'unique cause du salut
    Christ, que Dieu a exposé dans son sang comme moyen de propitiation, et qui est le fondement objectif de ce salut
    la foi, qui en est la condition subjective, car c'est par elle que l'homme s'approprie personnellement le salut.
  • 3.26 durant le temps de la patience de Dieu, pour cette démonstration de sa justice dans le temps présent, afin qu'il soit juste et justifiant celui qui est de la foi en Jésus. Pour la démonstration de sa justice ; cette expression, deux fois répétée, (versets 25,26) indique le but du sacrifice du Sauveur ; Dieu a exposé son Fils comme moyen de propitiation pour démontrer sa justice.
    Par la justice de Dieu, il ne faut pas entendre ici, comme à verset 21, la justification que Dieu accorde gratuitement au pécheur.
    Si telle était sa pensée, Paul parlerait de "révélation" ou de "manifestation," et non de démonstration de la justice de Dieu. Ce sens ne s'accorderait du reste pas avec le contexte : "parce qu'il avait laissé impunis les péchés..."
    La justice est, ici comme à verset 5. l'attribut de Dieu, inséparable de sa sainteté, qui l'oblige à prendre une attitude négative à l'égard du péché, à le punir en frappant le pécheur, ou à le "couvrir" en établissant un moyen de propitiation par lequel sa réprobation du mal éclate aux yeux de tous.
    La justice divine devait être démontrée à la conscience humaine par la croix de Jésus Christ.
    Deux circonstances, en effet, pouvaient faire douter de la réalité de la justice de Dieu : dans le passé, le fait qu'il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, (verset 25) dans le présent, le fait qu'il justifie gratuitement ceux qui croient. Dans le passé, la (grec) non punition des péchés commis auparavant durant le temps de la patience de Dieu. Dieu avait laissé impunis (grec laissé de côté) les péchés dans les temps qui avaient précédé la venue de Christ, et que Paul appelle le temps de la patience de Dieu.
    Cette affirmation semble en contradiction avec le tableau que Paul a tracé de "la colère de Dieu, qui se révèle du ciel contre toute impiété et injustice des hommes." (Romains 1.18 et suivants)
    En fait, une somme effroyable de souffrances, conséquence du péché, avait pesé lourdement sur l'humanité. Mais ces souffrances n'étaient point un châtiment équivalent au péché. elles étaient d'ailleurs inégalement réparties ; elles n'étaient pas proportionnées aux fautes commises par chaque pécheur. Aussi les hommes n'avaient-ils pas su, en général, voir dans leurs souffrances la punition de leurs fautes.
    De plus, quand Paul parle du temps de la patience de Dieu, il considère moins les individus que les peuples et l'humanité : comme Dieu avait usé de patience envers Israël, malgré ses rébellions et son incrédulité, il avait de même usé de patience envers l'humanité dans son ensemble, en ne la laissant pas rentrer dans le néant après sa révolte. (Actes 17.30)
    Cette attitude tolérante de Dieu avait eu pour effet de voiler sa justice, de pousser les hommes à la méconnaître, à la nier. Une démonstration éclatante de cette justice était nécessaire pour réveiller la conscience des pécheurs.
    Et dans le temps présent, si Dieu justifie gratuitement celui qui est de la foi en Jésus (ce complément : en Jésus manque dans quelques documents, mais il est certainement authentique), il ne paraît plus comme celui qui est juste, qui maintient l'ordre moral, qui récompense les bons et punit les méchants.
    Ici également, la justice de Dieu a besoin d'être démontrée, pour ne pas courir le risque d'être révoquée en doute, et pour que le croyant lui-même puisse se convaincre que le pardon qui lui est accordé n'est pas au détriment de la justice de Dieu ; en d'autres termes, que ce pardon n'est pas une illusion. Or, par la mort expiatoire de Jésus-Christ, la justice de Dieu est démontrée.
    L'apôtre ne dit pas qu'elle est "satisfaite," car il n'enseigne pas que, en mourant, Christ ait subi une peine équivalente à la somme des péchés que Dieu devait punir. Mais, dans la mort de son fils, Dieu a suffisamment montré son horreur du péché et la sévérité avec laquelle il le juge ; il a vivement représenté à l'homme le châtiment qu'il avait mérité.
    En contemplant la croix, sur laquelle Christ a donné sa vie pour nous, nous apprenons à connaître l'étendue de notre faute, mais nous recevons aussi l'assurance que le pardon de nos péchés, quels qu'ils soient, est une chose possible et certaine.
    La rédemption en Jésus-Christ a été, comme le dit Tholuck, "la divine théodicée dans l'histoire".