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L’accompagnement spirituel du suicide

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Type : Réflexion
Thème : La mort
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 77  
Publié sur Lueur le
Le suicide pose de nombreuses questions. Dans le cadre communautaire d'une Église, ces questions touchent au lien qui nous relie les uns aux autres, ainsi qu'au Christ. Elles appellent donc une parole «pastorale» qui ne relève pas du pasteur seulement mais de tout chrétien. Concrètement, cette parole interviendra principalement dans deux situations d'accompagnement: lorsqu'une personne a fait une tentative de suicide et a survécu, et lorsque le suicide effectif plonge une famille dans le deuil.

Une tentative de suicide est presque toujours un appel à l'aide, que la personne ait eu l'intention de se tuer, ou non. Que répondre à cet appel ? En d'autres termes, comment prévenir une récidive et contribuer au soulagement des maux qui ont conduit à la tentative ?

En fait, le problème profond du suicide est le problème du péché: la Chute a conduit à une rupture entre l'être humain et son Créateur. Les éléments spirituels pour prévenir le suicide sont les enseignements fondamentaux de l'anthropologie chrétienne : Qui est l'être humain devant Dieu ? La tentative de suicide révèle un sentiment d'absence de sens. Nous avons du sens lorsque nous vivons en lien avec Dieu et avec notre prochain, car c'est pour cela que nous avons été conçus. La rupture du lien avec Dieu a induit d'autres ruptures. Il ne faut pas s'étonner donc du malaise relationnel qui mène au suicide. L'humain est créé pour aimer et être aimé. Il ne peut donc pas se passer de relations qui fondent le cadre de cet amour.

Mais comme une personne qui a tenté de mettre fin à ses jours est rarement en état d'entendre une réponse aussi théorique, cette parole doit être incarnée dans des gestes, des écoutes, des sourires, des temps de présence, des cadeaux - tous ces éléments relationnels qui disent à l'autre: « Tu comptes pour moi! ».

Accompagner la personne qui a voulu mettre fin à ses jours

Plusieurs éléments seront déterminants pour l'accompagnement spirituel d'une personne qui a tenté de se suicider. Pour celui ou celle qui a entrepris une démarche de foi chrétienne, il s'agira principalement de la profondeur de son attachement à Christ, de son attitude à l'égard des Écritures et de sa vision de l'Église locale :

• Son attachement à Christ est une corde à laquelle se cramponner: le prix payé à la croix nous donne de la valeur pour Dieu. Chaque chrétien est donc précieux à ses yeux.

• Son attitude à l'égard des Écritures déterminera sa manière de recevoir les promesses divines. Les paroles de Jésus : Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos (Matthieu 11.28) ne sont pas d'un grand secours si la Bible n'est qu'un recueil de paroles humaines à propos de Dieu. Si, par contre, elle est la Parole par laquelle Dieu se révèle, cette promesse devient importante pour une personne qui a perdu le désir de vivre.

• Sa vision de l'Église locale pourra lui fournir le cadre d'une famille spirituelle où trouver des relations de réciprocité porteuses de sens.

Accompagner la famille d'une personne suicidée

Une foule de questions se bousculent dans l'entourage d'une personne qui s'est suicidée. Une des plus préoccupantes concerne le salut éventuel du défunt. Comme le salut dépend de ce nous sommes devant Dieu, et non de ce que nous faisons, le suicide ne peut déterminer le passage en enfer ou au paradis. De plus, le suicide n'est pas la négation de l'être. Pour un chrétien, ce n'est pas la fin. Ce n'est que l'interruption de la vie physique.

Ensuite, la question se pose toujours des causes du suicide. Derrière l'interrogation « Pourquoi ? » s'en pose une autre: « Y suis-je pour quelque chose ? ». Cette question peut s'accompagner d'une culpabilité qui nécessitera une écoute attentive, une vision saine et claire du pardon et une approche franche de la vérité avec compassion. En effet, les proches y sont parfois effectivement pour quelque chose, mais cela ne signifie pas forcément que le suicide aurait pu être empêché. Surtout quand la dépression est une des causes du suicide, les proches ont déjà tout tenté pour aider -sans succès.
Une autre interrogation majeure concerne l'issue du deuil: « Et maintenant ? ». Avec une autre mort, l'entourage doit faire le deuil d'une personne qui leur est enlevée. Avec le suicide, il s'agit également du deuil d'une relation tout entière: les souvenirs sont empreints de méfiance: « Je n'ai pas su aimer », « je n'ai pas su entendre ». Le sourire de chaque photo est scruté pour y déceler un présage de la tragédie à venir. Le deuil devra alors se faire jusque dans chaque recoin de la mémoire.

Une telle parole pastorale ne s'improvise pas. Elle se prépare lorsque nous réfléchissons et parlons de la valeur de la vie et de l'anormalité spirituelle de la mort. Nos approches de la culpabilité, du pardon, de la réussite et de l'échec, ainsi que de la guérison, y jouent un rôle déterminant.

Le salut dépend de ce que nous sommes devant Dieu, non de ce que nous faisons

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