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Comparer Job 38-42

La versification des traductions pouvant varier, l'alignement ne correspond parfois pas à la même phrase.

Jb 38-42 (Segond 1910)

   1 L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit: 2 Qui est celui qui obscurcit mes desseins Par des discours sans intelligence ? 3 Ceins tes reins comme un vaillant homme ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
   4 Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l'intelligence. 5 Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? 6 Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Ou qui en a posé la pierre angulaire, 7 Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? 8 Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s'élança du sein maternel ; 9 Quand je fis de la nuée son vêtement, Et de l'obscurité ses langes ; 10 Quand je lui imposai ma loi, Et que je lui mis des barrières et des portes ; 11 Quand je dis: Tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas au delà ; Ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots ?
   12 Depuis que tu existes, as-tu commandé au matin ? As-tu montré sa place à l'aurore, 13 Pour qu'elle saisisse les extrémités de la terre, Et que les méchants en soient secoués ; 14 Pour que la terre se transforme comme l'argile qui reçoit une empreinte, Et qu'elle soit parée comme d'un vêtement ; 15 Pour que les méchants soient privés de leur lumière, Et que le bras qui se lève soit brisé ? 16 As-tu pénétré jusqu'aux sources de la mer ? T'es-tu promené dans les profondeurs de l'abîme ? 17 Les portes de la mort t'ont-elles été ouvertes ? As-tu vu les portes de l'ombre de la mort ? 18 As-tu embrassé du regard l'étendue de la terre ? Parle, si tu sais toutes ces choses. 19 Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ? 20 Peux-tu les saisir à leur limite, Et connaître les sentiers de leur habitation ? 21 Tu le sais, car alors tu étais né, Et le nombre de tes jours est grand ! 22 Es-tu parvenu jusqu'aux amas de neige ? As-tu vu les dépôts de grêle, 23 Que je tiens en réserve pour les temps de détresse, Pour les jours de guerre et de bataille ? 24 Par quel chemin la lumière se divise-t-elle, Et le vent d'orient se répand-il sur la terre ?
   25 Qui a ouvert un passage à la pluie, Et tracé la route de l'éclair et du tonnerre, 26 Pour que la pluie tombe sur une terre sans habitants, Sur un désert où il n'y a point d'hommes ; 27 Pour qu'elle abreuve les lieux solitaires et arides, Et qu'elle fasse germer et sortir l'herbe ? 28 La pluie a-t-elle un père ? Qui fait naître les gouttes de la rosée ? 29 Du sein de qui sort la glace, Et qui enfante le frimas du ciel, 30 Pour que les eaux se cachent comme une pierre, Et que la surface de l'abîme soit enchaînée ? 31 Noues-tu les liens des Pléiades, Ou détaches-tu les cordages de l'Orion ? 32 Fais-tu paraître en leur temps les signes du zodiaque, Et conduis-tu la Grande Ourse avec ses petits ? 33 Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu son pouvoir sur la terre ? 34 Élèves-tu la voix jusqu'aux nuées, Pour appeler à toi des torrents d'eaux ? 35 Lances-tu les éclairs ? Partent-ils ? Te disent-ils: Nous voici ? 36 Qui a mis la sagesse dans le coeur, Ou qui a donné l'intelligence à l'esprit ? 37 Qui peut avec sagesse compter les nuages, Et verser les outres des cieux, 38 Pour que la poussière se mette à ruisseler, Et que les mottes de terre se collent ensemble ? 39 (39:1) Chasses-tu la proie pour la lionne, Et apaises-tu la faim des lionceaux, 40 (39:2) Quand ils sont couchés dans leur tanière, Quand ils sont en embuscade dans leur repaire ? 41 (39:3) Qui prépare au corbeau sa pâture, Quand ses petits crient vers Dieu, Quand ils sont errants et affamés ?

Job 39

   1 (39:4) Sais-tu quand les chèvres sauvages font leurs petits ? Observes-tu les biches quand elles mettent bas ? 2 (39:5) Comptes-tu les mois pendant lesquels elles portent, Et connais-tu l'époque où elles enfantent ? 3 (39:6) Elles se courbent, laissent échapper leur progéniture, Et sont délivrées de leurs douleurs. 4 (39:7) Leurs petits prennent de la vigueur et grandissent en plein air, Ils s'éloignent et ne reviennent plus auprès d'elles. 5 (39:8) Qui met en liberté l'âne sauvage, Et l'affranchit de tout lien ? 6 (39:9) J'ai fait du désert son habitation, De la terre salée sa demeure. 7 (39:10) Il se rit du tumulte des villes, Il n'entend pas les cris d'un maître. 8 (39:11) Il parcourt les montagnes pour trouver sa pâture, Il est à la recherche de tout ce qui est vert. 9 (39:12) Le buffle veut-il être à ton service ? Passe-t-il la nuit vers ta crèche ? 10 (39:13) L'attaches-tu par une corde pour qu'il trace un sillon ? Va-t-il après toi briser les mottes des vallées ? 11 (39:14) Te reposes-tu sur lui, parce que sa force est grande ? Lui abandonnes-tu le soin de tes travaux ? 12 (39:15) Te fies-tu à lui pour la rentrée de ta récolte ? Est-ce lui qui doit l'amasser dans ton aire ?
   13 (39:16) L'aile de l'autruche se déploie joyeuse ; On dirait l'aile, le plumage de la cigogne. 14 (39:17) Mais l'autruche abandonne ses oeufs à la terre, Et les fait chauffer sur la poussière ; 15 (39:18) Elle oublie que le pied peut les écraser, Qu'une bête des champs peut les fouler. 16 (39:19) Elle est dure envers ses petits comme s'ils n'étaient point à elle ; Elle ne s'inquiète pas de l'inutilité de son enfantement. 17 (39:20) Car Dieu lui a refusé la sagesse, Il ne lui a pas donné l'intelligence en partage. 18 (39:21) Quand elle se lève et prend sa course, Elle se rit du cheval et de son cavalier.
   19 (39:22) Est-ce toi qui donnes la vigueur au cheval, Et qui revêts son cou d'une crinière flottante ? 20 (39:23) Le fais-tu bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur. 21 (39:24) Il creuse le sol et se réjouit de sa force, Il s'élance au-devant des armes ; 22 (39:25) Il se rit de la crainte, il n'a pas peur, Il ne recule pas en face de l'épée. 23 (39:26) Sur lui retentit le carquois, Brillent la lance et le javelot. 24 (39:27) Bouillonnant d'ardeur, il dévore la terre, Il ne peut se contenir au bruit de la trompette. 25 (39:28) Quand la trompette sonne, il dit: En avant ! Et de loin il flaire la bataille, La voix tonnante des chefs et les cris de guerre.
   26 (39:29) Est-ce par ton intelligence que l'épervier prend son vol, Et qu'il étend ses ailes vers le midi ? 27 (39:30) Est-ce par ton ordre que l'aigle s'élève, Et qu'il place son nid sur les hauteurs ? 28 (39:31) C'est dans les rochers qu'il habite, qu'il a sa demeure, Sur la cime des rochers, sur le sommet des monts. 29 (39:32) De là il épie sa proie, Il plonge au loin les regards. 30 (39:33) Ses petits boivent le sang ; Et là où sont des cadavres, l'aigle se trouve.

Job 40

   1 (39:34) L'Éternel, s'adressant à Job, dit: 2 (39:35) Celui qui dispute contre le Tout Puissant est-il convaincu ? Celui qui conteste avec Dieu a-t-il une réplique à faire ? 3 (39:36) Job répondit à l'Éternel et dit: 4 (39:37) Voici, je suis trop peu de chose ; que te répliquerais-je ? Je mets la main sur ma bouche. 5 (39:38) J'ai parlé une fois, je ne répondrai plus ; Deux fois, je n'ajouterai rien.
   6 (40:1) L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit: 7 (40:2) Ceins tes reins comme un vaillant homme ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras. 8 (40:3) Anéantiras-tu jusqu'à ma justice ? Me condamneras-tu pour te donner droit ? 9 (40:4) As-tu un bras comme celui de Dieu, Une voix tonnante comme la sienne ? 10 (40:5) Orne-toi de magnificence et de grandeur, Revêts-toi de splendeur et de gloire ! 11 (40:6) Répands les flots de ta colère, Et d'un regard abaisse les hautains ! 12 (40:7) D'un regard humilie les hautains, Écrase sur place les méchants, 13 (40:8) Cache-les tous ensemble dans la poussière, Enferme leur front dans les ténèbres ! 14 (40:9) Alors je rends hommage A la puissance de ta droite.
   15 (40:10) Voici l'hippopotame, à qui j'ai donné la vie comme à toi ! Il mange de l'herbe comme le boeuf. 16 (40:11) Le voici ! Sa force est dans ses reins, Et sa vigueur dans les muscles de son ventre ; 17 (40:12) Il plie sa queue aussi ferme qu'un cèdre ; Les nerfs de ses cuisses sont entrelacés ; 18 (40:13) Ses os sont des tubes d'airain, Ses membres sont comme des barres de fer. 19 (40:14) Il est la première des oeuvres de Dieu ; Celui qui l'a fait l'a pourvu d'un glaive. 20 (40:15) Il trouve sa pâture dans les montagnes, Où se jouent toutes les bêtes des champs. 21 (40:16) Il se couche sous les lotus, Au milieu des roseaux et des marécages ; 22 (40:17) Les lotus le couvrent de leur ombre, Les saules du torrent l'environnent. 23 (40:18) Que le fleuve vienne à déborder, il ne s'enfuit pas: Que le Jourdain se précipite dans sa gueule, il reste calme. 24 (40:19) Est-ce à force ouverte qu'on pourra le saisir ? Est-ce au moyen de filets qu'on lui percera le nez ?

Job 41

   1 (40:20) Prendras-tu le crocodile à l'hameçon ? Saisiras-tu sa langue avec une corde ? 2 (40:21) Mettras-tu un jonc dans ses narines ? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ? 3 (40:22) Te pressera-t-il de supplication ? Te parlera-t-il d'une voix douce ? 4 (40:23) Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave ? 5 (40:24) Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau ? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles ? 6 (40:25) Les pêcheurs en trafiquent-ils ? Le partagent-ils entre les marchands ? 7 (40:26) Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons ? 8 (40:27) Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer. 9 (40:28) Voici, on est trompé dans son attente ; A son seul aspect n'est-on pas terrassé ? 10 (41:1) Nul n'est assez hardi pour l'exciter ; Qui donc me résisterait en face ?
   11 (41:2) De qui suis-je le débiteur ? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient. 12 (41:3) Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure. 13 (41:4) Qui soulèvera son vêtement ? Qui pénétrera entre ses mâchoires ? 14 (41:5) Qui ouvrira les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur. 15 (41:6) Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau ; 16 (41:7) Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux ; 17 (41:8) Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables. 18 (41:9) Ses éternuements font briller la lumière ; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore. 19 (41:10) Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent. 20 (41:11) Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente. 21 (41:12) Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme. 22 (41:13) La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui. 23 (41:14) Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables. 24 (41:15) Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure. 25 (41:16) Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir. 26 (41:17) C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée ; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien. 27 (41:18) Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri. 28 (41:19) La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume. 29 (41:20) Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards. 30 (41:21) Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon. 31 (41:22) Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums. 32 (41:23) Il laisse après lui un sentier lumineux ; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard. 33 (41:24) Sur la terre nul n'est son maître ; Il a été créé pour ne rien craindre. 34 (41:25) Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.

Job 42

   1 Job répondit à l'Éternel et dit: 2 Je reconnais que tu peux tout, Et que rien ne s'oppose à tes pensées. 3 Quel est celui qui a la folie d'obscurcir mes desseins ? -Oui, j'ai parlé, sans les comprendre, De merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas. 4 Écoute-moi, et je parlerai ; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras. 5 Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon oeil t'a vu. 6 C'est pourquoi je me condamne et je me repens Sur la poussière et sur la cendre.
   7 Après que l'Éternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Éliphaz de Théman: Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job. 8 Prenez maintenant sept taureaux et sept béliers, allez auprès de mon serviteur Job, et offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous, et c'est par égard pour lui seul que je ne vous traiterai pas selon votre folie ; car vous n'avez pas parlé de moi avec droiture, comme l'a fait mon serviteur Job. 9 Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama allèrent et firent comme l'Éternel leur avait dit: et l'Éternel eut égard à la prière de Job.
   10 L'Éternel rétablit Job dans son premier état, quand Job eut prié pour ses amis ; et l'Éternel lui accorda le double de tout ce qu'il avait possédé. 11 Les frères, les soeurs, et les anciens amis de Job vinrent tous le visiter, et ils mangèrent avec lui dans sa maison. Ils le plaignirent et le consolèrent de tous les malheurs que l'Éternel avait fait venir sur lui, et chacun lui donna un kesita et un anneau d'or. 12 Pendant ses dernières années, Job reçut de l'Éternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières. Il posséda quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de boeufs, et mille ânesses. 13 Il eut sept fils et trois filles: 14 il donna à la première le nom de Jemima, à la seconde celui de Ketsia, et à la troisième celui de Kéren Happuc. 15 Il n'y avait pas dans tout le pays d'aussi belles femmes que les filles de Job. Leur père leur accorda une part d'héritage parmi leurs frères. 16 Job vécut après cela cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu'à la quatrième génération. 17 Et Job mourut âgé et rassasié de jours.

Jb 38-42 (Annotée Neuchâtel)

   1 L'Eternel répondit à Job du milieu du tourbillon et dit :
   2 Qui donc obscurcit le conseil
Par des discours sans connaissance ?
   3 Voyons, ceins tes reins comme un homme ;
Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
   4 Où étais-tu quand j'ai fondé la terre ?
Parle, si tu possèdes l'intelligence.
   5 Qui en a fixé les mesures, si tu le sais,
Ou qui a étendu sur elle le cordeau ?
   6 Sur quoi ses piliers ont-ils été fondés,
Ou qui en a posé la pierre angulaire,
   7 Alors que les étoiles du matin chantaient en choeur,
Que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie !
   8 Qui a fermé la mer avec des portes,
Quand elle sortit avec force du sein maternel ;
   9 Quand je lui donnai les nuages pour vêtements,
Les sombres vapeurs pour langes ;
   10 Quand je lui donnai pour limites des berges abruptes,
Que je lui mis des barres et des portes ;
   11 Et que je dis : Jusqu'ici tu viendras, et pas plus loin ;
Ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots !
   12 As-tu, de ta vie, commandé au matin,
As-tu assigné sa place à l'aurore,
   13 Pour qu'elle saisisse les extrémités de la terre,
Et qu'elle en secoue les méchants ?
   14 La terre est transformée comme l'argile qui reçoit une empreinte ;
Toutes choses se présentent comme un [riche] vêtement ;
   15 Les méchants sont privés de leur lumière,
Le bras qui se levait [déjà] est brisé.
   16 Es-tu entré jusqu'aux sources de la mer ?
T'es-tu promené au fond de l'abîme ?
   17 Les portes de la mort se sont-elles montrées à toi ?
As-tu vu les portes de l'ombre de la mort ?
   18 As-tu embrassé du regard les vastes espaces de la terre ?
Parle, si tu connais tout cela !
   19 Quel est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ?
Et les ténèbres, sais-tu où est leur résidence,
   20 Pour aller les chercher dans leur domaine
Et pour distinguer les sentiers de leur demeure ?
   21 Tu le sais, car alors tu étais né,
Le nombre de tes jours est grand !
   22 Es-tu entré jusqu'aux trésors de la neige ?
As-tu vu les trésors de la grêle,
   23 Que j'ai réservés pour le temps de la détresse,
Pour le jour de la bataille et de la guerre ?
   24 Par quel chemin la lumière se répand-elle,
Et le vent d'orient souffle-t-il sur la terre ?
   25 Qui a ouvert des canaux à la pluie,
Tracé la route aux éclairs,
   26 Pour qu'il pleuve sur un pays sans habitants,
Sur un désert où il n'y a point d'hommes,
   27 Pour rassasier les solitudes désolées,
Et pour faire germer une fraîche verdure !
   28 La pluie a-t-elle un père,
Ou qui a engendré les gouttes de rosée ?
   29 Du sein de qui est sortie la glace,
Et le givre du ciel, qui l'a enfanté ?
   30 Les eaux se durcissent comme de la pierre,
Et la surface de l'abîme devient solide.
   31 Est-ce toi qui noues les liens des Pléiades,
Ou qui détaches les cordes d'Orion ?
   32 Fais-tu sortir les Hyades en leur temps ?
Conduis-tu la Grande Ourse avec ses petits ?
   33 Connais-tu les lois du ciel ?
Règles-tu son influence sur la terre ?
   34 Elèves-tu la voix jusqu'aux nues,
Tellement que des torrents d'eau te couvrent ?
   35 Les éclairs partent-ils à ton commandement,
Et te disent-ils : Nous voici ?
   36 Qui a donné de la sagesse aux sombres nuages,
Ou qui a donné de l'intelligence aux nuées ?
   37 Qui compte avec sagesse les nues,
Et les outres du ciel, qui les incline,
   38 Quand la poussière coule, puis se durcit,
Et que les mottes de terre se soudent entre elles ?

Job 39

   1 Chasses-tu la proie pour la lionne ?
Assouvis-tu la faim des lionceaux
   2 Quand ils se courbent dans les cavernes,
Qu'ils se tiennent en embuscade dans les taillis ?
   3 Qui prépare au corbeau sa pâture,
Quand ses petits crient à Dieu,
Qu'ils errent sans nourriture ?
   4 Sais-tu le temps où les chèvres des rochers mettent bas ?
As-tu observé quand les biches sont dans les douleurs ?
   5 Comptes-tu les mois de leur gestation,
Sais-tu le temps où elles font leurs petits ?
   6 Elles se courbent, elles mettent bas leur portée,
Elles se délivrent de leurs douleurs.
   7 Leurs petits deviennent forts, ils grandissent en pleine campagne ;
Les voilà partis pour ne plus revenir vers elles !
   8 Qui a donné la liberté à l'onagre ?
Qui a délié les liens de l'âne sauvage ?
   9 J'ai fait de la steppe sa demeure,
De la terre salée son habitation.
   10 Il se rit du tumulte des villes,
Il n'entend pas les cris d'un cocher.
   11 Il erre sur les montagnes pour trouver sa pâture,
Il est à la recherche de tout ce qui verdoie.
   12 Le buffle voudra-t-il te servir,
Passera-t-il la nuit près de ta crèche ?
   13 Attacheras-tu le buffle avec une corde pour le faire labourer ?
Te suivra-t-il pour herser les vallées !
   14 Te fieras-tu à lui parce que sa force est grande ?
Lui remettras-tu tes travaux ?
   15 Compteras-tu sur lui pour amasser tes semailles
Et amasser [le blé] sur ton aire ?
   16 L'aile de l'autruche s'agite joyeuse ;
Est-ce l'aile et le duvet de la cigogne ?
   17 Non, elle abandonne ses oeufs à la terre,
Elle les fait chauffer sur la poussière.
   18 Elle oublie qu'un pied peut les écraser,
Que les bêtes sauvages peuvent les fouler.
   19 Elle traite durement ses petits, comme s'ils n'étaient pas à elle ;
Son travail sera vain, elle ne s'en émeut point.
   20 Car Dieu lui a refusé la sagesse,
Il ne lui a pas départi d'intelligence.
   21 Quand elle prend son essor,
Elle se rit du cheval et de son cavalier.
   22 Est-ce toi qui donnes au cheval la force,
Qui revêts son cou d'une crinière frémissante ?
   23 Le fais-tu bondir comme la sauterelle ?
Quand il hennit fièrement, c'est la terreur !
   24 Il creuse le sol dans la vallée, et se réjouit de sa force,
Il s'élance au-devant des armes.
   25 Il se rit de la frayeur, il ne tremble pas,
Il ne recule pas devant l'épée.
   26 Sur lui résonne le carquois,
Brillent la lance et le javelot.
   27 Bondissant, frémissant, il dévore le sol,
Il ne se contient plus quand résonne la trompette.
   28 A, l'ouïe de la trompette, il dit : Hourra !
De loin il flaire la guerre,
Les cris des chefs et le tumulte.
   29 Est-ce grâce à ton intelligence que l'épervier prend son vol,
Et qu'il déploie ses ailes vers le sud ?
   30 Est-ce à ton commandement que l'aigle s'élève,
Et qu'il place si haut son nid ?
   31 Il habite et niche dans les rochers,
Sur les dents des rochers et les lieux forts.
   32 De là il épie sa nourriture,
Ses yeux l'aperçoivent de loin.
   33 Ses petits [déjà] se gorgent de sang ;
Là où il y a des tués, il s'y trouve. 34 L'Eternel répondit à Job et dit :
   35 Le censeur disputera-t-il avec le Puissant ?
Que celui qui fait la leçon à Dieu réponde ! 36 Job répondit à l'Eternel et dit :
   37 Ah ! je suis trop peu de chose ! que te répondrai-je ?
J'ai mis la main sur ma bouche.
   38 J'ai parlé une fois, et je ne répliquerai plus,
Deux fois, et je ne continuerai pas.

Job 40

   1 L'Eternel adressa la parole à Job du milieu du tourbillon, et dit :
   2 Voyons, ceins tes reins comme un homme ;
Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
   3 Veux-tu donc anéantir mon droit,
Me condamner pour te justifier !
   4 As-tu un bras pareil à celui de Dieu ?
Peux-tu, comme lui, faire tonner ta voix ?
   5 Orne-toi de majesté et de grandeur ;
Revêts-toi de splendeur et de magnificence !
   6 Donne un libre cours aux accès de ta colère,
Regarde tous les hautains et abaisse-les !
   7 Regarde tous les hautains, humilie-les ;
Ecrase sur place les méchants.
   8 Cache-les tous dans la poussière,
Cache leurs visages dans l'obscurité.
   9 Alors, moi aussi, je te louerai
De ce que ta droite te procure du secours.
   10 Voici l'hippopotame, que j'ai fait en même temps que toi ;
Il mange de l'herbe comme le boeuf.
   11 Voici, sa force est dans ses reins,
Sa vigueur dans les muscles de son ventre.
   12 Il raidit sa queue comme un cèdre,
Les nerfs de ses cuisses sont entrelacés.
   13 Ses os sont des tubes d'airain,
Ses côtes comme des barres de fer.
   14 C'est le chef-d'oeuvre de Dieu ;
Son créateur lui a fourni sa faux,
   15 Car des montagnes [entières] produisent son fourrage,
Tandis que tous les animaux des champs se jouent près de lui.
   16 Il se couche sous les lotus,
Dans la retraite des roseaux et des marais.
   17 Les lotus le couvrent de leur ombre,
Les saules de là rivière l'environnent.
   18 Si un fleuve s'emporte, il ne s'effraie pas,
Il reste calme, quand un Jourdain monte jusqu'à sa gueule.
   19 Peut-on l'attaquer face à face,
Le prendre dans des filets pour lui percer le nez ?
   20 Tireras-tu le crocodile à l'hameçon ?
Lui presseras-tu la langue avec ta ligne ?
   21 Lui mettras-tu un jonc dans le nez ?
Lui perceras-tu la joue avec un crochet ?
   22 T'adressera-t-il de nombreuses supplications ?
Te dira-t-il de douces paroles ?
   23 Fera-t-il alliance avec toi ?
Le prendras-tu pour esclave à toujours ?
   24 Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau ?
Le mettras-tu à l'attache pour tes jeunes filles ?
   25 Des associés en feront-ils commerce ?
Le partageront-ils entre les Cananéens ?
   26 Couvriras-tu sa peau de dards,
Sa tête de harpons ?
   27 Porte ta main sur lui !
Si tu songes à l'attaquer, tu ne recommenceras pas.
   28 Voici, on est trompé dans son attente;
N'est-on pas atterré à son seul aspect ?

Job 41

   1 Nul n'est assez téméraire pour l'exciter ;
Qui donc me résisterait en face !
   2 Qui m'a prévenu, pour que je doive m'acquitter envers lui ?
Ce qui est sous tous les cieux, est à moi !
   3 Je veux encore parler de ses membres,
Louer sa force et la beauté de sa structure.
   4 Qui a soulevé le dessus de son vêtement ?
Qui pénétrera entre ses deux mâchoires ?
   5 Qui ouvrira les portes de sa face ?
Autour de ses dents habite la terreur.
   6 Magnifiques sont les rangées de ses boucliers,
Etroitement unis comme par un sceau :
   7 L'un touche à l'autre,
Et l'air ne pénètre pas entre eux.
   8 Ils sont soudés ensemble,
Ils se tiennent et ne se laissent point séparer.
   9 Ses éternuements produisent un jet de lumière,
Et ses yeux sont comme les paupières de l'aurore.
   10 Des brandons sortent de sa gueule ;
Des étincelles de feu s'en échappent.
   11 De ses naseaux sort de la fumée,
Comme d'un pot bouillonnant et d'une chaudière.
   12 Son souffle allumerait des charbons,
Et une flamme part de sa gueule.
   13 Dans son cou réside la force,
Et devant lui bondit la frayeur.
   14 Les fanons de sa chair sont fermes ;
Coulés sur lui, ils ne branlent pas.
   15 Son coeur est dur comme la pierre,
Dur comme la meule de dessous.
   16 Quand il se lève, les forts ont peur ;
Ils s'enfuient éperdus.
   17 Quand on l'atteint de l'épée, elle n'a aucun effet,
Non plus que la lance, le dard et la cuirasse.
   18 Il estime le fer comme de la paille,
L'airain comme du bois pourri.
   19 La fille de l'arc ne le met pas en fuite ;
Les pierres de la fronde se changent pour lui en chaume.
   20 Il ne fait pas plus de cas de la hache d'armes que du chaume
Et il se rit du frémissement du javelot.
   21 Son ventre est garni de tessons pointus ;
Il laisse sur le limon l'empreinte d'une herse.
   22 Il fait bouillonner le gouffre comme une chaudière ;
Il rend la mer semblable à un vase de parfumeur.
   23 Il laisse après lui un sillage lumineux ;
On prendrait l'abîme pour une chevelure blanche.
   24 Il n'a pas son semblable sur la terre ;
Il a été fait pour être sans peur.
   25 Il regarde en face tout ce qui est élevé ;
Il est le roi de tous les fauves orgueilleux.

Job 42

   1 Job répondit à l'Eternel et dit :
   2 Je reconnais que tu peux tout
Et qu'aucun dessein n'est trop difficile pour toi.
   3 Qui donc, privé de connaissance, voile la sagesse ?
Oui, j'ai parlé sans comprendre ;
Ce sont choses trop élevées pour moi et que je ne connaissais pas.
   4 Ecoute, je te prie, et je parlerai ;
Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.
   5 Mon oreille avait entendu parler de toi ;
Maintenant mon oeil t'a vu.
   6 C'est pourquoi je me rétracte et je me repens
Sur la poussière et sur la cendre.
   7 Après avoir adressé ces paroles à Job, l'Eternel dit à Eliphaz de Théman : Ma colère s'est embrasée contre toi et contre tes deux amis, car vous n'avez pas parlé selon la vérité à mon égard, comme mon serviteur Job. 8 Et maintenant prenez sept taureaux et sept béliers et allez vers mon serviteur Job et offrez-les en holocauste pour vous, et mon serviteur Job priera pour vous ; j'aurai égard à lui et ne vous traiterai pas selon votre folie, car vous n'avez pas parlé selon la vérité à mon égard, comme mon serviteur Job. 9 Et Eliphaz de Théman et Bildad de Suach et Tsophar de Naama allèrent et firent comme l'Eternel leur avait dit, et l'Eternel eut égard à Job.
   10 Et comme Job priait pour ses amis, l'Eternel le rétablit dans son ancien état, et l'Eternel donna à Job le double de tout ce qu'il avait eu. 11 Tous ses frères et toutes ses soeurs et tous ses amis d'autrefois vinrent vers lui et mangèrent avec lui dans sa maison ; ils sympathisèrent avec lui et le consolèrent au sujet de tous les maux que l'Eternel avait fait venir sur lui, et lui donnèrent chacun une késita et un anneau d'or. 12 L'Eternel bénit la fin de Job plus que son commencement, et il eut quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille couples de boeufs et mille ânesses. 13 Il eut sept fils et trois filles. 14 Il appela la première Jémima, la seconde Ketsia et la troisième Kéren-Happuc. 15 Il ne se trouva pas dans tout le pays de femmes aussi belles que les filles de Job, et leur père leur donna un héritage parmi leurs frères. 16 Après cela Job vécut cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils, jusqu'à la quatrième génération. 17 Et Job mourut âgé et rassasié de jours.