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Exode 20:8-10
(Annotée Neuchâtel)
8 Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. 9 Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ce que tu as à faire. 10 Mais le septième jour est un sabbat consacré à l'Eternel ton Dieu ; tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ta bête, ni l'étranger qui est dans tes portes ;

Références croisées

20:8 Ex 16:23-30, Ex 31:13-14, Gn 2:3, Lv 19:3, Lv 23:3, Es 56:4-6
Réciproques : Ex 13:3, Ex 23:12, Lv 23:38, Nb 15:32, Nb 28:9, Dt 5:12, Ne 9:14, Ne 13:15, Es 58:13, Jr 17:22, Ez 20:12, Am 8:5, Lc 23:56, Jn 5:10
20:9 Ex 23:12, Lc 13:14
Réciproques : Ex 16:26, Ex 31:15, Ex 34:21, Ex 35:2, Ez 46:1, Mt 12:2
20:10 Ex 31:13, Ex 34:21, Ex 16:27-28, Nb 15:32-36, Lc 23:56, Dt 5:14-15, Ex 23:9-12, Dt 16:11-12, Dt 24:14-22, Ne 10:31, Ne 13:15-21
Réciproques : Ex 12:16, Ex 24:16, Ex 31:15, Ex 35:2, Lv 16:29, Ez 14:7, Mc 2:24

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Exode 20
  • 20.8 8 à 11 Le quatrième commandement
    On ne peut pas conclure certainement du mot : Souviens-toi, que l'observation du septième jour existât déjà précédemment chez les Juifs. Ils avaient bien l'usage de la semaine (Genèse 17.12; 21.4; 29.27-28); mais de là ne résulte pas qu'ils célébrassent déjà le sabbat. Ce qui se passa à l'occasion du don de la manne put bien préparer l'observance sabbatique, mais n'en implique pas l'existence.
    Cependant deux faits peuvent conduire à l'idée qu'un repos hebdomadaire existait déjà en Israël : d'abord l'emploi dans ce commandement même du terme le sabbat, au lieu de celui de septième jour; puis la circonstance que chez les Assyriens, qui célébraient le 7ième, le 14ième, le 21ième et le 28ième jour de chaque mois, on redoutait, dans chacun de ces septièmes jours appelés sabbatu, de commencer un travail quelconque. Il n'est donc pas sûr que le mot : Souviens-toi, ne rappelle pas une observance déjà ancienne. Quoiqu'il en soit, cette expression signifie certainement : N'oublie pas de distinguer ce jour-là des autres jours pour en faire un sabbat, c'est-à-dire un jour de complète cessation du travail.
    Pour le sanctifier : non seulement pour te reposer, mais pour le consacrer à Dieu.
    Tu ne feras aucun ouvrage. A l'égard d'autres jours de fête, Dieu interdit les travaux pénibles (Lévitique 23.7); à l'égard du sabbat, il défend tout travail quelconque : non seulement des travaux comme ceux de labourer (Exode 34.21), de fouler au pressoir (Néhémie 13.15), de porter des fardeaux (Jérémie 17.21), de faire du commerce (Néhémie 13.16; Amos 8.5), mais même l'acte de ramasser du bois mort (Nombres 15.32 et suivants) et de faire du feu dans les maisons (Exode 35.3). Du reste la loi ne précise pas davantage, laissant au peuple le soin d'appliquer cette prescription.
    On connaît par le Nouveau Testament et par le Talmud les subtilités dans lesquelles les rabbins sont tombés à cet égard.
    Ni toi, ni ton fils... Ce repos doit être général, non seulement quant aux travaux, mais aussi quant aux personnes. Il doit s'étendre même aux animaux, qui participent au travail journalier, et aux esclaves. Nous savons que les Romains avaient aussi des jours de repos (feriæ) pour les esclaves et pour les bêtes de somme.
    Dans tes portes. Il ne s'agit pas des portes des tentes ou des maisons; le mot employé ne peut désigner que celles des villes. Le sens est donc : dans l'enceinte des endroits que tu habites.
    Car l'Eternel a fait... Comparez Genèse 2.2 et suivants. Ces mots prouvent que la tradition du récit de la création était vivante dans l'esprit du peuple. Comme Dieu, après avoir achevé son œuvre, en a fait l'objet de sa contemplation et l'a bénie en bénissant le jour du repos qui en fut le couronnement, ainsi, dans la vie laborieuse de l'homme, chaque semaine doit être une étape qui reproduise en petit la grande semaine de la création et qui aboutisse, comme celle-ci, à un jour de recueillement, de consécration et de bénédiction renouvelée.
    Dans la parole Deutéronome 5.14-15, Moïse donne à ce commandement un autre considérant :
    Afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi et que tu te souviennes que tu as aussi été esclave au pays d'Egypte et que l'Eternel ton Dieu t'en a fait sortir.
    Par le repos sabbatique chaque Israélite doit donc associer les étrangers, les esclaves, à la joie de la délivrance que Dieu lui a accordée à lui-même par le fait de la sortie d'Egypte, de la maison de servitude. Il est évident que ce considérant humanitaire n'exprime pas le motif premier du commandement; mais il n'est point en contradiction avec le motif d'ordre religieux donné dans l'Exode. Le Deutéronome lui-même fait allusion à celui-ci dans ces mots du verset 14 : le repos de l'Eternel ton Dieu.
    Le motif nouveau que développe spécialement le Deutéronome est conforme à la tendance générale de ce livre qui est de cultiver dans le cœur d'Israël les sentiments d'équité, d'humanité et de bienveillance envers tous les hommes, et de compléter ainsi ce qui n'était pas expressément indiqué par la lettre de la loi. On ne peut douter d'ailleurs que la forme du Deutéronome ne soit postérieure à celle de l'Exode, quand dans ce livre même on lit ces mots (verset 12) : Garde le jour du repos selon que l'Eternel ton Dieu te l'a commandé.
    La loi du sabbat est le seul commandement rituel du Décalogue. Ce fait suffit à montrer sa grande importance; c'est autour de cette institution comme centre que se grouperont toutes les autres prescriptions cérémoniales qui constitueront le culte de l'Eternel. Aussi ce commandement est-il répété à plusieurs reprises (23.12; 35.2; Lévitique 19.3,30; 23.3; 26.2. Dans Exode 31.12-17, le sabbat est appelé un signe de l'alliance entre Dieu et les fils d'Israël à perpétuité.
    Ce que fut l'arc-en-ciel dans l'alliance contractée avec Noé, la circoncision dans l'alliance patriarcale, ce que sera le baptême dans l'alliance nouvelle, l'institution du sabbat l'a été dans l'alliance légale.
    C'est sur ce terme de septième jour que s'appuient ceux qui portent le nom de Sabbatistes et qui prétendent ramener l'Eglise à l'observation du samedi. Mais il faut considérer :
    1. que Jésus a dit : Le Fils de l'homme est maître même du sabbat. (Marc 2.28); par conséquent maître de l'abroger, à plus forte raison d'en changer le jour.
    2. que la substitution du premier jour au septième a eu lieu à l'époque et sous les yeux des apôtres; car elle était consommée avant la mort de Jean, comme le montre le terme de jour du Seigneur ou jour dominical, employé Apocalypse 1.10 et dans tous les temps subséquents (voir les Pères du deuxième siècle) pour désigner le premier jour de la semaine.
    C'est certainement l'apôtre Paul qui, en enseignant l'abolition de la loi, a mis les Eglises fondées par lui chez les païens sur la voie de cette substitution. Dans les épîtres aux Galates (Galates 4.10) et aux Colossiens (Colossiens 2.16), il insiste sur la pleine liberté des croyants à l'égard des fêtes juives, dans lesquelles il range expressément les sabbats. Et comme, par le fait de la résurrection du Seigneur et de ses premières apparitions, le premier jour de la semaine avait pris dans la conscience de l'Eglise une importance toute particulière, tellement que ce jour était devenu celui des réunions de culte (Actes 20.7; comparez 1Corinthiens 16.2), le caractère du repos sabbatique se rattacha tout naturellement ce jour.
    L'obligation du repos hebdomadaire ne, repose donc plus pour nous sur le quatrième commandement qui, ainsi que tout ce qui est spécialement juif dans la loi, a été aboli par la venue du Messie (Romains 10.4), mais sur l'institution divine rapportée Genèse 2.3 et confirmée par Marc 2.27 : Le sabbat a été fait pour l'homme, pour tout homme donc, et non pour le juif seulement. Mais de même que le septième jour était le monument de la création achevée, le premier y a été substitué comme mémorial de la nouvelle création inaugurée par la résurrection de Jésus-Christ. L'un était le repos après le travail achevé, l'autre est le repos en Dieu préparant l'accomplissement de la tâche nouvelle. Si l'Eglise avait besoin d'un texte exprès pour autoriser ce changement, elle le trouverait dans la parole de Jérémie 31.34 et suivants, où il annonce une alliance nouvelle qui, à la loi de Sinaï gravée sur les tables de pierre, substituera la loi écrite par le Saint-Esprit dans les cœurs des pécheurs pardonnés.