Genèse 10:1-5
(Annotée Neuchâtel)
1
Voici la postérité des fils de Noé, Sem, Cham et Japheth. Il leur naquit des fils après le déluge.
2 Fils de Japheth : Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Mésec et Thiras.
3 Fils de Gomer : Askénaz, Riphath et Thogarma.
4 Fils de Javan : Elisa et Tharsis, Kittim et Dodanim.
5 C'est d'eux que viennent les peuples dispersés, dans les îles des nations, dans leurs divers pays, chacun selon sa langue, selon leurs familles, en leurs nations.
2 Fils de Japheth : Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Mésec et Thiras.
3 Fils de Gomer : Askénaz, Riphath et Thogarma.
4 Fils de Javan : Elisa et Tharsis, Kittim et Dodanim.
5 C'est d'eux que viennent les peuples dispersés, dans les îles des nations, dans leurs divers pays, chacun selon sa langue, selon leurs familles, en leurs nations.
Références croisées
10:1 Gn 2:4, Gn 5:1, Gn 6:9, Mt 1:1, Gn 9:1, Gn 9:7, Gn 9:19Réciproques : Gn 5:32, Gn 7:13, Gn 9:18, Gn 10:32, Gn 37:2, Nb 3:1, 1Ch 1:5, 2Ch 14:13
10:2 Gn 10:21, 1Ch 1:5-7, Es 66:19, Ez 27:7, Ez 27:12-14, Ez 27:19, Ez 38:2, Ez 38:6, Ez 38:15, Ez 39:1, Ap 20:8
Réciproques : Gn 7:13, Gn 9:19, Ps 120:5, Es 60:9, Jr 51:28, Ez 27:13, Ez 32:26
10:3 Réciproques : 1Ch 1:6, Jr 51:27, Ez 27:14, Ez 38:6
10:4 Nb 24:24, Es 23:1, Es 23:12, Dn 11:30
Réciproques : 1R 10:22, Es 24:15, Es 66:19, Jr 2:10, Ez 27:6, Ez 27:7, Ez 27:12, Ez 27:13, Dn 11:18
10:5 Gn 10:25, Ps 72:10, Es 24:15, Es 40:15, Es 41:5, Es 42:4, Es 42:10, Es 49:1, Es 51:5, Es 59:18, Es 60:9, Jr 2:10, Jr 25:22, So 2:11, Gn 10:20, Gn 11:1-9
Réciproques : Gn 10:31, Gn 11:7, Gn 11:9, Est 10:1, Ps 97:1, Es 11:11, Jr 31:10, Jr 46:1, Dn 11:18
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsGenèse 10
- 10.2 10.2-5 Les descendants de Japheth
A Japheth se rattachent quatorze noms, dont sept appartiennent à la première et sept à la seconde génération; mais ces sept derniers ne descendent que de deux des fils de Japheth. Comparez le tableau.
Les sept fils de Japheth
Gomer. Ce nom revient dansEzéchiel 38.6
où il désigne un peuple du Nord allié de Gog dans sa grande expédition future contre le peuple de Dieu. Il se retrouve dans les inscriptions assyriennes, à partir du 7° siècle avant JC, sous la forme de Gimirrai, nom de peuple, et de Gimir, nom de pays. La contrée désignée ainsi par les inscriptions est, selon toute probabilité, la Cappadoce, partie centrale de l'Asie-Mineure, que les Arméniens appelaient Gamir.
Le nom grec Kimmerioi (Cimmériens) doit aussi être le même mot; il désigne un peuple qui habitait primitivement au nord de la mer Noire et qui a laissé son nom au détroit reliant cette mer à la mer d'Azof (Bosphore Cimmérien), mais qui, au 7° siècle avant JC, fut refoulé par les Scythes et passa en Asie-Mineure, où il s'empara du royaume de Lydie. Cependant cette race paraît s'être étendue bien au-delà de ces contrées. Ainsi, d'après les historiens anciens, les Thraces, comme d'autres peuples d'Asie-Mineure descendus d'eux, étaient Cimmériens. Pour Homère (Odyssée 11.14), les Cimmériens sont un peuple plus ou moins fabuleux qui habite à l'extrême Occident
De même, dans diverses contrées, on retrouve chez les anciens des noms qui rappellent Gomer et Kimmerioi : par exemple les Garaméens, avec Gomara comme capitale, en Assyrie; les Comares, avec la ville de Comara sur les bords de l'Oxus; les Cumri ou Cymry (Cambriens), peuple celtique habitant le pays de Galles, qui a gardé dans ses traditions le souvenir d'un temps où il habitait les bords de la mer Noire.
Strabon et Plutarque identifient même toute la race celtique, qui habitait l'Europe occidentale, avec les Cimmériens. Quelques savants vont plus loin encore et pensent que la tribu germaine des Cimbres était aussi un rameau de cette race. Il n'est donc pas possible de fixer avec une entière certitude la position géographique de Gomer. Il est probable que ce peuple, parti du berceau primitif de la race humaine, se dirigea vers le Nord, s'établit sur la côte septentrionale de la mer Noire, et envoya de là ses ramifications vers le Sud et vers l'Ouest.
Magog doit vraisemblablement être cherché entre Gomer et les Mèdes. DansEzéchiel 38.2,6,15; 39.2
, c'est le nom d'un pays du Nord habité par Gog; Gog domine sur Tubal et Mésec, et à lui se joignent Gomer et Thogarma pour envahir les contrées du Sud.
Comme il est probable que cette prophétie est en relation avec la grande invasion des Scythes qui venait d'avoir lieu et avait laissé une impression profonde dans l'Asie occidentale, on identifie Magog avec ce peuple, quoiqu'il n'y ait aucune relation entre les deux noms. Il est donc probable que nous devons chercher Magog dans les contrées qui s'étendent à l'ouest de la mer Caspienne, et de là vers le Nord jusque dans les steppes de l'Oural.
Madaï désigne, d'un accord unanime, les Mèdes, peuple habitant le plateau de l'Iran au sud du lac Caspien et qui apparaît pour la première fois dans l'histoire biblique2Rois 17.6
, vers l'an 722, comme soumis an roi d'Assyrie. Ils portent exactement le même nom dans les inscriptions assyriennes, où ils sont souvent mentionnés.
D'après cela, Gomer, Magog et Madaï formeraient une ligne continue allant du Nord-Ouest au Sud-Est.
Javan commence une nouvelle ligne de l'Ouest à l'Est. Ce nom est, dans toutes les langues orientales, celui des Grecs et correspond au mot grec Iaônes, ou Ioniens, nom qui, avant de s'appliquer à une branche spéciale de la race hellénique, a servi, selon le témoignage d'anciens historiens grecs, à désigner la race tout entière.
Les Grecs n'occupaient pas seulement la Grèce et les îles de l'Archipel, mais encore la côte occidentale et méridionale de l'Asie-Mineure. La Bible les mentionne souvent : comparezJoël 3.6; Esaïe 66.19; Ezéchiel 27.13; Daniel 8.21; Zacharie 9.13
, etc.
Tubal et Mésec sont presque toujours réunis dans l'Ancien Testament, de même que chez les Grecs (Moskoi et Tibarênoi), dans les inscriptions assyriennes (Tabal et Muski) et même dans les hiéroglyphes égyptiens (Tuirasch et Maskouasch). Ce sont les Tibaréniens et les Mosques qui, au temps de l'historien grec Hérodote, habitaient au nord de l'Arménie, entre la mer Noire, le Caucase et la mer Caspienne. ComparezEzéchiel 27.13; 38.2
D'autre part, d'après des inscriptions assyriennes datant des 8° et 9° siècles avant JC, Tubal était un peuple considérable qui possédait une grande partie de l'Asie-Mineure, et dont les frontières touchaient à la Cilicie. Il est donc probable que ce peuple, puissant d'abord, a été refoulé ensuite dans la partie septentrionale de son territoire par les descendants de Gomer. (Voir à ce nom)
Thiras. Ce nom ne se retrouvant nulle part ailleurs, nous sommes réduits à des conjectures sur le peuple qu'il désigne. Longtemps on a pensé que c'étaient les Thraces. tribu puissante de la presqu'île hellénique. Mais, comme nous l'avons vu, ce peuple appartenait à la race cimmérienne. Il est plus probable qu'il faut penser aux Tyrrhéniens, les ancêtres des Etrusques, dans la Toscane actuelle. Ce peuple, dont les origines sont encore mystérieuses, présentait quelque affinité avec les Grecs. - 10.3 Les trois fils de Gomer
Askénaz. Ce nom se retrouve dansJérémie 51.27
, où il désigne une contrée voisine de la mer Noire et de l'Arménie occidentale. Le nom tout semblable d'Ascagne se retrouve plusieurs fois en Asie-Mineure; il sert à désigner deux lacs de Phrygie, une localité de Bithynie et un port (le port Ascanien) sur la mer Egée; il est même probable que la mer Noire portait primitivement le nom de mer d'Ascagne.
Rappelons encore que, dans l'histoire de la guerre de Troie, Homère mentionne parmi les alliés de Priam un Ascagne conduisant les Phrygiensvenus de la lointaine Ascanie
, et que dans l'Enéide le fils du Troyen Enée s'appelle Ascagne. D'après toutes ces données, Askénaz doit être cherché au centre et au Nord-Ouest de l'Asie-Mineure.
Chose singulière, les Juifs n'ont pas d'autre nom qu'Askénaz pour désigner les Allemands. Plusieurs savants, s'appuyant sur ce fait, ont pensé trouver une assonance entre Askénaz, Saxons et Scandinaves. Quelques traits des traditions primitives de ces peuples seraient favorables à cette supposition.
Riphath. Ce nom ne revient nulle part dans l'Ancien Testament. Josèphe pense à la Paphlagonie, pays montagneux au sud de la mer Noire, où se trouvait un fleuve du nom de Rhébas et un canton appelé Rhébantia. D'autres interprètes ont rapproché ce nom de celui des monts Ripéens, probablement les Carpathes, qui formaient pour les anciens la limite septentrionale du monde connu. Comme les autres descendants de Gomer qui nous sont indiqués habitaient tous au sud de la mer Noire, il faut plutôt donner raison à Josèphe. Mais il est possible qu'un rameau de ce peuple ait passé plus tard en Europe et donné son nom aux monts Ripéens.
Thogarma. Ce nom reparaît dansEzéchiel 27.14
et38.6
. Dans le premier de ces passages, il désigne un pays riche en chevaux et en mulets; or l'Arménie était renommée dans l'antiquité pour ce genre de commerce; puis surtout, les Arméniens se disaient descendus d'un ancêtre nommé Thorgom, nom qui se rapproche évidemment de Thogarma.
On a supposé aussi que les Turcs descendaient de Thogarma, mais c'est bien peu probable.
Ensuite des résultats auxquels nous sommes arrivés sur Gomer et ses descendants, nous pouvons supposer que cette branche des Japhéthites, établie au nord de la mer Noire, a envoyé ses rameaux vers le sud., en Asie-Mineure et en Arménie. Cependant, comme Gomer reste mentionné à côté de ses descendants, il est probable que quelques-uns d'entre eux seulement sont indiqués ici. Les autres n'ont été connus des Israélites que sous leur nom générique de Gomer (Cimmériens); ils sont restés établis au nord de la mer Noire, d'où leurs rameaux se sont probablement répandus vers l'Ouest., pour peupler une partie de l'Europe centrale.
Les descendants de Magog et de Madaï ne sont pas indiqués; il en sera de même de ceux de Tubal, Mésec et Thiras. Il y a deux raisons possibles de ce silence : ou bien ces peuples habitaient aux limites du monde connu de l'auteur, d'où leurs descendants se sont répandus plus loin encore; c'est le cas de Magog, Madaï et peut-être Thiras; ou bien, comme Tubal et Mésec, ils ont été entourés par d'autres peuples qui ne leur ont pas permis de s'étendre et de donner naissance à des rameaux considérables. - 10.4 Les quatre fils de Javan
Ces quatre fils sont groupés en deux paires : Elisa et Tharsis, Kittim et Dodanim.
Elisa. Comme, d'aprèsEzéchiel 27.7
, les Phéniciens tiraient des étoffes de pourpre des îles d'Elisa et comme les côtes de la Laconie et les îles voisines étaient connues dans l'antiquité pour leur pourpre, on a appliqué le terme d'Elisa au Péloponèse, où se trouvait la province nommée Elis. Mais il est probable qu'il ne faut pas restreindre ce nom à cette contrée et que la Sicile et l'Italie méridionale, qui portaient le nom de Grande Grèce, doivent aussi être comprises dans Elisa. Ces pays fournissaient aussi de la pourpre.
Tharsis. Ce mot, souvent employé dans l'Ancien Testament, est le correspondant du grec Tartessos et désigne sans doute l'Espagne. D'aprèsJérémie 10.9
etEzéchiel 27.12
, Tharsis fournissait en abondance de l'or, de l'argent, du fer, de l'étain et du plomb. Or, on sait que les vaisseaux phéniciens allaient chercher ces métaux en Espagne.
Le nom de Tharsis s'est conservé dans celui d'un peuple transporté par Annibal d'Espagne en Afrique les Thersites, et dans celui de leur ville Tharseion. Comparez le nom de Tortose en Catalogne.
Plusieurs auteurs ont pensé à Tarse en Cilicie; mais ce n'est pas un port de mer, et cette contrée n'est pas connue par ses mines.
La seconde paire des fils de Javan, Kittim et Dodanim, doit être cherchée plus près du berceau de la famille ionienne. Kittim désigne l'île de Chypre, où se trouvait la ville de Cittium (Esaïe 23.1
); par extension, ce nom s'étendit à d'autres îles, probablement celles de l'Archipel (Jérémie 11.10; Ezéchiel 27.6
).
Dans des temps plus récents, ce nom reçut une nouvelle extension et s'appliqua à toutes les côtes de la Méditerranée orientale; en effet, dans1Maccabées 1.1
et8.5
, Philippe et Alexandre de Macédoine sont désignés comme rois de Kittim.
On a voulu étendre cette désignation plus loin encore et l'appliquer même à l'Italie, en s'appuyant surDaniel 11.30
, qui parle de vaisseaux romains comme vaisseaux de Kittim. Mais il est possible que, dans ce passage les vaisseaux romains soient considérés comme partant de Kittim, où ils s'étaient arrêtés quelque temps.Nombres 24.24
parle aussi de vaisseaux de Kittim qui viendront humilier les Assyriens et les Hébreux.
Cittium était, il est vrai, une colonie phénicienne (Esaïe 23.4
, note); mais le déchiffrement de plusieurs inscriptions anciennes trouvées dans l'île a prouvé que sa population était de race hellénique.
Dodanim. On a voulu appliquer ce nom à Dodone, petite ville de la Grèce septentrionale, ou aux Dardaniens, ancien nom des Troyens. Mais Dodone n'était pas habitée par un peuple spécial, et les Troyens n'étaient pas de race hellénique. Aussi préférons-nous lire Rhodanim, en adoptant une variante qui se trouve dans1Chroniques 1.7
, et qu'ont déjà suivie les LXX et le texte samaritain. Les lettres d et r sont très semblables en hébreu. Sous cette forme, ce nom désigne évidemment l'île de Rhodes, peut-être avec les îles qui l'entourent immédiatement.
Rhodes est l'une des premières îles de l'Archipel dont l'histoire fasse mention; dans Homère, elle apparaît comme l'un des principaux Etats helléniques, et les colonies des Rhodiens dans la Méditerranée occidentale sont parmi les premières fondées.
Nous arrivons ainsi au même résultat pour Javan que pour Gomer; la race primitive s'est établie en un point central, la Grèce, d'où elle a envoyé ses rameaux dans diverses directions (les îles de l'Archipel, l'Italie méridionale et l'Espagne). - 10.5 C'est d'eux... : de Javan et de ses fils, non de tous les Japhéthites, car les autres branches de cette race se sont plutôt établies dans des contrées continentales.
Les îles des nations. Le mot hébreu que nous traduisons par îles signifie proprement : un pays de côtes qui ne peut être atteint que par mer. Aussi l'expression les îles des nations désigne-t-elle à la fois les côtes et les îles de la Méditerranée
Dans leurs divers pays, chacun selon sa langue. La division des langues est envisagée comme coïncidant avec la répartition géographique des peuples. Comparez le récit de la tour de Babel.
Selon leurs familles, en leurs nations. Ces mots indiquent la marche qu'a suivie le développement de l'humanité : les familles en s'étendant sont devenues des nations. Selon indique la norme, et en le résultat.
En comparant ce verset avec les versets 20 et 31, on pourrait supposer que les mots : Ce sont là les fils de Japheth, ont été omis devant dans leurs divers pays... Mais il est possible aussi que l'auteur ait voulu parler spécialement de Javan et de ses fils comme des descendants les plus importants de Japheth.
Cette première partie du tableau nous montre la postérité de Japheth se partageant en quatre courants : l'un, Gomer, tourne la mer Noire par le Nord et se répand de là en Asie-Mineure et probablement dans l'Europe centrale; un autre, Javan, passe au sud de la mer Noire et s'en va occuper les pays riverains de la Méditerranée; un troisième, Magog, se dirige directement au Nord; le quatrième enfin, Madaï, se dirige vers l'Est.
Un coup d'œil jeté sur cette ligne non interrompue de peuples japhéthiques, de la mer Caspienne à l'Espagne, montre bien l'accomplissement de la parole de Noé : Que Dieu donne de l'espace à Japheth. (9.27
)