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Jean 10:1-18 (Annotée Neuchâtel)

   1 En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui n'entre pas par la porte dans le bercail des brebis, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. 2 Mais celui qui entre par la porte est un berger des brebis. 3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix, et il appelle par leur nom ses propres brebis, et les mène dehors. 4 Quand il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. 5 Mais elles ne suivront point un étranger ; au contraire, elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent point la voix des étrangers.
   6 Jésus leur dit cette similitude ; mais ils ne comprirent point quelles étaient les choses dont il leur parlait. 7 Jésus leur dit donc encore: En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. 8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés. 9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira, et trouvera de la pâture. 10 Le voleur ne vient que pour dérober, et pour tuer et pour détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance.
   11 Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie pour ses brebis. 12 Mais le mercenaire, qui n'est point un berger, et à qui les brebis n'appartiennent pas en propre, voit venir le loup et abandonne les brebis et s'enfuit ; et le loup les ravit et les disperse. 13 Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis. 14 Moi je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. 16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi, il faut que je les amène ; et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. 17 C'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. 18 Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre ; tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père.

Références croisées

10:1 Jn 3:3, Jn 10:9, Jr 14:15, Jr 23:16-17, Jr 23:21, Jr 23:32, Jr 28:15-17, Jr 29:31-32, Ez 13:2-6, Mt 7:15, Mt 23:16-28, Rm 10:15, Ep 4:8-12, He 5:4, 1P 1:10, 2P 2:1, 1Jn 4:1, Jn 10:8, Jn 10:10, Es 56:10-12, Ez 34:2-5, Za 11:4-5, Za 11:16, Za 11:17, Rm 16:18, 2Co 11:13-15, Tt 1:11, 2P 2:3, 2P 2:14-19
Réciproques : Jr 3:15, Ez 46:2, Jl 2:9, Mt 5:18, Jn 1:51, Jn 10:7, Ac 1:21
10:2 Jn 10:7, Jn 10:9, Ac 20:28, 1Tm 3:2-7, 1Tm 4:14, Tt 1:5, Ap 1:20, Ap 2:1, Jn 10:11-12, Jn 10:14, Ps 23:1, Ps 80:1, Ec 12:11, Es 40:11, Es 63:11, Ez 34:23, Mi 5:5, Za 11:3, Za 11:5, Za 11:8, Za 13:7, He 13:20, 1P 2:25, 1P 5:4
Réciproques : Ez 34:5, Jn 10:16
10:3 Es 53:10-12, 1Co 16:9, Col 4:3, 1P 1:12, Ap 3:7-8, Ap 3:20, Jn 10:4, Jn 10:16, Jn 10:26, Jn 10:27, Jn 6:37, Jn 6:45, Ct 8:13, Jn 10:14, Jn 10:27, Ex 33:17, Rm 8:30, Ph 4:3, 2Tm 2:19, Ap 20:15, Ps 23:2-3, Ps 78:52-53, Ps 80:1, Es 40:11, Es 42:16, Es 49:9-10, Jr 31:8-9, Jr 50:4-6, Ez 34:11-16, Ap 7:17
Réciproques : Nb 1:17, Nb 9:17, Nb 27:17, 2S 5:2, 1R 3:7, Ps 95:7, Pr 8:20, Es 55:4, Jr 33:13, Mc 13:34, Jn 10:12, Jn 11:28, Jn 20:16, He 3:7
10:4 Jn 12:26, Jn 13:15, Jn 14:2-3, Dt 1:30, Mi 2:12-13, Mt 16:24, 1Co 11:1, Ep 5:1, Ph 2:5-11, He 6:20, He 12:2, 1P 2:21, 1P 4:1, 1P 5:3, Jn 10:8, Jn 10:16, Jn 3:29, Jn 18:37, Ct 2:8, Ct 5:2
Réciproques : Gn 33:3, Nb 9:17, Nb 27:17, 2S 5:2, 1R 3:7, 1Ch 11:2, Ps 80:1, Ps 95:7, Es 49:10, Jr 33:13, Jn 10:3, Jn 10:26, Jn 10:27, 1Co 4:16, 1Jn 2:20
10:5 1R 22:7, Pr 19:27, Mc 4:24, Lc 8:18, Ep 4:11-15, Col 2:6-10, 2Tm 3:5-7, 2Tm 4:3, 1P 2:1-3, 1Jn 2:19, 1Jn 2:21, 1Jn 4:5-6, Ap 2:2
Réciproques : Ct 2:8, Jn 10:8, 1Co 4:16, 1Jn 2:20
10:6 Jn 6:52, Jn 6:60, Jn 7:36, Jn 8:27, Jn 8:43, Ps 82:5, Ps 106:7, Pr 28:5, Es 6:9-10, Es 56:11, Dn 12:10, Mt 13:13-14, Mt 13:51, 1Co 2:14, 1Jn 5:20
Réciproques : Mc 14:22, Lc 18:34
10:7 Jn 10:1, Jn 10:9, Jn 14:6, Ep 2:18, He 10:19-22, Ps 79:13, Ps 95:7, Ps 100:3, Es 53:6, Ez 34:31, Lc 15:4-6
Réciproques : Lv 1:3, Lv 17:4, Ez 41:2, Mt 5:18, Jn 1:51, Jn 10:2, Rm 5:2, He 9:8, He 10:20, Ap 22:14
10:8 Jn 10:1, Es 56:10-12, Ez 22:25-28, Ez 34:2, So 3:3, Za 11:4-9, Za 11:16, Ac 5:36, Jn 10:5, Jn 10:27
Réciproques : Lc 2:8, Jn 10:4, Jn 12:6
10:9 Jn 10:1, Jn 10:7, Jn 14:6, Rm 5:1-2, Ep 2:18, He 10:19-22, Ps 23:1-6, Ps 80:1-3, Ps 95:7, Ps 100:3-4, Es 40:11, Es 49:9-10, Ez 34:12-16, Za 10:12
Réciproques : Ex 26:36, Ex 40:28, Ex 40:33, Lv 1:3, Lv 17:4, Nb 9:17, Nb 27:17, 1R 3:7, 1R 6:31, Ps 23:5, Ez 34:14, Ez 41:2, Ez 46:3, Os 2:15, Mt 7:13, Jn 8:18, Jn 10:2, Jn 14:4, Ac 9:28, He 9:8, He 10:20, He 13:15, Ap 22:14
10:10 Jn 10:1, Jn 12:6, Es 56:11, Ez 34:2-4, Os 7:1, Mt 21:13, Mt 23:14, Mc 11:17, Rm 2:21, 2P 2:1-3, Jn 3:17, Jn 6:33, Jn 6:51, Jn 12:47, Mt 18:11, Mt 20:28, Lc 19:10, 1Tm 1:15, Rm 5:13-21, He 6:17, He 7:25, 2P 1:11
Réciproques : Gn 27:33, Gn 47:11, Ps 23:5, Ps 119:40, Jr 23:1, Jr 33:6, Jr 50:17, Ha 3:2, Za 13:7, Lc 9:56, Jn 4:14, Jn 20:31, Rm 5:17, Rm 5:20, 1Co 15:45, 2Co 12:15, Ep 2:1, Ep 3:20, 1Jn 4:9
10:11 Jn 10:14, Ps 23:1, Ps 80:1, Es 40:11, Ez 34:12, Ez 34:23, Ez 37:24, Mi 5:4, Za 13:7, He 13:20, 1P 2:25, 1P 5:4, Gn 31:39-40, 1S 17:34-35, 2S 24:17, Es 53:6, Ep 5:2, Tt 2:14, 1P 2:24
Réciproques : Gn 33:3, Nb 11:12, Nb 27:16, 2S 5:2, 1Ch 21:17, Ps 78:52, Ct 1:7, Ez 34:31, Mt 18:12, Mt 27:50, Jn 8:18, Jn 10:2, Jn 10:15, Jn 10:16, Jn 15:13, Jn 19:30, Jn 21:16, 2Co 12:15, Ga 1:4, Ga 2:20, 1Th 5:10, Ap 7:17
10:12 Jn 10:3, Es 56:10-12, Ez 34:2-6, Za 11:16-17, 1Tm 3:3, 1Tm 3:8, 2Tm 4:10, Tt 1:7, 1P 5:2, 2P 2:3, Mt 7:15, Mt 10:16, Ac 20:29
Réciproques : Gn 31:39, Gn 33:3, Jg 18:4, 2S 24:17, 1Ch 21:17, Ps 10:9, Jr 10:21, Jr 13:20, Jr 23:1, Ez 34:12, Za 11:5, Ml 1:10, Lc 10:3, Jn 10:2, Tt 1:11
10:13 Jn 12:6, Ac 18:17, Ph 2:20
Réciproques : Gn 31:39, Jg 18:4, Jr 10:21, Jr 13:20, Za 11:5, Za 11:16, Za 11:17, 1Tm 3:3, 1P 5:7
10:14 Jn 10:11, Jn 10:27, Ps 1:6, 2Tm 2:19, Ap 2:2, Ap 2:9, Ap 2:13, Ap 2:19, Ap 3:1, Ap 3:8, Ap 3:15, Jn 17:3, Jn 17:8, Es 53:11, 2Co 4:6, Ep 1:17, Ep 3:19, Ph 3:8, 2Tm 1:12, 1Jn 5:20
Réciproques : Gn 18:19, Ex 33:12, Ps 23:1, Ps 80:1, Ps 95:7, Ps 100:3, Ec 12:11, Ez 37:24, Os 8:4, Mt 7:23, Mt 25:32, Jn 8:18, Jn 8:19, Jn 10:3, 1Co 8:3, Ga 4:9, He 13:20, Ap 7:17
10:15 Jn 1:18, Jn 6:46, Jn 8:55, Jn 17:25, Mt 11:27, Lc 10:21, Ap 5:2-9, Jn 10:11, Jn 10:17, Jn 15:13, Es 53:4-6, Es 53:8, Es 53:10, Dn 9:26, Za 13:7, Mt 20:28, Ga 1:4, Ga 3:13, Ep 5:2, 1Tm 2:5-6, Tt 2:14, 1P 2:24, 1P 3:18, 1Jn 2:2, Ap 5:9
Réciproques : Gn 33:3, Ex 33:12, Mt 27:50, Lc 10:22, Lc 15:4, Jn 7:29, Jn 8:14, Jn 8:19, Jn 11:51, 1Co 13:12, 1Th 5:10, 2P 1:17, 1Jn 2:1, 1Jn 3:16
10:16 Jn 11:52, Gn 49:10, Ps 22:26-31, Ps 72:17-19, Ps 86:9, Ps 98:2-3, Es 11:10, Es 24:13-16, Es 42:10-12, Es 43:6, Es 49:6, Es 52:10, Es 56:8, Os 1:10, Za 2:11, Za 8:20-23, Ac 18:10, Rm 9:23-24, Rm 15:9-13, Ep 2:14, 1P 2:10, Ac 15:14, Rm 8:29-30, Ep 2:1-5, Ep 2:15-18, 2Th 2:13, Tt 3:3-5, Jn 10:27, Jn 6:37, Mt 17:5, Ac 22:14, Ap 3:20, Ez 37:22, Ep 2:14, Jn 10:2, Jn 10:11, Ec 12:11, Ez 34:23, He 13:20, 1P 2:25, 1P 5:4
Réciproques : 2Ch 6:32, Ps 119:176, Ct 6:13, Ct 8:8, Es 27:12, Es 43:5, Es 62:12, Ez 34:6, Ez 34:11, Ez 34:31, Ez 36:38, Jl 2:32, Mi 4:6, Za 11:7, Mc 4:24, Mc 13:27, Lc 15:4, Lc 15:8, Jn 6:65, Jn 10:3, Jn 10:4, Jn 17:21, Ac 13:48, Rm 11:18, Rm 15:8, Ga 3:28, Ep 1:4, Ep 2:12, He 3:7
10:17 Jn 3:25, Jn 15:9-10, Jn 17:4-5, Jn 17:24-26, Es 42:1, Es 42:21, Es 53:7-12, He 2:9
Réciproques : Gn 22:9, Nb 19:2, Mt 28:6, Jn 2:19, Jn 10:15, Jn 18:4, Ac 13:30, Ga 1:4, Ep 1:6, 1Th 5:10
10:18 Jn 18:5-6, Jn 19:11, Mt 26:53-56, Jn 2:19-21, Es 53:10-12, Ac 2:24, Ac 2:32, Ac 3:15, Ph 2:6-8, Tt 2:14, He 2:9, He 2:14, He 2:15, Jn 6:38, Jn 14:31, Jn 15:10, Ps 40:6-8, He 5:6-9, He 10:6-10
Réciproques : Gn 22:9, Lv 7:30, Nb 19:2, Mc 9:31, Jn 5:19, Jn 18:4, Jn 19:30, Ac 26:23, 2Co 13:4, Ga 1:4, Ep 1:20, Ph 2:8, Ph 3:10

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 10
  • 10.1 En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui n'entre pas par la porte dans le bercail des brebis, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Chapitre 10.
    1 à 21 Les faux bergers et le vrai berger.
    Ce discours est en relation étroite avec les paroles et les faits rapportés au chapitre précédent. La conduite des Juifs qui cherchaient à annuler l'impression produite par la guérison de l'aveugle, soit en niant le miracle, soit en persécutant celui qui en avait été l'objet, obligea Jésus de leur dire de sévères vérités sur leur propre aveuglement. (Jean 9.39-41) Il s'efforce maintenant de faire sentir à ces orgueilleux persécuteurs qu'ils ne sont pas moins coupables comme conducteurs du peuple que comme individus. Ses premiers mots sont solennels : En vérité, en vérité.
    Cette belle allégorie, que le Sauveur emprunte aux mœurs pastorales de l'Orient, était familière à ses auditeurs. Afin de préserver leurs troupeaux des bêtes féroces ou des voleurs, les bergers les réunissaient en pleine campagne, dans un bercail à ciel ouvert, entouré d'un mur.
    On y ménageait une porte, à laquelle se tenait un serviteur bien armé, qui faisait la garde et ne laissait entrer que les bergers à lui connus. Sur le matin, venaient ces bergers ; chacun appelait ses propres brebis qui, connaissant sa voix, le suivaient pour s'en aller au pâturage. Jésus lui-même expose, dans son discours, le sens spirituel qu'il attache aux divers traits de cette allégorie.
    Mais, comme il varie dans l'application de ces divers traits, on peut se demander si nous avons ou non plusieurs paraboles enchaînées l'une à l'autre.
    M. Godet en distingue trois : celle du berger, (versets 1-6) celle de la porte, (versets 7-10) celle du bon berger. (versets 11-18)
    M. Weiss ne trouve dans ce discours que deux paraboles : la première versets 1-10, qu'il intitule la parabole du berger et du brigand ; la seconde, versets 11-18, qu'il appelle la parabole du berger et du mercenaire.
    Nous estimons plus conforme au texte, plus respectueux de ses nuances, de ne voir dans ce morceau qu'une seule similitude, que Jésus expose en termes généraux dans les versets 1-5, et dont il fait deux applications différentes, en s'identifiant tour à tour avec la porte par laquelle doivent passer bergers et brebis, (versets 7-10) et avec le vrai berger auquel les brebis appartiennent et qui donne sa vie pour elles. (versets 11-18)
    Dans l'exposé premier de la parabole (versets 1-5) sont déjà sous-entendues les applications que Jésus fera des deux traits principaux : la porte et le berger légitime. La porte représente Jésus lui-même (note suivante, comparez verset 7) ; et le berger que nous décrivent les versets 3,4, ne peut être un autre que le bon Berger ; de lui seul on peut dire avec vérité que "les brebis lui appartiennent" et "qu'il les appelle par leur nom." Le tableau des versets 3,4 contient en germe la peinture de l'activité du bon berger. (versets 11-18)
  • 10.2 Mais celui qui entre par la porte est un berger des brebis. Le bercail des brebis, c'est le peuple de Dieu, Israël, dont Jéhovah, par l'organe de ses prophètes, s'était proclamé le berger et auquel il avait promis l'envoi de bergers selon son cœur. (Jérémie 23.1-8 ; Ezéchiel 34 ; 37.24,Esaïe 40.11)
    La porte, par laquelle doit entrer tout vrai berger des brebis, ne représente pas seulement l'autorisation divine donnant l'accès légitime au bercail (Tholuck, Godet et d'autres), mais Christ lui-même, comme il est dit expressément. (verset 7)
    Les vrais conducteurs du peuple de Dieu ne peuvent entrer que par lui dans leur vocation ; c'est lui qui les en rend capables et les y appelle ; lui qui établit une relation intime entre eux et les brebis.
    Il en était tout autrement des pharisiens qui, indépendants de lui, incrédules et ennemis de sa vérité, s'arrogeaient la qualité de conducteurs du peuple de Dieu.
    Il est donc tout à fait arbitraire d'admettre que Jésus ne se désignait pas encore ici sous cette image de la porte, bien qu'il le fasse ensuite si expressément. (versets 7,9)
    "Lui même ajoute à l'image son interprétation, a dit Mélanchton, et nous devons nous en contenter."
    - Celui donc qui entre par Christ est un berger, ou simplement est berger des brebis, par opposition "au brigand et au voleur." (verset 1) Il faut remarquer que ce mot, sans l'article, est laissé dans toute sa généralité.
    Il en est autrement quand Jésus lui-même s'appelle le berger, le bon berger. (versets 11,14)
    Mais si Jésus commence par relever les conditions que doit remplir tout berger des brebis, afin de montrer que les chefs du peuple étaient des voleurs (versets 1,2), sa pensée, sortant de la généralité, s'attache, dès le verset 3, au seul berger véritable.
  • 10.3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix, et il appelle par leur nom ses propres brebis, et les mène dehors. Le portier est, comme nous l'avons indiqué, ce serviteur armé qui veillait à l'entrée du bercail. Jésus n'ayant point interprété ce trait de la similitude, les exégètes ont voulu suppléer à son silence.
    Les uns donc ont vu dans ce portier Dieu, (Jean 6.44) qui ouvre l'entrée de son royaume ; d'autres, le Saint-Esprit, qui y prépare les cœurs ; d'autres, Moïse qui par la loi, fraye les voies à l'évangile ; (Jean 5.46) d'autres, Christ lui-même, d'autres enfin, Jean-Baptiste, le précurseur du Sauveur.
    De ces diverses interprétations, la dernière, proposée par M. Godet, est la plus vraisemblable ; (Jean 1.6,7,35 ; Matthieu 21.23, suivants) mais il nous paraît plus naturel de voir seulement dans ce détail l'indication que le vrai berger trouve accès au bercail des brebis.
  • 10.4 Quand il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. Admirable tableau d'une relation intime pleine de confiance et d'amour, entre le berger et les brebis ! Lui, dès qu'il est entre dans le bercail, appelle ses brebis par leur nom ; il connaît, il nomme chacune d'elles, (comparez Esaïe 43.1 ; Jean 1.43 ; 20.16) il les mène dehors ; et, quand il a fait sortir toutes (B, D, Itala) ses propres brebis, il marche devant elles, pour les conduire au pâturage.
    Elles, de leur côté, entendent sa voix, et, parce qu'elles connaissent cette voix, elles le suivent docilement.
    - Le mot deux fois répété : ses propres brebis, semble établir une distinction entre celles qui appartiennent au berger, et d'autres.
    Par son appel, le berger opérerait un triage entre les brebis ; celles qui entendent sa voix représenteraient les membres vivants du troupeau, selon l'expression de Calvin, ou, suivant l'explication de M. Godet, ces brebis, que le berger mène dehors, figureraient "la sortie du troupeau messianique de l'enclos théocratique dévoué à la ruine."
    Mais il n'est pas dit expressément que l'enclos renferme plusieurs troupeaux mélangés.
    Le terme ses propres brebis signifie simplement qu'elles sont à lui, lui appartiennent en propre et que, comme telles, il les aime. On peut lire aux versets 5,12 la pensée opposée
  • 10.5 Mais elles ne suivront point un étranger ; au contraire, elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent point la voix des étrangers. Les brebis, loin de suivre un étranger, fuiront loin de lui, par cette raison qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers.
    Il y a en tout vrai disciple de Jésus un tact chrétien, un discernement des esprits, qui lui font immédiatement reconnaître une parole, un enseignement, un ton, une manière d'agir opposés au caractère du vrai berger, retracé dans les versets 3,4.
  • 10.6 Jésus leur dit cette similitude ; mais ils ne comprirent point quelles étaient les choses dont il leur parlait. Ce que les auditeurs de Jésus ne comprirent point, ce ne sont pas les termes simples et clairs qu'il employait, mais les choses spirituelles et morales qu'il voulait enseigner.
    Ils ne pouvaient ni ne voulaient les comprendre ; car leur aveuglement (comparez Jean 9.40,41) les rendait incapables de saisir de telles vérités.
  • 10.7 Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Voilà surtout ce que les adversaires ne voulaient ni comprendre ni croire ; c'est que Jésus-Christ est la porte des brebis, (verset 2, note) par laquelle seule entrent les vrais bergers (verset 8) et les brebis ellesmêmes. (verset 9)
    - C'est ici la première application de notre similitude que Jésus se fait à lui-même ; une seconde, la principale, est au verset 11 et suivants
  • 10.8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés. C'est là une parole qui a singulièrement occupé les interprètes et qui est, en effet, assez difficile à expliquer.
    Un commentateur célèbre (de Wette) trouve qu'elle ne répond pas à la sagesse et à la douceur de Jésus et renonce à lui trouver un sens satisfaisant.
    Les mots : avant moi, sont omis par neuf majuscules, plus de cent minusc., l'Itala, la Vulgate et des Pères de l'Eglise. Tischendorf les omet, mais leur retranchement a tout l'air d'être une correction destinée à aplanir la difficulté, il change du reste peu de chose à la pensée. La plupart des critiques et des exégètes les conservent, se fondant sur B, A, D, majuscules
    Mais quelle est la pensée du Sauveur ? Evidemment il ne parle ni de Moïse, ni des prophètes, dont il reconnaît l'autorité dans mainte parole de notre évangile. (Jean 4.22 ; 5.39,45-47)
    Les termes de voleurs et de brigands ne sauraient s'appliquer non plus aux faux messies, qui n'apparurent qu'à une date postérieure. Enfin c'est faire violence au texte que de prendre avant moi dans le sens de : "en se séparant de moi" ou de traduire à ma place.
    Jésus parle uniquement des chefs actuels de la théocratie, auxquels s'adressait ce discours et qu'il a déjà désignés dans les mémés termes au verset 1.
    C'est ce que prouve très clairement le verbe au présent, sont des voleurs et des brigands, qu'il faut bien se garder de traduire, avec Ostervald, par ont été. Jésus peut dire d'eux : ils sont venus avant moi, "parce qu'il les a déjà trouvés à l'œuvre quand il a commencé son propre travail en Israël...La parabole des vignerons dans les synoptiques est l'explication de cette parole de Jésus." Godet.
    Ne méritaient-ils pas les épithètes de voleurs et de brigands, ces hommes qui s'étaient emparés du peuple de Dieu pour l'opprimer de leur tyrannie ; qui, "ayant enlevé la clef de la science, n'étaient pas entrés eux-mêmes, mais empêchaient d'entrer ceux qui le voulaient" (Luc 11.52 ; comparez Matthieu 7.15) ; qui bientôt formeront contre le Sauveur des desseins meurtriers, et dont la haine ne sera pas même assouvie quand ils l'auront cloué sur la croix, mais qui poursuivront de leurs persécutions ses disciples ?
    Qu'on relise, à Matthieu 23, les jugements terribles prononcés par le Christ sur cette hiérarchie orgueilleuse, hypocrite et ennemie de la vérité, et l'on ne trouvera plus rien d'étrange dans la sentence de notre texte.
    Les brebis sont ici les mêmes dont Jésus a parlé aux versets 3,4. Ce n'étaient pas seulement les âmes pieuses qui refusaient d'écouter les pharisiens et les scribes ; mais, en général, les classes pauvres et souffrantes du peuple, pour lesquelles ces hommes n'avaient ni cœur ni entrailles, qui se sentaient abandonnées "comme des brebis qui n'ont point de berger" (Matthieu 9.36) et qui tremblaient de crainte sous l'oppression de leurs chefs. (Jean 9.22)
  • 10.9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira, et trouvera de la pâture. Jésus vient de dire que les brebis n'ont pas écouté la voix des faux conducteurs ; dans les verset 9 et 10, qui forment un contraste frappant avec les paroles qui précèdent, il peint l'heureuse condition de ceux qui viennent à lui.
    Il est la porte. Si quelqu'un entre par lui dans le bercail des brebis, s'il obtient par lui la réconciliation avec Dieu et l'accès à son royaume, voici les biens immenses dont il jouira : il sera sauvé, ce qui ne signifie point seulement, comme le pense Meyer : il trouvera protection et sécurité, mais bien : il sera sauvé d'un salut éternel.
    Ensuite : il entrera et sortira, expression hébraïque qui signifie le libre usage d'une demeure dans laquelle on entre et de laquelle on sort à volonté, où l'on se sent chez soi, pour parler avec M. Godet, et désigne d'une manière générale, la liberté des mouvements, de l'activité que rien n'entrave. (Deutéronome 28.6 ; 31.2 ; Jérémie 37.4 ; Actes 1.21, note.)
    Enfin : il trouvera de la pâture, terme dont le sens spirituel se comprend de soi-même et qui est abondamment expliqué au verset suivant.
    - Ce dernier mot aurait dû suffire pour faire comprendre que Jésus parle ici des brebis et non des bergers ; il rend inadmissible l'explication de Meyer et de Luthardt d'après ; laquelle, au verset 9 encore, Jésus se présenterait comme la porte pour les bergers aussi bien que pour les brebis. (Comparer verset 1)
    En appliquant ce verset au berger, ils prétendent "qu'il sera sauvé" dans le sens de 1Timothée 4.16, et "qu'il trouvera de la pâture" pour le troupeau. Interprétation certainement forcée.
  • 10.10 Le voleur ne vient que pour dérober, et pour tuer et pour détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance. Encore une fois, Jésus fait ressortir le contraste entre le voleur (versets 1,8) qui n'a que des pensées d'injustice, de meurtre, de destruction, et lui-même qui est pour les siens la source de la vie, de la vie éternelle, qu'il peut et veut leur communiquer en abondance.
    Par cette affirmation de ses compassions infinies et de son amour pour les brebis, Jésus prépare la révélation qu'il va donner en se présentant lui-même comme le bon berger, comparaison qu'il développera au long, (versets 11-18) en l'opposant à l'image du mercenaire.
  • 10.11 Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Grec : moi, je suis le berger, le bon.
    Jésus ne dit pas : un berger, comme au verset 2, et comme Luther traduit à tort ; mais le berger, dans un sens absolu et exclusif. Puis l'adjectif signifie à la fois bon et beau,
    "il désigne chez les Grecs la bonté comme suprême beauté morale. Ce mot explique l'article le : Celui qui réalise parfaitement ce type sublime." Godet.
    En parlant ainsi, Jésus présentait à ses auditeurs, comme pleinement réalisée en lui, une image qui leur était familière par les Ecritures. (Voir Psaumes 23.1,Psaumes 80.1 ; Esaïe 40.11 ; Ezéchiel 34.11-23)
    Seulement, comme dans tous ces passages de l'Ancien Testament c'est l'Eternel lui même qui se représente sous l'image du berger, on voit que Jésus, en nous montrant en lui la pleine réalisation de cette image, parle avec la conscience d'être un avec Dieu.
    - C'est ici la seconde application de la similitude. (verset 7, note, et verset 2, note.) Il n'y a point de contradiction à ce que Jésus se représente, à la fois, comme la porte et comme le berger. Il est la porte par laquelle seule les bergers et les brebis entrent dans le bercail du royaume de Dieu, et, dans ce royaume, il est le conducteur suprême des uns et des autres. Il est le Berger des bergers et le Berger des brebis.
    Grec : met sa vie, littéralement son âme, pour ses brebis. Cette manière de parler est propre à notre évangéliste. (Jean 10.15,17,18 ; 13.37,38 ; 15.13 ; 1Jean 3.16)
    L'expression : il met sa vie, signifie que le bon berger expose sa vie dans le combat, pour la défense de ses brebis, par opposition au mercenaire qui s'enfuit lâchement, (verset 12) elle annonce l'immense sacrifice par lequel Jésus livrera sa vie pour sauver les siens. (Jean 13.37)
    Quelques exégètes pensent que ce terme figuré est emprunté à l'idée d'un vêtement qu'on dépose (Jean 13.4) ou à celle d'un dépôt d'argent, d'une rançon payée. (Matthieu 20.28)
    Mais ces idées ne peuvent s'appliquer aux relations que le berger a soit avec ses brebis, soit avec le loup.
  • 10.13 Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis. Le personnage du mercenaire, différent de celui du voleur et du brigand, (versets 1,8) est dans la similitude un trait nouveau. Son caractère est retracé en quelques traits saisissants.
    Il est mercenaire, il ne travaille qu'en vue d'un salaire ; il n'est pas berger, les brebis ne lui appartiennent pas en propre, il n'a donc pour elles ni intérêt ni amour : A l'approche du danger, il abandonne les brebis et s'enfuit.
    Cette odieuse conduite est expliquée par le caractère servile et intéressé du personnage, qui ne se soucie point des brebis.
    Qui est-ce que Jésus a voulu peindre dans cette image nouvelle ?
    La plupart des interprètes l'appliquent aux pharisiens qui étaient alors les conducteurs d'Israël, et que Jésus a comparés précédemment à des "voleurs" et des "brigands." (verset 8, note.) M. Godet y voit les sacrificateurs et les lévites, seuls fonctionnaires attitrés et salariés de la théocratie, tandis que le loup figurerait les pharisiens, qui obligeaient les chefs légitimes à plier devant eux et à subir leur influence.
    Nous pensons plutôt que la figure du mercenaire est surtout destinée à faire ressortir par contraste le caractère du bon berger. (Hengstenberg, Weiss.) Il y a eu malheureusement, de tous temps des conducteurs de brebis qui, n'étant pas animés de l'esprit du Berger, ont réalisé ce triste type. Les mercenaires n'ont jamais manqué dans l'Eglise de Dieu.
    - De même la comparaison du loup, qui ravit quelques-unes des brebis et disperse les autres, qui, en un mot, exerce un véritable ravage dans le troupeau, ne doit pas être entendue d'une catégorie spéciale : les pharisiens (Godet) ou les hérétiques, ennemis de la vérité (Augustin, d'après Actes 20.29), c'est toute la puissance ennemie du royaume de Dieu, cette puissance qui se personnifie dans le prince de ce monde. (Jean 12.31 ; 14.30)
    Au verset 13, les mots : mais le mercenaire s'enfuit, sont omis par Sin., B, D.
  • 10.15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. Jésus répète cette grande déclaration : Je suis le bon berger, pour la mettre en opposition avec le caractère du mercenaire ; puis il décrit en deux traits profonds ce qui fait de lui le Berger parfait.
    D'abord, il y a entre lui et ses brebis une connaissance mutuelle fondée sur la confiance et l'amour, une communion de même nature que celle qui existe entre lui et son Père. (Comparer Jean 14.20 ; 15.10 ; 17.8,21,26)
    Ensuite, ce qui le caractérise surtout comme le bon Berger, c'est le dévouement suprême de son amour : Il donne sa vie pour ses brebis. (verset 11, note.)
    Ainsi se consomme la communion profonde et vivante du fidèle avec Dieu par l'intermédiaire du Sauveur, qui, pour réintroduire les siens dans cette unité divine, donne sa vie.
    Sin., B, D, versions. portent : et mes brebis me connaissent, au lieu de la leçon reçue : je suis connu de mes brebis.
  • 10.16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi, il faut que je les amène ; et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. Jésus, en se déclarant encore une fois le bon berger, et en décrivant son œuvre divine qui se consommera par sa mort, (versets 14,15) est saisi de la pensée que cette œuvre ne sera pas limitée à son peuple, et il jette un regard plein de joie sur ce prochain avenir où les païens auront part aussi aux fruits de son sacrifice et entreront dans le royaume de Dieu.
    Mais il faut bien remarquer chaque terme de cette grande prophétie, qui nous montre quelle vue lumineuse le Seigneur avait de l'avenir de son règne :
    1° Il ne dit pas : j'aurai, mais j'ai d'autres brebis, en dehors de ce bercail d'Israël, il en est déjà le possesseur, selon le dessein immuable de la grâce de Dieu (comparez Actes 18.10, note) et en vertu de l'affinité naturelle qui existe entre lui et toute âme humaine. (Jean 1.4,9-11) "Ce verbe a une grande puissance." Bengel.
    2° Jésus sait avec certitude que ces brebis, alors encore dispersées dans toutes les nations du monde, entendront sa voix. Il faut, dit il, que je les amène dans le bercail de mon royaume. Sur quoi est fondée cette nécessité ? Sur la volonté de Dieu, sur son éternelle miséricorde, dont rien ne saurait empêcher l'accomplissement.
    Il y aura un seul troupeau, un seul berger. Tout ce qui séparaît Israël des autres nations, tout ce qui divise les peuples, nationalités, religions, préjugés, aura disparu dans la grande unité des rachetés de Jésus-Christ, formant la famille de Dieu. (Comparer Jean 11.52 ; 12.32 ; Ephésiens 2.11-16 ; 3.4-6) Et ce seul troupeau sera sous la conduite du seul berger, le grand Pasteur des brebis élevé dans sa gloire. (Hébreux 13.20 ; 1Pierre 2.25)
    "De droit, Jésus est toujours le seul Pasteur, il le deviendra donc de droit et de fait." Bengel.
    L'accomplissement de cette grande parole de Jésus qui nous révèle si magnifiquement l'universalité de l'Evangile de la grâce ; a commencé avec la conversion des païens et se poursuit à travers des siècles par l'évangélisation du monde, jusqu'à ce qu'il soit arrivé à sa perfection. (Romains 11.25)
  • 10.17 C'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Jésus a achevé de décrire la conduite du bon Berger, (versets 11-16) le bon berger se dévoue jusqu'à la mort. (versets 11,15)
    Mais cette mort, Jésus éprouve le besoin d'en expliquer le caractère moral et d'en indiquer les motifs. il déclare solennellement qu'elle sera parfaitement libre. (versets 17,18)
    De la part de Dieu, aucune contrainte ne lui est imposée, car toute communication entre le Père et lui est une effusion de l'amour divin. (Jean 3.35 ; 5.20)
    Ainsi, spécialement dans le don de sa vie, le Père l'aime, parce que son sacrifice accomplit le dessein éternel de l'amour divin, le salut du monde. Dans le mystère de notre rédemption, il faut donc bien se garder de penser qu'il n'y a en Dieu que la justice qui demande satisfaction, et que le Fils seul manifeste l'amour qui sauve le pécheur. Nous sommes redevables du salut à l'amour du Père aussi bien qu'à l'amour du Fils. (Jean 3.16)
    - Mais si Jésus donne sa vie, ce n'est pas, ce ne pouvait pas être, pour rester dans la mort ; il la donne afin de la reprendre (grec afin que je la prenne de nouveau).
    Ces mots ne marquent pas seulement la suite ou la condition de sa mort comme le pensent Calvin et de Wette mais l'intention, clairement exprimée, le but avéré du Sauveur.
    "Il veut reprendre sa vie, afin de poursuivre comme glorifié son office de Berger suprême." Luthardt.
    Et si sa mort est la rançon pour les péchés du monde sa résurrection est la vie des siens. Voilà pourquoi, dans les synoptiques, toutes les fois que Jésus annonce ses souffrances et sa mort, il annonce en même temps sa résurrection. (Matthieu 16.21 et ailleurs.)
  • 10.18 Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre ; tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père. Si, de la part de Dieu, aucune contrainte n'était imposée à Jésus autre que celle de l'amour, (verset 17) de la part des hommes, nul ne pouvait, sans sa volonté, lui ôter la vie ; il la donne de lui-même, dans la sainte liberté de l'amour. La nécessité de mourir est, pour l'homme, la suite du péché ; (Romains 6.12) pour le Saint et le Juste cette nécessité n'existait pas.
    Jésus l'affirme dans cette déclaration répétée : J'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre.
    Cette parole du Sauveur n'est point en contradiction avec la doctrine constante du Nouveau Testament d'après laquelle c'est Dieu qui a ressuscité Jésus d'entre les morts (Actes 2.32 ; 3.15 ; 4.10 ; Romains 6.4) car, comme le dit M. Godet : "Si c'est dans le Père qu'est la puissance qui lui rend la vie c'est lui qui par sa libre volonté appelle sur sa personne le déploiement de cette Puissance."
    "Un acte spontané du Fils vient audevant de l'action des hommes d'une part et de celle du Père d'autre part." Luthardt.
    Toute la vie du Sauveur, depuis son incarnation, qui fut un premier et immense dévouement, jusqu'à sa mort et à sa résurrection, n'a été que l'accomplissement de la volonté de Dieu. (Jean 14.31 ; Matthieu 26.39,42)
    Jésus a constamment obéi à ce qu'il appelle l'ordre ou le commandement qu'il a reçu de son Père ; c'était la mission qu'il avait librement acceptée et qu'il a parfaitement remplie.
    Dans notre passage, toutefois, l'ordre du Père au Fils s'applique moins aux actes de donner sa vie et de la reprendre, qu'il n'établit la pleine liberté avec laquelle le Fils accomplira ces actes.
    M. Godet paraphrase cet ordre comme suit : "Tu pourras mourir ou ne pas mourir, ressusciter ou ne pas ressusciter, selon les libres aspirations de ton amour."