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Jean 2:19-21
(Annotée Neuchâtel)
19 Jésus répondit et leur dit : Abattez ce temple, et en trois jours je le relèverai. 20 Les Juifs lui dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras en trois jours ! 21 Mais lui parlait du temple de son corps.

Références croisées

2:19 Mt 26:60-61, Mt 27:40, Mc 14:58, Mc 15:29, Mt 12:40, Mt 27:63, Jn 5:19, Jn 10:17-18, Jn 11:25, Mc 8:31, Ac 2:24, Ac 2:32, Ac 3:15, Ac 3:26, Rm 4:24, Rm 6:4, Rm 8:11, 1Co 15:3-4, 1Co 15:12, Col 2:12, 1P 3:18
Réciproques : 1R 6:1, 1Ch 17:12, 2Ch 7:16, Ps 56:5, Za 6:12, Mt 12:6, Mt 16:21, Mt 17:23, Mt 28:6, Mc 9:10, Mc 9:31, Mc 16:6, Lc 9:44, Lc 24:8, Jn 11:17, Ac 13:30, He 9:24, Ap 21:22
2:20 Réciproques : 1R 6:38, Mt 24:1, Lc 21:5, Rm 6:4
2:21 Jn 1:14, Col 1:19, Col 2:9, He 8:2, 1Co 3:16, 1Co 6:19, 2Co 6:16, Ep 2:20-22, 1P 2:4-5
Réciproques : Ex 26:1

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 2
  • 2.19 Jésus répondit et leur dit : Abattez ce temple, et en trois jours je le relèverai. "Cette réponse de Jésus est soudaine comme un éclair. Elle jaillit d'une incommensurable profondeur ; elle illumine des domaines alors complètement inexplorés pour toute autre conscience que la sienne." Godet.
    Pour la comprendre cette réponse, il ne faut entendre le mot de temple, ni exclusivement dans son sens matériel, comme le firent les Juifs, (verset 20) ni exclusivement à la lumière du verset 21 (le temple de son corps), mais dans l'un et l'autre sens.
    C'est une parabole, qui présente à la fois comme toutes les autres paraboles de Jésus, l'image et la réalité. L'image, c'est ce temple même que Jésus venait de purifier, et sous le portique duquel il parlait.
    Il ne faut donc pas se représenter, avec un grand nombre d'interprètes, qu'en prononçant ces mots, il se montrait lui-même du geste, car alors le malentendu du verset 20 aurait été impossible.
    Ce temple, où se concentrait toute la théocratie Juive, tout culte, toute adoration, tout sacrifice, dont Dieu avait fait pour un temps sa demeure au milieu des hommes, où il manifestait sa gloire n'était pourtant qu'une pierre d'attenter jusqu'à l'érection d'un temple spirituel où paraîtrait la gloire du Fils unique de la Parole faite chair. (Jean 1.14,Aggée 2.7-9)
    Ce grand révélateur de Dieu venait de paraître en Jésus de Nazareth. Il était là, le vrai temple, la demeure de Dieu avec les hommes, (Jean 1.14) le centre vivant de toute adoration en esprit et en vérité ! Jésus pouvait dire de luimême : "Il y a ici plus que le temple." (Matthieu 12.6)
    Mais les chefs de la théocratie qui avaient laissé profaner la maison de Dieu, qui avaient matérialisé et corrompu le culte, bien loin de reconnaître cet envoyé de Dieu, s'irritent de ses essais de réforme, lui demandent compte de son autorité ; et Jésus qui, dès les premiers moments de ce conflit avec eux, en prévoyait l'issue, (Jean 3.14) prononce d'un ton solennel la parole qui nous occupe. Dans sa pensée, elle signifiait : Démolissez l'ancien temple, en détruisant le nouveau ! Et c'est ce qui eut lieu, à la lettre.
    Le meurtre du Fils de Dieu, ce crime des crimes, combla la mesure de la culpabilité du peuple juif et attira sur lui les jugements sous lesquels périt le temple avec la nation. Il faut même laisser à cet impératif toute son énergique signification : abattez ce temple !
    Sentant leur haine de la vérité, le Seigneur en provoque les manifestations. C'est ainsi qu'il leur disait ailleurs : "Remplissez la mesure de vos pères," (Matthieu 23.32) et qu'il adressait à celui qui allait le trahir cette parole : "Ce que tu fais, fais le vite." (Jean 13.27)
    - Si telle est la signification des premiers mots du verset, il ne saurait y avoir le moindre doute sur le sens des derniers : dans trois jours je le relèverai. Jésus vient de dire : Tuez moi ! et en trois jours, ajoute-t-il, je ressusciterai ! Voilà le signe que Jésus donne à ces Juifs qui lui en demandaient un, c'est exactement le même qu'il leur donnera plus tard. (Matthieu 12.39,40)
    On objectera que cette parole de Jésus devait rester incompréhensible pour ses auditeurs. Sans aucun doute, et elle le fut même pour ses disciples ; mais après que l'événement eut expliqué la prophétie, ils comprirent. (versets 21,22)
    Répandre dans les esprits des grains de semence qui ne devaient y germer que plus tard, était le propre de la méthode d'enseignement du Sauveur. (Jean 3.3 ; 4.10 ; 5.17 ; 6.27,51, etc.)
    - Cette interprétation de la profonde parole de Jésus qui nous occupe est celle à laquelle se sont arrêtés, avec diverses nuances, tous les exégètes qui respectent l'autorité apostolique. (verset 21)
    Quant à celle des commentateurs qui rejettent l'interprétation de Jean pour lui préférer la leur, voir verset 21, note.
  • 2.20 Les Juifs lui dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras en trois jours ! Les Juifs parlent ici de la restauration du temple par Hérode le Grand. Les travaux avaient commencé la dix-huitième année de son règne (Josèphe, Antiq. XV 11, 1), en l'automne de l'an 734 de Rome.
    On avait travaillé quarante-six ans à l'édification du temple qui ne fut terminé que plus tard, sous Hérode Agrippa II (Josèphe, Antiq. XX, 9, 7.)
    Cette indication peut servir à fixer la chronologie de la vie de Jésus. Si les travaux du temple furent commencés en l'automne de l'an 734 de Rome et s'ils se poursuivaient depuis quarante-six ans, nous sommes à la Pâque de l'an 781.
    La Pâque où Jésus mourut fut celle de 783 (probablement, l'an 30 de notre ère).
    Comprise par les adversaires dans son sens littéral et matériel, la parole de Jésus dut leur paraître une présomptueuse folie et une impiété. Aussi fut-elle reproduite comme un chef d'accusation contre lui. (Matthieu 26.61,Marc 14.58)
    Seulement, les faux témoins accusent Jésus d'avoir dit : Je détruirai ce temple, tandis qu'en réalité c'est à eux, chefs du peuple, qu'il avait laissé toute la responsabilité de cette destruction.
    La parole de Jésus, ainsi faussée, n'en restera pas moins gravée dans les esprits. (Matthieu 27.40,63 ; Actes 6.13,14)
  • 2.21 Mais lui parlait du temple de son corps. Le temple de son corps était la grande réalité, dont le temple matériel n'était que l'image. (verset 19, note.)
    - Beaucoup d'exégètes modernes rejettent cette interprétation de l'apôtre Jean et avec diverses nuances, attribuent à là parole de Jésus (verset 19) la signification qui suit : Abattre le temple, c'est continuer à profaner le culte mosaïque et ainsi le détruire ; et tel était le péché des Juifs. Relever le temple, c'est établir une religion plus spirituelle et plus pure ; et telle était la mission de Jésus.
    Ainsi Jean, le disciple bien-aimé de Jésus, qui toujours pénétrait dans le sens le plus intime de ses paroles, ne l'aurait pas du tout compris ici, et, en écrivant son Evangile un demisiècle plus tard, alors que le culte mosaïque avait disparu, et que "cette religion plus spirituelle et plus pure" l'avait remplacé depuis longtemps, il ne se serait pas aperçu de son erreur !
    Ainsi encore, ce signe éclatant que Jésus voulait donner aux Juifs, trois jours après la destruction du vrai temple, serait l'établissement lent et progressif du christianisme dans le monde !
    - On objecte encore que si ces mots : je le relèverai, (verset 1) devaient s'entendre de la résurrection de Jésus, il se serait ressuscité lui-même ; or c'est au Père que le Nouveau Testament attribue partout cet acte de puissance divine.
    Oui, mais le Seigneur n'a-t-il pas dit que "toutes les choses que le Père fait, le Fils les fait pareillement," (Jean 5.19) et déclaré positivement, en parlant de sa vie : "Je laisse ma vie afin que je la reprenne ; j'ai le pouvoir de la laisser et j'ai le pouvoir de la reprendre ?" (Jean 10.17,18)
    On objecte enfin que Jésus ne pouvait pas connaître, dès cette époque, sa mort et sa résurrection. C'est là, pour ceux qui ne voient en Jésus-Christ qu'un homme comme un autre, la vraie raison de tous ces efforts exégétiques.
    Ils veulent ôter à cette parole un sens qui supposerait chez celui qui l'a prononcée une prescience divine. Mais celle-ci se montre dans d'autres paroles du Sauveur, telles que Jean 3.14 ; 6.51, ou dans les prédictions si précises de ses souffrances, ou enfin dans les vues lumineuses de l'avenir le plus lointain de son règne exprimées dans ses paraboles. (Matthieu 13.41,49)
    Voir la réfutation de ces objections par Meyer, reproduite par Astié dans son Explication de l'évangile selon saint Jean, voir aussi le Commentaire de M. Godet.