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Jean 8:37-47 (Annotée Neuchâtel)

37 Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. 38 Ce que j'ai vu chez mon Père, je le dis ; vous donc aussi, ce que vous avez entendu de votre père, vous le faites. 39 Ils répondirent et lui dirent : Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham. 40 Mais maintenant, vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai annoncé la vérité que j'ai entendue de Dieu : cela, Abraham ne l'a point fait. 41 Vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous n'avons qu'un seul Père, Dieu. 42 Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez ; car c'est de Dieu que je suis issu et que je viens ; car aussi je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. 43 Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. 44 Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge. 45 Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez point. 46 Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? 47 Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; c'est pour cela que vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes point de Dieu.

Références croisées

8:37 Jn 8:33, Ac 13:26, Rm 9:7, Jn 8:6, Jn 8:40, Jn 8:59, Jn 5:16-18, Jn 7:1, Jn 7:19, Jn 7:25, Jn 10:31, Jn 11:53, Jn 8:43, Jn 8:45-47, Jn 5:44, Jn 12:39-43, Mt 13:15, Mt 13:19-22, 1Co 2:14
Réciproques : Lc 4:29, Lc 19:47, Jn 5:38, Jn 7:30, Jn 8:39, Jn 8:47, Jn 15:7, Rm 2:28, Rm 4:1
8:38 Jn 8:26, Jn 3:32, Jn 5:19, Jn 5:30, Jn 12:49-50, Jn 14:10, Jn 14:24, Jn 17:8, Jn 8:41, Jn 8:44, Mt 3:7, 1Jn 3:8-10
Réciproques : Es 51:16, Es 59:21, Jn 3:11, Jn 6:64, Jn 8:18, Jn 8:40, Jn 16:13, 1Jn 1:2
8:39 Jn 8:33, Jn 8:37, Mt 3:9, Mt 5:45, Rm 2:28-29, Rm 4:12, Rm 4:16, Rm 9:7, Ga 3:7, Ga 3:29, Jc 2:22-24
Réciproques : Pr 30:15, Ez 33:5, Ez 33:24, Mi 2:7, Ml 2:10, Jn 1:47, Ga 2:15, Jc 2:21
8:40 Jn 8:37, Ps 37:12, Ps 37:32, Ga 4:16, Ga 4:29, 1Jn 3:12-15, Ap 12:4, Ap 12:12, Ap 12:13, Ap 12:17, Jn 8:26, Jn 8:38, Jn 8:56, Rm 4:12
Réciproques : Pr 26:28, Es 48:2, Es 57:3, Mt 3:9, Lc 4:29, Lc 6:41, Jn 3:34, Jn 14:10, Jn 15:23, Jn 17:17
8:41 Jn 8:38, Jn 8:44, Es 57:3-7, Ez 23:45-47, Os 1:2, Os 2:2-5, Ml 2:11, Ex 4:22, Dt 14:1, Es 63:16, Es 64:8, Jr 3:19, Jr 31:20, Ez 16:20-21, Ml 1:6
Réciproques : Gn 6:2, Dt 23:2, Dt 32:5, Dt 32:6, Es 48:2, Os 2:4, Ml 2:10, Ml 3:2, Mc 7:6, Jn 8:54, Jn 9:34, Rm 2:17, 2Th 2:9
8:42 Jn 5:23, Jn 15:23-24, Ml 1:6, 1Co 16:22, 1Jn 5:1-2, Jn 1:14, Jn 16:27-28, Jn 17:8, Jn 17:25, Ap 22:1, Jn 5:43, Jn 7:28-29, Jn 12:49, Jn 14:10, Jn 17:8, Jn 17:25, Ga 4:4, 1Jn 4:9-10, 1Jn 4:14
Réciproques : Gn 6:2, Ct 8:1, Mt 25:42, Mc 7:6, Lc 2:35, Jn 3:13, Jn 5:30, Jn 5:42, Jn 6:33, Jn 8:14, Jn 10:36, Jn 11:42, Jn 13:3, Jn 14:15, Jn 14:24, Jn 15:26, Jn 16:9, Jn 21:15, 1P 1:8
8:43 Jn 8:27, Jn 5:43, Jn 7:17, Jn 12:39-40, Pr 28:5, Es 44:18, Os 14:9, Mi 4:12, Rm 3:11, Jn 6:60, Es 6:9, Jr 6:10, Ac 7:51, Rm 8:7-8
Réciproques : Dt 29:4, Es 56:11, Os 4:14, Mt 13:15, Mt 13:19, Mt 16:11, Lc 22:67, Jn 5:44, Jn 6:44, Jn 8:37, Jn 8:47, Jn 10:6, Jn 10:27, 1Co 2:14
8:44 Jn 8:38, Jn 8:41, Jn 6:70, Gn 3:15, Mt 13:38, Ac 13:10, 1Jn 3:8-10, 1Jn 3:12, Gn 3:3-7, 1R 22:22, 1Ch 21:1, Jc 4:1-7, 1P 5:8, Ap 2:10, Ap 9:11, Ap 13:6-8, Ap 20:7-9, 2P 2:4, Jud 1:6, Gn 3:4-5, 2Ch 18:20-22, Jb 1:11, Jb 2:4-6, Ac 5:3, Ac 13:10, 2Co 11:3, 2Co 11:13-15, 2Th 2:9-11, Ap 12:9, Ap 13:14, Ap 20:2-3, Ap 20:10, Ap 21:8, Ap 22:15
Réciproques : Gn 4:2, Gn 4:9, Gn 4:20, Gn 12:13, Lv 6:2, Lv 11:42, Dt 13:13, 2R 5:22, 2Ch 18:21, Ne 6:8, Jb 24:13, Ps 31:18, Ps 52:3, Ps 62:4, Pr 6:17, Pr 26:28, Pr 30:15, Ez 16:3, Mt 3:7, Mt 5:37, Mt 12:34, Mt 13:15, Mt 23:15, Mt 23:33, Mt 25:41, Mc 5:5, Mc 5:13, Mc 9:20, Lc 3:7, Lc 4:6, Lc 8:33, Lc 9:39, Lc 11:29, Lc 13:16, Jn 3:19, Jn 8:55, Ac 24:9, Ep 2:2, Ep 2:3, Ep 4:25, Col 3:9, 2Th 2:13, 1Tm 1:10, Jc 3:15, 1Jn 1:6, 1Jn 2:22, 1Jn 3:10, Ap 12:4, Ap 12:17, Ap 16:14
8:45 Jn 3:19-20, Jn 7:7, Ga 4:16, 2Th 2:10, 2Tm 4:3-4
Réciproques : Jb 21:14, Ps 119:30, Pr 8:7, Es 30:10, Am 5:10, Jn 5:40, Jn 8:37, Jn 8:47, Jn 16:7, 2Th 2:13, He 3:10, 1Jn 1:6, 1Jn 4:6
8:46 Jn 8:7, Jn 14:30, Jn 15:10, Jn 16:8, 2Co 5:21, He 4:15, He 7:26, 1P 2:22, Mt 21:25, Mc 11:31
Réciproques : 1S 26:18, Pr 8:7, Jn 5:38, Jn 5:40, Jn 9:24, Jn 16:7, Ac 7:37, 2Th 2:13, Jc 2:9, 1Jn 3:5, Ap 22:15
8:47 Jn 8:37, Jn 8:43, Jn 8:45, Jn 1:12-13, Jn 6:45-46, Jn 6:65, Jn 10:26-27, Jn 17:6-8, 1Jn 3:10, 1Jn 4:1-6, 1Jn 5:1, 2Jn 1:9, 3Jn 1:11
Réciproques : Es 55:3, Jr 25:3, Dn 12:10, Os 14:9, Mt 13:23, Jn 3:34, Jn 5:38, Jn 5:42, Jn 7:17, Jn 8:27, Jn 10:20, Jn 18:37, Ac 7:37

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 8
  • 8.37 Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. Jésus ne nie pas les privilèges extérieurs que ces Juifs tenaient de leur descendance d'Abraham ; mais il leur prouve, en dévoilant les mauvais desseins de leurs cœurs, combien ils sont éloignés d'être ses enfants.
    Il leur montre ainsi qu'il connaissait leurs sentiments, et que la haine dont il les savait animés, devait aboutir à sa mort : Vous cherchez à me faire mourir (grec à me tuer) ! Et la raison qu'il en donne, c'est que sa parole, qui les aurait rendus libres de leurs passions, ne pénètre pas en eux.
    D'autres traduisent : ne fait pas de progrès en vous, et pensent que cette déclaration s'adressait à. ceux qui avaient commencé à croire. (verset 30) Le verbe signifie proprement avancer.
  • 8.38 Ce que j'ai vu chez mon Père, je le dis ; vous donc aussi, ce que vous avez entendu de votre père, vous le faites. Pourquoi ma parole n'a-t-elle aucun empire sur vous ? C'est parce que cette parole provient d'une tout autre source que vos sentiments et vos actions. Moi je dis ce que j'ai vu chez mon Père ; c'est donc lui qui parle par ma bouche.
    Vous donc aussi (ce donc marque une ironie pleine de tristesse), ce que vous avez entendu de votre père, vous le faites.
    Il ne dit point encore qui est ce père, il le dira au verset 44. Ainsi Dieu et le prince des ténèbres, tels sont les deux êtres invisibles desquels dépendent Jésus d'une part et ses auditeurs d'autre part.
    Comment pourrait il y avoir entre eux harmonie ? Comment la parole de Jésus pourrait-elle pénétrer en ceux qui l'entendent ?
    Le texte reçu porte : mon Père et votre père. Mon est omis dans B, C ; votre dans B. il reste alors, dans les deux propositions, simplement le père.
    Ce texte adopté par les éditeurs modernes donne à la pensée un caractère encore plus finement énigmatique et ironique.
    En outre, le texte reçu avec. Sin., D, Itala porte : ce que vous avez vu, au lieu de : entendu. Les copistes auront voulu rendre semblables les deux phrases parallèles.
  • 8.39 Ils répondirent et lui dirent : Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les œuvres d'Abraham. En entendant Jésus leur parler d'un père qu'ils imitent dans leurs actions, ses auditeurs se réclament pour la seconde fois (verset 33) de leur descendance d'Abraham ; mais le Seigneur, plongeant son regard dans leur cœur et dans leur vie leur prouve qu'ils ne sont point moralement enfants d'Abraham, puisqu'ils font des œuvres tout opposées aux siennes. (verset 40)
    - D'après une variante, Jésus aurait dit : "Si vous êtes (Sin., B, D) enfants d'Abraham, vous feriez ou (impératif) faites (B, vulgate) les œuvres d'Abraham." L'idée serait la même au fond.
  • 8.40 Mais maintenant, vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai annoncé la vérité que j'ai entendue de Dieu : cela, Abraham ne l'a point fait. Quel contraste criant entre une telle conduite et les œuvres d'Abraham !
    Le trait le plus saillant de son caractère fut une humble obéissance à Dieu ; et vous, vous cherchez à faire mourir un homme qui vous annonce la vérité de Dieu !
  • 8.41 Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous n'avons qu'un seul Père, Dieu. Pour la seconde fois, (verset 38) Jésus cherche à leur faire sentir que, loin d'être moralement les enfants d'Abraham, ils sont sous l'influence d'un autre père dont ils imitent les œuvres (verset 44) et qu'il évite encore de nommer.
    S'apercevant enfin que Jésus parle d'une filiation spirituelle et leur reproche d'être les enfants d'un père invisible auquel ils obéissent, ils affirment hardiment qu'ils n'ont qu'un seul père, et que ce Père, c'est Dieu.
    Pour le prouver, ils disent avec un orgueil indigné : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes (grec nous ne sommes pas nés de la fornication ou de l'adultère.)
    Puisqu'il s'agit de leur prétention d'avoir Dieu pour père, ils entendent ces paroles dans un sens spirituel.
    En effet, dans le langage de l'Ecriture, Dieu est le Père de son peuple, (Esaïe 63.16,Malachie 2.10) les Israélites, qui se détournent de lui pour suivre d'autres dieux, sont nommés les enfants de l'adultère. (Esaïe 1.21 ; 57.3 ; Osée 2 ; 4 ; Jérémie 3.8)
    C'est dans ce sens, de leur fidélité au seul vrai Dieu, que les auditeurs de Jésus s'empressent d'affirmer qu'ils ne sont pas des enfants illégitimes, mais qu'ils n'ont qu'un Père, Dieu. On a donné diverses autres explications de cette parole, celle que nous venons d'indiquer nous paraît la plus conforme aux idées que les Juifs empruntaient aux Ecritures.
    Tout au plus pourrait-on ajouter avec M. Godet que, "même en s'élevant avec Jésus au point de vue moral, ils ne peuvent se dégager de leur idée de filiation physique," et que, en se comparant aux Samaritains, ils se vantent de "n'avoir pas une goutte de sang idolâtres dans les veines," d'être "Hébreux, nés d'Hébreux." (Philippiens 3.5)
  • 8.42 Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez ; car c'est de Dieu que je suis issu et que je viens ; car aussi je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé. Si Dieu était votre Père, vous auriez en vous les sentiments dont ses enfants sont animés, et vous m'auriez reconnu des l'abord ; bien plus, vous m'aimeriez, puisque c'est de lui que je tire mon origine : c'est de Dieu que je suis issu ; c'est de son essence même que j'émane, (comparez Jean 13.3 ; 16.27,28,30 ; 17.8) et c'est aussi de lui que je tiens ma mission : c'est lui qui m'a envoyé.
  • 8.43 Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. Le langage, c'est la forme, l'accent l'idiome, (Matthieu 26.73) la parole, c'est le fond, le contenu, la pensée.
    Or les auditeurs de Jésus ne reconnaissent pas son langage, parce qu'ils ne peuvent pas écouter sa parole de manière à la recevoir dans leurs cœurs ; ils s'en sont rendu moralement incapables. C'est ainsi que, bien souvent, le langage même de l'Evangile est inintelligible a ceux qui n'en sentent pas la vérité.
  • 8.44 Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge. Grec : Vous, vous êtes du père, le diable, c'est-à-dire le père dont vous êtes les enfants, c'est le diable.
    Jésus venait de dénier à ses adversaires qu'ils fussent enfants de Dieu. (verset 42) Deux fois il avait insinué qu'ils avaient un autre père (versets 38,41) maintenant, en présence de leurs orgueilleuses prétentions, il nomme ce père duquel ils sont issus, sans reculer devant la sévérité de cette révélation.
    Il est évident qu'il ne faut entendre ce mot de père, ni dans son sens naturel, ni dans un sens métaphysique, mais lui donner une signification morale. Dans le langage de l'Ecriture, chacun est fils de celui dont il reçoit les inspirations et qui l'anime de son esprit.
    "De même que nous sommes nommés enfants de Dieu, non seulement parce que nous lui sommes semblables, mais aussi parce qu'il nous gouverne par son Esprit et parce que Christ vit en nous, afin qu'il nous conforme a l'image de son Père, de même, au contraire, le diable est appelé père de ceux dont il aveugle les entendements, et dont il pousse les cœurs à commettre toute injustice." Calvin. (Comparer 1Jean 3.10)
    Il est donc tout naturel d'ajouter que de tels hommes veulent agir a la manière de celui qui les inspire, accomplir ses désirs ou ses convoitises.
    Quels sont ces désirs ? Jésus va le dire, en retraçant en traits saisissants le caractère de Satan, caractère dans lequel les adversaires du Sauveur seront forcés de se reconnaître.
    Il y a dans ces mots une allusion évidente à l'histoire de la chute, bien connue des auditeurs de Jésus.
    Satan a été meurtrier ou homicide en entraînant le premier homme dans le péché, cause de la mort temporelle et éternelle. (Romains 5.12 ; comparez 2Corinthiens 11.3 ; 1Jean 3.8)
    Le mot dès le commencement, c'est-à-dire dès l'origine de notre humanité, confirme cette interprétation. D'autres, se fondant sur 1Jean 3.12,15, voient dans ces paroles une allusion au meurtre d'Abel ; mais nulle part la Bible n'attribue à Satan un rôle spécial dans ce crime.
    Il est évidant, d'ailleurs, que Jésus a en vue un fait universel dans ses conséquences et qui a constitué enfants du diable ceux qui, comme lui, portent dans leur cœur des desseins meurtriers. C'est ce qui ressort clairement de ce discours (versets 37,40,44) et surtout de ces mots : "vous voulez accomplir les désirs de votre père."
    Jésus emploie ici les mots de vérité et de mensonge dans leur sens absolu.
    La vérité, c'est la parfaite harmonie d'un être avec lui-même et avec la pensée qui a présidé à sa création ; en d'autres termes, l'harmonie entre sa nature et sa destination, qui est Dieu. Dès qu'un être tombe de cette vérité, se sépare de Dieu qui est la vérité suprême, il devient une vivante contradiction, un mensonge, et il vit dans le mensonge. C'est là ce que Jésus nous révèle sur la nature de Satan.
    On ne doit pas traduire, avec la Vulgate et la plupart des anciennes versions : il ne s'est point tenu dans la vérité, ni voir dans ces mots, avec Augustin et la plupart des interprètes catholiques, une affirmation de la chute du démon. (2Pierre 2.4)
    Le sens est : il ne se tient point dans la vérité, et ces mots caractérisent la position actuelle de Satan.
    Il n'est pas moins vrai que la chute de Satan est supposée par notre passage. Satan n'a pas été créé dans le mal, et la conception dualiste d'un principe éternel du mal est étrangère à notre évangile. Satan ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui.
    M. Godet fait remarquer l'absence d'article devant le mot vérité et paraphrase ainsi : "Satan est privé de la vérité, parce qu'il manque de vérité, de cette droiture de la volonté qui aspire à la réalité divine"
    Le mensonge est sa nature, et quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds.
    Et enfin, non seulement il est menteur, mais le père du mensonge, parce qu'il l'a introduit dans ce monde, en prononçant ce premier mensonge : "Vous ne mourrez nullement," (Genèse 3.4) et parce qu'il a inspiré dès lors tous les mensonges qui ont eu cours parmi les hommes.
    - Le grec porte ici littéralement : il est menteur et son père, plusieurs interprètes rapportent le pronom son à menteur et entendent qu'il est le père du menteur qu'il l'inspire.
    Mais, avec de Wette et d'autres, nous préférons la version admise dans le texte, qui fait du mensonge un principe émanant du diable. Un homme pourrait être le "père du menteur" en lui inspirant la fausseté, mais être le "père du mensonge" ne peut se dire que du démon.
    - Quand Jésus parle ainsi de Satan, on ne saurait lui imputer une accommodation aux idées reçues, car "c'est spontanément que Jésus donne cet enseignement sur la personne, le caractère et le rôle de cet être mystérieux." Godet.
    A quoi on peut ajouter, avec Tholuck, que si les déclarations de ce verset s'appliquent fort bien à un être personnel déchu, elles résistent au contraire à toute explication qui tendrait à ne faire du diable qu'une personnification, propre au langage populaire, de l'esprit du monde ou du mal.
  • 8.45 Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez point. Ce mot : mais moi, placé en tête de la phrase, marque l'opposition absolue qu'il y a entre Jésus et "le Père du mensonge." (verset 44)
    Moi, je dis la vérité ; et c'est précisément la raison (parce que) pour laquelle vous, les enfants de ce père, ne me croyez point. Si je proférais le mensonge, vous me croiriez, parce que je parlerais selon l'esprit qui vous anime. (verset 47) Abîme de dépravation morale et intellectuelle !
  • 8.46 Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? La preuve sans réplique que Jésus dit la vérité, c'est la sainteté de sa vie : (Jean 8.29 ; 7.18) Qui de vous (grec) me convainc de péché ?
    "II faut se représenter cette question suivie d'une pause propre à laisser le temps à quiconque voudra l'accuser de se faire entendre...Nul n'ouvre la bouche. L'aveu renfermé dans ce silence sert de prémisse au raisonnement suivant. Eh bien donc, si, comme votre silence le démontre, j'enseigne la vérité, pourquoi, vous, ne croyez-vous pas ?" Godet.
    La question que Jésus jette comme un défi à ses adversaires, "témoignage d'une confiance infaillible qui ne craint aucune contradiction, porte sa preuve en soi. Se sentir intérieurement pur de tout péché, telle est la vraie apologie." De Wette.
    La sainteté parfaite de Jésus-Christ ressort avec évidence de l'assurance avec laquelle il pose cette question.
    En effet, comme le dit M. Godet, "à supposer que Jésus ne fût qu'un homme plus saint que les autres un sentiment moral aussi délicat que celui qu'impliquerait un tel état n'aurait pas laissé inaperçue la moindre tache, soit dans sa vie, soit dans son cœur ; et quelle hypocrisie n'eut-il pas fallu dans ce cas pour adresser à d'autres une question dans le but de la leur faire résoudre autrement qu'il n'y répondait lui-même dans son for intime ! En d'autres termes : donner une preuve fausse dont il espère que nul ne pourra démontrer le peu de solidité !"
    Ce fait de la sainteté de JésusChrist s'impose donc à la conscience humaine et doit gagner au Sauveur la confiance de toute âme sincère. Et comme ce fait est absolument unique dans l'histoire de notre humanité, il forcera tout homme non prévenu à conclure de la sainteté du Sauveur à sa divinité.
    C'est ce qu'a fait Ullmann dans son beau livre : La sainteté parfaite de Jésus-Christ traduit par Th. Bost.
    - Il faut donc bien se garder de donner ici au mot de péché le sens d'erreur et de dire, comme Calvin, que Christ "défend plutôt sa doctrine que sa personne ;" car Jésus ne cherche pas à provoquer une discussion tout intellectuelle, qui serait contraire à sa méthode habituelle.
    Cette explication dépouille la parole de Jésus de sa signification profonde en méconnaissant la solidarité qu'elle établit entre la sainteté et la vérité.
  • 8.47 Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; c'est pour cela que vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes point de Dieu. Telle est la vraie réponse à la question qui précède : Pourquoi ne me croyez vous pas ? Et cette réponse est en même temps une sentence prononcée sur leur incrédulité.
    Pour croire la vérité, il faut être de Dieu dont elle émane, c'est-à-dire être sous l'influence de son Esprit, éprouver "l'attrait du Père ;" (Jean 6.44) c'est ce que Jésus nomme ailleurs "être de la vérité." (Jean 18.37)
    Or, ses adversaires ne sont pas de Dieu ; ils sont du diable, (verset 44, la préposition qui indique ce rapport est la même dans les deux cas) et voilà pourquoi ils n'écoutent point ses paroles.
    Ce verbe a ici le sens de l'hébreu qui signifie, à la fois, écouter avec attention, comprendre, obéir.