Lueur.org - Un éclairage sur la foi

Matthieu 4:3-4 (Annotée Neuchâtel)

3 Et le tentateur s'étant approché, lui dit : Si tu es fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. 4 Mais lui, répondant, dit : Il est écrit : Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Références croisées

4:3 Jb 1:9-12, Jb 2:4-7, Lc 22:31-32, 1Th 3:5, Ap 2:10, Ap 12:9-11, Mt 3:17, Lc 4:3, Lc 4:9, Gn 3:1-5, Gn 25:29-34, Ex 16:3, Nb 11:4-6, Ps 78:17-20, He 12:16
Réciproques : 1Ch 21:1, Za 10:5, Mt 8:29, Mt 27:40, Mc 3:11, Jn 1:34, Ac 5:3, Jc 4:7, Ap 2:18
4:4 Mt 4:7, Mt 4:10, Lc 4:4, Lc 4:8, Lc 4:12, Rm 15:4, Ep 6:17, Dt 8:3, Lc 4:4, Mt 14:16-21, Ex 16:8, Ex 16:15, Ex 16:35, Ex 23:15, 1R 17:12-16, 2R 4:42-44, 2R 7:1-2, Ag 2:16-19, Ml 3:9-11, Mc 6:38-44, Mc 8:4-9, Jn 6:5-15, Jn 6:31-59, Jn 6:63
Réciproques : Gn 42:2, 1R 17:4, Ps 17:4, Es 38:16, Dn 1:15, Mt 4:6, Mt 6:11, Mt 6:31

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Matthieu 4
  • 4.3 Et le tentateur s'étant approché, lui dit : Si tu es fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. Comment le tentateur s'approcha du Sauveur, par quel moyen il lui suggéra ses tentations, c'est ce que les évangélistes passent sous silence. Ce silence a laissé le champ libre aux conceptions les plus diverses quant au genre de notre récit. On peut les ramener à quatre principales, tour à tour soutenues par les exégètes.
    1° Les uns ont vu dans notre récit un fait historique, qu'ils reçoivent avec tous ses détails dans son sens littéral et extérieur, y compris une apparition visible du démon. On ne peut nier que cette manière de voir ne soit, au premier abord, la plus conforme à l'idée que les évangélistes paraissent avoir eue du fait qu'ils racontent. A la réflexion cependant ce sens littéral devient pour le moins douteux. Une scène magique se déroulerait sous nos yeux : Jésus serait transporté à travers les airs sur le faîte du temple ; ce serait aussi peu conforme aux tentations ordinaires du démon que peu digne du Sauveur. La troisième tentation serait plus impossible encore que cette seconde, puisqu'elle supposerait une montagne d'où pussent être vus tous les royaumes du monde et leur gloire. Cette explication n'est pas d'ailleurs nécessaire à la réalité de la tentation. (Voir la note suivants)
    2° D'autres pensent que Jésus aurait raconté à ses disciples cette profonde expérience de sa vie comme une parabole destinée à les mettre en garde contre les tentations de l'adversaire, et que les évangélistes auraient rendu ce récit sous la forme historique dont nous le trouvons revêtu Rien dans les enseignements du Sauveur ni dans les récits évangéliques n'autorise cette supposition. Quand Jésus a proposé à ses disciples des paraboles, ils ont très bien su les saisir et les rendre sous forme de Paraboles.
    3° D'autres encore, admettant l'idée de notre récit telle qu'elle est brièvement énoncée par Marc 1.12,13, ont vu dans sa forme actuelle un mythe qui aurait été développé ainsi par la tradition apostolique. Cette opinion est en contradiction avec le caractère historique de nos évangiles.
    4° On a supposé enfin que toute cette histoire de la tentation, avec sa tragique réalité, s'est passée dans l'âme du Sauveur, et qu'elle fut, au début de son ministère, un combat spirituel et moral avec le prince des ténèbres, correspondant à la lutte redoutable de Gethsémané qui en marqua la fin. La forme du récit, en harmonie avec le génie de l'Orient, qui aime à dramatiser les faits du monde spirituel, n'est point inconciliable avec cette vue du sujet. Elle se rapproche évidemment de l'histoire de la tentation en Eden, dont elle est la contrepartie, et n'est pas sans analogie avec le début du livre de Job. Au reste, ce qui importe, ce n'est pas le caractère du récit, mais bien le fait intérieur et moral de la tentation qu'il s'agit pour nous de saisir dans sa sérieuse et profonde réalité. (Comparer J. Bovon, Théol. du N.T., I, p. 233 et suivants)
    Dieu venait de déclarer Jésus "son fils bien-aimé ;" (Matthieu 3.17) le Sauveur lui-même avait pleine conscience de cette dignité. Le moindre doute à cet égard aurait brisé la force nécessaire à la lutte dans laquelle il entrait et qui ne devait finir qu'avec sa vie. Le tentateur cherche précisément à lui insinuer ce doute : Si tu est fils de Dieux... (Comparer verset 6)
    C'est le premier mot de la tentation en Eden. "Quoi, Dieu aurait-il dit ?" Ce doute pouvait paraître fondé dans la situation. Quoi ? le fils de Dieu, le Messie, exposé à la faim, aux privations, aux souffrances ! Si tu l'es en effet, prouve-le à toi-même et à ton peuple par des prodiges qui servent à ta délivrance et à ta Gloire. Là était la tentation : faire usage de sa puissance miraculeuse pour échapper à la souffrance de la faim, et, en obéissant à Satan, sortir avec ostentation de l'épreuve. Et il ne faut pas oublier que l'idée présentée à Jésus par le démon était universellement répandue dans le peuple, et que maintes fois déjà elle pouvait s'être offerte à lui par la bouche de ses contemporains. Israël attendait un Messie puissant et glorieux, qui rétablirait la nation dans son ancienne splendeur terrestre, en l'affranchissant du joug de l'étranger.
    Jésus adoptera-t-il cette pensée si propre à séduire le patriotisme d'un Israélite ? Ou bien entrera-t-il dans la longue carrière d'humiliations et de souffrances dont le terme sera la croix, pour ne régner que par la vérité Jean 18.37, et pour accomplir la rédemption morale du monde ? Telle était la question qui constituait pour lui la plus redoutable tentation. Cette question est au fond la même qui se pose devant la conscience de tout homme. D'une part l'Evangile lui dit : Renonce à tout et à toi-même, prends ta croix et suis Jésus dans la voie de pauvreté, pour régner avec lui. D'autre part le monde l'invite à chercher la satisfaction de ses besoins naturels, de ses désirs égoïstes, à vivre pour soi-même ; il faut choisir...Et ce choix à faire, pour le disciple comme pour le Maître, se représente à chaque pas dans la vie ; il faut vaincre par l'obéissance et le sacrifice de soi-même, et pour cela avoir recours à une force qui n'est pas de la terre. (verset 4)
    - Mais ici se présente une question dont la solution emporte tout le sens de cette histoire : Jésus était-il réellement accessible à cette tentation ? en d'autres termes, aurait-il été possible qu'il y succombât ? Si, méconnaissant la réalité de son humanité, on répond négativement ; si, avec Calvin, on déclare que les dards de Satan ne le pouvaient navrer ni blesser, c'est-à-dire qu'il était inaccessible au péché, notre récit tout entier n'est plus qu'une fiction peu digne de l'Evangile, et Jésus cesse d'être notre libérateur aussi bien que notre modèle dans son combat et sa victoire. Non, tout est réalité dans sa vie humaine ; "il a été tenté comme nous en toutes choses." Hébreux 4.15 Second Adam, chef et représentant de notre humanité, il a livré tous nos combats contre le péché et la puissance des ténèbres, pour lui-même d'abord, et pour nous ensuite. S'il eût succombé, son œuvre eût été perdue ; c'est parce qu'il a été "consommé" qu'il a détruit les "œuvres du diable," et qu'il est devenu "l'auteur d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent." Hébreux 5.9 ; (comparez Matthieu 3.13, note.)
  • 4.4 Mais lui, répondant, dit : Il est écrit : Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Grec : de toute parole sortant de la bouche de Dieu. (Deutéronome 8.3, cité d'après les Septante.) Ces mots sont admirablement choisis, puisque c'est à Israël nourri de la manne au désert qu'ils sont adressés. "Il t'a humilié, il t'a fait avoir faim, mais il t'a nourri de manne...afin de te faire connaître que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l'homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de Jéhova." Tel est le sens littéral de l'hébreu.
    La version grecque a rendu très bien ces derniers mots, car ce qui sort de la bouche de Dieu, c'est sa Parole toute-puissante et créatrice, par laquelle il avait ordonné la manne et par laquelle il "porte toute chose." Hébreux 1.3 "Quand Dieu parle, dit Luther, il ne prononce pas de simples paroles, mais des choses réelles. Ainsi le soleil et la lune, le ciel et la terre, Pierre et Paul, toi et moi, nous ne sommes que des paroles de Dieu."
    - Toute épreuve, comme pour Jésus la défaillance de la faim, peut ouvrir la porte à la tentation. Notre force est alors uniquement dans la confiance en Dieu et dans l'obéissance à sa Parole : Il est écrit. En répondant ainsi, Jésus ne veut pas dire que Dieu le nourrira d'une manière surnaturelle, sans pain, ni aliment matériel, par une parole, un ordre émanant directement de lui. Il affirme plutôt que la vie de l'homme ne dépend pas seulement de la satisfaction de ses besoins physiques, mais avant tout de l'accomplissement des ordres de Dieu. (Comparer Jean 4.34)
    Il obéira toujours à son Père, de qui il attend jour après jour l'entretien de sa vie. Il n'usera pas du pouvoir qu'il a de faire des miracles pour sortir arbitrairement de la position dans laquelle Dieu l'a placé.