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Psaumes 90:1-6 (Annotée Neuchâtel)

   1 Prière de Moïse, homme de Dieu.
Seigneur, tu nous as été une retraite d'âge en âge !
   2 Avant que les montagnes fussent nées,
Et que tu eusses formé la terre, la terre habitable,
D'éternité en éternité, tu es le Dieu fort.
   3 Tu réduis l'homme mortel en poussière,
Et tu dis : Fils d'hommes, retournez !

   4 Car mille ans sont à tes yeux
Comme le jour d'hier, quand il n'est plus,
Et comme une veille dans la nuit.

   5 Tu les emportes comme par un torrent, ils sont un songe ;
Au matin, ils se renouvellent comme l'herbe ;

   6 Au matin, elle fleurit et se renouvelle ;
Le soir, on la coupe, et elle sèche.

Références croisées

90:1 Nb 13:1-14, Ex 33:14-19, Dt 33:1, 1R 13:1, 1Tm 6:11, Ps 71:3, Ps 91:1, Ps 91:9, Dt 33:27, Es 8:14, Ez 11:16, Jn 6:56, 1Jn 4:16, Ps 89:1
Réciproques : Gn 2:4, Ex 25:22, Lv 26:5, Js 14:6, 1Ch 23:14, Ps 31:2, Ps 36:1, Ps 55:19, Ps 61:4, Ps 84:3, Ps 102:12, Ps 102:24, Es 33:16, Jr 50:6, Jr 50:7, Dn 4:34, Ha 3:1, Jn 14:23, 1Co 10:5, 2Co 6:16
90:2 Jb 38:4-6, Jb 38:28, Jb 38:29, Pr 8:25-26, Ps 33:9, Ps 146:6, Gn 1:1, Ps 93:2, Ps 102:24-27, Ps 103:17, Es 44:6, Es 57:15, Mi 5:2, Ha 1:12, 1Tm 6:15-16, He 1:10-12, He 13:8, Ap 1:8, Es 45:22
Réciproques : Gn 2:4, Gn 21:33, Ex 3:14, Dt 33:27, Jb 10:5, Jb 15:7, Jb 36:26, Ps 9:7, Ps 55:19, Ps 102:12, Es 43:13, Lm 5:19, Dn 4:34, Dn 7:9, Ha 3:6, Jn 5:26, Rm 1:20, 1Tm 1:17, He 1:11, 1Jn 2:13, Ap 1:4
90:3 Ps 104:29, Ps 146:4, Gn 3:19, Gn 6:6-7, Nb 14:35, Jb 12:10, Jb 34:14-15, Ec 12:7
Réciproques : Gn 3:18, Gn 47:9, Nb 26:65, Dt 2:14, 2S 14:14, 2S 19:32, Jb 10:9, Jb 15:20, 1Co 15:56
90:4 2P 3:8, Mt 14:25, Mt 24:43, Lc 12:38
Réciproques : Jb 8:9, Jb 15:20, Ps 39:5, Ps 90:9, Ps 102:27, He 1:12, He 13:8, Ap 20:3
90:5 Jb 9:26, Jb 22:16, Jb 27:20-21, Es 8:7-8, Jr 46:7-8, Ps 73:20, Es 29:7-8, Ps 103:15-16, Es 40:6, Jc 1:10-11, 1P 1:24
Réciproques : Jb 4:19, Jb 6:11, Jb 7:6, Jb 14:2, Jb 14:4, Jb 20:8, Ps 37:2, Ps 39:5, Ps 92:7, Ec 3:18, Es 37:27, Es 51:12, Es 64:6, Jon 4:7, Mt 6:30, Lc 8:42, 1Co 7:29, Jc 4:14
90:6 Ps 92:7, Jb 14:2, Mt 6:30
Réciproques : Jb 7:6, Ps 32:4, Ps 37:2, Ps 89:15, Ps 103:15, Es 37:27, Es 40:6, Es 51:12, Es 64:6, Jon 4:7, Jc 1:10

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Psaumes 90
  • Note de section ou de chapitre
    Le quatrième Livre des Psaumes devait, dans la pensée des rédacteurs définitifs du psautier, correspondre au quatrième livre de la Loi. Il s'ouvre par un cantique qui se rapporte précisément au séjour de quarante ans d'Israël au désert, dont parle le livre des Nombres. Et le nom mis en tête de ce psaume est celui de Moïse lui-même. Tous les cantiques qui forment le reste du livre sont anonymes, à l'exception de deux, qui sont attribués à David.
    Psaume 90, Cantique de Moïse.
    Sous les yeux du Dieu qui subsiste éternellement, l'homme passe comme un songe (versets 1 à 6). Combien est triste le sort d'une génération qui voit cette course vers la mort accélérée encore et assombrie pour elle par la colère divine (versets 7 à 12)! Notre psaume donne expression à cette tristesse. Et pourtant nous y trouvons moins une plainte qu'une prière confiante : la tristesse sera changée en joie, quand l'Eternel reviendra de sa colère (versets 13 à 17). Bien différent en effet des grands poètes païens, le psalmiste ne se débat pas contre un destin aveugle et impitoyable : il prie le Dieu vivant. La grandeur infinie de ce Dieu et la condamnation dont il frappe le péché sembleraient devoir être pour lui un sujet d'effroi; mais non, c'est de l'Eternel qu'il attend sa joie, et c'est auprès de lui qu'il se retire.
    On est surpris que, parlant, comme il le fait des générations qui disparaissent, le psalmiste ne cherche pas à percer le voile de l'au-delà et ne mentionne pas même le Schéol. Evidemment, sa préoccupation n'est pas de suivre les destinées mystérieuses des milliers d'hommes emportés loin de la scène de ce monde. Il pense aux vivants, à ce peuple décimé qui vit au milieu de la mort, qui a devant lui une grande œuvre à accomplir (verset 17) et auquel Dieu a promis d'accomplir lui-même une œuvre en sa faveur (verset 16). C'est pour ce peuple qu'il parle et prie, s'identifiant avec lui. Tel fut le rôle de Moïse, auquel une antique tradition attribue le cantique.
    Le psaume, par sa pensée inspiratrice, aussi bien que par la manière en laquelle il l'exprime, est digne d'une telle origine. La simplicité saisissante du langage, le sentiment si profond de la condamnation portée par la sainteté divine contre les fautes connues et cachées de l'homme, l'inébranlable confiance en ce Dieu qui frappe et qui pourtant veut bénir : ce sont là des traits bien conformes à la grande figure de Moïse. Chacun reconnaît d'ailleurs que les sentiments exprimés ici ont dû être ceux du grand serviteur de Dieu, alors qu'a chaque étape du désert on devait creuser de nombreux tombeaux, alors surtout que, de ses propres mains, il dut ensevelir son frère Aaron (Nombres 20.27-29). Enfin l'élude détaillée du psaume confirme absolument cette impression générale. Ce qui est dit de la culpabilité du peuple (verset 7), de ses malheurs exceptionnels (verset 15), de la mortalité précoce (verset 10), de l'inattention générale en face des jugements de Dieu (verset 11), est de nature à lever tous les doutes que l'on pourrait avoir, quant à l'origine du psaume.
    On a objecté qu'un tel poème, s'il eût été composé par Moïse, aurait trouvé place dans le Pentateuque. Pas nécessairement, car ce cantique exprime des impressions personnelles qui n'étaient pas directement en relation avec l'histoire ou la législation consignées dans le Pentateuque. Nous savons par Nombres 21.14, qu'il existait à l'époque de Moïse un ou des recueils de récits et de poèmes dont le Pentateuque ne nous donne que de courts extraits; notre psaume a pu être conservé dans l'un d'eux. Quant à l'objection tirée du fait que la langue de Moïse devait différer beaucoup plus que celle de notre psaume de l'hébreu parlé mille ou douze cents ans plus tard, elle ne paraît pas décisive. Nous aurons à examiner, dans nos conclusions de la fin de ce volume, cette question de l'uniformité relative du langage des Psaumes. Bornons-nous, à signaler ici une particularité propre à notre psaume : à chaque verset, pour ainsi dire, on y rencontre des formes grammaticales ou des rapprochements de mots qui se trouvent dans le cantique et dans la bénédiction de Moïse (Deutéronome chapitres 32 et 33). Ces ressemblances sont si nombreuses que nous devons renoncer à les indiquer toutes. Elles établissent une parenté d'origine bien évidente entre notre cantique et ces divers morceaux.
  • 90.1 1 à 6 Eternité de Dieu et fragilité de l'homme.
    Prière de Moïse. Comme les suscriptions en général, celle-ci ne doit pas être attribuée à l'auteur lui-même. Ceux qui ont introduit ce cantique dans le recueil du psautier ont senti toute l'importance de cette pièce exceptionnelle et n'ont pu manquer d'en signaler la valeur en indiquant le nom de son auteur et en le qualifiant selon le rôle unique qu'il a rempli. Le titre d'homme de Dieu se trouve sous la même forme (proprement : l'homme de Dieu) Deutéronome 33.1; Josué 14.6.
    Seigneur, tu nous as été... Ce premier vers, incomplet, puisque le second stiche manque, domine comme un titre le psaume entier. Comparez Psaumes 87.1. Dieu est la retraite de son peuple, même quand il fait peser sur lui sa colère. Le mot de retraite (proprement : habitation) se trouve Deutéronome 33.27, dans la même acception qu'ici.
    D'âge en âge : si haut que l'on remonte, jusqu'à Jacob, Abraham et même au-delà. Cette expression, fréquente dans les Psaumes. se présente, en hébreu, ici et Deutéronome 31.7, sous une forme spéciale.
  • 90.2 Avant que les montagnes fussent nées : elles que leur stabilité fait paraître éternelles (Genèse 49.26; Deutéronome 33.15).
    Que tu eusses formé (littéralement : enfanté) la terre... Toutes choses ont eu un commencement, et ce commencement vient de Dieu, qui, lui, n'a jamais commencé.
  • 90.3 L'homme mortel. Après le contraste qui vient d'être signalé entre le monde et Dieu, apparaît le contraste plus grand encore entre l'homme qui périt et Dieu qui subsiste.
    Retournez : dans la poussière. d'où vous êtes sortis (Genèse 3.19).
  • 90.4 Car mille ans... Ce car est motivé par le contraste; qui remplit l'esprit du psalmiste, entre l'éternité de Dieu et la courte durée de l'homme. Le terme de mille ans, qui éveille dans l'esprit de l'homme l'idée d'une durée infinie, n'est aux yeux de Dieu que ce qu'est aux nôtres le jour d'hier quand il n'est plus, c'est-à-dire quand l'impression de sa brièveté et de sa disparition est la plus forte (comparez 2Pierre 3.8). Bien plus, cette période de tant de siècles est pour Dieu ce qu'est pour l'homme qui sommeille une veille dans la nuit : elle passe inaperçue. Pour la durée d'une veille, voir Psaumes 63.7, note.
  • 90.5 Tu les emportes comme par un torrent : d'une manière aussi soudaine qu'irrésistible. On peut traduire, et peut-être avec plus de raison : Emportés par toi comme par un torrent (ou une trombe d'eau), ils ne sont qu'un songe (proprement : un sommeil). La vie, au moment où ils la perdent, leur apparaît comme un songe ou un sommeil, dont on n'a conscience qu'au moment où on en sort.
    Au matin... L'idée du matin semble être amenée par celle du sommeil. De nouvelles générations surgissent, après celles qui ont été emportées (c'est là le sens des mots : ils se renouvellent), mais pour être retranchées à leur tour. Cette image de l'herbe qui fleurit pour se faner, est développée Psaumes 103.15-16; Esaïe 40.6-8 (comparez 1Pierre 1.24); la forme succincte sous laquelle elle se présente ici témoigne de l'antériorité de ce passage sur ceux que nous venons de citer.