Genèse 3:14-15
(Annotée Neuchâtel)
14
Et l'Eternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit d'entre toutes les bêtes et d'entre tous les animaux des champs ; tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie.
15
Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; cette postérité te meurtrira à la tête, et toi tu la meurtriras au talon.
Références croisées
3:14 Gn 3:1, Gn 9:6, Ex 21:28-32, Lv 20:25, Ps 72:9, Es 29:4, Es 65:25, Mi 7:17Réciproques : Gn 4:11, Gn 9:25, Lv 11:42, Nb 21:6, Dt 32:24, Js 9:22
3:15 Nb 21:6-7, Am 9:3, Mc 16:18, Lc 10:19, Ac 28:3-6, Rm 3:13, Mt 3:7, Mt 12:34, Mt 13:38, Mt 23:33, Jn 8:44, Ac 13:10, 1Jn 3:8, 1Jn 3:10, Ps 132:11, Es 7:14, Jr 31:22, Mi 5:3, Mt 1:23, Mt 1:25, Lc 1:31-35, Lc 1:76, Ga 4:4, Rm 16:20, Ep 4:8, Col 2:15, He 2:14-15, 1Jn 3:8, 1Jn 5:5, Ap 12:7-8, Ap 12:17, Ap 20:1-3, Ap 20:10, Gn 49:17, Es 53:3-4, Es 53:12, Dn 9:26, Mt 4:1-10, Lc 22:39-44, Lc 22:53, Jn 12:31-33, Jn 14:30-31, He 2:18, He 5:7, Ap 2:10, Ap 12:9-13, Ap 13:7, Ap 15:1-6, Ap 20:7-8
Réciproques : Gn 4:1, Lv 4:28, Lv 11:42, Nb 23:23, Jg 14:14, Jg 16:30, 2S 3:1, Ne 4:7, Jb 19:25, Ps 40:7, Ps 98:1, Ps 110:6, Es 46:10, Es 53:5, Es 57:3, Es 65:25, Mi 7:17, Ag 2:7, Za 3:1, Ml 4:3, Mt 1:18, Mt 10:36, Mt 11:3, Mt 22:44, Mt 26:24, Mt 26:56, Mc 3:27, Mc 5:7, Mc 12:7, Mc 14:21, Lc 1:27, Lc 1:70, Lc 2:11, Lc 3:7, Lc 4:2, Lc 4:18, Lc 4:34, Lc 7:19, Lc 9:22, Lc 11:22, Lc 22:22, Lc 24:27, Lc 24:44, Jn 1:17, Jn 1:45, Jn 5:46, Jn 16:11, Jn 17:14, Jn 19:30, Ac 2:35, Ac 3:18, Ac 13:32, Ac 26:6, Ac 26:23, Rm 1:3, 1Co 15:3, 2Co 1:20, Ep 1:22, Ph 2:9, 1Tm 2:15, He 1:1, He 2:9, He 10:5, He 10:7, Jc 4:4, 1P 1:11, 1P 1:20, Ap 12:13, Ap 20:2
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsGenèse 3
- 3.14 14-15. Sentence du serpent.
Arrivé au serpent, première cause du mal l'Eternel n'interroge plus, il juge, et dans les trois sentences qu'il prononce, il suit l'ordre inverse de celui d'après lequel il avait interrogé.
Si Dieu, au lieu de parler à l'homme du serpent, s'adresse au serpent lui-même, qui n'est pourtant qu'un animal dénué de responsabilité, c'est qu'il a en vue l'être intelligent et responsable qui agissait par cet instrument. Adam ne connaissant cet esprit mauvais que sous la forme visible du serpent, Dieu ne pouvait lui parler de cet être qu'en adaptant autant que possible ses expressions à son instrument actuel.
Par ce langage de nature pédagogique, Dieu faisait entrevoir à l'homme la lutte sérieuse contre le mal, à laquelle il était désormais appelé, sans pourtant lui révéler encore l'existence du règne des ténèbres dont la connaissance eût écrasé sa faiblesse. Il devait donc lui présenter la vérité comme à travers un voile. C'est pourquoi la malédiction suivante peut, par certains traits, s'appliquer au serpent, mais en réalité elle s'adresse toute entière à l'invisible ennemi de l'homme; c'est ce qui ressort surtout du verset 15.
La sentence suivante a-t-elle opéré un changement dans la constitution physique du serpent? On pourrait demander dans ce cas comment un être qui, par sa nature, ne peut être responsable, a pu encourir une telle punition. La réponse ne serait pas difficile : Dieu ordonne dans la loi de détruire un animal qui a blessé mortellement un homme (Genèse 9.5; Exode 21.28-29
), évidemment dans le but de donner aux Israélites le sentiment profond du prix de la vie humaine; pour les dégoûter des vices qui souillaient les Cananéens, Dieu leur ordonne de détruire avec ces peuples tout leur bétail; Jésus maudit le figuier stérile pour faire voir combien sont odieuses aux yeux de Dieu les apparences de la vie dépourvues de la vie elle-même. Un ancien docteur a répondu à la question posée plus haut en disant : Un père ne brise-t-il pas avec horreur le poignard qui a servi à tuer son fils?
Mais il n'est pas indispensable de donner ce sens aux paroles qui vont suivre. Dieu peut employer ici certains traits particulièrement repoussants, empruntés au genre de vie du serpent, pour en faire l'emblème de la chute profonde et de la dégradation croissante à laquelle est désormais condamné l'être invisible auquel s'appliquent en réalité ces paroles. Si l'on voulait insister sur un changement physique qui se serait opéré dans le serpent lui-même, il ne resterait qu'à rappeler ce fait, qu'il existe des serpents présentant les rudiments d'organes de locomotion aujourd'hui atrophiés. Mais il nous paraît bien peu sûr de donner une telle portée à la malédiction divine.
14Parce que tu as fait.... Cette parole s'adresse à la fois à l'auteur et à l'agent, mais en réalité au premier.
Maudit d'entre toutes les bêtes. L'expression hébraïque ne signifie pas: maudit par elles ou avec elles; le sens est : Entre elles toutes tu es le maudit.
D'autres animaux malfaisants font peur à l'homme, le serpent lui cause le frisson : avec son regard fixe, sa langue vibrante, ses dents venimeuses, son sifflement sinistre, son allure rampante, ses mouvements imprévus, le serpent est et reste pour l'homme comme la manifestation d'un principe malfaisant et redoutable. L'être libre et intelligent dans lequel se personnifie le principe du mal est de même, entre tous les êtres qui forment l'univers intelligent, le vrai maudit.
Tu marcheras sur ton ventre, tu mangeras la poussière. Cette conformation et ce genre de vie du serpent deviennent dès ce moment pour l'homme le symbole de la bassesse du tentateur. Manger la poussière est considéré comme un signe d'abjection (Michée 7.17; Psaumes 72.9
). - 3.15 Je mettrai inimitié. Ici la sentence passe du genre de vie du tentateur à sa relation future avec l'homme. L'homme s'était associé avec lui pour faire la guerre à Dieu; maintenant Dieu ne les sépare pas seulement, il les oppose l'un à l'autre et allume entre eux une guerre à outrance. C'est bien ici qu'on est forcé de s'élever du serpent envisagé comme animal à celui que le Nouveau Testament appelle le dragon ancien, le diable.
Pour le serpent, ce qui a été dit au verset 14 aurait pleinement suffi; la lutte que l'homme peut avoir à soutenir dans certains cas avec un serpent est un fait trop peu important dans l'histoire de l'humanité pour qu'il mérite une mention aussi expresse et développée, et puis la lutte de l'homme avec les serpents n'a rien qui diffère essentiellement de celle qu'il soutient avec tous les animaux féroces; il s'agit nécessairement ici de quelque chose de plus grave.
Il est à remarquer que c'est de Dieu que provient cette hostilité (je mettrai), car c'est de lui que part chez l'homme toute réaction contre le mal.
Entre toi et la femme. La femme s'était la première coalisée avec le serpent; c'est d'elle que sortira la postérité qui aura la tâche de lutter contre lui. S'il s'agissait de la chasse que les hommes font aux serpents, pourquoi serait-elle attribuée plus spécialement à la femme?
Entre ta postérité et sa postérité. Ces mots ne peuvent signifier uniquement : entre les hommes, descendants de la femme, et les serpents envisagés comme descendants de celui qui joue un rôle dans cette histoire. Cette relation hostile n'est qu'un emblème de la guerre spirituelle qu'annonce cette prophétie.
Par la postérité du serpent, on pourrait entendre les anges de ténèbres, agents de Satan. Mais il est plus simple d'appliquer ce terme à ceux d'entre les membres de l'humanité elle-même qui, dans la lutte contre le mal, refuseront de se mettre du côté de Dieu et persisteront à demeurer au service de l'esprit de révolte dont le serpent est l'emblème. ComparezJean 8.44
.
La postérité d'Eve désigne par conséquent l'élite de l'humanité qui, comme elle, s'unira à Dieu pour vaincre le mal. Ces deux postérités sont désormais les deux grands courants qui traverseront toute l'histoire de l'humanité.
Après avoir institué la lutte, Dieu en annonce à mots couverts le mode et l'issue. Les images sont empruntées au genre de lutte ordinaire entre l'homme et le serpent; le premier cherche à écraser la tête du second; celui-ci se glisse furtivement par derrière pour blesser l'homme au talon.
Nous ne devons pas nous représenter ces deux actes comme n'ayant lieu qu'une fois, et dans l'ordre où ils sont indiqués ici. Comment, ayant la tête écrasée, le serpent pourrait-il encore blesser l'homme au talon? C'est ici la description d'une lutte constante et toujours renouvelée. L'homme, associé à Dieu, attaque l'ennemi en face, cherchant ouvertement à vaincre le mal auquel il a déclaré une guerre à mort; tandis que Satan se glisse par derrière, cherchant furtivement à séduire l'homme et à le faire périr. ComparezGenèse 49.17
Cette postérité te meurtrira à la tête. Plusieurs interprètes ont traduit le verbe hébreu par aspirer à, viser à. Le sens le plus probable, et qui se justifie par d'autres langues sémitiques, est broyer, écraser. Comme le même verbe se retrouve dans la proposition suivante pour désigner la blessure faite par le serpent, il nous a paru que c'est le mot meurtrir qui rend le mieux l'idée.
Il faut bien remarquer que Dieu ne dit pas, comme on s'y attendrait d'après ce qui précède: Cette postérité meurtrira la tête de ta postérité; c'est le serpent lui-même qui doit avoir la tête meurtrie; et de même dans la seconde proposition il ne dit. pas : Ta postérité la meurtrira au talon, mais toi, le serpent, tu la meurtriras au talon. C'est là surtout ce qui prouve qu'il ne peut être question ici que de l'ennemi invisible et permanent de l'humanité.
En ne considérant que la teneur des expressions, on pourrait croire que Dieu prédit ici une guerre sans issue; mais comme ces paroles font partie de la malédiction prononcée sur le serpent, elles doivent nécessairement renfermer l'idée de sa défaite. Et c'est ce qui ressort aussi, si l'on y réfléchit bien, des deux images employées; car le coup porté à la tête implique la mort certaine dans tous les cas, tandis que la piqûre venimeuse faite au talon met la vie en danger, mais n'a pas toujours la mort pour effet.
Il nous paraît impossible de rapporter directement et uniquement cette parole à Jésus-Christ et à son œuvre; elle concerne toute la portion de l'humanité qui lutte avec Satan, souvent blessée et vaincue, mais finalement triomphante. Toutefois cette humanité fidèle elle-même n'atteindra ce but glorieux et n'accomplira la tâche qui lui est ici départie que par celui qui mérite seul, dans le sens absolu du mot, le nom de postérité de la femme. La mort de Christ est le moyen par lequel Dieu a accompli définitivement cette promesse faite au moment de la chute. Le mode d'attaque perfide du serpent se retrouve dans les manœuvres astucieuses et dans la noire trahison qui ont conduit Jésus à la croix; mais c'est précisément par cette mort sanglante qu'a été brisée pour toujours la puissance du prince de ce monde (Jean 12.31; Colossiens 2.15; 1Jean 3.8
).
Toutes les victoires des fidèles dans l'ancienne alliance ont été des préludes de celle-ci, et toutes celles des fidèles dans la nouvelle alliance n'en sont que le développement. Pour l'application de cette parole aux victoires partielles des fidèles, voirRomains 16.20
, et pour son accomplissement final,Apocalypse 20.10
.
L'histoire biblique se distingue de toutes les autres en ce qu'elle rattache immédiatement à la première chute la première promesse, afin de ne pas laisser un seul instant l'homme déchu sans secours et de lui apprendre, non pas à reporter sans cesse des regards inutiles vers un passé perdu, mais à regarder en avant et à croire à l'accomplissement d'un salut futur. C'est de cette parole que s'est alimentée l'espérance des peuples jusqu'à la venue de celui qui devait enfin la réaliser parfaitement.
Dans la plupart des mythologies anciennes, le serpent est considéré comme un être mystérieux et surnaturel, tantôt redouté comme incarnation d'un esprit mauvais et hostile à l'homme, tantôt adoré comme un être bienfaisant capable de prédire l'avenir et de guérir les maladies. Il n'est pas impossible que ces conceptions diverses ne proviennent d'un souvenir confus qu'avait laissé le fait de la chute dans la mémoire des peuples qui de plus en plus s'éloignaient de Dieu et de la vérité.