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Genèse 3:22-24
(Annotée Neuchâtel)
22 Et l'Eternel Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal ; et maintenant il ne faut pas qu'il avance sa main et qu'il prenne aussi de l'arbre de vie et qu'il en mange, et vive à toujours.
23 Et l'Eternel Dieu le fit sortir du jardin d'Eden pour cultiver la terre d'où il avait été pris.
24 Et il chassa l'homme, et il plaça à l'orient du jardin d'Eden les chérubins et la flamme de l'épée tournoyante pour garder le chemin de l'arbre de vie.

Références croisées

3:22 Gn 3:5, Gn 1:26, Gn 11:6-7, Es 19:12-13, Es 47:12-13, Jr 22:23, Gn 2:9, Pr 3:18, Ap 2:7, Ap 22:2, Ps 22:26, Jn 6:48-58
Réciproques : Gn 42:4, Pr 15:4, Ct 2:3, Es 6:8, Rm 5:12
3:23 Gn 3:19, Gn 2:5, Gn 4:2, Gn 4:12, Gn 9:20, Ec 5:9
Réciproques : Gn 2:7, Ez 28:13, Jn 18:1
3:24 Gn 2:8, Ex 25:2, Ex 25:20, Ex 25:22, 1S 4:4, 1R 6:25-35, Ps 80:1, Ps 99:1, Ps 104:4, Ez 10:2-22, He 1:7, Nb 22:23, Js 5:13, 1Ch 21:16-17, He 1:7, Jn 14:6, He 10:18-22
Réciproques : Ex 25:18, Ex 36:8, Ex 37:9, 2S 22:11, 1R 6:23, 1R 7:29, Ez 10:18, Ez 28:13, Ez 28:16, Na 3:3, 2Th 1:8

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Genèse 3
  • 3.22 Comme l'un de nous. Il est naturel d'expliquer cette expression d'après les termes semblables 1.26. Mais il ne serait pas impossible de l'étendre ici à toutes les intelligences célestes.
    Quoique par un autre chemin que celui qu'avait tracé l'Eternel,!'homme était réellement arrivé à cette connaissance qui constitue la personne morale et à laquelle Dieu avait en tous cas décidé de l'élever.
    Et qu'il prenne aussi de l'arbre de vie. La transformation du corps terrestre en corps spirituel aurait suivi cette connaissance, s'il l'eût acquise légitimement; mais l'immortalité du corps à la suite de la chute ne serait plus réellement un privilège; ce serait le plus dur des châtiments; le paradis serait changé en enfer.
    L'arbre de vie. D'après le sens simple du récit, la transformation du corps terrestre de l'homme en corps immortel aurait été opérée par la vertu vivifiante attachée aux fruits de cet arbre. S'il y a un détail, dans le récit de la chute, qui invite à l'interprétation allégorique, c'est assurément celui-ci.
    On est aisément conduit à supposer que ce fruit, avec l'arbre qui le produit, n'est autre chose que le symbole de la puissance de l'Esprit divin capable de transformer le corps humain en corps spirituel, Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que, dans la tradition israélite qui nous a conservé le récit de la chute, une représentation allégorique de ce genre eût pris place pour exprimer cette idée sublime.
    Si l'on refuse à admettre un élément symbolique dans ce récit (voir la conclusion), il faut supposer que Dieu avait réellement attaché aux fruits de cet arbre la vertu de raviver incessamment le corps, et même de le transformer, comme il a attaché à tant de plantes des vertus fortifiantes et curatives. On a comparé dans ce sens les fruits de l'arbre de vie aux sacrements de l'Eglise chrétienne.
    On peut se demander pourquoi jusqu'ici l'homme n'avait pas touché à ce fruit, dont Dieu ne lui avait pas interdit l'usage; car l'arbre de vie n'était pas éloigné de l'arbre de la connaissance (2.9; 3.3). On pourrait répondre qu'il n'avait pas encore mûri; mais ne vaut-il pas mieux s'abstenir de pareilles subtilités?
  • 3.23 L'Eternel Dieu le fit sortir. Dès lors seulement il y eut un homme sur la terre pour la cultiver dans le sens de 2.5. En dehors du paradis le sol devait être labouré et arrosé pour devenir fertile.
    D'où il avait été pris. Le séjour dans le paradis était une grâce; Adam est ramené maintenant à la condition qui résultait naturellement de son origine : tiré de terre, il doit labourer la terre.
  • 3.24 Il chassa l'homme. Ce terme ne peut être une simple répétition du précédent (Dieu le fit sortir); c'est un acte nouveau par lequel Dieu, après avoir conduit Adam et Eve hors du jardin, les en éloigne en les chassant vers l'orient.
    Et il plaça à l'orient : entre eux et le jardin.
    Les chérubins et la flamme de l'épée tournoyante. Sur les chérubins, voir Ezéchiel 1.5, note. L'article les devant le mot chérubins prouve qu'il s'agit aux yeux de l'auteur d'êtres bien connus de ses lecteurs. Dans ce passage-ci, ils ne sauraient être envisagés simplement comme une représentation symbolique des forces divines qui vivifient la nature. Ils apparaissent comme des êtres réels, instruments de la justice et de la grâce divines, mais agissant par le moyen des forces de la nature.
    Il se passe quelque chose de semblable à ce qui eut lieu sur le Sinaï dans l'acte de la promulgation de la loi. Quand les écrivains du Nouveau Testament nous disent que la loi a été donnée à Israël par les anges, ils font évidemment allusion à ce qui est raconté Exode 19.16, que le troisième jour au matin il y eut des tonnerres, des éclairs et une grosse nuée sur la montagne, avec un son de trompette dont tout le peuple était épouvanté.
    On peut comparer également ce qui se passa, lorsque, sur l'ordre des deux anges qui visitèrent Lot à Sodome, le feu du ciel tomba sur les villes coupables et changea en une fournaise, puis en une mer salée cette plaine de Siddim qui, auparavant, était comme un paradis.
    Les expressions de notre verset décrivent sans doute une intervention céleste analogue; peut-être se manifesta-t-elle sous la forme d'un orage dont les éclairs sillonnaient le ciel en tous sens, et qui fit sur nos premiers parents un effet d'autant plus terrible que c'était la première fois qu'ils étaient témoins d'un tel phénomène.
    Dans le Psaumes 18.8 et suivants, où l'intervention de l'Eternel qui vient détruire les ennemis de David est représentée aussi sous l'image d'un orage, l'Eternel apparaît monté sur un chérubin, lançant les éclairs comme ses flèches et répandant par torrents la grêle et le feu.
    Comparez aussi Psaumes 104.4 : Il fait des vents ses anges et des flammes de feu ses ministres.
    Le paradis terrestre, comme tel, disparut dans cette catastrophe; car s'il eût existé, comment fût-il resté entièrement caché aux hommes durant les siècles suivants jusqu'au déluge? Ainsi l'accès à l'arbre de vie demeure fermé à l'homme jusqu'au moment où retentira la trompette de l'archange, où les vivants seront transmués et où les morts ressusciteront glorifiés. (1Corinthiens 15.51-52; 1Thessaloniciens 4.16-17)
    Conclusion
    Nous avons constaté que l'homme avait été créé dans un état d'innocence qui, sans être la sainteté, était pourtant exempt de tout germe de péché; il ne saurait en être autrement s'il est réellement une créature de Dieu. Il suit de là que l'état actuel de l'humanité et la disposition au mal dont elle est atteinte jusque dans ses meilleurs représentants ne peut être que le résultat d'un changement qui s'est opéré chez elle. C'est ce que confirme le fait de la mort qui, avec ses angoisses morales et physiques, ne peut être l'issue normale que Dieu avait destinée à sa créature privilégiée. Ce dépouillement suprême fait reconnaître dans le souverain de la création un monarque détrôné.
    Or il en est de la chute comme de l'état primitif d'innocence; si elle est réellement un fait historique, elle doit avoir eu lieu dans un moment et dans un endroit déterminés, sous l'empire de quelque tentation et sous une forme extérieure quelconque. Une punition aussi sévère que celle de la mort suppose une désobéissance volontaire à un ordre positif du Créateur; c'est à cette condition seulement qu'il peut y avoir peine capitale; Comparez Romains 4.15. Et comme chez les enfants on remarque ordinairement que la première épreuve à laquelle ils succombent, a pour occasion un aliment, un fruit, une friandise, il est tout naturel de penser que, dans l'état de simplicité enfantine où se trouvaient nos premiers parents, ce soit à une épreuve de ce genre qu'ils aient été soumis.
    Nous ne trouvons donc dans le fond même de ce récit rien qui ne puisse avoir réellement eu lieu conformément à la tradition qui nous a été conservée. On pourrait sans doute en excepter certains éléments dont il est aisé de reconnaître la nature symbolique, c'est-à-dire qui servent à révéler sous une forme extérieure des faits ou des vérités d'un ordre supérieur : par exemple le serpent, emblème de Satan; son genre de vie repoussant et ignoble, emblème du caractère de l'esprit déchu; l'arbre de vie, emblème de cette vérité, que le corps terrestre de l'homme ne peut arriver à l'immortalité que par la communication d'une vie supérieure; l'épée de feu, représentant aux yeux de l'homme le feu consumant de la colère divine. Mais il reste à savoir si l'origine de tous ces symboles peut être attribuée à l'intelligence humaine à une époque où l'homme n'était point encore en possession de plusieurs de ces vérités supérieures.
    Nous sommes donc disposés à penser que s'il y a ici des symboles, ils ont Dieu lui-même pour auteur, en ce sens qu'il a lui-même enveloppé sous une forme extérieure et très réelle les faits et les idées qui, dans cette épreuve de nature essentiellement morale, devaient être entrevus par l'homme, mais ne pouvaient encore être parfaitement compris par lui. Le paradis tout entier n'est-il pas un lieu divinement créé pour représenter sous une forme visible le bonheur de la communion avec Dieu, dont l'homme ne pouvait recevoir l'intuition que par ce moyen? C'est l'histoire elle-même qui revêt ici, dans un but pédagogique, le caractère symbolique.
    Les faits racontés dans ces deux chapitres trouvent presque tous des analogies dans les souvenirs retracés par les mythologies des peuples anciens. Nous avons déjà indiqué ce qui se rapporte au monothéisme primitif, à l'arbre de vie et au serpent. Mentionnons encore l'idée d'un état primitif de l'humanité plus heureux que l'état actuel. Chez tous les peuples historiques de l'antiquité, la poésie s'est plu à retracer les souvenirs d'un âge d'or perdu où la terre produisait tout d'elle-même, où les animaux étaient inoffensifs, où les hommes étaient vigoureux et ne mouraient que dans une vieillesse avancée, sans souffrances et sans infirmités, après avoir vécu comme les dieux sans soucis, chagrin ni travail, où l'on pratiquait la vertu sans effort et sans contrainte, où les dieux habitaient sur la terre et s'entretenaient avec les hommes.
    L'existence de ces idées chez tous les peuples ne peut s'expliquer que par une tradition commune remontant aux premiers âges de l'humanité. Or il n'est pas difficile de reconnaître que notre récit biblique reproduit cette tradition de la manière la plus pure. Nous en avons la preuve dans l'absence complète de préoccupations nationales que dénote notre récit. Tandis que les autres peuples racontent en général dans leurs mythes leur propre origine, la tradition biblique raconte l'origine de l'humanité et s'abstient entièrement de confondre le peuple hébreu avec le peuple primitif.
    Une seconde preuve du caractère vraiment historique de notre récit, c'est sa simplicité, sa sobriété, sa sainteté de fond et de forme, qui contrastent absolument avec les imaginations insensées dont les autres peuples ont surchargé le récit primitif. Après que les faits historiques racontés dans ces deux chapitres furent devenus l'objet d'une tradition, celle-ci se conserva pure dans la famille élue, de Seth à Noé et de Noé à Abraham, tandis que, sous l'influence du polythéisme, elle perdit ailleurs ces caractères de sainteté et de simplicité qui distinguent notre récit.
    Il serait inutile de chercher à préciser le moment où cette tradition a été fixée pour la première fois par l'écriture. C'est dans tous les cas avant la composition de la Genèse, car ce livre suppose, selon toute probabilité, l'existence de documents plus anciens.